Jamais sans lui

Disclaimer : Les personnages sont la propriété de Suzanne Collins.

Chapitre 1 : La moisson

J'ouvre les yeux, éblouie par un petit rayon de soleil passant à travers de l'une des fenêtres de la maison. Il doit être encore tôt. Je reste quelques minutes allongée avant de me décider à agir comme s'il s'agissait d'une journée banale. Je réajuste mon vêtement de corps, quitte le lit avec précaution afin de ne pas réveiller ma mère et ma sœur Prim qui dorment juste à côté.

J'enfile mes bottes de chasse, la veste en cuir de mon père et me glisse sans bruit en dehors de la maison. Comme j'en ai pris l'habitude, je longe les petites maisons de briques rendues noires par la suie et la poussière de charbon. C'est le plus pauvre et le plus misérable district de tout Panem. Les gens de la Veine y meurent de faim ou de froid, ou encore à cause de maladies respiratoires, de coups de grisou et j'en passe…

Les hivers y sont rudes et les étés bien trop chaud.

Très vite, j'aperçois la clôture qui marque les limites du district. Normalement, elle devrait être électrifiée, mais ce n'est jamais le cas. Tout le monde ici c'est très bien à quoi il se risque en passant la clôture : à être exécuté ou à devenir un Muet et servir les riches habitants du Capitol.

Malgré tout, je passe la clôture et cours m'enfoncer dans la forêt. En route, je récupère mon arc caché dans le creux d'un tronc d'arbre. Je n'ai pas la tête à chasser aujourd'hui, mais je compte bien profiter de ces quelques instants de liberté, seule dans la forêt. Ce sont peut-être les derniers pour moi.

Je viens ici tous les samedis et presque chaque jour après l'école. C'est le seul moyen que mon ami Gale et moi avons trouvé pour nourrir nos familles. Aujourd'hui et pour les deux semaines à venir, il n'y aura pas école.

C'est aujourd'hui qu'à lieu la Moisson.

Lors de la dernière révolte, il y a septante-quatre ans, le Capitol, après avoir rasé le district Treize pour servir d'exemple, a eu la brillantissime idée de créer les Jeux de la Faim appelé les Hunger Games.

Chaque année, un garçon et une fille ayant entre douze et dix-huit ans sont moissonnés, tirés au sort, afin de représenter son district aux jeux. Le principe est très simple : vingt-quatre tributs, une arène, un seul vainqueur.

Inutile de vous faire un dessin sur ce qui se passe dans l'arène pendant deux semaines : une vraie boucherie.

Aujourd'hui, il y aura vingt bouts de papier qui porteront mon nom. Normalement, je ne devrais en avoir que cinq, un par année d'éligibilité, mais j'ai pris des tessaeres afin de nourrir ma famille. Et on sait que le Capitol ne donne jamais rien sans une contrepartie.

Je ne suis pas la seule dans ce cas. Mon meilleur ami, Gale, aura quarante-deux papiers portant son nom : c'est sa dernière moisson. Pratiquement tous les enfants de la Veine, la partie minière du district, sont dans ce cas. Les enfants de la ville ne sont presque jamais moissonnés. Ils ne meurent pas de faim, eux…

Je me promène une bonne heure avant de décider de rentrer. Ma mère et Prim doivent être levées maintenant. Ma petite sœur a douze ans. C'est donc sa toute première moisson. Depuis quelques jours, elle est terrifiée et ne parle que de ça !

Très vite, je me retrouve à pousser la porte de notre maison. Prim et ma mère sont en train de déjeuner avec un reste de pain et de ragoût, mais le cœur n'y est pas.

- Katniss, me dit ma mère, mange un peu et vas te préparer. Tu trouveras une robe sur ton lit. Met-là.

Je hausse les sourcils. Maman semble sortie de son état quelque peu comateux pour la journée. Tant mieux parce que Prim va avoir besoin de nous deux pour affronter cette journée. Je m'installe à table pour manger un petit morceau de pain, mais sans grand appétit.

La peur commence à me tirailler le ventre. Seulement, je n'en montre rien. Je dois être forte pour Prim. Je décide de faire ce que ma mère a dit : je vais me préparer. Je me décrasse vite fait et enfile la robe déposée sur mon lit. Il s'agit d'une robe en coton bleu, très agréable au touché. C'est l'un des rares vêtements que ma mère a su conserver du temps où elle vivait encore en ville avant d'épouser mon mineur de père.

La robe s'ajuste parfaitement à ma taille. Je termine en refaisant ma tresse. L'une des traditions lors de la moisson, c'est de mettre ses plus beaux habits afin de paraître à son avantage pour les sponsors en cas de sélection comme tribut.

Je soupire et vais rejoindre ma sœur, la peur au ventre. J'ai peur pour Prim, mais je dois être forte pour elle. Maman l'a habillée avec des vêtements qui m'appartenaient : une jupe et un chemisier trop grand pour elle.

Ses deux petites tresses de cheveux blonds lui donnent un air encore plus fragile et enfantin que d'habitude.

