Bonjour à tous ! Me revoici avec une nouvelle fic Matoine, cette fois-ci un Magical Boy AU ! :D (en gros, Antoine et Mathieu sont des guerriers avec des tenues kawaii chargés de sauver le monde. Yup.). Cette fic sera plus longue, mais aussi plus axée humour que Fighting the Hurricane (même si elle aura aussi des moments sérieux ~).
Des illustrations seront disponibles sur mon tumblr pour chaque chapitre.
Bien sûr, Antoine Daniel et Mathieu Sommet ne m'appartiennent pas, et cette fic sera supprimée s'ils en émettent le désir.
Sur ce, bonne lecture !


Angelic Warriors
Episode 1
Eveil - The Day of the Falling Stars

Le soleil brillait déjà dans le ciel encore un peu rosé. La ville de Paris s'éveillait doucement, ses rues s'emplissant de personnes se rendant à leur travail. Et, une fois de plus, Antoine Daniel était en retard pour aller au lycée. L'adolescent courait, zigzaguant entre les passants, son sac ballottant contre sa jambe, tandis qu'il tentait d'inventer une nouvelle excuse pour son professeur de physique-chimie. Tout en sprintant vers l'établissement, il tira sa blouse de sa besace, puis l'enfila tant bien que mal.
Enfin, il arriva à destination, et présenta sa carte scolaire au surveillant, qui le laissa passer avec un regard accusateur. De son côté, son enseignant, monsieur Deslandes, le salua d'un air irrité lorsqu'Antoine entra dans la salle, haletant et en sueur.

"Encore en retard, Daniel. Cela fait combien de fois, ce mois-ci ? Dix ?
- Neuf, ne put s'empêcher de corriger l'élève.
- C'était une question rhétorique. Puisque vous vous pensez si malin, vous allez effectuer ce TP tout seul. Allez, au fond de la salle, et au trot !"

Soupirant bruyamment, le jeune homme s'exécuta sous les regards indifférents de ses camarades. Il n'était pas spécialement bon en travaux pratiques, étant donné sa maladresse et sa préférence pour les cours théoriques aussi, ce fut un peu agacé qu'il s'installa à sa paillasse et parcourut rapidement le document qui s'y trouvait.

"Ouais, pas trop dur."

Le lycéen s'empressa donc de répondre aux quelques questions préparatoires, équilibrant sans peine ses équations d'oxydoréduction. Après avoir fait valider son protocole par le professeur, Antoine fila prendre ce dont il avait besoin : de l'eau de Javel ainsi que de l'acide éthanoïque.

"Surtout, les prévint monsieur Deslandes, respectez bien les quantités indiquées. Croyez moi, personne dans cette salle ne veut d'une overdose de dichlore."

Antoine ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Quel crétin aller renverser un litre de Javel dans une bassine d'acide ?
Tandis qu'il mélangeait les produits avec minutie, un bruit sourd attira son attention. Il leva les yeux de sa préparation, mais ne remarqua rien d'inhabituel, d'autant plus que personne d'autre ne semblait y avoir prêté attention. Alors qu'il se reconcentrait sur son travail, le bruit se répéta, et cette fois-ci il ne fut pas le seul à l'entendre tous les élèves s'étaient dirigés vers la fenêtre. L'ébouriffé les imita, et étouffa une exclamation de surprise. Le ciel était devenu entièrement noir, et une pluie d'étoiles filantes s'abattait sur la ville. Au sens littéral du terme.

"Éloignez-vous de là ! Vers le mur, vite !"

Obéissant au professeur, le groupe rejoignit le côté opposé de la salle, hurlant et paniquant… À l'exception d'Antoine. Ce dernier, comme fasciné par le spectacle, ne bougea pas d'un pouce, les mains et le visage collé à la vitre.

"DANIEL ! C'est dangereux, venez ici TOUT DE SUITE !"

Mais, même s'il l'avait voulu, le jeune homme n'aurait certainement pas pu bouger, hypnotisé par le ballet des roches éblouissantes illuminant le ciel, ses pieds solidement collés au sol. Et le bruit des cris et pleurs derrière lui, grandissant à mesure que la fréquence des météores augmentait, ne lui parvenait pas, couvert par une douce mélodie venue de nulle part. Tout d'un coup, il y eut un grand éclat de lumière blanche, et le monde disparut autour de lui.

