Yurei

Par Tsubaki Hime

Hello ! Revoici Tsubaki Himé encore très en forme, vous donnant ainsi un petit avant-goût de cette toute nouvelle fic Yami no Matsuei. Etant donné que je suis débordée à cause des prochains contrôles, exposés et autres examens, je ne vous garanties pas un chapitre par semaine. Surtout que cette fic aurait dû voire le jour seulement après deux autres petites fics que je comptais écrire avant, toutes deux basées sur les couples YnM (notamment celui de Tatsumi/Watari que j'adore) mais bon, je voulais vous replonger dans le morbide et le triste après la petite One-Shot « Montre-moi » (ouh que j'adore faire souffrir mes persos). Si le lieu de cette histoire vous paraît tout à fait bizarre (Las Vegas alors que nos Shinigami sont au Japon), c'est tout à fait normal. Que dire de plus à part eh… Bonne lecture ! (j'ai mis du temps à trouver, je suis crevée, argh, alors que je viens de dire que j'étais en forme, hum…)

Blood Kiss,

Tsubaki Himé

Prologue

« Tu es irrésistible, ma jolie… Personne ne peut refuser tout ce que tu souhaites… Tu es plus belle que toutes ces sales petites truies que tu côtoies… »

Ces paroles, Aline Hargeisa se les répéta encore une fois juste avant de se sourire dans le miroir, se passant une main dans ses longs cheveux de miel. Elle n'avait même pas vingt ans que déjà Hollywood la pressait d'accepter le premier rôle d'une grosse production. Elle savait être « gentille » quand il le fallait mais là, pas besoin d'utiliser ce procédé. Son père avait tout organisé avec son manager, pas de souci à se faire.

« Oui, tu es la plus sexy, ma chère Aline… »

Elle envoya un baiser à son propre reflet avant de rire, faisant briller ses yeux noisette. Un rire cristallin qu'elle avait apprit à prendre pour être la plus séduisante possible. Aux Etats-Unis, pas droit à l'erreur. Et encore moins à Hollywood. Quoique Las Vegas, là où elle logeait en ce moment avec son père, au Paradise Hotel, il y avait déjà de l'expérience.

En y songeant, sa jolie bouche rosée eut une moue. Oui, s'il n'y avait qu'elle et son père. Mais il fallait que ces trois pouffiasses fassent partie du voyage.

« Toi, ma chère, je ne te laisserai pas faire… Saloperie! »

Non, cette fille-là, elle ne pouvait pas la supporter. Pas elle, surtout pas elle. S'apercevant que la colère nuisait à son teint, elle se passa quelques touches de crème hydratante sur ses les pommettes dans l'attente d'avoir la peau la plus douce possible, et l'éclat le plus impeccable du monde. Elle le devait, pour les paillettes des rêves d'Hollywood. Elle n'était pas une de ces petites écervelées qui partaient de rien, s'en allant dans cette cité éblouissante dans l'espoir d'y trouver la fortune et la célébrité, et qui au final finissaient sur le trottoir. Elle était Héra, la déesse qui promettait la gloire. La comparaison lui parut flatteuse aussi eut-elle un nouvel éclat de rire, plus fort que le précédent. Héra, cela était si agréable.

« Héra… Comme cela me va bien… »

Il était tard à présent, peut-être deux heures du matin. La fatigue lui ferait des cernes affreuses. Elle bailla avec retenue bien qu'il n'y eut personne dans sa chambre splendide, aux murs peints très clairs, aux meubles en chêne véritable, sa coiffeuse parfaitement rangée. Elle eut un dernier regard pour le soir derrière le lourd rideau pourpre, pour cette ville des Jeux qu'était Las Vegas.

« Bye, my city… »

Soudain, dans le reflet de sa glace, elle vit sa porte s'entrouvrir dans ce grincement si particulier qui faisait penser aux films d'horreur. Cette pensée lui valut un bref ricanement jaune. Mais au fait, pourquoi ricanait-elle? Elle fit volte-face, hésitant à ouvrir la porte en grand ou bien rester là où elle était, se tordant anxieusement les mains. Elle opta pour la deuxième solution.

"Qui est là?" Fit-elle d'une voix qui se voulait forte.

« Pourquoi… Pourquoi ai-je si froid tout d'un coup? »

Aline crispa ses mains sur sa poitrine refaite par le meilleur chirurgien de New York. Elle tremblait, c'était une évidence. Mais justement pourquoi alors qu'il faisait plus de vingt-cinq degrés dans la chambre?