- Tu es vraiment très belle Katniss, me dit-elle avec un petit sourire forcé.

- Oh Prim ! Je m'exclame en la prenant avec force dans mes bras.

- J'ai peur Katniss !

- Je sais chérie, je sais, mais ton nom n'y est qu'une fois. Tu ne seras pas choisie, je te le promets.

Elle me sert très fort elle aussi. Nous savons toutes les deux que cette promesse ne vaut rien car je n'ai pas le pouvoir de modifier le destin. Quoiqu'il en soit, je sais ce que j'ai à faire si ma sœur est choisie : je me porterais volontaire à sa place.

Ma mère nous prévient qu'il est temps d'y aller. Nous quittons la maison et marchons en silence jusqu'à la place où se tient le tirage de la moisson. Prim et moi signons le registre autant de fois qu'il y a de papiers portant nos noms avant d'aller rejoindre les filles de notre âge.

Plus loin, j'aperçois Gale qui me fait un petit signe d'encouragement. Je sais qu'il a peur pour moi autant que j'ai peur pour lui. Quelques minutes passent avant qu'Effie Trinket, habillée d'un tailleur rose bonbon et coiffée d'une perruque orange, ne s'avance vers le micro :

- Bienvenue, bienvenue, bienvenue pour le tirage au sort du courageux jeune garçon et de la courageuse jeune fille qui auront l'honneur de représenter le district Douze aux septante-quatrième Hunger Games.

Personne n'applaudit. Visiblement, je ne suis pas la seule à avoir une vision différente de ce qu'est l'honneur.

- Hum hum…Bien, reprend-t-elle quelque peu décontenancée par le manque d'enthousiasme visible de son public. Procédons au tirage sans plus tarder. Et, comme toujours, les dames d'abord.

Effie s'approche de l'énorme boule de verre où se trouvent des centaines de noms. Je prie pour Prim et m'oublie par la même occasion. Après une attente interminable, Effie se décide enfin pour un papier. Elle se dandine jusqu'au micro, réajuste sa perruque qui penche sur la droite et déclare d'une voix forte :

- Katniss…

Effie hésite sur le nom. Je me fige. C'est moi !

- Ah ! Katniss Myrose !

Myrose ! Je ne connais qu'une famille qui porte ce nom. Il s'agit du boucher qui n'a qu'une fille, mais elle se prénomme Catherine et non Katniss, si je me souviens bien. Pourtant, c'est bien elle que je vois s'avancer vers l'estrade entourée des Pacificateurs. Une grande fille blonde impeccablement coiffée et habillée, belle et prétentieuse à souhait d'habitude. Aujourd'hui, elle a dû mal à retenir ses larmes. Je pensais qu'elle s'appelait Catherine à cause de son surnom : Cat.

Il faut dire qu'elle ne m'a jamais aimé et que je laissais toujours le soin à Gale de marchander avec son père et elle le prix de la viande que nous rapportions de la chasse. Maintenant, je comprends mieux son aversion pour moi. Elle devait avoir honte qu'une fille de la Veine porte le même prénom qu'elle.

Si mes souvenirs sont bons, ça doit être sa dernière année d'éligibilité. Elle n'a pas de chance, mais vaut mieux elle que Prim ou moi.

Une fois sur l'estrade, Katniss Myrose me lance un regard courroucé. Apparemment, elle a cru que c'était moi qui avais été tirée au sort. Pauvre fille.

Effie se dirige maintenant vers la boule de verre contenant les noms de tous les garçons. Je pense à Gale qui a quarante-deux papiers rien que pour lui. Le sort ne lui est pas tellement favorable cette année. Une nouvelle fois, je me mets à croiser les doigts. Effie hésite de longues secondes sur un papier et puis sur un autre – je soupçonne qu'elle le fait exprès pour le « suspense ».

Pas Gale, pas Gale. Il a sa famille à nourrir. Pas Gale.

Mon cœur se serre quand Effie fait enfin son choix. S'approchant à nouveau du micro, elle déplie le morceau de papier, prend connaissance du nom et clame :

- Peeta Mellark !

Mon cœur chute dans ma poitrine. Ai-je bien entendu ? Il semble que oui car Peeta s'avance, plus blanc qu'un linge, vers l'estrade. Le choc de l'annonce est bien visible sur son visage, mais il tente de se montrer fort. Mes yeux cherchent l'un de ses frères ainés, toujours éligible.

Il a l'air choqué, mais il baisse les yeux de honte quand son jeune frère est enfin sur l'estrade avec l'autre Katniss et Haymitch Abernaty, le seul vainqueur encore en vie que le Douze ai connu. Un ivrogne stupide et incompétent.

Effie demande s'il y a des volontaires. Personne ne bouge. Peeta ne sera pas sauvé par son frère. Les jours de moisson, c'est chacun pour soi, même entre enfants d'une même famille. Quelle tristesse.

- Chers habitants du district Douze, voici nos deux tributs : Katniss Myrose et Peeta Mellark.

