Titre original: Fair is fair (fanfic publiée sur ce site) ou A more delicious word (fanfic revue publiée sur asylums . insanejournal . com)
TRADUCTION BASEE SUR A MORE DELICIOUS WORD, CAR C'EST LA VERSION DEFINITIVE
Auteur:
cozzybob
Catégorie: Angoisse,
Rating: M.
Paire: 1+2
Warnings: Angoisse. Violence extrême. Références viols. Très très sombre.
Disclaimers: Les personnages de Gundam ne sont pas à moi et l'histoire non plus d'ailleurs, je ne suis que la traductrice qui essaie de rendre au mieux le texte d'origine.

P'tite tchatche; Je vous conseille très fortement les fanfics de cozzybob, déjà parce que c'est quelqu'un de sympatique mais aussi parce que ses histoires sont originales et bien écrites. Vous les trouverez là ; asylums . insanejournal . com / cozzybabbles / 21685 . html (retirez les espaces dans la barre d'adresse) ou des versions traduites ici si je continue à sévir. Par contre je serai moins rapide sur cette traduction là car c'est plus complexe à rendre que ma précédente et beaucoup plus long. Mais ça en vaut le coup je pense. Cette histoire sera complète en 3 chapitres seulement, donc vous ne resterez pas sur votre faim bien longtemps.

Un mot des plus délicieux
Chapitre 1 : Le pire malheur

Tout comme la maladie est le plus grand des malheurs, la plus grand des malheurs de la maladie est la solitude. La solitude est un tourment dont l'enfer lui-même n'ose pas nous menacer.

John Donne

Il n'y avait pas de lumière. Peut-être qu'ils les avaient éteintes parce qu'ils pensaient que ce serait distrayant. Peut-être qu'ils se sont dit que deux 'gamins' de quinze ans auraient encore peur du noir, pilotes de Gundam ou non. C'était amusant.

Duo détestait vraiment admettre que ces salauds avaient raison, mais à vrai dire, il était plus qu'un peu nerveux. Oui, il aimait le noir, mais pas au point de se noyer dedans. Il pouvait difficilement respirer. Il ne pouvait rien voir. Il ne pouvait même plus parler. Enfin si, il pouvait ... mais ça faisait foutrement trop mal.

«Duo? » La voix était faiblarde. Ils l'avaient drogué, ils avaient drogué Heero ...

Duo poussa un long gémissement de douleur, le seul son qu'il était vraiment capable d'émettre dernièrement. Il entendit un mouvement rapide et sentit soudain des bras s'agripper à lui, le tenant fermement, quand un coup de poing partit à l'encontre de son attaquant comme un réflexe conditionné- vous n'attraperez jamais Duo Maxwell par derrière et encore moins dans le noir ; pas quand il ne peut pas vous voir. Mais Heero l'avait fait, et le Shinigami s'écroula de sa propre faiblesse avant que des dommages réels ne puissent résulter de l'affrontement, et tout a juste ... disparu…

Pathétique.

Les mains empreintes d'inquiétude l'ont alors poussé, et il a émit un sifflement lorsque l'autre pilote s'est mit à palper son abdomen, en pressant doucement et en explorant ses blessures. Duo fit tout ce qui était en son pouvoir pour le faire cesser et lui échapper. Il n'avait pas besoin que des gens le touchent maintenant. Pas maintenant. Il savait que Heero n'essaierait pas de lui faire mal comme ça, mais quand même ... c'était beaucoup, beaucoup trop... trop ...

Le ton monotone de Heero était tendu comme la soie d'une toile d'araignée dans l'air noir tissé autour d'eux. C'était presque réconfortant d'entendre cette voix ... apaisant.

« Deux de tes côtes sont blessées, peut-être cassées. » Ce fut tout. La voix d'un ange balafré.

Quelque part à l'intérieur, Duo ricanait. Une autre partie hurlait.

Les mains ont continué leur progression vers le haut, s'approchant de son cou, et Duo lui mit une claque pour le repousser frénétiquement. Ça a fait un bruit étrange qui pouvait ressembler à de la panique, et il savait que Heero l'avait entendu. Il s'en fichait. Ce n'était pas un bruit que le Shinigami était censé produire.

Non, pensa-t-il, les garçons ne pleurent pas, n'est-ce pas ? La mort ne pleure pas, les garçons ne pleurent pas, je ne pleure pas, je ne pleure pas, je ne pleure jamais ...

« Duo ...? » Duo pouvait seulement faire passer ça pour le son d'une saine colère étouffée entre ses dents serrées. Qu'ils aillent au diable.

Il sentit Heero froncer les sourcils. « Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? »

La main adroite de Heero reprit son chemin en serpentant jusqu'au cou de son ami étrangement silencieux et jusqu'à ce qu'il effleure un froid collier de métal. Duo tenta de lui faire faux bond, essayant de cacher cette calamité - oh mon Dieu, comme il voulait s'enfuir - mais Heero le tenait fermement pendant qu'il inspectait l'étrange objet dans le noir. Il y avait des fils accrochés sur toute la partie avant, et ça semblait être verrouillé avec un code à touches quelconque. Duo recommença à remuer un court instant, mais Heero attrapa ses épaules pour essayer de le tranquilliser comme il pouvait.

« Duo, qu'est-ce que c'est? »

Duo ne voulait pas répondre. Ou ne pouvait pas.

