Titre : Undercover
Auteur : Black Lagoon, auteure par intérim...
Catégorie : Univers Alternatifs
Genre : Romance, Drame
Rating : T, Déconseillé -12 ans
Pairing : Ginny X Harry
Résumé : Deux mois ont passé depuis le fameux bal d'Halloween. Pourtant, Hermione n'a toujours pas digéré sa défaite. Désireuse de prendre sa revanche, elle revient à Poudlard en undercover après avoir passé un marché avec le Seigneur des Ténèbres. L'eau a coulé sous les ponts depuis, et pour retrouver sa place au sein de l'école et mener à bien sa mission, elle est prête à tout. Ce qui est certain, c'est qu'à Poudlard, il n'y aura jamais assez de place deux garces. Mais laissons le temps de s'en rendre compte à nos deux ex-meilleures amies.
Disclaimer : Dès que j'aurais le numéro de Madame J.K. Rowling, je pourrais marchander pour avoir les droits sur Harry Potter et son univers à prix cassé. Bon, il n'est pas dans l'annuaire donc ça va être un peu difficile mais je persiste, je persiste. Donc pour le moment, tout est à elle, sauf peut-être la trame de cette histoire.
Note : Undercover est une suite donc il est évident qu'il faut avoir lu Baisers Mortels, pour pouvoir comprendre le caractère des personnages et se situer au niveau de l'action.
Bon, voilà, c'est reparti pour un tour ! Faire une suite était inévitable vu le nombre de zones d'ombres qu'ils restaient après la fin en queue de fish de Baisers Mortels. Mais personnellement, même si j'aime bien les lire, j'ai horreur d'écrire des fins heureuses et conventionnelles ! Ça ne veut pas dire que ça va se finir en mort de tous personnages, je vous rassure ! Sinon dans cette fic, Ginny vous semblera peut-être un peu moins sympathique. Et je ne parle même pas d'Hermione. En fait, j'ai voulu prendre une direction différente que celle prise dans le premier volet, j'espère que ça ne sera pas trop dépaysant. Assez parlé, bonne lecture !
Chapitre I. Undercover
Deux coups bruyants frappés contre la porte de la chambre réveillèrent Harry Potter, jeune sorcier de dix-sept ans, célèbre malgré lui. Il ouvrit les yeux difficilement et tenta tant bien que mal d'émerger de ses couvertures. Il lui fallut néanmoins quelques secondes pour pouvoir se rappeler exactement de l'endroit où il se trouvait. En fait, il résidait en ce moment même chez la famille Weasley et ce depuis le début des vacances pour les fêtes de fin d'année. Il y était convié très souvent pendant les vacances car il était considéré par la famille comme un membre à part entière.
Il tendit sa main à côté du lit et tâtonna sur la table de chevet à la recherche de sa montre. Lorsqu'il vit l'heure, il se souvint que c'était la rentrée aujourd'hui et qu'il avait définitivement intérêt de se lever s'il ne voulait pas être en retard. Le jeune homme jeta un regard circulaire à la pièce et se rendit compte qu'il n'était pas dans la chambre de Ron dans laquelle il séjournait lorsqu'il passait les vacances chez la famille Weasley mais dans celle de la benjamine, Ginny. Il roula légèrement sur l'autre côté du lit, apercevant vaguement les cheveux roux de cette dernière qui dépassaient des couvertures. Il se glissa contre elle, l'enlaça par derrière et lui murmura :
« Ginny, il faut se lever ma chérie...»
En guise de réponse, il reçut un grognement de protestation et lorsqu'il insista, elle lui donna carrément un coup de coude dans le torse, lui signifiant clairement qu'il devait la laisser tranquille.
A ce moment-là, la sonnerie stridente du radio-réveil de la jeune fille résonna dans toute la pièce, entamant un air populaire de la chanteuse Celestina Moldubec. La réaction de Ginny face à ce réveil « en douceur » ne se fit pas attendre. Elle se redressa brusquement, saisit l'objet fauteur de trouble et le fracassa sans ménagement contre le mur opposé au lit. Sans un mot, elle retomba sur son oreiller et tira les couvertures sur sa tête d'un geste sec.