Encore une fois, personne n'applaudit alors que nos tributs se serrent la main rapidement sans même se regarder. Ensuite, le maire fait son habituel discours et Effie Trinket clôture d'un :

- Joyeux Hunger Games et puisse le sort vous être favorable.

Puis, les Pacificateurs entrainent Katniss et Peeta vers l'hôtel de justice. Soudain, je panique. Ils sont en train de l'emmener loin de moi à jamais. Peeta Mellark, le garçon des pains à qui ma famille doit la vie. Non, hors de question qu'il meure avant que je ne puisse le remercier. Je me fraye un chemin parmi les autres jeunes filles et me mets à crier après lui :

- Peeta ! Peeta !

Il m'entend et se retourne vers moi. De suite, il affiche un air surpris. Je vois ses lèvres murmurer mon prénom. J'essaye encore d'avancer vers lui, mais deux Pacificateurs m'attrapent chacun par un bras pour m'arrêter.

- Vous ne pouvez pas aller plus loin pour le moment Mademoiselle, me dit l'un d'eux.

- Mais lâchez-moi bande de brutes ! J'hurle, me donnant en spectacle devant tout le district et même devant tout Panem.

Je vois que Peeta tente lui aussi de résister, mais ses gardes l'obligent à entrer dans l'hôtel de justice.

- Vous allez me lâcher, oui ! Dis-je avec mon air le plus féroce.

- C'est bon les gars, lâchez-là, intervient Haymitch à ma grande surprise. Juste une amoureuse transie qui ne veut pas laisser partir son homme.

Je suis choquée, mais ne relève pas. Ils me lâchent enfin et retournent au bas de l'estrade.

- Je n'avais pas besoin de votre aide, lui dis-je froidement.

- Il m'a pourtant semblé le contraire, réplique-t-il, son haleine empestant l'alcool me faisant plisser le nez. Allez chérie, retourne à ta place et boucle-là. Le Capitol n'apprécie pas ce genre de scène.

- Je me moque bien de savoir ce que le Capitol apprécie ou non !

Je sens que tous les regards et même plusieurs caméras se braqués sur moi. Mais, ça m'est égal ! Je me tourne vers Effie Trinket et la pointe du doigt.

- Vous et le Capitol, vous envoyez des enfants dans une arène pour qu'ils s'entretuent juste pour votre bon plaisir. Cette punition qui dure depuis septante-quatre ans est injuste ! Vous avez tué des centaines d'innocents !

- Tu t'es assez donnée en spectacle pour aujourd'hui, s'exclame Haymitch en m'agrippant par le bras, mais je suis sur ma lancée, et me fiche royalement de ce qu'il a à dire.

- Un jour, se seront vos enfants, ceux du Capitol, que nous enverrons dans l'arène. Ce jour viendra et le Capitol tombera !

Je mets alors les trois doigts de milieu de ma main droite sur mes lèvres avant de les dresser devant moi. C'est un vieux geste de notre district, un geste de soutien et d'amour, mais un geste interdit depuis la rébellion.

En retournant à ma place, je constate que tous les habitants du district ont mité mon geste. Ca me réchauffe le cœur. La moisson se clôture, mais je n'écoute rien. Je suis comme paralysée. Je sais que je viens de défier le Capitol et, indirectement, le Président Snow. Ce genre d'acte ne restera pas impuni. Il va y avoir des représailles.

La foule se disperse, mais je ne bouge pas. Je sens une main sur mon épaule.

- Catnip !

- Gale, dis-je en le prenant dans mes bras.

- Qu'est-ce qui t'as pris Katniss ? Es-tu devenue folle ?

- Je me moque de ce que ces gens peuvent penser Gale ! Il fallait bien que quelqu'un réagisse un jour fasse à cette injustice ! J'ai cru que c'était moi, tu comprends ?

- Oui, je me doute que tu as dû avoir un choc, mais…

- Et Peeta, crié-je. Je ne pouvais pas le laisser l'emmener comme ça sans rien dire. Il va se faire tuer et je…oh, non…Peeta.

- Je ne t'ai jamais vue dans cet été, constate avec inquiétude mon ami. Je ne savais pas que tu connaissais aussi bien Mellark !

- C'est Peeta ! Rectifié-je, agressive en me dégageant de lui. Et je lui dois la vie !

- Tu quoi ?

- Il faut que j'aille le voir. Il faut que je lui parle, qu'il sache que je n'ai rien oublié de cette journée.

Je plante Gale et cours en direction de l'hôtel de justice, Gale criant mon prénom, mais je ne me retourne pas.

Il faut que je parle à Peeta.

Salut tout le monde,

Me revoilà avec une toute nouvelle histoire et sur Hunger Games cette fois.

J'espère que vous avez aimé ce premier chapitre. Je ne sais pas encore à quel rythme je vais poster car j'essaie d'avancer le plus possible dans l'écriture de l'histoire, pas facile.

Donnez-moi votre avis !

Bises, à bientôt,

Diabo