Chapitre I
"Retour à la gare Départ"
Lorsqu'il s'était défait de tout biens matériels le liants à ce monde, Harry n'avait pas comprit tout de suite quel sorte de combat il venait de remporter.
Ne se cachant plus de la mort, il l'accueillait au contraire dans une paix sereine. Baissant les armes devant cette odieuse arnaque, Harry avait enfin compris.
Si la vie n'était qu'un gigantesque Monopoly, Harry devait certainement se trouver à la dernière gare du plateau de jeu.
King's Cross était d'une blancheur étonnante et une lumière vive dardait l'assemble, filtrée par de grandes verrières étincelantes.
Le lieu était vide de toute présence humaine. Seul en son centre, un panneau indiquait en majuscule : « VOYAGE DÉFINITIF EN APPROCHE ».
Harry ne put s'empêcher de rire à la lecture. L'univers avait un humour si morbide parfois...
Soudain, il entendit les pleurs d'un enfant. Harry avait du mal à imaginer qu'une autre âme l'attendrait pour faire le voyage à ses côtés. Pourtant, il était bien là, ce petit garçon à peine âgé d'une année de vie. Cet enfant intérieur qui s'était évaporé avant même de prendre conscience du monde autour de lui.
Harry tenta d'approcher avec la plus grande douceur la petite âme. Cependant, à son grand désespoir, l'enfant alla se replier sur lui même au dessous d'un banc de la gare.
Harry savait que l'âme avait de quoi être effrayé. Après tout, il avait pris sa place si brusquement...
Passant un regard circulaire sur les alentours, Harry eu soudain une idée et se dirigea à vive allure vers le piano de la gare. Il remercia le ciel pour que même dans les limbes, la SNCF avait eu la présence d'esprit d'y mettre cet instrument.
Allant se placer devant le piano, une pensée mélancolique le traversa soudain. En partant rejoindre le mort, là-bas, dans cette obscure forêt, il n'avait pu goûter une dernière fois à la saveur du soleil.
« Avant les premières lueurs de l'aube » avait ordonné Tom de sa voix sifflante.
Ainsi, peut-être pouvait-il jouer la mélodie d'Una mattina, en souvenir de ce lendemain qui n'était jamais venu. C'était Sirius qui lui avait appris à jouer. Par la suite, Harry avait toujours trouvé le temps de s'exercer dans la salle sur demande.
Au fur et à mesure que ses doigts glissaient d'une note à l'autre, Harry pensa à tout ces gens qui avaient illuminés sa vie, à tout l'amour qu'il avait reçu.
De petites mains timides vinrent alors créer un dissonance dans la mélopée sentimentale qui était en train de se jouer. L'enfant avait finit par le rejoindre, attirer comme un aimant par le magnétisme de l'instrument. Harry rencontra les magnifiques yeux verts de l'enfant, encore empreints au doute et à la peur.
Lui souriant chaleureusement, Harry le prit par la taille pour le placer sur ses genoux. Il lui indiqua ensuite les notes à jouer pour partager l'espace d'un instant, la même harmonie.
Le petit garçon aussi n'avait jamais pu revoir l'aube au soir de sa mort. Le duo fut ainsi transporté par une vague de paix et de joie.
Harry sentit alors une présence familière dans son dos. L'enfant s'arrêta soudain de jouer à la vue de cet ange de la mort sous les traits d'un vieillard. Il cacha son petit visage dans la poitrine de Harry et ce dernier l'enlaça de tout son amour.
- Si j'avais su qui tu étais vraiment Harry, Dit Albus d'une voix empreinte d'émotion, jamais je n'aurais laissé cette horrible drame se produire...
-Que croyais-tu Albus ? Demanda L'intéressé en posant un regard calme sur la Mort. Que c'était Tom caché depuis tout ce temps sous ce banc ? Que Harry avait vraiment survécu grâce à l'amour ? En un sens, tu avais raison. Moi même je suis étonné de le voir encore ici après tout ce temps...
- Alors, ce n'était pas l'Horcruxe qui torturait ton enveloppe charnelle ? Me suis-je donc trompé sur toute la ligne ?
Harry inspira lentement. Même pour lui cette nouvelle réalité était dure à croire. Il s'efforça ainsi de trouver les mots justes pour expliquer à la mort l'étrange phénomène qui s'était déroulé à son insu.
- La part d'enfant que nous conservons toute notre vie peut faire bien plus de dégâts qu'un simple sortilège de la mort. Si cet enfant à souffert, qui sait combien il peut hurler sa détresse dans l'espoir d'être enfin entendu. Annonça Harry en caressant délicatement une mèche du petit garçon sur ses genoux.
- Mais cet enfant intérieur qui souffrait n'était pas le tient... Compris finalement la faucheuse.
- Une âme errante et diminuée se rattache à se qu'elle peut lorsqu'elle se sent perdue...Avoua Harry, les larmes trouvant enfin leurs chemins pour couler sur ses joues.
Un long silence suivit cet aveu. Harry savait que la mort réfléchissait à ce qu'elle allait faire de lui à présent.
- Préfères-tu donc que je t'appel Tom ? Demanda-elle au bout de quelques instants.