Harry, qui était maintenant habitué à ce genre de réactions excessives de la part de sa petite-amie, se contenta de soupirer et de prendre sa baguette pour réparer le réveille-matin d'un geste las. Il se pencha à nouveau vers Ginny mais cette fois il prit ses distances quand il la secoua légèrement. Alors qu'il s'attendait à une nouvelle réaction furieuse, il fut surpris de l'entendre parler calmement.
« Ça va, je me lève... » informa-t-elle, sans prendre la peine de dissimuler son irritation.
Et joignant le geste à la parole, elle se releva à nouveau et passa machinalement une main dans sa chevelure rouge pour y remettre de l'ordre. Harry se redressa également.
« Je ferais mieux de retourner dans la chambre de Ron, ta mère est dans le coin. » lança-t-il à l'attention de Ginny.
Lorsqu'il passait la nuit avec elle, il s'arrangeait toujours pour rentrer dans la chambre de son meilleur ami avant le réveil de Molly et Arthur Weasley. Certes, ils étaient au courant du fait qu'Harry fréquentait la seule fille de la famille mais le Gryffondor n'était pas du genre à s'afficher contrairement à Ginny qui elle, se fichait de ce que pensait ses parents et ses frères.
« Elle sait très bien ce qu'on fait. Elle n'est pas aussi idiote qu'elle en a l'air.» répondit Ginny en levant les yeux au ciel.
Harry haussa un sourcil et la réprimanda :
« Tu ne devrais pas parler ainsi de ta mère. »
« Et toi tu devrais te mettre quelque chose sur le dos » répliqua la rousse.
Elle se pencha vers le sol, s'empara de certains des vêtements qui y traînaient et les lança en direction de son petit-ami.
« Et tu devrais dégager en vitesse de ma piaule aussi. » ajouta-t-elle avec un rire.
Elle cala sa tête contre le mur et observa béatement le dos du Gryffondor pendant qu'il s'habillait.
« Toujours aussi charmante dis-moi. » ironisa celui-ci tandis qu'il attrapait son tee-shirt et l'enfilait mécaniquement.
« On ne change pas ses habitudes. » déclara la jeune fille.
On aurait pu croire que Ginny Weasley s'assagirait aussitôt que l'influence d'Hermione Granger ait cessé d'agir sur elle mais c'était plutôt le contraire qui s'était passé. Déjà qu'elle était connue pour son tempérament volcanique, elle était devenue irritable, irascible même, pendant ces dernières semaines. Rares étaient ceux qui échappaient à son courroux, uniquement Harry et une poignée de Serpentard. Avec les autres, elle pouvait se montrer effroyablement blessante et lorsque quelqu'un osait lui démontrer par a+b qu'elle avait tort ou qu'on l'ennuyait, elle pouvait faire preuve d'un sens aigu de la répartie. C'était plutôt un changement considérable puisqu'avant cela, elle se montrait indifférente face aux critiques et se mettait en colère que dans des cas extrêmes.
Harry, quant à lui, pouvait aisément affirmer qu'il avait passé les pires vacances de sa vie. Le principal élément perturbateur était bien sûr Ginny. Elle avait pris l'habitude de passer ses vacances chez Granger à faire on-ne-savait-quoi et son retour dans la demeure familiale ne s'était pas aussi bien déroulé que prévu. Elle prenait un malin plaisir à se montrer désagréable avec sa famille, sa mère et Ron en ligne de mire. La première parce Ginny la trouvait trop maternante et qu'elle détestait cela et le second parce que quoi qu'il fasse, il ne trouverait jamais grâce aux yeux de sa soeur. Harry avait donc passé tout son temps à essayer de temporiser leurs conflits ce qui était plutôt difficile puisqu'il s'interdisait de prendre le parti de l'un ou de l'autre, refusant catégoriquement de choisir entre son meilleur ami et sa petite-amie. La plupart du temps, ils se disputaient pour une futilité mais comme tous les moyens étaient bons pour se cracher ses quatre vérités à la figure, ils ne s'en privaient pas. A cela, il fallait ajouter une Molly Weasley complètement dépassée par le comportement de sa fille unique et qui passait son temps à geindre et vous obteniez des vacances de rêves. Le jeune homme était donc ravi de reprendre les cours pour que Ron et Ginny, trop occupés par leurs affaires respectives, ne se préoccupent pas l'un de l'autre.