Lorsqu'il cligna des yeux, sortant de sa transe, Antoine remarqua qu'il était au milieu de l'espace. Et nu. Mais surtout, au milieu de l'espace.

A peine eut-il le temps de se demander ce qu'il s'était passé qu'une jeune femme apparût devant lui, accompagnée d'une gerbe d'étoiles et d'une musique céleste. Elle semblait nettement plus petite que lui, et était vêtue d'une tunique blanche rehaussée de bracelets et d'une ceinture dorés. Ses courts cheveux bruns lui frôlaient les épaules, et ses yeux d'un bleu-gris somptueux contenaient toute la mélancolie du monde. Dès l'instant où il la vit, le cœur d'Antoine se serra et il se sentit nostalgique, sans trop savoir pourquoi, en ayant l'impression de l'avoir déjà rencontrée.

"What the…
- Antoine Daniel, je serai brève. Il y a bien longtemps de cela, tu as été choisi pour protéger la Terre. L'heure est venue d'accomplir ta destinée.
- Pardon ?! Mais…
- Aujourd'hui marque le début de ton existence de guerrier, reprit l'inconnue comme si elle n'avait pas été interrompue. Le chemin sera long et dur, mais tu ne seras pas seul dans ton combat. Va, Antoine, que les astres te guident sur ta route périlleuse !
- Mais putain vous…"

La mystérieuse femme disparut aussi vite qu'elle s'était matérialisée, et Antoine resta seul, toujours entouré de galaxies, planètes et étoiles. Alors qu'il commençait sérieusement à se demander si, par hasard, il n'avait pas vidé la bouteille de Javel dans celle d'acide et involontairement crée un gaz hallucinogène, il se sentit tomber. Ce qui n'avait pas vraiment de sens au vu de l'absence de gravité au beau milieu du vide intersidéral, mais il sentait bel et bien une force incommensurable le tirer douloureusement vers le bas. Alors qu'il allait hurler tant il souffrait, il se retrouva brutalement allongé par terre, dans la salle de physique-chimie.

"Ça va, Antoine ?" demanda gentiment son professeur.

Voyant son air désorienté, il lui précisa : "Vous vous êtes soudainement évanoui, et la pluie de météores s'est arrêtée juste après. Le médecin scolaire arrive.
- Je vais bien, assura-t-il en se frottant le crâne. Juste un peu… Un peu sonné. Où sont les autres ?
- Partis, il y a eu une panne de courant qui ne sera pas réparée avant demain.
- Ah. Bon bah je vais y aller aussi, alors."

Il tenta de se relever, mais l'autre homme l'en empêcha.

"Daniel, vous êtes extrêmement pâle. Il vaudrait mieux que le docteur vous examine.
- Non, je vous assure que je suis en pleine forme ! mentit Antoine. Il avait l'impression qu'un millier de marteaux frappaient contre sa tête, mais voulait rentrer chez lui au plus vite.
- Vous êtes sûr ? demanda monsieur Deslandes d'un air inquisiteur.
- Certain, assura le lycéen en se relevant.
- Bon… Dans ce cas…
- Vous inquiétez pas, si je tombe dans les pommes dans la rue et que je me fais écraser j'en prends la responsabilité.
N'allons pas jusque-là."

L'adolescent lui adressa un sourire peu convaincant, avant de détaler vers chez lui.


La famille Daniel habitait en banlieue parisienne, dans une grande maison pourvue d'un beau jardin soigneusement entretenu. Antoine aimait bien cette bâtisse dans laquelle il avait grandi cependant, il songeait beaucoup à s'installer seul à Paris, dans un studio. Ou plutôt en colocation, mais il n'avait pas d'amis assez proches avec lesquels il aurait pu emménager. Oh, bien sûr, il était rarement seul au lycée, trouvant toujours quelqu'un avec qui passer les pauses déjeuner ou les intercours, et il était plutôt apprécié des autres élèves simplement, il ne se sentait pas le désir d'approfondir ces relations superficielles. Il n'avait pas encore rencontré quelqu'un qui partageait ses visions sur le monde, ou qui voyait en lui autre chose qu'un gars légèrement narcissique aimant amuser la galerie…

Ruminant ces pensés pour la centième fois, Antoine posa son manteau sur sa chaise, et laissa son sac tomber à terre, avant de s'effondrer sur son lit. Son mal de crâne avait disparu durant le trajet, mais il ressentait tout de même une grande fatigue s'emparer de lui, alourdissant ses membres.

