Titre : La princesse aux mille grues
Auteur : Hitto-sama
Base : Naruto
Genres : Arg … Qu'est-ce que c'est … ? Ninja XD
Rating : M … pour diverses raisons, le langage en particulier (et quelques sous-entendus peu orthodoxes).
Notes : Team Gai ♥\o/♥ Un one shot qui s'est transformé en fic à chapitres, assez courte cela dit (pas plus de cinq, je pense), pour le bien du récit. L'histoire se passe quelques mois avant que Naruto ne revienne de son entraînement. Enjoy!
Vocabulaire : je préfère vous mettre quelques termes utilisés durant la fic au début de chaque chapitre, pour vous éviter de chercher.
Deshi : disciple d'un acteur ;
Ichiza : troupe d'acteurs ;
Kaneru yakusha : acteur capable de tenir tous les types de rôle ;
Onnagata : acteur de kabuki jouant un rôle féminin ;
Oyama : synonyme d'onnagata ;
Tachiyaku : rôle masculin principal ;
Wakashugata : jeune homme ou adolescent ;
Zagashita : le plus haut rang pour un tashiyaku, responsable de la mise en scène et impliqué dans les décisions liées à la gestion du théâtre et/ou aux choix artistiques. A noter qu'aucun onnagata n'a obtenu ce poste.
-¤ La princesse aux mille grues ¤-
Acte premier : Yôrobo Fusazame, à sauver pour le Bien de l'Humanité !
"J'ai demandé la meilleure équipe possible, j'ai payé pour ça, cher, très cher, et je me retrouve avec trois gosses et un type en collants verts ? C'est ce que j'appelle de l'arnaque, Tsunade-hime."
Les personnes présentes dans le bureau des assignations regardèrent un peu de travers le bel éphèbe se moquant si ouvertement des ninja de Konoha. Iruka se retint de froncer les sourcils, préférant se dire que ce serait dépenser de l'énergie pour un idiot, ce qui n'en valait pas la peine. Il lança un sourire compréhensif à Neji, Lee et Tenten, tous les trois plus ou moins sceptiques face à cet olibrius qui les traitait de gosse. Ils avaient environ seize ans, leur grade de chûnin en poche depuis quelques temps et plus grand-chose à voir avec les enfants d'antan.
Tenten avait fêté son dix-septième anniversaire le mois précédent, ce qui ne l'empêchait pas de garder ses chignons serrés et ses sourires dans les moments opportuns. Relevés d'une discrète touche de maquillage, ses yeux bruns pétillaient d'impatience et de malice : elle méritait son grade tout autant que ses coéquipiers. Hyûga Neji n'était peut-être pas le plus âgé de l'équipe mais de loin le plus talentueux. Jônin depuis plus de six mois, il aidait souvent Gai dans son travail de capitaine, le secondait efficacement ou le remplaçait à l'occasion. Ses traits encore un peu enfantins trahissaient son âge malgré son air sérieux et calme. Le troisième membre de l'équipe se nommait Rock Lee, un ninja sans origines qui s'était accroché comme un fou à ses espoirs, allant jusqu'à frôler la mort à plusieurs reprises. Lee travaillait bien plus que les deux autres, les motivant involontairement à se surpasser eux aussi, et ses efforts étaient reconnus de tous – surtout des medic-nins qui le voyaient souvent pour divers évanouissements dus à la déshydratation ou de l'hypoglycémie.
"Vous avez deux jônin et deux chûnin pour cette affaire, qu'est-ce qu'il vous faut de plus ? demanda Tsunade d'un ton grondant.
- Je veux des légendes ! répliqua l'employeur en frappant du poing sur la table."