A l'heure du petit-déjeuner, lorsqu'Harry vit Ginny descendre après son passage dans la salle de bain et l'air qu'elle affichait, il comprit immédiatement qu'elle n'était pas de bonne humeur. Elle vint s'installer à côté de lui et ignora totalement son frère.
« Le matin ne te réussit pas. » lança Ron à sa soeur d'une voix acerbe.
Harry lui adressa un regard d'avertissement, lui demandant silencieusement de ne pas chercher les ennuis. Mais Ginny avait déjà relevé la tête et fixait son frère d'un œil mauvais.
« Je vais tenter de t'expliquer mais comme que je ne crois pas que tout puisse rentrer dans ta tête de piaf, je vais tâcher de faire simple : je ne suis pas d'humeur donc tu la fermes d'accord ? »
Ron s'apprêta à répliquer d'une voix cinglante mais l'arrivée de sa mère l'empêcha de dire quoi que ce soit. Cette dernière, la mine toujours avenante et chaleureuse, se dirigea vers ses fourneaux.
« Ton petit-déjeuner est prêt ma chérie. » lança-t-elle d'une voix joyeuse en déposant une assiette devant Ginny.
« Tu ne m'as même demandé ce que je voulais... »
« Mais chérie, c'est toujours ce que tu veux d'habitude… » protesta sa mère.
« Peut-être que certaines choses changent. » répliqua Ginny avec agacement. « Tu n'arrêtes pas de dire que vous ne savez pas ce que vous allez faire de moi mais tu n'essayes même pas de te mettre à ma place et de comprendre ce que je veux. »
Les yeux de Molly se plissèrent d'incompréhension.
« Mais quel est le rapport avec ton petit-déjeuner ? »
« C'est représentatif de notre relation. » rétorqua froidement la jeune fille.
Sa mère sembla déstabilisée et pour cacher son expression triste, elle prétexta une chose importante à aller faire dans la remise. Elle avait visiblement très mal pris la remarque de sa fille.
Ginny, quant à elle, saisit sa fourchette et commença à manger son petit-déjeuner, sans l'ombre d'un remord. Elle ignora délibérément le regard réprobateur d'Harry et un sourire narquois se dessina sur ses lèvres tandis qu'elle observait son frère avec arrogance, comme si elle le mettait au défi de dire quelque chose. Ron semblait effectivement sur le point de lui cracher à la figure les pires insultes qui lui venaient à l'esprit.
Harry poussa un soupir de lassitude. Le repas allait encore se transformer en règlement de compte. Comme toujours, ce fut Ginny qui lança les hostilités : elle se pencha vers Harry avec un air faussement conspirateur.
« Écoute bien, mon cher frère s'apprête une nouvelle fois à nous éblouir de son intelligence d'esprit. » déclara-t-elle avec ironie.
Elle avait dit cela d'une manière très moqueuse, pour volontairement provoquer le caractère impétueux de son frère. Comme les deux jeunes hommes n'avaient pas l'air de saisir la moquerie, elle continua :
« En fait quand tu réfléchis – c'est rare mais ça arrive – j'entends les rouages de ton cerveau qui se mettent en marche. Or, je n'ai rien entendu ce qui signifie que tu vas nous sortir une grosse connerie ! »
« Va cracher ton venin ailleurs, serpent ! » s'écria Ron avec colère.
Le sourire de son unique sœur s'élargit et elle répliqua :
« Par pitié Ronnie, tu sais très bien que je prends ça comme un compliment. »
La lueur de fureur dans les yeux du rouquin s'intensifia et d'un ton sombre, il lâcha :
« Je ne sais pas comment font papa et maman pour te supporter. Tu es vraiment la honte de la famille...»