"Salut Samuel, salut Richard, lança-t-il à son ventilateur et son chien en peluche comme il le faisait tous les jours.
- Salut."

Antoine faillit pousser un hurlement de surprise, mais se retint juste à temps. Il bondit hors de son lit, en direction du couloir. Ses parents n'était pas là, et leur femme de ménage passait le mercredi, et non le vendredi… Qui aurait pu lui répondre ?

"Il… Il y a quelqu'un ? lança-t-il du pas de la porte.
- Ben ouais, moi."

Antoine retint son souffle. La voix venait définitivement de son lit. Doucement, le cœur battant, le touffu se retourna et posa la question qu'il jugea la plus idiote de sa vie :

"Richard ? C'est… C'est toi ?
- Bah ouais connard, qui d'autre ? Samuel ?"

L'ébouriffé écarquilla les yeux, et se laissa tomber à côté de la peluche, qu'il saisit avec précaution.

"Mais… Mais tu es une peluche.
- Alors toi tu vois des meufs dans l'espace en étant à poil, pas de problème, mais une peluche te parle et t'en reviens pas.
- Oui mais… Attends, comment tu sais que…
- Et d'ailleurs, j'suis même pas une peluche. Tiens, pose moi par terre."

Renonçant à comprendre, le jeune homme s'exécuta. Trop d'événements surnaturels en une journée, c'était quoi le prochain ? Samuel était en fait une princesse ?
Dès que Richard frôla le sol, il fut entouré d'un halo doré, et commença à luire d'une lumière d'un rose soutenu, si éblouissante qu'Antoine fut obligé de fermer les yeux. Lorsqu'il les rouvrit, Richard avait disparu. À sa place se tenait un petit garçon brun, vêtu d'un short et d'un pantacourt, ainsi que d'un gilet sans manches et de bottes en fausse fourrure. Son cou était entouré d'un foulard rouge à l'endroit où auraient dû se trouver ses oreilles étaient deux longues bandes de fourrure, et il lui manquait l'œil droit.

" 'sup."


"Il s'est réveillé."

Le jeune homme lança un regard distrait à son comparse, avant de se replonger dans son livre.

"Qu'est ce que tu veux que ça me fasse ? J'ai l'habitude de me battre seul. Il ne ferait que me retarder et nous mettre en danger.
- De un, je ne pense pas que ce soit comme cela qu'il faille voir les choses…
- On en a déjà parlé. Je ne veux impliquer personne là-dedans."

Soupir. Silence.

"De deux, ça veut dire que l'ennemi va redoubler d'efforts pour vous anéantir. Tout sera précipité. Nous n'avons plus beaucoup de temps."

Haussement d'épaules.

"Cela fait des années que je me bats seul contre eux. Tu crois que j'ai peur ?
- Non, mais tu m'inquiètes. Tu te renfermes beaucoup, ces derniers temps, et…
- Ça va, laisse-moi tranquille."

Nouveau soupir.

"Donc, tu ne veux même pas lui donner sa chance.
- Non.
- Je vois…"

Nouveau silence.


"Donc… tu… n'es pas une peluche.

- Bien observé."

Antoine et Richard étaient assis dans la cuisine. Le garçon sirotait un verre de bière, tandis que son interlocuteur grignotait des biscuits. Ils n'avaient pas échangé un mot depuis la transformation de l'ex-peluche il avait fallu au lycéen un certain temps d'adaptation avant de reprendre la parole.

"Et… T'es quoi, au juste ?
- C'est une longue histoire, et tu n'as pas envie de l'entendre.
- Ben si, en fait.
- Crois-moi, non. Breeeeef, si je te parle aujourd'hui c'est pour une raison bien précise…."

Richard finit son verre, laissant Antoine mariner un peu.

"Tu as reçu la visite d'une meuf.
- Oui, dans l'espace.
- En étant à p-
- Ça va, ça va ! Tu la connais ?
- Ouep. Elle t'a parlé de ton destin et tout, non ?
- Oui, elle-
- Classique. Bon, et j'suis sûr que t'as pas la moindre idée de c'que ça veut dire, hein ?
- Non, pas vraiment.
- Hmm. Quand tu es revenu du bahut, est-ce que t'as un peu fait attention aux gens autour de toi ?
- Quoi ? Euh, non, j'avais trop mal à la tête, alors…
- Bon, bah on va sortir un peu alors."

