Chacun son histoire
Présentation:
Dans la plus grande entreprise de lutte, certains combats se font dans le ring et d'autres à l'extérieur. Certains lutteurs et lutteuses valent la peine d'être connus, d'autres non, mais tous ont une chance. Enfin du moins en apparence, car dans ce milieu la loi du plus fort règne et mieux vaut avoir les nerfs solides. C'est-ce qu'un jeune lutteur va vite découvrir à ses dépens, car sans le vouloir il a attiré le regard du plus dangereux prédateur qui soit: Randy Orton.
Aujourd'hui est un jour comme les autres, les lutteurs et lutteuses font leur entrainements en vue du show qui aura lieu demain, pas grand-chose à signaler pour eux, à part une chose aujourd'hui le prodige qu'ils ont découvert il y a peu de temps intégrera officiellement la WWE le temps d'un combat. Réussir à le faire gagner les rangs de leur entreprise n'avait pas été facile, elle résultait même d'un exploit, d'une confrontation entre deux caractères que tout oppose, mais qui se ressemble sur certains points dont le principal est l'envie. L'envie de montrer qui il est et de quoi il est capable, pour l'autre l'envie de mettre un terme à un duel sans intérêt pour lui. Mais un enjeu de taille était contre eux: le temps, car le jeune homme avait soit accepté mais pour une période déterminée: juste le temps de confronter deux façons de faire, deux façons d'être et que chacun regagne sa place. Une certitude était née, tout faire pour qu'il reste, un défi de taille mais ils étaient prêt à tout pour y parvenir. Mais d'abord voilà comment tout a commencé.
Il s'entraînait avec méthode, ses frappes étaient précises, nettes, chacune d'elles touchaient la zone du punchingball qu'il avait choisi, répétant inlassablement le même enchaînement, droite, droite, centre, gauche, droite, droite, centre, gauche. La même distance séparait chaque impact, Benjamin était un vrai métronome à l'entraînement à l'opposé du gamin qu'il était à ses débuts quand il était entré dans ma salle, par cette même porte qu'il franchissait maintenant chaque matin. C'était…Douze ans plus tôt et pourtant je m'en souvenais comme d'hier ! La porte s'était ouverte dans son grincement caractéristique, il m'aurait suffi de mettre un peu d'huile dans les charnières pour régler ce problème mais j'aimais le son qu'elle produisait, chacun de mes gamins l'ouvrait à sa façon et je savais d'avance qui entrait, pas besoin de me retourner pour cela et je les saluais sans quitter des yeux ma première équipe de bras-cassés qui finissaient leur séance. Aussi ce matin-là, après avoir entendu la porte s'ouvrir 7 fois et réprimandé Billy une fois de plus d'être le dernier arrivé, j'avais été surpris de l'entendre s'ouvrir une huitième fois et je m'étais retourné pour découvrir qui étais le nouvel arrivant. Dans l'embrassure de la porte, se tenait un jeune garçon, il était grand et fin ce qui pouvait tromper sur son âge à première vue mais en observant son visage, j'avais déterminé qu'il devait être âgé d'une douzaine d'années, trop jeune pour mes benjamins, je ne les prenais qu'à 15 ans, 14 pour Cédric qui avait déjà la carrure d'un rugbyman aussi la crevette qui entrait n'avait pas retenu mon attention très longtemps. J'avais reporté mon attention sur mon autre groupe, rappelant Yoan à l'ordre et corrigeant la position de combat de son adversaire, le jeune Eric, très prometteur d'ailleurs !
L'enfant s'était approché doucement, je lui avais jeté un coup d'œil à la dérobée, il observait intensément ce qui se passait dans ma salle, son regard était saisissant de concentration, ce n'était pas là le regard d'un enfant de son âge et malgré moi, il avait aussitôt commencé à m'intriguer.