Il avait dit cela d'une voix étrangement calme et ça ressemblait plus à une constatation qu'à un réel reproche.
Harry se tourna vers Ginny qui avait soudainement perdu son sourire goguenard et constata qu'une expression de surprise s'était installée sur le visage de sa petite-amie. Il lui sembla même un instant qu'elle avait perdu son masque d'indifférence lorsqu'elle baissa la tête et trembla légèrement comme si elle allait éclater en sanglots.
Mais il s'aperçut bien vite qu'elle ne pleurait pas mais qu'elle était en proie à une véritable crise d'hilarité. Elle riait, riait encore, sans avoir l'air de pouvoir s'arrêter. Ébahis, les deux Gryffondor échangèrent un regard perplexe tandis que Ginny, avachie sur la table, continuait de s'esclaffer. Elle finit par retrouver son calme et c'est de son éternel ton railleur qu'elle lança à son frère :
« Ne me dis pas que tu voulais que je me vexe à cause de ta petite déclaration ! Frangin, tu sais très bien que ça ne me fait absolument aucun effet. »
Elle s'installa plus confortablement sur sa chaise et soupira d'une manière joyeuse, comme si elle se remémorait d'un souvenir particulièrement plaisant.
« En fait ce qui me fait le plus rire c'est que ce soit toi, Ron, le véritable raté de la famille qui me dises ça. Peut-être que si Bill ou même l'un des jumeaux m'avait dit cela, j'aurais pu être vexée mais toi, c'est vraiment ridicule ! Soyons réalistes, tu ne sers strictement à rien. Toutes les choses que tu entreprends finissent toujours par un échec. En plus d'être un étudiant médiocre, tu es dans l'équipe de Quidditch uniquement parce que tu es le meilleur ami d'Harry et tu n'as même pas le cran de larguer ton idiote de copine alors que tu es chez les Bouffond'ors et tu es censé être courageux. Même nos vieux doivent regretter d'avoir un imbécile dans ton genre comme fils. D'ailleurs, ils étaient persuadés que tu serais une fille alors imagine la déception quand ils ont appris qu'ils allaient avoir un autre fils. Celui de trop. Alors, oui, je suis peut-être la honte de cette famille traîtresse à son sang, mais au moins, j'étais désirée. » acheva Ginny avec dédain.
La température ambiante sembla soudain se refroidir et un courant presque électrique flottait dans l'air. La tension était pour ainsi dire, palpable.
« Ça suffit Ginny. » s'exclama alors la voix de Mrs Weasley.
Ils se retournèrent et virent Mrs Weasley, dans l'encadrement de la porte donnant sur le séjour. Elle était rouge de colère.
« Je ne veux plus jamais t'entendre dire ce genre de choses ! Suis-je bien claire ? » demanda-t-elle sèchement avec un froncement de sourcils.
« On ne peut plus clair, maman. » déclara la plus jeune des Weasley d'un ton empli d'ironie. « Maintenant, si vous le permettez, je dois aller me préparer. »
Et sur ce, elle se leva et traversa la cuisine en direction des escaliers. Quelques minutes plus tard, l'air sombre, Ron emprunta le même chemin en prétextant devoir terminer sa valise. Harry se retrouva donc seul en compagnie de et honnêtement, il ne s'était jamais senti aussi mal à l'aise de sa vie. Étrangement, il se sentait coupable. D'un part parce qu'il n'avait pas tenté de calmer le jeu, empêchant ainsi la situation de dégénérer et d'autre part parce qu'il ne savait pas quoi dire à Molly pour la réconforter à propos de ce qu'elle venait d'entendre. Il l'aida donc à ranger la vaisselle silencieusement. Il aurait été plus pratique de le faire avec l'aide de la magie mais les tâches ménagères apaisaient les tensions, c'était un fait. C'était une autre chose qu'il avait assimilé à propos de Molly. De plus, cela lui laissait le temps de réfléchir à la manière la plus convenable d'aborder le sujet. Au moment où il s'apprêtait à se lancer dans des explications maladroites, Molly déclara :
« Je pensais qu'elle changerait. Bien que je doive avouer que « changer » est peut-être un bien grand mot. Néanmoins je me disais que la situation s'améliorerait mais j'ai peut-être été un peu trop optimiste. »
Harry hocha la tête et elle poursuivit.