Les trois adolescents se lancèrent des regards lourds puis jetèrent un coup d'œil vers leur instructeur, Maito Gai, étonnement calme après pareil affront. Du haut de son mètre quatre-vingt-quatre, il fixait le commanditaire, un homme de taille moyenne et à la corpulence étudiée, de longs cheveux noirs s'éparpillant sur ses riches kimono aux motifs compliqués. Son visage était fin, son nez aquilin, ses yeux étirés, ses lèvres fines et sa peau imberbe, autant d'indices qui annonçaient clairement la couleur : le client était un acteur. Et pas l'un des moindres : Yôrobo Fusazame, comédien de la Compagnie des Lanternes Rouges, était l'acteur fétiche, l'ami fidèle, le conseillé avisé, le confident sur l'oreiller du daimyô du Pays du Feu lui-même. Autant dire son amant, pensa Gai en écoutant à peine le gringalet s'époumoner sur l'importance de la réputation de ses gardes du corps pour le mois à venir.
"Gai et son équipe sont plus que qualifiés pour cette mission, coupa brutalement Tsunade. Il n'y a pas de légendes à Konoha, nous sommes ninja ! La discrétion et le secret sont notre assurance vie, vous comprenez ?! - Vous êtes célèbre ! répliqua Fusazame en levant les bras au ciel. Vous avez même votre tête sur une montagne !
- Si je peux me permettre, intervint Gai avant que Tsunade ne décide de tuer elle-même l'acteur, si tout le monde sait qui vous protège, autant ne pas gaspiller d'argent. Si l'on connaît son adversaire, on n'a même pas besoin de le combattre.
- Je n'ai pas le temps de parler philosophie et sémantique avec vous, mon brave, siffla le comédien sans même se tourner vers Gai. Je veux vos meilleurs shinobi, même le Hokage s'il le faut.
- Faites passer votre demande au rang A et alignez la monnaie, sourit Tsunade. Mais je vous préviens : je suis très chère.
- Je n'ai pas assez de liquidité pour ça ! Le daimyô veut ma peau, il m'a déjà coupé les fonds nécessaires au bon fonctionnement de mon théâtre ! J'en suis contraint à donner des représentations pour les badauds et les bourgeois, je suis exclu de la Cour !!"
Tenten et Neji sourirent en coin, amusés de voir le délire mégalomane de cet acteur subissant simplement une rupture. Lee, quant à lui, restait fermé face à la situation, ne prenant pas part à la moquerie générale. Même Iruka haussait un sourcil narquois en entendant la suite du récit, à savoir que le Monde, que dis-je ? l'Univers entier se faisait une joie de participer à cette conspiration qui visait à le discréditer pour toujours et lui faire quitter la scène.
"Il faudrait peut-être lui faire passer des examens psychiatriques avant de partir, chuchota Tenten à Neji. Qui sait ? Il a peut-être raison : à nous quatre nous ne ferons pas le poids contre le reste de l'Univers.
- Le conforter dans ses délires paranoïaques est plus rentable pour Konoha, pouffa le jônin tout bas. Sans les névroses du genre humain, le village serait ruiné depuis longtemps.
- Et c'est pourquoi je vous demande de me faire une faveur, à Moi ! s'égosillait Fusazame en gesticulant. Le ninja que je veux pour ma protection n'est autre que le légendaire Sabaku no Gaara !!"
Shizune, jusqu'à lors derrière le Hokage, en laissa tomber ses dossiers. Tsunade ouvrit la bouche sans pouvoir rien répondre tandis que Neji et Tenten contenaient avec difficulté leurs rires. Les autres personnes présentes dans la salle d'assignation en restèrent sans voix.
"Gaara-kun est un ninja de Suna, avertit Lee.
- Il est surtout Kazekage depuis quatre mois, rappela Gai, il ne s'occupera pas de l'escorte d'un acteur simplement …"
Le jônin s'arrêta net dans sa phrase, voyant le regard furieux que le Hokage lui faisait.
"Simplement ? répéta Fusazame. Simplement ?!
- … en danger, termina Gai. Enfin, je veux dire que le Kazekage, tout comme le Hokage, ne peut s'occuper que de l'intérêt général et de la paix entre les pays …
- Mais je fais partie de l'intérêt général !"