La porte s'ouvrit complètement, et aussitôt, Aline se détendit. Ouf, ce n'était que…

"Mais, qu'est-ce que tu fais ici?" Fit la jeune femme dans un sourire rassurant. "Il est tard, tu sais."

"Je sais, mais je devais faire quelque chose…"

« Le froid… J'ai encore froid, pourquoi? »

Le sourire d'Aline se figea sur ses lèvres lorsque, horrifiée, elle vit le couteau étincelant jaillir de la poche de son interlocuteur. Ses yeux s'écarquillèrent et ses lèvres, plus blanches que le reste de sa peau, articulèrent d'un ton inaudible.

"Pourquoi…? Pourquoi… toi?"

L'assassin ne lui répondit pas. Il savait ce qu'Aline pouvait dire. Mais il fallait qu'il se venge de tout cela, de tout ce que cette femme lui avait fait. Elle ne devait pas exister.

Le sang, dans un goût amer, lui vint à la bouche quand la lame glacée de son arme frappa la poitrine d'Aline qui émit un étrange gargouillement. Pour la faire taire, il retira son poignard du cœur pour le planter dans sa gorge. Puis, instinctivement, il se recula pour ne pas prendre toute cette fontaine rouge sur les vêtements. La jeune fille, les yeux encore ouverts par une teinte d'horreur surprise, bascula sur le lit qui se teinta peu à peu de sang.

Le tueur contempla cette beauté qui ne l'était pas, le cœur d'acier. Mais elle n'était pas la seule, Aline n'était pas la seule à l'avoir rendu comme cela. Il y en avait encore trois autres, trois autres succubes à tuer pour enfin se venger de cet instant où il avait basculé dans le noir.

L'odeur du sang lui parvint à esquisser un rictus en coin. Il s'approcha du cadavre encore chaud, dévoilant le front de sa main gantée.

"Il est vrai que tu es belle, Aline… Belle comme Héra mais comme cette déesse… tu as mené un humain à sa destruction et pour cela, crois bien que même l'enfer le plus cruel ne pourra jamais étancher cette haine que j'éprouve pour toi et tes semblables, ces sales femmes diaboliques… Regarde ce que je suis devenu, regarde dans quel état je suis après ces années de souffrance. Tout cela, tu le dois à ta bêtise, rien qu'à cela…"

Il considéra avec intérêt la poitrine dénudée de la jeune fille, le coup de poignard ayant déchiré sa nuisette. Même dans la mort, elle était désirable mais le corps de son assassin était froid. Il avait brûlé une seule fois par la flamme du désir et à cause de cela, il n'était plus rien. Le désir, l'envie, l'amour, le respect, la confiance… Il en était à cracher sur ces principes qui n'en étaient pas, qui avaient fait aujourd'hui… « ça ». Immonde, il était immonde… Mais moins que ces quatre femmes. Plus que trois à présent, rien que trois et il serait libéré.

Il dévêtit Aline sans délicatesse avant de lui faire revêtir le dernier vêtement qu'elle aurait à porter pour l'éternité. Il coiffa ses cheveux blonds, appliqua le maquillage avec attention, veillant à ce que tous, tous comprennent son message de détresse. Il n'était pas un criminel, juste une personne qui désirait faire justice lui-même. Il la disposa juste comme il le voulait, faisant en sorte que la mise en scène soit des plus belles. Il était resté un artiste.

Et laissa l'objet de son passé en évidence, posé entre les mains de sa première victime. Il s'assura de son chef-d'œuvre.

"Tu es belle", souffla-t-il, satisfait. "Comme Héra…"

Oui, elle était Héra. Il lui fallait tuer les trois autres femmes qui l'avaient rendu ainsi.

"A ton tour, Athéna… A ton tour de payer tes fautes car à cause de toi, de vous quatre… Je ne suis plus humain, je ne suis plus vivant… Je ne suis qu'un yurei…"

Et sur ces mots, il se retira du lieu de la mort, ne désirant pas voir « ceux qui tiraient les ficelles de ce monde » venir. Il les avait fuis, il ne désirait pas les revoir. Eux aussi étaient responsables, tous étaient responsables de sa perte. Mais, dans un soupir, il se promit d'arranger cela, encore et toujours, jusqu'à la fin de sa torture.

« Bientôt », songea-il en s'enfonçant dans les ténèbres de la nuit silencieuse, comme il était venu. « Très bientôt… »

A suivre...