Il sentait le regard concentré de Heero dans l'obscurité, et puis soudain une main toucha sa mâchoire. Pris de panique, il mit une tape sur la main en guise d'avertissement, dans une tentative désespérée pour cacher la véritable ampleur de ses blessures. Il n'avait pas besoin que Heero s'inquiète pour lui. Il n'en valait pas la peine.

C'est alors que Heero perdit patience et saisit les deux bras de Duo pour les coincer dans son dos, les gestes toujours aussi précis dans l'obscurité. Libérant une main, Heero tâtait doucement le visage de Duo. Il ne put retenir le léger sursaut de surprise lorsqu'il trouva ce qu'il avait cherché.

« Ta mâchoire, c'est ... » Cassé était un mot trop trivial.

Duo avait tremblé violemment et avait presque toussé quand ses côtes l'avaient lancé en signe de protestation. N'importe quoi ! Il n'allait pas se mettre à tousser. Il n'y avait pas moyen, pas quand sa mâchoire lui faisait si mal, pas quand ses côtes et son satané corps en entier palpitait dans cette insoutenable douleur, hors de question, certainement pas. Mais Heero l'immobilisait toujours, et ses bras étaient coincés derrière son dos – son dos balafré, mutilé, déchiré... Il était vulnéra - non. Il se fraya furieusement un chemin hors de l'étreinte de Heero et une toux rauque s'échappa de ses dents serrées. On aurait dit un rugissement animal dans les ténèbres.

Privé de la vue, les autres sens de Duo étaient surdéveloppés et la douleur était proche de l'insupportable. Il n'allait pas s'effondrer. Il ne pouvait pas capituler. Il ne voulait pas craquer, ni maintenant, ni jamais ... pas déjà. Jamais. Duo se faufila prudemment loin de la chaleur du corps Heero et entra en contact avec le mur de métal froid. Ce n'était pas rassurant, et ça ne l'aiderait pas à débarrasser son corps de sa saleté, de son poisseux, sa puanteur, sa crasse, du vio - non. Il ne voulait pas être touché, il ne pouvait plus être touché. Il n'allait pas les laisser le toucher. Pas encore. Jamais.

Mais il ne voulait pas être seul ...

Non!

Il sut à ce moment-là qu'une partie de lui avait été brisée.

Il entendit Heero soupirer, presque vaincu, et il y eut un silence gênant pendant quelques longues minutes. Ils avaient le sentiment que des heures, des jours, des semaines, des mois, des années, des siècles… l'éternité s'était écoulée.

Duo se mit à crier dans sa tête. Il ne pouvait pas en supporter plus. S'il y avait quelque chose que Duo détestait, c'était le silence, et ils l'avaient torturé pendant assez longtemps – il ne voulait pas se torturer lui-même. Il avait besoin que Heero dise quelque chose. N'importe quoi.

Rien.

Duo laissa échapper un grognement étouffé et retourna vers Heero en rampant dans le noir. Lorsque Duo fut sûr de l'endroit où il était, il frappa son partenaire dans l'estomac. Heero blasphéma en japonais et se retint de lui rendre le coup de justesse. Aussi étrange que cela puisse paraître, Heero ne voulait pas blesser Duo davantage. Il n'avait pas la moindre idée de ce que le garçon pouvait bien encore lui cacher.

« Pourquoi diable est-ce que tu -"

Duo posa un doigt sur les lèvres de Heero et émit un son implorant.

Parle, bordel! Dis quelque chose!

« Quoi? »

Le pilote du Deathscythe lui donna une gifle et toucha ses lèvres encore une fois.

Heero jura de nouveau, vulgairement, mais ne prononça rien d'autre qu'un grognement confus.

Duo était profondément agacé. Il ne pouvait pas parler, il ne pouvait pas voir, il ne pouvait plus respirer correctement, et pour couronner le tout, il ne pouvait même pas obtenir d'Heero qu'il dise quelque chose... de réconfortant. Juste un truc, quelque chose, n'importe quoi pour combler le vide. Il avait besoin de quelqu'un pour lui dire que ce n'était pas aussi moche que ça en avait l'air parce que, bordel de dieu, ça avait l'air sacrément mal barré.

Après quelques instants, il soupira, puis siffla de douleur lorsque sa mâchoire l'élança en signe de protestation. Irrité par le silence qui dévorait une fois de plus sa misérable cellule, Duo décida de prendre les choses en main. Il n'allait pas craquer. Pas maintenant, se répétait-il en silence, pas quand il avait Heero pour lui changer les idées. Il n'allait pas capituler.

Sa main droite frotta l'abdomen de Heero pour s'excuser tandis que l'autre traînait sur son corps pour détecter ses blessures. Heero siffla involontairement lorsqu'il serra son épaule, révélant à Duo qu'elle était cassée, fêlée, déboitée ou pire. Heero ne siffle que quand la douleur est réellement aveuglante.

Duo commença à descendre le long de ses jambes, mais Heero repoussa ses mains.

« Je vais bien, c'est que des égratignures. »

Mouais. Le voleur savait reconnaître un mensonge lorsqu'il en entendait un.

Mais ce n'était pas grave. Le médicament qu'ils avaient donné Heero devait être une saloperie vachement puissante pour l'assommer comme ça. Duo était resté assis là à attendre dans l'obscurité pendant près de deux heures avant que Heero ne se réveille enfin - un sacré bon bout de temps pour quelqu'un amélioré génétiquement. Duo frappa doucement l'autre épaule du pilote, persistant à vouloir trouver ce qui n'allait pas.