« J'étais certaine que le départ de son amie rendrait Ginny plus agréable. Même le fait que tu sortes avec elle m'a convaincue. Je dois dire que tu es, et de loin, le garçon le plus respectable qu'elle ait fréquenté. Malgré tout cela, elle est devenue encore plus désagréable et je ne saurais pas expliquer pour quelles raisons... » acheva-t-elle.
« Le départ d'Hermione Granger l'a plus affectée qu'elle ne le laisse paraître. » expliqua Harry.
Molly Weasley hocha la tête et avec un sourire mélancolique, déclara :
« Je sais que ce que je vais te dire est peut-être étrange venant de ma part étant donné que je suis la mère de Ginny mais...J'ai une totale confiance en toi en ce qui concerne tes intentions envers elle mais je n'en dirais pas autant à son sujet. Elle peut se montrer tellement blessante parfois que je n'arrive pas à croire qu'un poison pareil puisse sortir de la bouche de ma propre fille. Alors fais attention à toi Harry... »
Quelques minutes avant leur départ pour King Cross, Harry fit part à Ginny de sa désapprobation concernant l'attitude détestable qu'avait eue la jeune fille vis à vis de sa famille, et plus particulièrement envers sa mère et son frère. Inutile de préciser que la rousse le prit très mal.
« Je ne pensais pas que ma mère et toi vous préoccupiez autant de mes états d'âmes. » déclara-t-elle froidement.
« Tu sais très bien si... » répondit Harry avec lassitude.
« Je veux que les choses soient claires : cette histoire avec Hermione est terminée. Elle s'est barrée alors on n'en parle plus ! » s'exclama la rousse d'une voix sèche pour couper court à la conversation.
Le chemin qu'ils allaient emprunter était périlleux, il le savait. Le sujet « Granger » était encore sensible et jusqu'à preuve du contraire, constituait une inévitable source de dispute. D'un commun accord, ils avaient donc décidé de ne plus aborder le sujet.
Mais malgré tout cela, le départ avait été trop brutal et beaucoup trop sombre pour que Ginny parvienne à s'en remettre. Elle n'arrivait pas à en vouloir à Hermione. Tourner le dos à quelqu'un que vous considériez comme votre sœur n'était pas facile malgré le mal que vous avait fait cette personne. La Serpentard tentait de chercher des excuses à Hermione. Celle-ci n'avait fait tout cela que par amour et un mensonge en entraînant un autre, la situation avait échappée à la jeune fille pour finalement devenir incontrôlable. Hermione n'était pas aussi mauvaise. Elle était amoureuse, c'était toute la différence.
Ginny avait tenté de prendre du recul pour mieux analyser la profondeur du problème. Elle en était arrivée à la conclusion qu'Hermione n'était pas réellement amoureuse d'elle mais que le sentiment qu'elle croyait ressentir était simplement de la possessivité. En effet, la relation qu'avaient entretenu Ginny et Hermione, même si elle était amicale, était exclusive. L'arrivée d'Harry entre elles avait alors été vécue comme une menace pour Hermione, qui s'estimait jusqu'à présent, comme la seule bénéficiaire de l'attention et de l'admiration de Ginny.
Ce n'était pas la première fois qu'un garçon se mettait entre elles, mais la différence était que cette fois, Ginny était réellement amoureuse du garçon en question alors qu'habituellement, ses petits-amis n'étaient qu'une source d'amusement.
En tout cas, le départ soudain de l'élève la plus studieuse, préfète-en-chef qui plus est, avait attiré le questionnement des élèves et la stupéfaction des professeurs. Dans une ultime preuve d'amitié, Ginny avait réussi à la couvrir en convainquant Draco ne pas donner la vraie version des événements aux professeurs. La mission s'était révélée plutôt difficile à cause de la véritable amertume qu'éprouvait Draco envers Hermione. Ginny avait dû faire preuve de tout son pouvoir de persuasion et même en venir aux larmes pour amadouer le blond.