Gai préféra ne pas insister, ne voulant pas luter contre un ego de cette taille-là. Ce fut donc avec résignation qu'il donna rendez-vous à ses élèves aux portes de Konoha pour l'heure suivante. Bien entendu, Gai y fut bien avant tout le monde. Il n'avait même pas de fierté à en retirer car il n'avait eu qu'à passer chez lui pour prendre un sac déjà tout prêt. Il s'assit sur son bagage en poussant un soupir résigné et croisa les bras, attendant. Cependant, il n'eut pas à attendre longtemps : Kakashi arriva d'un air nonchalant, le nez dans son bouquin mais l'air pas du tout absent. S'il était venu, c'était volontairement puisque son appartement ne se trouvait pas en dehors de Konoha.
"Que me vaut l'honneur de ta visite, cher rival ? s'enthousiasma faussement Gai. Un baiser d'adieu, peut-être ?
- Ton «rentre dedans» marche peut-être avec les filles faciles mais pas avec moi, répondit Kakashi en rangeant son livre. Tu pars ?
- Un mois. Escorte.
- Yôrobo Fusazame ?
- Comment le sais-tu ? s'étonna Gai.
- J'écoute aux portes.
- Donc tu savais que je partais …
- Je demandais par simple politesse.
- Qu'est-ce qui se passe ? soupira l'homme à la coupe au bol. Tu ne viens jamais m'emmerder sans bonne raison.
- Je pars en mission dans peu de temps, en fait.
- Ça explique pourquoi Hokage-sama n'a pas jeté ta légendaire personne dans le monde parfaitement égocentrique de cet acteur qui ne doit ses faveurs qu'à sa langue.
- Gai … Fais gaffe à toi et tes mômes."
Gai fronça les sourcils, n'appréciant pas du tout le ton qu'employait Kakashi. Celui-ci reprit son livre et rebroussa chemin.
"Je vais moi aussi à la capitale, lâcha Hatake par-dessus son épaule, mais pour protéger le daimyô de Yôrobo Fusazame."
"Ça s'annonce mal."
Tenten contemplait d'un air horrifié le haut mur blanc surmonté de tuiles d'ardoise et l'imposante porte laquée d'un rouge criard devant lesquels le convoi s'était arrêté. Après deux jours de route pour un trajet qui ne prenait normalement pas plus de huit heures à un bon coursier, l'équipe était arrivée à destination : l'école de théâtre Kabuki de Yôrobo Fusazame, plus connue sous le nom de la Compagnie des Lanternes Rouges. Les trois adolescents savaient parfaitement tout ce qu'impliquaient le milieu et le nom qu'ils devaient infiltrer pour un mois mais ils n'avaient jamais pensé que ce serait si réaliste : une foule de jeunes hommes sortirent accueillir la vedette dans un tumulte de pétales de fleurs, de tambours, de cymbales, de félicitations et d'enthousiasme. Si le voyage de Fusazame avait été gardé sous secret, tout le monde à la capitale était maintenant au courant de son retour, ce qui ne servait strictement à rien. Tenten soupira au milieu de tant d'allégresse : leurs précautions n'avaient de toutes façons pas servi à grand-chose puisque le «voyageur secret» s'était accompagné d'une palanque à quatre porteurs et d'une suite de six autres personnes portant ses effets personnels indispensables à sa survie.
"Je hais déjà cet endroit, lâcha Neji en passant à côté de Tenten. Il y a combien de personnes, à ton avis ?
- Ce qui m'inquiète le plus, c'est la superficie de l'école. Le domaine a l'air immense et les bâtiments multiples. Je n'aurais jamais cru pouvoir dire ça un jour mais Gai-sensei me manque."
Neji était aussi de cet avis mais il préférait ne pas se corrompre en le pensant trop fort. Gai avait préféré séparer le groupe en deux, à savoir lui d'un côté et ses élèves de l'autre, pour plus d'efficacité. Il avait disparu la première nuit du voyage, certainement pour rester dans l'ombre le plus longtemps possible. Ce n'était pas une mauvaise idée d'avoir des renforts sortant de nulle part en cas de coup dur mais, de ce fait, Neji se retrouvait avec les pleins pouvoirs pour la première fois. Il dirigerait réellement l'équipe pour cette mission et tout lui retomberait dessus en cas de problème. Peu enclin à échouer, il se mit immédiatement au travail en demandant à Fusazame une entrevue au plus vite. Le comédien voulut se changer et passa les deux heures suivantes dans ses appartements pendant que les ninja faisaient le tour du domaine en repérant les zones potentiellement dangereuses.