Chacun son tour après tout.

Heero se décala. « Tu te recules? »

Duo acquiesça dans l'obscurité et recula silencieusement. Il entendit un craquement brutal, suivi d'un bruit sec, puis d'un discret gémissement à peine audible. Quand il se sentit à nouveau sûr de lui, il rampa vers l'autre pilote. Il détestait être seul dans l'obscurité, dans cette obscurité, et il n'allait la laisser l'engloutir, pas quand il savait qu'il n'en était plus obligé désormais. Heero était ici, et il avait été seul pendant trop de temps jusqu'à maintenant. Seul. C'est ce que ces enfoirés avaient dit quand ils s'étaient enfoncés en lui, n'est-ce pas? Il pouvait se rappeler ce rire. Ces mots. Cette voix.

Comment ça fait de mourir tout seul, salope? Tu peux me le dire? J'aimerais bien savoir ce que ressent ton petit cœur de salope, pendant que je te tue foutrement lentement, à l'idée que tu mourras tout seul ...

Seul.

Fatigué et désespéré, Duo se recroquevilla à côté de la forme encore assise de Heero et tâtonna dans le noir, essayant obstinément de se caler contre un Heero à la position ferme. Il tira l'autre pour se coucher près de lui, mais dût affronter un bref moment de rébellion avant que Heero ne soit disposé à se déplacer. Heero n'était pas la personne la plus tactile au monde, après tout, et il ne faisait aucun doute qu'il devait avoir un million de pensées par seconde qui tentaient de justifier cette action du point de vue de la nécessité.

Mais Duo le saisit dans une étreinte désespérée et blottit sa tête dans la poitrine de l'autre garçon. Il ne s'agissait en aucun cas de se laisser aller, Heero pouvait aller se faire voir. Non, il n'aimait pas beaucoup cette andouille à l'instant, mais tout valait mieux qu'un autre moment sans lui. Il avait été coincé ici pendant trois semaines. Capturé et torturé. Vio - frappé, la plupart du temps.

Heero était venu à son secours mais apparemment, ça s'était retourné contre lui.

Peut-être que la prochaine fois ça serait Quatre ou Trowa? Ou Wufei? Il y avait très peu de chances qu'ils ne soient pas au courant que Duo avait été capturé. Non pas que Duo ait été amer ou rien, c'est juste que la torture a tendance à monter à la tête après un moment.

Aux dernières nouvelles, Wufei volait toujours en solo, Quatre était en mission quelque part en Russie et Trowa était ... mouais… Trowa faisait des trucs de Trowa, loin des cartes, dans quelque partie du monde non explorée, cueillant probablement les Ozzies comme un lapin affamé cueillerait des carottes dans un champ. Duo ricana à cette image, tout à fait conscient qu'il s'illusionnait. Heavyarms était loin d'être silencieux et Duo devait le savoir. Mais peut-être que ce n'était pas un avantage d'être le plus silencieux. Oh bordel, Duo n'avait pas vraiment l'esprit pour porter un regard analytique de ses quatre camarades et de leurs Gundams, mais ça valait toujours mieux que de s'attarder sur ces trois dernières semaines, sûrement ...

Duo sentit des doigts tirailler sa tresse en douceur, jouant avec elle et lui massant son dos - marqué, en lambeaux, déchiré - comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Naturelle si ç'avait été n'importe qui d'autre que Heero ...

Mais il ne s'en souciait pas. Il se sentait bien malgré la douleur et Duo se sentait lentement s'endormir sous les attentions soi-disant inconscientes de Heero. Ils n'en avaient jamais rien dit mais Duo savait que Heero le protégerait de sa vie. Ils avaient passés un accord tacite il y avait très longtemps.

Alors il s'endormit, faisant confiance au pilote du Wing pour de le protéger encore un peu. C'était la première fois qu'il dormait depuis trois jours.

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Heero était inquiet. Il ne voulait pas l'admettre, et même à vrai dire, il était très, très inquiet. Paniqué même. Personne n'aurait été capable de le dire en le regardant, mais si on avait pu lire dans son esprit, on aurait pu voir qu'il était sérieusement tourmenté. Ses pensées virevoltaient dans tous les sens, hurlant comme une sirène de pompiers en essayant d'éteindre l'incendie d'idées qu'il avait lui-même allumé.

La mission avait tourné à la catastrophe, elle avait même lamentablement échoué. Il n'y avait même plus de mission possible d'ailleurs, il n'y avait absolument plus rien de récupérable. Mais Duo respirait toujours, au moins il était vivant, et ça c'était bien, pensait-il, mais encore une fois, la mission avait échoué, il avait échoué, il ... Heero se maudit à plusieurs reprises. Il aurait dû faire quelque chose pour éviter cela, il aurait dû être capable de ... juste ... faire quelque chose.

Heero pouvait sentir les battements de cœur de son coéquipier, et il savait qu'ils battaient beaucoup trop vite pour quelqu'un qui aurait dû être paisible. C'était compréhensible étant donné la situation, mais Duo s'accrochait à lui avec une telle force qu'il ne pouvait lui échapper sans risquer de blesser quelqu'un. Heero n'aimait pas qu'on ait autant confiance en lui. Il n'aimait pas que Duo le touche. Non pas que ce n'était pas agréable, ce n'était pas non plus que Duo n'aurait pas dû, c'est juste ...