J'avais crié la fin de l'entraînement, mes grands étaient revenus vers moi, fatigués et couverts de sueur et j'avais fait mon résumé de séance pour chacun d'eux, leur disant quoi changer et les encourageant pour la séance de la semaine suivante, l'enfant se tenait alors légèrement en retrait, attendant leur départ qui ne tarda pas, ils passèrent alors à côté de lui, certains le taquinant, d'autres l'ignorant, seul le caïd de la bande se permit de le chahuter et de le bousculer sans raison avant que j'ai eu le temps d'intervenir, l'enfant avait aussitôt répondu d'un bon coup de poing dans la mâchoire qui avait surpris tout le monde en commençant par moi. Paul s'était frotté la mâchoire avec colère, prêt à sauter sur le môme, ce type était un crétin fini, je savais qu'il ennuyait également les autres de mon groupe de juniors mais ne l'avait jamais pris sur le fait, j'ignorais pourquoi je le gardais encore, peut-être parce que je voulais lui donner une chance de s'en sortir, de devenir meilleur mais certains gamins étaient irrécupérables. J'étais intervenu immédiatement, renvoyant tout le monde aux vestiaires, intimant à Paul de venir me trouver ensuite et tandis qu'ils s'éloignaient, j'avais fait signe au gamin de s'approcher. Il était trop jeune mais quelque chose chez lui me fascinait, étais-ce son regard ? Sa façon de tenir tête à ce débile ? Ou la profonde colère que je ressentais chez lui ?
Après quelques minutes de discussion, je lui avais demandé de monter dans les gradins pour observer la séance et il avait hoché la tête sans dire un mot. Paul était venu me voir ensuite et j'avais surpris le regard de pure haine qu'il avait lancé au petit au passage, après lui avoir fait la leçon et menacé de me charger de lui mettre du plomb dans la cervelle moi-même à la prochaine incartade, je l'avais renvoyé chez lui. L'échange entre Paul et le gamin avait été très venimeux à sa sortie et là encore le plus jeune n'avait pas bronché devant l'attitude clairement hostile de l'autre crétin, il l'avait toisé avec la même hargne que lui, refusant de le quitter des yeux jusqu'à ce que l'autre capitule et sorte de la salle. La séance suivante s'était passée sans accro sous le regard vigilent du jeune garçon, il semblait assimiler les techniques et explications d'un simple regard, sans bouger. A la fin de la séance, je l'avais de nouveau appelé et tenté de lui expliquer que du haut de ses 12 ans qu'il m'avait confirmé, il était trop jeune pour intégrer mes équipes, il avait secoué la tête avec détermination en disant : « je veux apprendre la lutte, prenez-moi dans votre équipe, monsieur » C'était davantage un ordre qu'une demande et j'avais souri de son effronterie bornée en lui disant de revenir demain avec ses parents pour qu'on en discute.
« J'ai pas de père m'avait-il répondu rageur, ma mère travaille demain, jpourrais pas vous l'amener avant samedi » J'avais accepté de la voir le samedi et l'enfant était reparti. Je l'avais retrouvé à la même place dans les gradins le lendemain et tous les jours qui avaient suivi jusqu'au samedi suivant, ce jour-là il était entré avec sa mère pour la première fois, j'avais regardé cette jeune femme fine et d'aspect délicat que son regard déterminé détrompait immédiatement, le même que l'enfant, je savais désormais de qui il tenait son caractère !
Je l'avais envoyé attendre dehors tandis que je discutais longuement avec sa mère, elle n'aimait pas l'idée qu'il pratique ce sport comme je n'aimais pas prendre des enfants aussi jeunes que lui mais nous étions tous les deux tombés d'accord sur le fait qu'il ne renoncerait pas et nous avions conclu l'accord de le laisser essayer au moins pendant un mois.
A la fin de ce mois, il avait tellement évolué qu'il avait rattrapé le niveau de ceux de son groupe, ses aînés d ans, sa musculature commençait déjà à se développer et il était plus déterminé que jamais, sa mère était venue me trouver pour la seconde fois et nous avions décidé de le laisser dans mon groupe. Moins de 6 mois plus tard, une nouvelle altercation avait eu lieu entre Paul et lui, quand j'avais franchi le cercle qui s'était formé autour d'eux, Paul était au sol, le nez en sang, Ben le surplombait d'un calme glacial. Paul avait quitté le club le jour-même et l'enfant prodige l'avait remplacé immédiatement dans son groupe, très vite il s'était hissé à leur niveau avant de les dépasser, bouillant toujours d'une colère intérieure savamment contenue, il ne la laissait exploser que très rarement, elle ne faisait que décupler ses forces, il avait instinctivement compris qu'il ne devait jamais la laisser le dominer et comme je l'avais expliqué à sa mère pour la convaincre de me le laisser, la lutte était désormais son seul exutoire pour la canaliser.