Le vaste pavillon qu'occupait Fusazame aurait facilement pu convenir à une dizaine de familles nombreuses sans qu'elles ne se gênent. Le tout était décoré selon les goûts de l'hôte : lourdes tentures, couleurs excessives, parfums capiteux. Neji eut la nausée durant toute l'entrevue. Fusazame les attendait dans un salon aux tatami neufs et aux paravents richement décorés. L'ambiance y était excessive, comme partout ailleurs, alors qu'il n'y avait que peu de monde : l'acteur, ses deux deshi et les trois shinobi. Neji étudia avec attention l'attitude des deux disciples de Fusazame. Ils avaient à peu près le même âge, la carrure d'une allumette, les cheveux longs et les mains fines.
"Ce devait être une entrevue privée, rappela le jônin en fixant l'acteur.
- Kukemomo et Yagurumagiku me sont fidèles, ne vous inquiétez pas, répondit Fusazame en sortant un éventail d'une manche. J'ai plus confiance en eux qu'en moi-même."
Neji ne sembla pas vraiment satisfait de la réponse et Tenten préféra prendre la parole pour éviter un quelconque débordement.
"Nous avons fait le tour du domaine et nous avons constaté qu'il y avait plus de portes que de raison. Il se peut que des ninja aient été engagés pour vous nuire, la plus grande prudence s'impose.
- Vous voulez que je condamne certaines portes ? comprit Fusazame. Ce serait encore plus suspect ! J'ai une réputation à tenir, assura-t-il en s'éventant mollement. Je refuse de perdre la face devant le daimyô. Fermer mes portes serait la preuve flagrante que quelque chose ne va pas dans mon domaine, vous comprenez ?
- Nous ne pouvons pas assurer votre protection alors que n'importe qui peut entrer et sortir librement, protesta Neji.
- Et bien nous y mettrons des gardes, à vos fichues portes ! s'emporta le comédien. A toutes, sauf à celles de la maison de thé. Les clients ne doivent pas être gênés.
- C'est forcément l'endroit le plus sensible, reprit Hyûga. J'y serai posté comme apprenti quelque chose, cela vous convient ?
- Vous allez gêner, grogna Fusazame. Mes clients connaissent bien la maisonnée, ça va être difficile d'expliquer votre soudaine apparition dans ces lieux.
- A moins que vous ne vouliez pas que je sois présent dans ce lieu de débauche ? persifla Neji. Vos affaires ne m'intéressent pas, je suis là uniquement pour votre protection.
- Fusazame-sama, murmura Kukemomo en se penchant vers son professeur, ce ninja pourrait peut-être …"
Il ne fallut pas dix minutes pour que l'idée du disciple ne devienne réalité : Neji se retrouvait donc un balai à la main, un seau dans l'autre, habillé d'un simple kimono remonté au dessus des genoux et les cheveux tressés, les pieds dans l'eau des bains de la maison de thé. Tenten et Lee contemplaient la scène sans oser rien dire, voyant parfaitement l'aura meurtrière engendrée par l'attitude de Neji. Fusazame semblait tout à fait ravi du tableau : les larges bassins de pierre aux eaux de différentes températures fumaient tranquillement en cet après-midi rayonnant, recouverts par les lourdes toitures de bois et d'ardoise. Les jardins alentours étaient entretenus avec soin pour ravir les clients et offraient un panorama splendide sitôt la nuit tombée.
"Bien, maintenant, reprit l'acteur, il nous faut nous occuper de cette demoiselle.
- De moi ? s'étonna Tenten.
- Oui, de vous. Vous êtes une femme et vous n'avez donc pas votre place en mes lieux. Je crains fort que nous devions avoir recourt à quelques subterfuges pour vous garder avec nous.
- C'est ridicule ! tonna Neji en envoyant valser son seau et son balai. Tout ce que vous faites, c'est nous écarter de notre mission !!
- Oh, j'allais oublier, sourit Fusazame en se tournant vers le jônin. Vos yeux, il faut aussi les cacher !