C'était étrange d'imaginer que Duo lui faisait confiance à ce point. Qu'il lui faisait confiance pour les protéger tous les deux. Heero n'avait même pas été capable de mener à bien une mission de sauvetage et Duo lui faisait confiance pour les protéger? Mais Heero aurait préféré être dévoré par des chiens enragés plutôt que de faire faux-bond à Duo et à sa promesse tacite... Et il était encore inquiet. Très inquiet. Duo avait toujours été le plus optimiste du groupe, mais passer trois semaines dans une cellule n'avait probablement pas fait beaucoup de bien à sa santé mentale. Ça l'inquiétait. Oui, ça l'inquietait. Heero ne voulait pas l'admettre, mais ... il s'inquiétait pour le Baka. Il était inquiet à propos Duo. Le garçon avait subi trois semaines de torture sans fin, seul dans une base connue pour ses crimes contre l'humanité. Heero frémit avant d'avoir pu se retenir.

Duo avait été seul avec ces salauds pendant trois semaines. Et c'était surtout la faute de Heero non? Il aurait dû le trouver plus tôt, qu'il aurait dû ... il aurait pu ... Heero secoua la tête de frustration. Duo n'avait pas besoin de mourir. Pas maintenant, pas encore ... Jamais.

Et Heero sentait bien qu'il aurait pu agir différemment. Il aurait dû.

Il avait été coincé par une mission hautement prioritaire les deux premières semaines, donc il n'avait aucune idée que Duo a été capturé. Personne n'était au courant, Duo était seul, ils agissaient tous en solo à différents endroits de la Terre. Ils n'avaient pas de moyen de savoir, ils ne communiquaient pas, et la capture n'avait pas été mentionnée au public ou à la radio - la base était totalement illégale, et rien n'avait été signalé à Treize. Cela signifiait que Duo avait été torturé par des soldats assoiffés de vengeance probablement sans interruption depuis qu'il avait été pris.

Ça devait avoir rendu fou Duo, ça aurait pu et c'était probablement le cas. Etre torturé par une de ses anciennes victimes sans arrêt, pendant si longtemps et de si longs jours, des semaines, bordel, il devait avoir l'impression d'avoir vécu des siècles dans une situation comme ça ... C'était bien pire que n'importe quelle mort.

Il avait perdu la dernière semaine pour le retrouver. La base était si petite et tellement loin du dernier endroit où ils avaient entendu parler de lui. Mais ce qui avait gonflé Heero plus que tout, c'est qu'il avait fallu une putain de semaine complète pour localiser cette base. C'était déjà une sacrée erreur en soi, mais ce n'était rien par rapport au plan de sauvetage.

Heero renifla silencieusement. C'était la raison pour laquelle il était assis dans une cellule au lieu de se trouver dans une planque, voyez-vous. Ce maudit plan de sauvetage. Le bâtiment était presque entièrement souterrain, donc il n'y avait qu'une seule façon d'entrer et de sortir. La cellule de Duo, leur cellule, était au niveau le plus bas dans les sous-sols. Trois cents pieds sous terre.

Bien sûr, Heero était passé du second au dernier étage avant de se faire remarquer par quiconque. Non, la furtivité n'était pas son style, mais ça s'était bien passé jusqu'à ce qu'un empoté de garde décide de jeter un oeuil là où il n'aurait pas dû, sans faire le moindre mal - sauf peut-être à la mission de Heero et à la vie du pauvre homme. Les alarmes se sont mises à hurler à tue-tête. Heero avait combattu les soldats plutôt efficacement et avait même réussi à arriver à la porte de Duo avant qu'il distingue un souffle inattendu de quelqu'un qui se moquait derrière lui. Il n'avait pas prévu de laisser la base savoir qu'il était là avant que Duo soit sorti de l'immeuble, mais Heero savait que dernier étage serait dangereux quand même. C'était la raison pour laquelle il était assis dans une cellule, et la raison pour laquelle Duo était toujours là dans les ténèbres, souffrant dans insensé supplice.

Oui, il allait soigner Goliath avec ses propres prescriptions, mais non, il n'avait pas gagné le combat, pas même quand il avait collé une balle dans la jambe droite du monstre. Vu le personnage, c'était une des dernières choses à à faire. Un jour Heero allait trouver ce maudit 'Murphy'[1] et le torturer de la plus atroce des façons ; il commençait à le fatiguer.

Il avait appelé Quatre juste avant son départ parce qu'il savait qu'il allait avoir besoin de protéger ses arrières si quelque chose (parmi toutes les possibilités) tournait horriblement mal. Quatre était celui qui l'avait convaincu que Duo avait des problèmes en premier lieu, celui qui l'avait contacté avec agitation en plein milieu de la nuit, lui demandant de sortir et de trouver le pilote Deathscythe, de le retrouver et le sauver. Heero avait donné toutes les informations au bond (sur tout, y compris satané base souterraine), et Quatre était plus qu'un peu contrarié quand il les a découvertes. Emmerdé serait un meilleur mot, mais en termes de Quatre, c'était une version très polie d'emmerder. Heero ne doutait pas que Sandrock pouvait diriger leur mission avec tous les Maganacs qu'il pouvait rassembler et un plan psychotique brillant à suivre. Mais Heero savait aussi que, même s'il allait le plus vite possible, Quatre ne pouvait pas arriver avant au moins une semaine, ce qui explique pourquoi il avait appelé Heero en premier lieu.