Antoine haussa les sourcils et plissa les yeux.

"Ça sera très instructif, je te promets.
- D'accord…"

"Depuis quand je fais confiance à une fucking peluche ?!" se demanda Antoine en enfilant son manteau. Le duo quitta la maison, et selon les directives de Richard, se dirigea vers la place principale de la petite ville. Il était aux alentours de midi, aussi la place grouillait-elle de monde. Et le touffu ne put retenir un petit cri.

"C'est… C'est normal ça ?!
- Quoi, "ça" ?
- Mais putain tu dois bien le savoir ! C'est toi qui-
- Je sais, mais je veux te l'entendre dire."

Tremblant légèrement de peur, Antoine finit par murmurer :

"Il y a des… Trucs. Choses. Des… Machins pas très… Humains. Carrément flippants.
- Mmmh.
- Comme des… Des ombres. Mais… avec des yeux rouges. Et… Des dents très pointues.
- Ouais.
- Pourquoi…. Pourquoi elles me regardent ?
- Sans doute parce qu'elle sente que tu es un Elu.
- Un quoi ?
- Un Elu des Etoiles. Un guerrier chargé de les détruire.
- Ah… Attends, quoi ?! Mais… Mais je veux pas moi !
-Ah bah c'est con, t'as pas vraiment le choix.
- Mais c'est bon, regarde, elles font rien ! Elles bougent pas et…
- Parce que c'est le jour, crétin. Elles agissent la nuit. En journée, elles observent, elles repèrent les humains les plus faibles.
- Et de toute façon comment je serais censé m'y prendre, hein ?"

Un sourire que l'on aurait pu qualifier de malsain se dessina sur les lèvres du petit garçon.


"Ceci apportera la réponse à tes questions."

Antoine regarda le pendentif d'un air incrédule.

"C'est une blague.
- Nan.
- Mais… On dirait que c'est fait en plastique.
- C'est normal, ça en est. En partie."

Une moue mécontente sur le visage, l'adolescent se saisit de l'objet, un disque bleu d'environ six centimètres de diamètre au centre duquel resplendissait une étoile dorée aux contours argentés.

"Et… En quoi ça va m'aider ?"

Richard eut un petit ricanement.

"Oh. Oh. Oh non non non. Même pas en rêve.
- Si.
- Mais… Mais c'est pas les filles qui…
- Bah là faut croire que non. A moins que t'aies un truc à me dire.
- Non mais je…
- Mais tu rien du tout, sinon ça va mal aller."

Ce fut au tour d'Antoine de rire.

"Ah ouais ? Et tu vas faire quoi ? Il y a trois heures t'étais une peluche, mec. Et là t'es un gosse.
- Peut-être, répondit tranquillement Richard. Mais regarde."

Sa main s'illumina de rose, de même que son dos, faisant apparaître un arc et un carquois empli de flèches.

"Et crois-moi je sais m'en servir. Alors tu bouges ton fion sinon t'auras des trous superflus.
- Ok, c'est bon…"

Et le jeune homme se plaça au milieu du salon, le pendentif en main, sans trop savoir quoi faire.

"Euh…
- Il y a une formule à prononcer.
- Ah. Et si les ennemis se pointent et que je peux pas la dire ?
- Tu peux la penser seulement, mais ça c'est quand t'auras de l'expérience.
- Et si -
- La ferme, putain ! Bon. Le pendentif vers le ciel. Et la formule, c'est "Pouvoir stellaire, illumine-moi."
- … T'as pas plus con ?
- Tu vas la dire, oui ou merde ?
- OK, c'est bon !"