Aujourd'hui encore, il était là, 12 ans plus tard à frapper avec méthode en contrôlant parfaitement cette colère qui ne l'avait jamais quitté, du haut de son mètre 97, presque deux mètres pour le plus jeune de mes lutteurs mais sans aucun doute le plus talentueux et je me rendais compte, le souffle coupé qu'il avait passé la moitié de sa vie avec moi, je l'avais vu grandir, se muscler, devenir lutteur confirmé avant qu'il ne soit le champion junior à tout juste 15 ans ! Douze années avaient passé, il était encore et toujours champion mais cette fois il était au sommet de sa catégorie, indétrônable, l'Invictus, Benjamin Cooper, le champion, mon champion !
A partir de là inlassablement je l'avais admiré s'entrainer, chaque geste qu'il faisait était contrôlé, il regardait ses ainés faire leurs enchainements et une fois que c'était imprimé dans sa mémoire le même scénario se produisait. Alors que les autres étaient partis lui restait là se hissant sur le ring, répétant les mouvements mémorisés et les modifiant à sa guise tel un peintre créant une œuvre je voyais se môme réaliser ses œuvres. Le travail ne lui faisait pas peur, les heures ne comptaient pas, seul le résultat son résultat comptait, il était son propre juge et il était du genre sévère avec lui-même. Une fois qu'il jugeait son travail digne de ce qu'il voulait, je voyais apparaître devant mes yeux un nouveau mouvement, plus rapide, plus fluide, plus précis, une nouvelle vision qui vous faisiez oublier la prise de base. Ce gamin était un virtuose, un petit génie qui prenait un mouvement et le rendait noble, il redonnait ses lettres de noblesses à un sport que certains avait tendance à assimiler à du faux. Il avait compris comment maîtriser son art, maîtriser sa colère et sa haine pour en faire sa force, il avait appris avec une telle facilité que s'en était déconcertant, il avait trouvé son exutoire à ce qui le rongeait de l'intérieur. Ce gamin était à n'en pas douter un prodige que rien ni personne à part lui n'arrêterait, il avait un avenir hors du commun devant lui.
Ils avaient été sur la route au moins 1 mois, avaient sillonné le pays de long en large afin de trouver de nouvelles recrues qui viendraient s'ajouter à leur écuries, il fallait des personnes exceptionnelles car depuis un certain temps le show ne tournait plus qu' autour de certains et du sang neuf était nécessaire. C'est au cours de la dernière semaine de leur voyage, alors qu'ils avaient baissés les bras qu'ils avaient découvert la perle rare. Dans une salle de lutte à Détroit, plusieurs lutteurs faisaient de leur mieux pour être remarqués et avoir la chance d'être pris, mais leur regard s'étaient portés sur un lutteur en particulier, il faisait ses exercices seul, concentré à l'extrême, ne prêtant pas la moindre attention à ce qu'il se passait autour de lui, il était dans sa bulle. Il était grand, un corps bien sculpté, un regard déterminé, une présence qui ne laissait personne indifférent, mais il ne semblait pas s'en soucier, il était concentré et seul son travail comptait.
Les deux hommes le regardèrent un moment, un échange de regards entre eux suffit à faire comprendre à l'autre qu'ils avaient trouvé celui qu'il cherchait, alors ils décidèrent en silence de continuer à l'observer afin de voir ce qu'il avait dans le ventre, mais ils étaient déjà convaincu que c'était lui. Ils prirent quand même le temps d'évaluer les autres lutteurs mais leur choix était déjà fait, alors ils parlèrent au coach afin d'en savoir plus sur ce mystérieux jeune homme. Ils apprirent qu'il s'appelait Benjamin dit Invictus, qu'il avait 26 ans, et qu'il était le champion du club depuis 3 ans maintenant. Il était doué à l'extrême, agile, rapide, fort et surtout redoutable pour ses adversaires. N'importe quel match lui convenait, il n'était jamais pris à défaut, que ce soit un match simple où avec stipulations, rien ne l'arrêtait, dès l'instant où il entrait en jeu le spectacle était assuré et la victoire aussi. Mais voilà il ne serait pas facile de l'avoir parmi eux, car Benjamin avait du caractère et dans le club où il était les coups étaient réels, pas de demi-mesure, pas de faux semblants, pour lui ses combats étaient un exutoire, il relâchait la pression, la colère, la haine et la rage dans ses combats et même si ses adversaires ressortaient du ring avec de mauvaises blessures ou pour la plupart sur une civière, tous étaient unanimes, combattre face à lui était un grand privilège et personne ne laissait sa chance de pouvoir l'affronter.