Pour aggraver les choses, Duo était un as de l'évasion le plus adroit qu'il connaissait, il n'y avait aucun doute dans l'esprit Heero que la cellule dans laquelle ils étaient coincés était impossible à ouvrir de l'intérieur. Après tout, si cela avait été possible, Duo se serait échappé tout seul depuis très longtemps. La situation ne semblait pas bonne. Ils étaient coincés ici jusqu'à ce qu'ils soient tués ou sauvés par le destin, et vu la façon dont les choses se passaient, il semblait que la première possibilité était la plus probable. Le destin n'était pas de leur côté, et Heero ne croyait pas en lui de toute façon.

Duo gémit soudain dans les ténèbres et serra plus étroitement, libérant Heero de ses pensées amères. Dans son sommeil, Duo avait commencé à respirer un peu rauque, et sans avertissement, il avait émit des sons secs de sanglots étouffés dans la poitrine de Heero. Heero savait qu'il avait eu des contusions dans la matinée, si c'était jamais arrivé. Duo faisait un cauchemar. Ce n'était pas une bonne chose.

Comme il avait déjà été soumis à ça la dernière fois qu'ils avaient été capturés en même temps (une fois de trop si vous aviez demandé son avis à Heero), il prit délicatement Duo dans ses bras et joua avec l'infâme tresse, caressant son dos pour l'aider à se détendre avant que le cauchemar ne lui fasse vraiment mal. Duo lui avait appris comment faire après la dernière fois qu'il s'était réveillé face à un regard noir appartenant à Heero – d'une méchante humeur qui avait duré un bon moment. Duo s'était montré insistant. Et Heero détestait ça. Il ne comprenait pas, et il n'aimait pas ce que ça lui faisait éprouver… en particulier cette drôle d'impression au fond de son ventre. Il n'aimait pas les choses qu'il ne comprenait pas.

Mais si à ce moment-là il ne comprenait pas Duo, maintenant est-ce que c'était le cas? Non... une partie de lui ne pourrait pas le nier. Il appréciait Duo, même ses jacasseries interminables. Oui. En fait, la voix du baka manquait probablement à Heero plus que tout, mais il pourrait tuer quiconque oserait lui dire ça. Même s'il savait que c'était vrai.

Peu à peu, heureusement, Duo se détendit. Heero n'aimait pas la façon dont l'autre pilote se comportait avec lui, si ... confiant ... mais il n'allait pas se plaindre de la confiance de Duo, même si lui-même ne savait pas comment il allait pouvoir prendre soin d'eux. Il était juste assis là et continua à le réconforter, regrettant qu'ils ne puissent disparaître par magie et se transporter dans un autre endroit, un autre univers, un autre monde, très loin d'ici.

Ça n'allait pas.

Des pas lourds ont tonné dans le hall, brisant les divagations de Heero à nouveau. La formation arrivait au pas et il écouta attentivement, en étudiant la consistance, les impulsions, la férocité même des pas. Ils se sont arrêtés juste devant la porte doublée de plomb moins d'une minute plus tard et les lumières ont été finalement allumées, réveillant une douleur brûlante dans les yeux améliorés et très sensibles de Heero. Il cligna des yeux rapidement pour faire disparaître la gêne visuelle tandis que Duo, tiré de son sommeil, se mit immédiatement à fixer la porte comme si elle l'attirait irrésistiblement, une expression de terreur sur son visage osseux enflé.

Voir Duo à la lumière n'avait pas aidé à diminuer l'inquiétude que Heero ressentait. Le collier qu'il avait tâté plus tôt était... Heero frotta ses yeux essayant de faire disparaître les restes des troubles de sa vue. Lorsque les taches devant ses yeux s'estompèrent, il regarda convenablement. Il n'était pas victime d'hallucinations.

Bordel. Le collier qu'il avait senti autour du cou Duo ressemblait à un collier electrique de dressage pour les chiens. Heero ne voyait pas comment échapper à ça… ces salauds avaient dû mettre en place un périmètre autour de la base. Si Duo passait ce périmètre, il serait électrifié à mort, et bien sûr ils devaient être dans un lieu retiré. Heero ne doutait pas un instant qu'ils devaient l'activer autant qu'ils le voulaient, évasion ou pas.

Animaux ...

Ça ne l'avait pas aidé à rasssembler ses idées alors que Duo s'était mis à présent à ramper loin de cette porte, tirant Heero avec lui et la regardant, comme s'il s'attendait à ce que le diable en personne vienne l'ouvrir. Duo était terrifié. Il n'y avait pas d'autre mot pour le décrire, il était terrifié par l'homme qui se trouvait derrière cette porte délabrée. Inconsciemment, Duo se serra encore plus étroitement contre Heero et se recroquevilla sur lui-même. Heero frémit de rage.

Le visage de Duo n'était plus rien d'autre que des ecchimoses.

Sa coiffure partait en tous sens, ressemblant davantage à un gros nœud qu'à une tresse. Et il était maigre. Trop maigre, et ses guenilles ne contribuaient pas à améliorer son apparence. Duo portait un t-shirt sans manches gris vraiment miteux et... une jupe. Un chiffon aurait été un meilleur terme, mais c'était bien une jupe. Une jupe très courte. Très.