Prenant une grande inspiration, essayant d'oublier à quel point il avait l'air stupide, Antoine brandit le disque vers le ciel en s'écriant "Pouvoir stellaire, illumine-moi!". Aussitôt, il se sentit empli d'une énergie nouvelle, qui pulvérisa sa sensation de fatigue. Une vague de chaleur l'enveloppa comme l'eut fait un manteau tandis que ses vêtements disparaissaient, son corps se mit à étinceler, entouré de paillettes bleues, violettes, roses. De nouveaux habits se matérialisèrent autour de lui, dans des tons bleus et gris : une tunique, un pantalon, des bottes cavalières, une cape et des épaulettes. Ses lunettes furent remplacées par un genre d'écran bleuté, mais qui, curieusement, n'altérait pas sa vision, et il fut pourvu d'une oreillette et d'un micro. Enfin, son pendentif prit l'apparence d'une grosse étoile dorée, avant de se fixer sur sa poitrine, et les paillettes l'entourant se dissipèrent.

"Wow. Mais… Ça…ça n'a pas duré trop longtemps ?
- Hein ? Non, peut-être pour toi, mais pour moi et le reste du monde, pas plus d'une seconde.
- Cool.
- Ouais. Bon, on va peut-être passer aux choses sérieuses ? Genre, ton entraînement. On va commencer avec la base : faire apparaître ton arme.
- Comment ?
- Facile. Ferme les yeux et ton poing droit."

Antoine obtempéra.

"Maintenant, essaie de concentrer toute ta force et ton énergie dans ton poing. Comme si tu devais l'utiliser pour frapper très fort. Ça va ?
- Ouais.
- Bien. Continue à canaliser ton énergie."

L'exercice fut long, mais Richard ne s'inquiétait pas. Il était évident qu'on ne s'improvisait pas défenseur de l'humanité en un tournemain. Et enfin, après quarante longues minutes, la main de son protégé s'illumina.

"Super ! Surtout ne lâche rien, ça vient…"

Effectivement, une arme apparut peu après. Une hache, au manche plus grand qu'Antoine.

"Wow…
- Cool. Tu pourras découper ces saloperies et leur foutre des coups de manche !
- Si tu le dis…"


Il devait être aux alentours de deux heures du matin, et Antoine courait derrière Richard. Ce dernier se dirigeait vers une ruelle parisienne, trottinant avec aise.

"Pourquoi on doit aller là ?
- Parce que d'après mes analyses informatiques c'est là que les ombres attaqueront en masse, répondit l'ancienne peluche en désignant la porte d'entrée d'un club privé.
- Tes analyses informatiques ?
- Ouais, j'ai un truc assez cool pour faire des prédictions, j'te montrerai. Enfin bon, ton but c'est de toutes les dézinguer avant qu'elles franchissent cette porte.
- Euh… C'est combien, "toutes" ?
- J'sais pas, en général une petite centaine."

Antoine prit une grande inspiration.

"Écoute, Richard, je n'ai aucune expérience et je suis à peine foutu de me servir de… De ma hache chelou. Je ne sais pas si c'est bonne idée de…
- Mec, on n'a pas le choix.
- Mais toi, tu peux pas m'aider ? Je croyais que tu pouvais -
- Ben en fait, mon arc et mes flèches sont inefficaces sur elles. Je le sais, j'ai essayé. Comment tu crois que j'ai perdu mon œil ?
- Mais -"

Le lycéen n'eut pas le temps de protester davantage. Les ombres arrivaient, glissant silencieusement, leur regard braqué sur la porte.

"Vas-y, Angelic Destroyer ! Défonce ces salopes !
- Angelic Destroyer ?!
- C'est ton nom de guerrier, ducon.
- Mais j'ai pas -
- Ta gueule et fighte !"

Exaspéré, Antoine fit apparaître son arme et se jeta sur l'ennemi. Il constata avec surprise que les ombres étaient matérielles, et non de simples esprits comme il l'avait supposé. Tranchant avec aise quelques créatures en deux, il ne put s'empêcher de sourire d'un air satisfait. Sourire qui disparut vite de son visage lorsqu'il en sentit une se saisir de sa main gantée. Repoussant l'assaillant avec dégoût, il lui asséna un coup de poing qui le propulsa quelques mètres plus loin. Mais déjà trois autres monstres avaient enserré ses chevilles, le déséquilibrant. Le contact avec le sol fut douloureux, d'autant plus les ombres convergeaient vers lui, griffant son visage, obscurcissant son champ de vision.

"RICHARD ! VIENS M'AIDER PUTAIN !
- Je peux pas je t'ai dit !" répondit son allié d'une voix paniquée.