- Mes yeux ? grogna Neji.
- C'est vrai qu'ils sont blancs, osa Lee.
- J'ai ce qu'il vous faut, venez par là."
Neji s'approcha contre son gré du comédien et resta immobile pendant qu'il lui mettait des lentilles de couleurs. Le jeune homme sortit de l'eau pour aller se planter devant un miroir dans la partie réservée à la toilette puis hurla.
"Qu'est-ce que c'est que ces trucs roses avec des étoiles ?!
- C'est … mignon, tenta Lee avant de recevoir un coup de coude de sa coéquipière.
- C'est pour la mission ! reprit Tenten. Tu es à la place la plus stratégique, Neji ! D'ici tu pourras tout voir et tout entendre sans te faire remarquer ! Personne ne soupçonnera un simple domestique et personne ne te regardera alors …
- Alors ce n'est même pas la peine que je porte ces trucs !!
- Il faut prévoir toutes les possibilités !
- Toutes les possibilités, hein ? grogna Neji. Et qu'est-ce que tu feras quand t'auras tes règles ? C'est la semaine prochaine, il me semble …
- Ça n'a jamais été un problème, assura la jeune fille en rougissant légèrement devant les regards curieux des deux denshi.
- C'est la pire chose qui pouvait arriver ! intervint Fusazame. Tenten-san, je suis au regret de vous informer que vous serez vous aussi reléguée dans les coulisses de mon théâtre ! Je ne peux tolérer que votre petit problème de féminité vienne perturber mes élèves. Je vous prierai de bien vouloir vous comporter en homme ici.
- Ça c'est la meilleure ! continua Neji. Tous les hommes de ce bordel ressemblent à des femmes et quand il y en a une vraie qui débarque, vous lui demandez de se travestir en homme ?!
- Je ne vous demande pas de comprendre nos principes de vie, minauda Fusazame. Vous êtes là pour assurer ma protection en vous fondant dans le milieu.
- Il a raison, Neji, admit Lee. On ne doit pas oublier notre objectif. Et puis, travailler ici peut être pris comme un entraînement ! Tu pourras écouter toutes les conversations des gens de l'extérieur et Tenten celles des gens de l'intérieur de l'école, c'est parfait !
- Et toi, Lee ? demanda Tenten.
- Je m'occuperai de la protection rapprochée de Fusazame-san, en me déguisant moi aussi en simple servant. Cela vous convient-il ?
- Je n'y vois pas d'objection, répondit l'acteur en quittant les bains. Bien, suis-moi, je vais te faire visiter mes appartements et t'expliquer en quoi consistera ton rôle."
Lee sourit à ses deux camarades puis disparut à la suite de Fusazame dans les couloirs de la maison de thé. Neji se laissa tomber sur le parquet, sa colère ayant un peu diminuée.
"Cette mission va être longue et pénible.
- Parle pour toi, soupira Tenten. Je vais devoir pisser debout pendant un mois …
- Qu'est-ce que tu vas faire pour ta poitrine ?
- La bander au maximum en espérant que ça passera pour des pectoraux, lâcha la jeune fille. Il y a toujours la possibilité du Henge mais ce serait user beaucoup de chakra pour peu de choses. Pire, un ninja pourrait plus facilement me repérer s'il sent un flux continu d'énergie. Mieux vaut opter pour le déguisement pur et simple.
- Tu crois que Lee s'en sortira ?
- Hey ! C'est toi le capitaine, tu devrais être un peu plus optimiste que ça."
Neji ne répondit pas au sourire que Tenten lui fit, las de ce constant jeu des apparences – et ne voulant surtout pas lever les yeux jusqu'aux siens. Il s'allongea sur le bois pour contempler la complexe structure du toit lourdement décorée, elle aussi, par des lanternes et des sculptures colorées. Ce mois d'Avril serait certainement le pire de sa vie.