Ces salauds lui avaient volé ses vêtements.

La porte s'ouvrit dans un gémissement grinçant et Heero tiqua inconsciemment quand il vit Goliath lui jeter un regard glacial, supportant les blessures que Heero lui avait infligées sur la jambe droite en marchant. Le diable lui-même, en effet.

Heero renifla.

À la honteuse satisfaction de Heero, Goliath portait un œil au beurre noir vraiment moche et plusieurs de ses dents étaient manquantes, à cause d'un soldat parfait et d'une avalanche de coups meurtriers. Mais M. Goliath regardait toujours comme s'il avait pu arracher un gratte-ciel du sol de ses mains nues, et Heero pouvait littéralement voir l'adrénaline et la colère embrumer le regard brun du géant.

Duo tremblait et Heero baissa le regard dans les grands yeux violacés, ne discernant rien d'autre qu'une terreur absolue. Le pilote du Deathscythe s'enfonçait dans la paroi métallique derrière eux, serrant la main Heero comme s'il allait pousser son dernier soupir. Heero vit avec fascination que Duo évitait soigneusement le regard froid du géant et fixait le plancher métallique, des frissons provoqués par des choses bien pires que le froid. Duo n'avait jamais cédé à personne ... Pourquoi se soumettait-il à ce mastodonte? Le géant vivant émit un sifflement diabolique, promenant ses yeux sur la silhouette sans défense de Duo.

« Alors tu as trouvé un autre amoureux, salope? »

Heero sentit Duo frissonner violemment, en grinçant des dents, et il le serra encore plus, plongeant sa tête dans la poitrine de Heero.

Goliath rit d'un grondement de tonnerre. « Ne vous inquiétez pas. Vous mourrez bien assez tôt. »

Mais Heero était hors de lui. « Qu'est-ce que vous voulez? »

« Beaucoup de choses, des choses que vous allez me donner avant que cette journée soit finie. »

Heero essaya d'écarter Duo hors de ses bras afin qu'il puisse affronter le monstre, mais Duo ne pouvait pas être déplacé. Il leva les yeux à nouveau pour voir Goliath ricaner. «Vous n'avez vraiment aucune idée de ce que je vous réserve, espèce de petit bâtard »

Duo se tendit à nouveau, mais cette fois Heero posa une main rassurante sur son épaule, en essayant de le calmer. Le corps Duo était raide comme un roc. « Je vous ai posé une question » dit Heero guise d'avertissement mais il ne reçut qu'un rugissement assourdissant pour toute réponse.

« Je peux faire absolument tout ce que je veux avec toi, tu sais ça? Si je voulais te tuer, je pourrais le faire. » Il a souri d'une manière écoeurante, les yeux pétillants remplis de promesses sombres. « ...et je le ferai. »

Heero renifla. « Alors tues-moi ».

Le rictus de Goliath s'estompa légèrement avec le retour de sa colère, mais il semblait encore vaguement amusé. « Oh mais je ne veux pas. T'comprends ... » Heero attendit patiemment, intensifiant son regard. Le monstre sourit à nouveau et a montra Duo. « ... il le fera. »

Heero ne pouvais pas arrêter la surprise briller dans ses yeux. Il jura intérieurement.

« Il vous reste quatre heures avant le combat, et après vous mourrez tous les deux » prophetisa Goliath.

« Un combat ? »

Les yeux du monstre brillaient à nouveau.

« Nous avons une certaine forme de divertissement ici, pour que les hommes évacuent leur rage une bonne fois. Ça ressemble aux gladiateurs, et puisque vous êtes des pilotes de Gundam, vous obtenez le dimanche spécial. Vous vous battrez jusqu'à la mort. Le perdant meurt rapidement des mains du gagnant, le gagnant meurt lentement par la torture. Si vous refusez, vous mourrez tous les deux lentement, pas d'erreur possible à ce sujet. »

« Kushrenada n'approuverait jamais ça. »

Goliath haussa les épaules négligemment.

Heero se tendit à nouveau et il se sentait Duo faire de même. « Je ne me battrai pas contre 02 ».

« Alors tu seras torturé à mort avec ta petite salope qui hurlera à tes côtés. »

Heero grimaça. Il ne voulait pas faire ça à quiconque (sauf peut-être à ce salaud), mais il ne voulait vraiment pas faire ça à Duo. Il – s'en inquiétait? - pour Duo. C'était pourtant ce que Heero pourrait faire de mieux, le tuer. Heero pourrait faire ça rapidement et sans douleur.

Duo leva la tête et lança un regard de compréhension en voyant les yeux de Heero. Il était évident qu'il pensait la même chose, mais au bénéfice de Heero plutôt qu'au sien. Heero n'avait aucune idée de comment Duo prévoyait de gagner ce combat compte tenu de son état, mais il n'allait pas en débattre. Un seul regard dans ces yeux violets froids et Heero savait ce qu'il avait à faire.

« Quatre heures », murmura-t-il, et il ne détourna pas son regard du monstre.

Ledit monstre souriait, hocha la tête et sortit, la porte métallique claquant derrière lui. Les lumières furent laissées cette fois-ci.