L'adolescent tentait vainement de se débattre, distribuant de vagues coups de hache. Mais les immondes créatures l'ensevelissaient, le maintenant fermement au sol. Une ombre plus grosse que les autres s'était positionné au-dessus de lui, sa main pourvue d'une vingtaine de griffes s'approchant de son visage. Alors qu'Antoine croyait sa dernière heure venue, l'ombre explosa au-dessus de lui, répandant un pus noir qui se dissipa presque aussitôt. Celles qui le tenaient contre le sol périrent de la même façon et, alors que le jeune homme se levait péniblement, il comprit pourquoi. Devant lui se tenait un adolescent qui devait avoir son âge, bien qu'il fût plus petit. Il était curieusement vêtu d'une tenue de marin dans les tons marron et beige, et son costume était parsemé d'étoiles. Son front était ceint de trois anneaux de cuivre reliés par une étoile dorée, à demi cachés par sa chevelure brune. Comme lui, le jeune homme était mal rasé. Mais ce qui retint le plus l'attention d'Antoine, ce furent ses yeux. Jamais il n'avait vu un regard aussi dur mais aussi beau.
L'inconnu était également armé, tenant fermement une épée gigantesque dont la poignée étincelante était ailée.

"Euh… Merci ?
- Arrête tout de suite.
- Pardon ?
- Arrête tout. Cette vie-là n'est pas pour toi."

Le petit brun lui tourna le dos, et commença à s'éloigner, mais Antoine le rattrapa au pas de course.

"Hé… Hé ! Pour qui tu te prends ?!"

Le marin se retourna lentement vers lui, une expression de dédain clairement identifiable sur son visage aux traits fins.

"Tu t'es vu ? Sans moi, tu serais mort. T'as cru quoi, que c'était inné de savoir combattre les ombres, pauvre crétin ?
- Ta gueule, espèce de…"

Il ne finit pas sa phrase. D'un mouvement habile, profitant de l'effet de surprise, l'autre guerrier l'avait envoyé au sol, et la lame de son épée était à quelques millimètres de sa gorge.

"Espèce de quoi ?
- Je…
- Tu rien du tout, tu rentres chez toi et tu oublies tout. Entendu ?
- Mathieu !"

L'inconnu - qui s'appelait donc Mathieu - se retourna en poussant un soupir exaspéré.

"Ça va…"

Mathieu resserra sa prise sur son arme, qui disparut en une gerbe d'étincelles. Sans accorder un regard de plus à Antoine, il tourna les talons, marchant en direction d'un curieux personnage, qui lui ressemblait énormément, à la différence qu'il était vêtu d'un étrange habit, comme s'il avait voulu se déguiser en panda.

"C'est qui ces types ?!" s'exclama Angelic Destroyer une fois que le duo eut disparu de son champ de vision.
"J'sais pas, sans doute un autre Élu des Etoiles. Je chercherai quand on sera de retour…
- Élu ou pas, quel connard, ce Mathieu !
- Ouais, mais bon, il avait pas tout à fait tort quand même, t'as été assez pathétique."

Le lycéen poussa un soupir agacé.

"Peut-être, mais c'est ma première fois…"


"Hahaha, ça faisait longtemps que j'avais vu quelque chose d'aussi pitoyable ! Quelle lopette, ce gamin. Heureusement pour lui que l'autre majorette est venu l'aider.

- Cela vous facilitera d'autant la tâche, maître.
- Putain, tu m'étonnes. J'suis déçu, j'pensais que les autres pouffiasses allaient mettre le paquet. Mais non, elles choisissent… Ça."

Une photo s'afficha sur un écran gigantesque.

"Antoine Daniel, fit une voix automatique. Dix-sept ans. Élu des Etoiles. Autre nom : Angelic Destroyer. Affronté une fois. A perdu une fois. Sauvé d'extrême justesse par Menace numéro un. Identifié comme faible menace."

Un rire gras retentit dans la grande salle.

"Le triomphe n'est plus loin, et j'peux déjà entendre la population de cette misérable planète me supplier et implorer ma pitié ! Personne ne pourra plus m'arrêter, et surtout pas ce petit con de Mathieu ! Je lui réserve un traitement spécial… Hein, t'en penses quoi, gamin ?"

Au fond de la pièce, il y eut un petit hoquet.

"Je savais bien que tu serais d'accord."