Le coach était fier de son champion, certes il voulait le meilleur pour lui, intégrer la WWE serait bien pour lui, il serait mis en valeur à juste titre, mais il était persuadé aussi que le genre de lutte de la société ne conviendrait pas à son champion. Le fait que les matchs étaient préparés, les coups calculés, et les victoires décidées à l'avance, ne jouerait pas en leur faveur. Car Benjamin avait le mérite de dire que ses victoires, ses matchs, étaient vraiment les siens, il les avait gagnés à la force de son talent et rien d'autre. Il ne supporterait pas qu'on le bride, qu'on lui impose des consignes, qu'on décide s'il devait gagner ou perdre un match, non il était un esprit libre, libre de ses coups, de ses attaques, de ses choix et surtout libre de faire ce pourquoi il était doué. Les 2 hommes eurent envies de le voir à l'action, de voir son potentiel sur le ring, mais il n'aurait pas la chance de le voir à cet instant précis, le coach leur annonça que s'ils voulaient le voir dans son élément alors ils allaient devoir attendre le lendemain, car il avait un match et c'est seulement là qu'ils pourraient véritablement découvrir l'étendue de son potentiel, car sur un ring Benjamin lâchait prise, il devenait une autre personne, le champion se livrait sans la moindre retenu, s'ils voulaient voir de quoi il était capable alors c'était lors de son match qu'ils auraient le meilleur de lui. Ils avaient hâte de le voir, car ce jeune homme dégageait quelque chose, il était précis, avait une assurance et un regard déterminé, tout ce qu'il dégageait était attractif, donnait envie d'en voir plus, d'en savoir plus, il captait l'attention de tous sans véritablement le vouloir ni même le provoquer.
Les deux hommes remercièrent le coach, les lutteurs et partirent vers leur hôtel non sans avoir regardé une dernière fois le champion qui ne leur avait accordé à aucun moment la moindre attention, il n'avait pas bronché à leur présence toujours concentré, le convaincre ne serait pas facile, peut-être même impossible, mais ils allaient au moins essayer. Une chose était sûre il avait trouvé la perle rare, le nouveau souffle dont ils avaient besoin, mais leur façon de lutter était le contraire de la sienne, il était peu probable qu'il renonce à sa façon de faire et à sa façon d'être. De gros changements seraient nécessaires s'ils voulaient vraiment cet homme, car avec lui pas de demi-mesure, c'était un joyau à l'état brut et il devait le rester.
Le lendemain s'annonçait révélateur pour eux, ils allaient voir de quoi était capable ce prodige que tous acclamaient, que tous admiraient, voir l'homme dans son milieu et une impatience les gagna, celle d'être déjà aux abords du ring. Mais ils allaient devoir surtout réfléchir sur la façon de l'aborder, d'essayer de le convaincre, et surtout de faire en sorte qu'il gagne leur rang. Certains de leurs lutteurs seraient heureux de l'avoir parmi eux, mais d'autres seraient probablement peu enclin à l'accepter parmi leur groupe, car ils avaient de forte têtes qui n'acceptaient pas facilement le fait de ne plus être mis en première ligne, un nom sortait du lot: Randy Orton. Randy était un lutteur de 3e génération, son grand père, son père, même son oncle avait réussi dans le milieu et porter le nom des Orton avait ses avantages et ses inconvénients, mais le principal trait de caractère qui ressortait de Randy était l'arrogance et il l'était à outrance que ce soit sur le ring ou en dehors, c'était un homme imbu de sa personne et rare était les personnes qui osaient s'en approcher. Comment la chère vipère allait accueillir ce nouvel élément, pas avec le sourire c'était clair, il verrait en lui un rival de taille, un homme à abattre, mais les deux hommes n'avaient pas encore réussi à convaincre le champion de les rejoindre, alors la confrontation entre le champion et la vipère n'était pas à l'ordre du jour. La seule chose qui était certaine à ce moment précis, c'est qu'ils avaient trouvé la perle rare et qu'ils allaient bientôt voir de quoi il était capable, après seulement il leur faudrait penser à une approche pour tenter de le convaincre, et cette partie du plan était bien la plus dure à réaliser. Car Benjamin était comparable à un mustang, libre, fort, redoutable, le brider serait cruel car ça serait le mettre en cage et ça c'était impossible, il était indomptable et c'était bien là sa force.