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« Je vais te tuer ... si ça peut mettre fin à ta douleur. »

Duo grogna et croisa les bras sur sa poitrine, en regardant Heero comme s'il avait pu transmettre ses pensées par télépathie. Ses yeux violets étaient déterminés, sa position s'affermir et il ne reculerait pas sous le regard mortel de Heero. Tous deux se mesurèrent d'un contact visuel.

Duo eut un sourire diabolique, presque psychotique, qui exprimait tout ce que Heero avait besoin de savoir. Duo était en train de perdre sa concentration et son esprit.

En fin de compte, ce fut Heero qui cligna les yeux. Il avait capitulé. Il ne voulait pas battre Duo. Il ne voulait pas à moins que ce ne soit absolument nécessaire. Le pilote du Wing fixait le sol de métal étonnamment intéressant avec une expression grave perdue sur son visage, alors même que sa voix était plate.

« Winner ne sera pas là avant une autre semaine et on n'a pas eu de nouvelles de Trowa ou Chang. Il n'y a personne, Duo. Nous allons mourir dans trois heures. »

Duo le frappa.

Laissant Heero hébété, Duo empoigna son menton, obligeant le pilote du Wing à regarder à nouveau dans les yeux violacés furieux. Il avait l'air de vouloir dire quelque chose ... mais en vain. Duo frappa le mur de frustration et la grogna un son étrangement animal avant de relâcher Heero et se détourna pour contempler le paradis d'acier sans faille.

« Duo ... »

Pas de réponse.

Heero le tira contre lui et tendit la main pour le toucher, mais Duo esquiva avec facilité, sans se retourner. « Duo ...? »

Duo s'était complètement fermé.

« Je ne veux pas te tuer, je ne veux pas... je ne peux pas ... » Les mots de Heero se perdaient dans sa gorge.

Lentement, le garçon silencieux poussa un long soupir, exhalant la douleur par les narines. Heero ne pouvait pas dire depuis combien de temps la mâchoire de Duo avait été brisée, mais en voyant le sang frais qui faisait une légère croûte sur le pourtour de sa bouche, il estima que ça devait être récent.

C'était plutôt positif. Cela signifiait qu'il pouvait encore être guéri sans avoir besoin de recasser les os et ce n'était probablement pas encore infecté. Ça - Heero se maudit. Il se demandait quelque chose qui n'avait pas d'importance. Ils seraient tous les deux morts dans trois heures de toute façon.

Duo s'approcha et tendit la main pour saisir celle de Heero. Quand Heero la lui donna, le pilote sanglant du Deathscythe la leva au niveau de son visage et laissa reposer sa tempe dans la paume, en évitant soigneusement sa mâchoire mutilée. Ils se regardèrent mutuellement dans une confrontation émotionnelle, tous deux simplement face à face sans un mot pour rompre le silence.

Une larme coula sur la joue de Duo, et il a lentement glissé sur le plancher, tirant Heero avec lui. Heero ne savait pas quoi en penser. Il tira juste Duo plus étroitement contre lui et le jeune homme natté obéit avec presque trop d'empressement, enfouissant sa tête dans sa poitrine pour la deuxième fois de la journée.

Heero s'en fichait.

Qu'il soit damné s'il mourait avant de les tuer tous et chacun de ces salauds. Il ne savait pas - ne pourrait pas - à quoi Duo avait été contraint ces dernières semaines seul, mais Duo n'allait pas mourir de cette façon. Heero le savait alors, il ne voulait pas nier ses sentiments davantage.

Il aimerait mieux être torturé à mort.

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Les gonds hydrauliques se mirent à gémir à l'ouverture de la porte et un homme à l'air maigre entra. Il était plutôt de carrure nerveuse et son apparente absence de muscles était trompeuse car ils se cachaient sous une peau lisse et des vêtements amples. Ses yeux étaient d'un vert inquiétant, sa peau avait une teinte si pâle que ses lèvres avaient l'air colorées en rouge sang, donnant l'illusion d'un vampire sans les crocs. Il sourit doucement, les yeux brillants de malice ... et de luxure.

Duo avait refusé de bouger de son emplacement dans les bras de Heero, mais quand la porte s'ouvrit, il s'était instantanément réveillé et avait pivoté, l'expression de terreur qu'il avait eue avant était revenue sur son visage. Mais il ressemblait plus au Duo qu'il connaissait à cet instant, plus tenace et impitoyable. En colère. Il était toujours effrayé, mais il était prêt à lui tenir tête à ce moment. Il n'avait pas peur de cet homme.

Il avait peur de Goliath.

L'homme maigre hocha la tête en direction Duo et lui fit un signe, mais Heero passa un bras protecteur autour de l'épaule de l'autre pilote. « On a encore deux heures », a-t-il dit dans sa voix la plus intimidante. Son regard diabolique était impressionnant.

L'homme vampire grimaça un cruel sourire édenté. « Je sais. Je veux jouer avant votre départ. » Il tendit une main décharnée et courba un doigt en direction Duo. Duo frissonna, mais ne bougea pas. « Ramène-toi, salope. »

Les yeux de Duo brillaient d'un éclat mortel. Il destabilisa l'homme en redressant son majeur et fit un bruit rauque, quelque chose qui ressemblait à une insulte.

L'homme fronça les sourcils, puis poussa un soupir de regret factice.