Bref, le sujet « 31 octobre » comme l'appelait Ginny était sensible et la blessure n'était pas encore refermée ce qui expliquait son attitude à chaque fois que le sujet était abordé. Elle s'en voulait d'ailleurs d'avoir été aussi sèche avec Harry. Le fait de se mettre à dos sa mère ou son frère ne la dérangeait pas mais elle détestait être en froid avec le jeune homme. Sur le quai de la gare, elle lui attrapa le bras et glissa sa main dans la sienne.
« Désolée pour tout à l'heure » s'excusa-t-elle. « Je n'aime pas être fâché avec toi. »
« Moi non plus. » assura-t-il en jetant des regards partout autour de lui, comme s'il cherchait quelqu'un.
« Tu me pardonnes ? » interrogea la jeune rousse.
« Oui oui. » lança-t-il d'un air absent.
Il l'embrassa mais d'une façon si distraite que Ginny se détacha de lui pour lui lancer un regard perplexe. Tout cela ne lui plaisait guère : elle aimait se retrouver au centre de l'attention du jeune homme.
« Potter, qu'est-ce que tu cherches ? » questionna-t-elle en fronçant les sourcils, contrariée de le voir si inattentif.
« Rien...Mais où est Ron ? »
Ron ? C'était à lui qu'il pensait alors qu'ils étaient en train de s'embrasser ?
« Attends une seconde, ne me dis pas que c'est à mon frère que tu penses, là maintenant ? » s'offusqua Ginny, estimant qu'elle méritait davantage de considération que son imbécile de frère.
Il s'apprêtait à répondre lorsqu'un bruit sec se fit entendre. Ils se détournèrent dans un geste quasi synchronisé et virent Ron et Lavande Brown en train de se fusiller du regard. Une marque rouge était apparue sur la joue de Ron et Lavande avait l'air passablement énervé.
« Comment ça, tu me largues ? » s'écria Brown avec colère.
« Tu as parfaitement compris ! » répliqua Ron avec fureur, passant une main sur sa joue endolorie.
« Tu ne sais pas ce que tu perds et tu me le paieras ! » assura Lavande, rouge de colère.
Et sur un dernier regard empli de haine et d'amertume, elle se dirigea vers le Poudlard Express, l'air hautain. Cela aurait pu être une sortie digne si elle n'avait pas raté la dernière marche du train. Rouge de honte, elle fit mine de ne pas avoir entendu l'éclat de rire de Ginny et disparut dans l'un des compartiments.
Ginny se tourna vers Harry et entoura sa nuque de ses bras.
« Tu vas te retrouver avec ces nuls pendant tout le voyage et comme je sais que je vais te manquer, tu peux venir dans mon compartiment. » proposa-t-elle alors qu'elle savait pertinemment qu'il allait refuser.
Mais comme toutes les filles possessives et obsessionnelles, elle se plaisait à croire que sans elle, son petit-ami n'avait pas de vie.
« Et me retrouver avec une bande de Serpentard blasés ? Non, ça ira. » déclara-t-il.
Elle haussa les épaules et l'embrassa avec fougue avant de se diriger vers le Poudlard Express. Elle traversa le couloir du train pour se rendre vers l'un des derniers compartiments, qui logiquement, toujours occupé par les mêmes personnes. Elle fit coulisser la porte du compartiment et c'est sans aucune surprise qu'elle tomba sur ses amis.
Depuis le départ d'Hermione, les fréquentations de la jeune fille avait changé puisqu'à présent, elle daignait se mêler aux autres Serpentard. Ou du moins à ceux qu'on considérait comme l'élite de cette maison. Ce groupe était composé de Draco Malfoy, qui comme tout fils à papa qui se respectait, ne vivait que pour dilapider la fortune de son paternel. Venaient ensuite Théodore Nott et Blaise Zabini. Le premier était sans aucun doute le moins orgueilleux de la bande puisque c'était le seul qui s'autorisait à avoir des rapports amicaux avec des élèves de maisons différentes contrairement au second qui affichait un air tellement blasé qu'on pouvait se demander s'il ne se considérait pas comme la personne la plus sensée de cette école.
