Bonjour tout le monde ! Je ne sais pas si quelqu'un lit encore les disclaimers, mais enfin... Voici une fic à chapitre, un petit France x Russie, dont paraîtra un chapitre par semaine, en général le dimanche soir, voir le lundi soir si j'ai du retard. Je compte essayer sincèrement de garder ce délai de post. Si ce n'est pas le cas, vous avez le droit de m'incendier. Je ne sais pas combien de chapitre fera cette fic, mais je verrais bien.

Francis peut paraître un peu OOC, car cette fic est adapté d'une de mes œuvres précédentes dont le personnage principal, incarné ici par Francis, possède un caractère assez éloigné. Pour le début, il sera comme ça, mais je compte lui faire retrouver son vrai caractère à mesure de la fic... J'espère !

C'est aussi pour défendre une cause, celle des sans-abris, que j'écris en premier lieu. Peut-être que nous devrions tous un peu penser à eux en ces périodes de froid. Un regard, un sourire, un bonjour et peut-être... un peu d'argent...

Enfin, assez parlé! Bonne lecture !


Homeless

Chapitre 1 : La galerie

Il enfonça plus profondément ses mains gantées en fond des poches de son manteau et blottit un peu plus son nez dans son écharpe bleue après qu'un nouveau frisson eut traversé son corps. Il accéléra d'autant plus le pas qu'il sentait le froid commencer à engourdir ses doigts et traverser les mailles de son pantalon pour lui mordre la peau. Le mois de novembre était terriblement froid cette année, après un mois d'octobre plutôt chaud. Vraiment, il n'y avait plus de saisons !

Francis se désola de constater qu'il avait encore un sacré bout de chemin à parcourir avant de pouvoir rentrer dans la chaleur de son appartement. Aujourd'hui – car il le fallait bien parfois pour changer – beaucoup de transports en commun étaient en grève dans la capitale, et pour rentrer chez lui, le jeune Parisien était forcé de marcher. Bien sûr, il fallait qu'il fasse affreusement froid aujourd'hui pour couronner le tout.

La nuit était déjà tombée, l'hiver approchant, et Francis hésita à couper par une petite galerie commerciale pour éviter d'atteindre la rue parallèle par un long détour. Il réfléchit brièvement avant de passer sous l'arche où le froid persistait, mais protégeait au moins du vent. Beaucoup de magasins avaient déjà fermé. Seuls quelques rares d'entre eux persistaient à vouloir attirer les potentiels clients pressés de trouver refuge dans un endroit chaud. Francis put se rendre compte de la proximité avec Noël lorsqu'il aperçut toutes les guirlandes et les décors enneigés mis en scène dans les devantures des boutiques. Mais les décorations ne furent pas les seules à attirer l'attention du jeune Parisien. En effet, l'homme recroquevillé sur lui-même non loin d'une vitrine d'un magasin en rénovation, à peine vêtu d'une veste légère pour la saison, d'un bonnet rapiécé et de gants troués attira le regard de Francis vers lui. Ce dernier s'arrêta alors de marcher pour l'observer de loin. Il se sentit mal pour lui il détestait voir la misère d'autrui alors que lui était si bien fourni. Il tourna son regard vers la vitrine à côté de lui, dans laquelle il pouvait voir son reflet lui avait un long manteau d'hiver qui lui arrivait en dessous des genoux, une écharpe polaire, des gants et un bonnet en laine, de hautes bottes fourrées, et il avait encore froid. Alors cet homme…

Un dernier regard au sapin de Noël dans la vitrine et aux guirlandes rouges et blanches au-dessus de lui et il sortit son porte-monnaie. Il attrapa un billet au hasard et en sortit un de cinquante euros. Il hésita deux secondes, observa l'homme encore une fois, et plia le billet. Lorsqu'il passa devant l'homme qui semblait dormir, le visage entre ses genoux, il laissa doucement tomber le billet plié en trois dans le gobelet en plastique devant le sans-abri et manqua un sourire plein de compassion que ce dernier ne vit pas avant de repartir. C'est alors qu'il allait franchir l'ouverture qui accédait à la rue qu'il fut interpellé.