« Tu ne veux pas que je te fasse encore mal, n'est-ce pas, petite pute? Je l'ai dit venir ici. »

Il claqua des doigts et montra le sol, comme pour faire signe à Duo de ramper vers lui. Duo renifla et refusa de retirer le doigt offensant.

« Je ne voulais pas en arriver là ... »

Il soupira et sortit une petite télécommande noire de sa poche. Duo broncha férocement.

« Je veux que tes dernières heures soient douloureuses. Je vais te les rendre douloureuses avant que tu partes. »

Il la dirigea au niveau du cou Duo, le pouce effleurant un gros bouton au centre. Il sourit au regard assassin de Heero. « Dernière chance, salope. »

Duo décida de provoquer l'homme une seconde fois, et releva cette fois-ci les doigts des deux mains. Il se faufila hors des bras de Heero dans un mouvement rapide, juste avant que l'homme vampire n'enfonce le bouton de la télécommande. Duo cria.

Heero ne savais pas comment le collier était réglé, mais il savait que c'était le niveau de choc le plus élevé disponible. Duo criait assez fort pour réveiller les morts, et son corps se tordait dans une douleur inimaginable. Son dos était courbé dans un angle sévère et sa mâchoire était crispée malgré les os déformés, ses dents mordant sa lèvre inférieure avec assez de force pour la faire saigner. Ses yeux se révulsèrent au début, mais ensuite il les avait bien fermés et s'était recroquevillé sur lui-même, tout disposé à s'en aller maintenant.

Heero perdit tout. Il perdit tout, son contrôle, sa patience, sa colère, sa formation. Tout à coup, tout est devenu flou, et il sentit son corps bouger sans qu'il le lui ait ordonné. Il était clair, affreusement clair. Il pouvait voir tous les follicules pileux, chaque goutte de sueur, chaque trait dégoûtant sur le visage souriant de cet homme. Souriant de la douleur de Duo. C'était un salaud sadique, un putain d'animal.

L'homme n'a jamais su ce qui l'a frappé.

La télécommande était allée voler au milieu de la pièce quand Heero lui avait asséné un coup de poing avec une force suffisante pour incruster l'homme vampire dans la paroi métallique dans un son écœurant d'os cassés, le seul bruit en dehors des hurlements rauques de Duo. Il était inconscient à l'instant où il avait touché le mur, mais Heero s'en foutait. Il sortit l'homme et le claqua contre le mur, cette fois directement au niveau du crâne. Il se féla et Heero sentit le sang. En touchant, il regarda la substance noire et rit cruellement, tranquillement. Sans un mot, l'efficace soldat pas-si-parfait du Wing tordit le cou de l'homme et le laissa tomber comme un sac d'os.

Mais Duo hurlait toujours. La télécommande était toujours en route. Heero jura, courut à la petite boîte noire, et appuya sur le bouton. Ça ne s'est pas arrêté. La télécommande était cassée. Bordel.

Heero glissa vers la forme agonisante de Duo qui se tordait sur le sol, son esprit maintenant dans un état de panique. Il y avait des larmes qui coulaient sur ses joues rouges, et le jeune homme aux cheveux longs ne respirait plus bien - non, en fait, Duo ne respirait plus du tout. Sans réfléchir, Heero attrapa le collier de Duo et tira.

Il grogna quand le choc électrique a agressé son corps, et avec un grand cri - plus comme un cri de bataille d'un cri de douleur – Heero tira de toutes ses forces et fit claquer le métal comme s'il était constitué de plastique bon marché. Duo s'effondra instantanément, comme un tas de chair désossée sur le plancher. Heero jeta les maudites pièces du collier à travers la cellule dans une colère assassinet, et il se pencha désespérément sur l'autre garçon, à la recherche de signes de vie. Incroyablement, Duo respirait encore - ou plutôt non ... respirait à nouveau. Il s'était arrêté un instant, juste avant, et Heero le savait. La respiration était rauque et superficielle, mais il respirait, et Heero soupira avec un soulagement douloureux. Il vérifia le pouls de Duo, et trouva qu'il pulsait beaucoup trop vite, très faiblement, mais il ralentit à nouveau. Duo se battait. Il allait survivre. Duo avait toujours survécu.

Et puis l'adrénaline le quitta et Heero s'effondra d'épuisement. Ne sentant rien en dehors profond malaise qui lui faisait froid au fond de l'estomac. Heero tira la forme molle dans ses bras et l'enfouit contre lui dans une étroite étreinte. Heero ne savait pas ce qu'il faisait, il ne savait pas comment aider une personne qui subissait ce genre de douleur, mais il n'allait pas s'asseoir et regarder Duo souffrir. D'une certaine façon, il savait que c'était ce dont Duo avait besoin.

Il a juste commencé à le bercer très doucement et il a commencé à marmonner des choses. Des excuses. Duo était parti dans un autre lieu, mais silencieusement Heero prononçait des excuses et se maudit, en caressant l'arrière de la tête Duo comme si elle était une idole chérie ou une pierre précieuse. Il ne savait pas ce qu'il faisait, mais il s'en foutait de le faire.

Il était assis là, et ni le ciel ni l'enfer n'auraient pu le faire bouger.

[1] Loi de Murphy aussi appelée « loi de l'emmerdement maximum », c'est la loi qui fait que c'est toujours la file d'à côté qui avance quand vous faites les courses ou que la caissière ferme quand c'est à votre tour.