Il y avait également les deux autres filles du groupe, Pansy Parkinson et Daphné Greengrass, qui n'avait d'égal à leur fortune que leur stupidité. Respectivement, elles tentaient ( en vain ) de s'attirer les faveurs de Draco Malfoy et de Blaise Zabini et le seul plaisir manifeste qu'elles éprouvaient était de passer leur journée à se convaincre qu'elles étaient supérieures à tous ces sangs impurs qui salissait le blason de l'école. Tous autant qu'ils étaient, ils restaient fidèles à leur rang et à leur classe et sans s'en cacher, ils méprisaient la plupart des autres élèves qu'ils considéraient comme inférieurs à eux.
Vraisemblablement, Ginny était une exception et même si elle était loin d'adhérer à leurs idées arrêtées et à leurs préjugés concernant le sang, elle possédait leur suffisance et leur morgue, faisant d'elle une véritable Serpentard. Son adhésion à ce cercle si fermé constituait un véritable exploit en soi et inévitablement, forçait le respect.
Ginny entra dans le compartiment et répondit brièvement aux saluts de ses amis. Elle s'installa aux côtés de Nott, ignorant délibérément l'air implorant de Draco qui la suppliait des yeux de venir s'asseoir entre lui et Pansy, accrochée à son bras. Elle lui adressa un faux sourire d'excuse.
« Les attaques ont recommencé hier soir. » lança Blaise, plongé dans la Gazette du Sorcier. « A Bristol. Une dizaine de morts. »
« Une dizaine ? Mais je croyais qu'il y en avait plus d'une trentaine ! » s'étonna Pansy.
« Détail que nous ne sommes pas censé savoir. » répliqua sèchement Draco. « Tu sais très bien que nous devons nous conduire en élèves ordinaires, pauvre idiote. Les autres ne connaissent que les détails donnés par la Gazette. »
Pansy, vexée, croisa les bras et prit son habituel air de petite fille capricieuse et insatisfaite. Même si aucun d'eux n'avait réellement rejoint les rangs du Seigneur des Ténèbres, il était de notoriété publique qu'ils étaient des fils de Mangemorts. Ils étaient donc très surveillés.
Le reste du voyage se fit dans une quiétude peu commune et Ginny fut plus que soulagée de retrouver sa salle commune. Pourtant la pièce n'était pas ce qu'il y avait de plus accueillant. En effet, les lieux étaient empreints d'une ambiance froide et austère, si caractéristique à cette maison. Néanmoins, la pièce avait quelque chose d'envoûtant.
Sans cérémonie, ils virèrent un groupe de deuxième année de leurs sofas favoris et s'y laissèrent choir sans se douter qu'ils étaient épiés depuis l'entrée dans la salle commune.
En effet, une jeune fille, installée au fond de la pièce, les observait depuis déjà quelques minutes avec une légère appréhension. A leur vue, elle ressentit une légère excitation, mêlée à de la nostalgie. Tandis qu'elle laissait son regard parcourir leurs visages, des souvenirs refaisaient surface et ce fut à ce moment-là qu'elle se sentit enfin renaître. Hermione Granger était de retour.
Pas comme on l'aurait imaginé, non. Pour dire la vérité, elle était méconnaissable pour la simple et bonne raison qu'elle n'avait pas sa réelle apparence. Elle jeta un regard à son reflet dans l'une des armoiries de Serpentard au-dessus de la cheminée : blonde, une silhouette élancée et frêle, un visage ovale à la carnation claire qui révélait un sourire candide. Le stéréotype parfait de l'innocence et de l'ingénuité. Un comble pour elle. La jeune femme soupira avec lassitude. Elle ne s'était pas encore habituée à sa nouvelle physionomie et cela pourrait lui poser des soucis dans la réalisation de ses futurs projets. Car oui, elle n'était pas revenue pour étudier comme n'importe quel élève. Elle avait pour mission d'amener Harry Potter au Seigneur des ténèbres. Projet qu'elle se ferait une joie de mener à bien étant donné qu'ils avaient des comptes à régler tous les deux.