- Attendez ! S'il vous plaît… attendez !

La voix était rauque, enrouée, mais surtout, elle avait un fort accent slave qui fit un drôle d'effet à Francis. Il se retourna alors, et fut grandement surpris de découvrir que l'interpellateur était, en fait, le sans-abri qu'il venait de croiser. Celui-ci était toujours assis, mais éveillé, et tenait à la main le billet toujours plié du bout des doigts.

- C'est vous… C'est vous qui avez donné pour moi cet argent ?

Il avait un air si empreint d'émotion sur son visage crasseux et barbu que Francis n'osa nier. Il répondit à l'affirmatif sans toutefois insister plus. L'accent de l'inconnu était à couper au couteau et produisait chez le Parisien des impressions malvenues.

- C'est beaucoup d'argent… Pourquoi autant ? C'est une blague ? C'est fausse monnaie ?

- De la fausse monnaie ? Non, bien sûr que non. C'est du vrai. Pourquoi dites-vous cela ? S'étonna Francis.

- Ah ah ! Gens m'ont fait une blague, quelques jours de ça ! Jeunes qui voulaient piéger et ont donné fausse monnaie à moi !

Le regard du sans-abri s'était fait plus doux alors qu'il rapprocha le bout de papier de lui. Il avait même un petit sourire timide aux lèvres qui détonnait étrangement avec son apparence encrassée. Il regardait le billet avec une grande émotion que Francis pouvait lire même à travers les mèches de cheveux grisâtres de l'autre homme. Il avait l'air si heureux de tenir un objet avec autant de valeur que ses mains en tremblaient – ou peut-être était-ce le froid.

- Vous… Cela fait longtemps que vous êtes à la rue ? Enfin, si ce n'est pas indiscret… Demanda Francis, un peu gêné d'être aussi impeccable à côté d'une personne qui n'avait sans doute pas pu se laver depuis très longtemps.

- Moi être à rue depuis huit mois. Été pas trop dur, mais quand hiver rude arrive… Ah ! Très dur ! Très froid ! Mais pas pire que en Russie, c'est vrai ! Ah, ça non !

- Vous êtes Russe ?

- Da ! J'ai quitté patrie depuis quelques mois et venu en France. Je pensais avoir beaucoup d'argent, trouver métier… Mais être dur même ici…

Puis il releva la tête d'un coup et le Français put l'examiner plus précisément. Quelques mèches de cheveux d'un gris taché tombaient de son bonnet sur son front tandis que sa barbe blonde et broussailleuse était sale et n'avait pas été taillée depuis des lustres. Son visage était blême de maladie sous la crasse des semaines écoulées sans eau. Mais il fut un élément qui capta les yeux de Francis les orbes améthyste qui brillaient de larmes à cause du froid, mais plus encore d'une étincelle de reconnaissance qui frappa le Français en plein cœur. La beauté de ses yeux que le temps et la condition de vie n'avaient pas terni, captiva Francis comme la plus belle récompense possible à son action.

- Je m'appelle Francis ! Et vous ?

- Ivan.

Ivan lui sourit, du sourire de ceux que l'on n'oublie jamais.

- Merci ! Dit-il avec le regard le plus ému que Francis n'eut jamais vu.


Quelques jours plus tard, à la même heure, au même endroit devant la même boutique en rénovation, dans la même position, Francis y retrouva le sans-abri. Le jeune étudiant n'avait pas vraiment voulu revenir. En fait, perdu dans ses pensées, ses pas l'avaient guidé d'eux-mêmes et ce ne fut que lorsqu'il releva la tête qu'il reconnut l'endroit. Les mêmes guirlandes lumineuses rouges et blanches au-dessus de sa tête qui scintillaient au plafond, le même sapin de Noël avec ses boules rouges, le même décor enneigé dans la vitrine de la même boutique devant laquelle il s'était arrêté il y a quelque temps. La même situation devant laquelle le Français avait été confronté il n'y a pas si longtemps et qu'il n'avait plus voulu revivre. Pourquoi avait-il était guidé ici alors ?