Gai ouvrit avec énergie la fenêtre de sa chambre pour admirer la vue de la capitale. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vu tous ces toits quasiment identiques d'ardoise bleue, ces murs blancs, ces enseignes un peu partout ou bien ces hauts drapeaux flottants dans l'air saturé par les odeurs de la ville. Construite dans un large bassin fluvial, la capitale était traversée par plusieurs rivières, apportant une fraîcheur des plus agréables en été, lorsqu'il était temps de flâner sur un pont à la nuit tombée. Au loin, sur les collines alentours, s'étendait le domaine du daimyô. On voyait très bien le château sur le sommet le plus haut, dressant fièrement ses murs blancs et ses toits pentus. On frappa timidement à la porte et Gai vit arriver une jeune femme aux boucles brunes et au visage enfantin, pas encore très assurée dans son rôle.
"La chambre vous convient, Gai-sensei ?
- C'est parfait, assura le jônin en quittant la fenêtre. Mais ne m'appelle pas comme ça lorsque je suis ici, tu le sais bien, Hashira-chan. Jusqu'à la fin de ma mission, mon nom est Yusuressu Gai, un pauvre gars qui bosse aux travaux d'entretient du château, ok ?
- D'a… d'accord, hésita la jeune femme. Vous êtes tout de même mon supérieur, ça me gêne un peu …
- Toi aussi tu es en mission, sourit Gai. Ce ne sont que des rôles temporaires alors on ne va pas se formaliser pour ça. Faisons de notre mieux !"
Gai agrémenta sa réplique d'un sourire et d'un pouce levé avec énergie. La jeune chûnin hocha la tête avant de s'éclipser respectueusement. Le ninja laissa tomber sa superbe et passa la tête par la fenêtre, se contorsionnant un peu pour regarder le toit de l'auberge où il logeait pour apercevoir deux pieds pendants dans le vide.
"Oh, Kakashi, ça te dit de venir faire un tour avec moi ?
- Je lis, répondit le concerné.
- Je me disais qu'on pourrait faire une ballade dans les quartiers chauds de la capitale, ce soir, continua Gai sans faire attention à l'avis de son camarade. Il paraît que certains bordels valent le coup.
- On m'a demandé de rester discret.
- Donc tu comptes moisir ici jusqu'à ce qu'il te faille intervenir ?
- Tu veux juste aller voir tes gosses, ronchonna Kakashi en se pliant pour affronter Gai yeux dans les yeux.
- Y'a de ça aussi, j'avoue. Allez, Kakashiiiiii, insista le jônin en vert. On leur apportera des sucreries, je suis sûr que ça leur fera plaisir !
- Ça contrebalancera certainement leur amertume, très juste.
- Je vais faire comme si je n'avais pas compris le sous-entendu grivois … Mes pauvres enfants …
- Dans un bordel, continua Kakashi, entourés de vieux pervers qui n'apprécient que la chair fraîche des adolescents, les petites fesses blanches et les pectoraux à peine formés des petits garçons, les larmes perlant au coin des yeux, les pleurs étouffés par les draps …
- Tu t'y connais vachement, ricana Gai. Enfin, tes préférences sexuelles ne me regardent pas. Alors, tu viens ?
- Nan, conclut Kakashi en se rallongeant.
- Je paye pour toi ?
- C'est toujours nan."
Gai renifla de dédain. Il s'assit sur le rebord de la fenêtre, s'accoudant à la petite rambarde, pour mieux profiter de ces dernières heures de calme, un sourire aux lèvres. La capitale allait connaître un mois d'Avril des plus rocambolesques, à n'en pas douter.
A suivre …
NB
Mes habitués auront reconnu Hashira ♥ J'avais besoin d'une kunoichi, j'ai cherché dans la liste des personnages déjà existants mais y'en avait pas beaucoup et elles ne convenaient pas donc j'ai repris un OC. Elle est ici chûnin parce que, si vous avez bien suivi, elle passe jônin un an et demi plus tard (cf "Les Trois Légendes") :p
Yusuressu Gai est un jeu de mot pourri, je l'admets XD "Maito Gai" est la prononciation pour "might guy" (gars fort, en anglais). "Yusuressu Gai" est pour "useless guy", le gars qui sert à rien. Gai réussira-t-il son infiltration grâce à son nom d'emprunt ?! Vous le saurez dans le prochain chapitre !!