Elle décroisa les jambes, remonta ses bas résilles sur ses genoux et se leva avec flegme pour se diriger vers la bande. Lorsqu'elle se planta devant eux, elle dut faire preuve de tout son sang-froid pour ignorer les regards froids du groupe et de ne pas fusiller du regard Mafloy qui la lorgnait sans vergogne.
« Qu'est-ce que tu veux ? » demanda sèchement Pansy, furieuse de voir que Draco regardait une autre fille avec convoitise.
Hermione ne s'était pas attendue à un accueil chaleureux de toute façon, surtout venant de Parkinson. Néanmoins, lorsqu'elle répondit, elle tenta de prendre la voix la plus neutre possible, pour ne pas trahir son mépris.
« Je viens d'entrer dans cette école et il y a certaines choses qui m'échappent encore. Cette fille m'a dit que je trouverais un préfet parmi vous. » expliqua-t-elle en désignant une élève qui venait de sortir de la salle commune.
« Quel est ton nom ? » interrogea Pansy.
Hermione s'empêcha à grand peine de lever les yeux au ciel. Ce petit interrogatoire et l'attitude de Parkinson commençaient sérieusement à l'agacer.
« Emelyn Hawke » répondit la jeune fille avec assurance, savamment préparée à répondre aux questions sur son identité et son histoire.
« Et tu entres en quelle année ? »
« Sixième... »
« Hawke...Ton nom me dit quelque chose. Tu n'aurais pas de lien avec cette famille de sang-mêlé, les Bulstrode, par hasard ? »
Cette fois, la jeune femme ne put dissimuler plus longtemps son agacement.
« Non. Et si c'est la question que tu te poses, saches que mon sang est sûrement plus pur que le tien. » ajouta-t-elle avec dédain. « Bref, qui est votre préfet ? »
Mais visiblement, ils mettaient un point d'honneur à ne pas lui donner l'information qu'elle voulait et à l'ignorer. Elle se rendit compte à quel point entrer dans et leur cercle si fermé était difficile. Pour avoir fait partie de leur groupe, elle savait qu'ils n'étaient pas du genre à s'ouvrir aux autres.
« Je suis aussi en sixième année, je veux bien t'aider. » lança soudain Ginny en se levant.
Hermione grimaça intérieurement. Ginny venait faire preuve de cette bonté si caractéristique aux Gryffondor, valeur qu'Hermione abhorrait au plus haut point. L'ancienne Ginny ne se serait jamais conduite de la sorte, tout ça n'était que l'effet de l'influence que Potter avait sur elle, la rendant chaque jour un peu plus meilleure. Un Serpentard ne venait jamais en aide à quelqu'un, sauf si cela pouvait lui rapporter quelque chose en retour. Hermione était à présent certaine que sa rancœur envers le Survivant avait atteint son paroxysme.
Toutefois, elle se contenta d'esquisser un sourire à l'attention de la jeune rousse. Elle savait ce qu'elle avait à faire. Pour avoir Potter, elle passerait par Ginny. Elle l'avait l'intention de donner une nouvelle image d'elle-même, bien que finalement, elle estima que cela ne servait à rien. Qui pouvait bien se douter que sous apparence douce et candide se cachait une véritable garce ? Après tout, elle était ici en undercover. (1)
Fin du Chapitre
(1) Ici, undercover signifie « en secret »
Je ne sais pas si on peut dire qu'il se passe réellement quelque chose d'intéressant dans ce chapitre mais ne vous inquiétez pas, c'est juste le temps d'installer la trame...
Toutes les réponses aux questions autour du départ d'Hermione et de ce qu'elle a fait pendant ces deux mois viendront au fur et à mesure dans les chapitres à venir !
N'oubliez pas de me laisser une review pour me dire ce que vous en avez pensé ! A la prochaine !