Il n'avait plus cinquante euros sur lui, à peine deux ou trois billets de cinq qui traînaient dans son porte-monnaie. Il avait dépensé le reste dans la semaine pour pouvoir manger à midi dans son campus. Il avait froid, mais surement pas autant que le sans-abri qui dormait devant lui, recroquevillé contre le mur, la tête sur ses genoux relevés sur le torse. Un sourire soulagé naquit cependant sur les lèvres de Francis Ivan s'était acheté une doudoune avec l'argent qu'il lui avait donné, moins d'une semaine avant. Elle n'était pas très belle, d'un kaki terne, mais elle semblait chaude et rembourrée, de la fausse fourrure ornée sa capuche. Francis était heureux, quelque part – qu'Ivan ait utilisé cet argent pour s'acheter de quoi passer l'hiver plutôt que de l'alcool ou des substances illicites pour créer une chaleur factice. Le jeune homme ne connaissait pas très bien le mode de vie de ces personnes, mais il avait souvent vu des sans-abris préférer la gnôle plutôt que des habits chauds. Ivan n'était peut-être pas comme eux.

Seulement, maintenant qu'il était là, quelque peu rassuré de le voir plus chaudement couvert que la dernière fois, il ne savait pas quoi faire. Aller le voir ? Ou repartir ? Il savait maintenant qu'il avait un peu plus chaud maintenant, alors pourquoi rester. Pour quoi faire ? Lui parler ? Prendre de ses nouvelles ?

Francis se décida donc à rebrousser chemin, pour ne pas avoir à passer devant le sans-abri et risquer de se faire voir. C'était peut-être impoli, mais aller le voir pour dire quoi ?

- C'est vous ?

La voix rauque qui résonna dans la galerie stoppa l'étudiant dans son geste. Un frisson traversa son corps, comme la première fois. Cette voix était… envoûtante ? Etait-ce cet accent slave si prononcé qui touchait ses nerfs ? Il se retourna et regarda l'homme dans les yeux. Une gêne lui rougit les joues alors qu'il plongeait dans ces orbes violines.

- Oui. Bonjour. Je suis juste venu voir comment vous alliez.

- Bien, je crois. Avez vu ? Demanda-t-il en tirant un pan de son manteau. J'ai acheté avec argent de vous.

- Oui, j'ai vu ! Répondit Francis avec un sourire.

Il ignorait pourquoi, il se sentait tout gêné face à cet homme que la situation rendait mal-à-l'aise, un étrange mélange entre pitié pour le malheur qu'il rencontrait et l'embarras de se montrer devant lui, avec sa propre situation, comme s'il montrait ostensiblement sa richesse en le surplombant ainsi, alors que l'autre était assis au sol, pataugeant dans sa propre misère. C'était étrange, le comportement modeste qu'il abordait devant cet homme, alors que le contraire aurait dû être le schéma de base.

Vraiment ? Mais pourquoi ?

- Merci encore ! Murmura le sans-abri, sa voix basse douce comme le miel et éraillée de froid.

- Je vous en prie. Ce n'est vraiment pas grand-chose ! Je veux dire… ça vous servira toujours plus à vous qu'à moi !

Un courant d'air passa dans la galerie et Francis se mit à grelotter il avait potentiellement oublié le froid durant quelques instants. C'est vrai que lui, en revanche, ne s'était pas correctement habillé pour un jour aussi froid.

- Pourquoi vous avez aidé moi ?

- Oh… Par compassion, sans doute !

- Vous reviendrez me voir ?

La question laissa Francis sans voix. Il voulait le revoir ?

- Bien sûr !