Assis au bord du lac, le regard tourné vers le lointain, il attendait.
L'herbe était jonchée de boules de papiers froissées, de parchemins déchirés.
L'air était glacé et la nuit commençait à tomber mais il s'en moquait.
Il attendait, il l'attendait et l'inspiration vint. Enfin.
Lily aujourd'hui
Je suis venu t'écrire
Tous ces mots qui n'ont jamais pu sortir
Toutes ces pensées que je trouvais futiles
Tous ces sentiments longtemps refoulés.
J'ai toujours été un enfant secret
Solitaire et un peu paumé
Me dévoiler n'a jamais été mon fort
Mais pour toi j'accepte de faire un effort.
Lily aujourd'hui,
J'ai pris mon courage à deux mains
Et j'ai jeté sur ce parchemin
Des petits bouts de moi
Des morceaux maladroits
Des fragments de souvenir
Pour que tu ne m'oublies pas.
Pour que tu te rappelles
Ce gamin renfrogné
Sarcastique et mauvais
Pas très doué pour causer
Et empli de préjugés
Et qui pourtant un jour
T'as tendu la main,
Ou du moins essayé,
T'en souviens-tu ?
C'était une journée d'été
Tu étais heureuse, tu riais.
T'en souviens-tu Lily ?
Moi oui.
Avant que je ne te vois
Pour la première fois
Ma vie était teintée de gris
Et puis j'ai croisé ton regard rieur
Si lumineux, presque printanier.
Qui a mis une touche de couleur à mon cœur.
Parce qu'il faut te l'avouer
Mon cœur a toujours sa part de noirceur
Un pied dans la lumière, un autre dans l'obscurité
Mais au fond je crois que c'est ma destinée.
L'obscurité, plus d'une fois elle m'a tenté
Et puis un jour mon patronus s'est révélé.
C'était une grande biche argentée.
Elle avait tes yeux,
Tes yeux si particuliers.
Alors tout de suite j'ai su
Qu'à jamais je serais à tes côtés
Et que je t'ai toujours aimé…
Sa plume dérapa sur le dernier mot, comme si sa main se retenait,
Comme si sa part d'ombre rejetait cet instant de faiblesse.
Les yeux embués de larmes il déchira le parchemin et le jeta à l'eau.
Et la rage au cœur rejoignit le château.
Derrière lui les flots emportaient ses mots.
L'unique poème où il lui a dit je t'aime.