- Non. Répondit Harry un peu brutalement. Tom et moi avons beau avoir une âme commune, le jour où il m'a déchirer de lui, j'ai trouvé mon propre chemin dans les ténèbres.
- Mais comment as-tu pu vaincre là où Tom a échoué ? L'interrogea la faucheuse d'une voix émerveillée.
Harry tourna alors son visage vers l'enfant, un doux sourire jouant sur ses lèvres.
-C'est grâce au corps de Harry...Une fois encré dans son enveloppe charnelle, j'ai enfin pu ressentir ce qui m'avait tant manqué tout ce temps. C'est pour ça que Tom créait des Horcruxes, il cherchait désespérément un moyen de s'échapper de son corps, ou le désirait-il inconsciemment...
-Quel était le problème avec son enveloppe de naissance ?
- Elle avait était créé à partir d'un philtre d'amour. Expliqua le jeune homme, le regard perdu dans de sombres souvenirs. Aucune âme ne peut se mouvoir à travers un corps régit par un amour factice. Tom n'éprouvait aucun sentiment et cela l'a rendu fou. Dans le corps de Harry, j'ai enfin pu faire évoluer ma conscience. Je suis juste malheureux d'avoir pris si brutalement la place de cette petite âme...
-Ce n'est que maintenant que tu en a pris conscience ?
A vrai dire, j'avais quelques soupons à ce sujet... Les similitudes entre moi et Voldemort était trop grandes pour être un simple hasard...Mais je comprends à présent qu'en nous séparant, je suis devenu une entité distincte de lui.
Toujours sous les traits d'Albus Dumbledore, La mort posa une main rassurante sur son épaule.
- As-tu un nom ? Demanda le vieil homme avec compassion.
Harry sembla réfléchir pendant un moment.
- Juste Harry...Finit-il par répondre. C'est sous ce nom que mon âme a pu enfin grandir...Dans le corps d'un petit garçon empli d'amour.
- Tu sembles en effet porter en toi quelque chose de fascinant et de pur...Remarqua Albus tout étonné. J'ai rarement eu l'occasion de rencontrer des âmes parler avec tant de sagesse...Comme si tu étais encore plus âgé que moi...
- C'est principalement grâce à toi tu sais...Avoua Harry en rougissant sous le compliment. Je suppose que peu d'âmes ont eut la chance d'avoir pour mentor la mort en personne...
Albus Dumbledore se contenta de lancer au garçon un sourire emplis de malice.
-Après avoir prédit la réincarnation des frères Peverell, expliqua-t-il, il m'a semblé judicieux de prendre de l'avance sur ces âmes en perdition. Je suis hélas tombé dans mon propre piège en partant en quête de l'immortalité. Je doit d'ailleurs t'avouer que cette dernière vie m'a été très instructive.
- Tu as au moins pu prendre conscience de la dure réalité du monde physique...Murmura Harry, étonné que la mort se confit ainsi à lui.
- La seule chose dont je suis fière concernant ma dernière incarnation, c'est de t'avoir rencontrer Harry. Avoua Albus d'une voix sincère.
Avant que Harry ne puisse objecter, un train arriva en gare dans une énorme volute de vapeur. On aurait dit que la machine glissait sur un tapi de nuage.
Harry serra fort l'enfant dans ses bras et marcha vers l'une des portes d'un wagon.
- Il semble que ce voyage arrive à son terme. Nota Albus dans son dos.
- Viens-tu avec nous ? Demanda Harry.
- Cela fait partie de mes fonctions mon garçon. Assura le vieil homme en lui souriant chaleureusement.
Harry lui rendit son sourire et entra dans le wagon, l'enfant toujours dans ses bras.
Il n'y avait pas âme qui vive dans le train. Il plaça l'enfant sur ses genoux et Albus s'assit face à lui. Le train ne tarda pas à démarrer. Il pouvait observer défiler par la fenêtre le paysage d'une vie.
Drôle de pièce qui se jouait là, dehors, dans une réalité qui n'était plus la sienne.
Leur chef n'étant plus, les mangemorts s'étaient dispersés aux quatre vents. Le sourire aux lèvres, Harry vit ses amis mener une existence sereine et heureuse. Il se sentait rassuré pour eux.
- C'est étrange non ? La façon dont on peut se sentir si détaché des tracas du monde physique ? Commenta Albus qui regardait lui aussi par la fenêtre.
- J'ai en effet l'impression d'avoir jouer à un jeu de rôle terriblement puéril...Concéda Harry.
- Tu t'es pourtant mieux débrouillé que la plupart de tes confrères...Monter en vibration aussi rapidement n'est pas donner à tout le monde.
- Alors quoi ? Je suis le nouveau Bouddha ou Jésus de Nazareth ? Plaisanta Harry amusé par l'idée.
- Non, je n'irais pas jusqu'à dire cela. Rit Albus. Mais tu t'en ai tout de même étonnamment bien sortit.
- J'apprécie que tu qualifies le fait « d'étonnant ». Commenta le jeune homme. Je pense que c'est le terme exact lorsqu'on regarde de près ce qu'a été cette vie. C'est à dire une longue suite d'épreuves aussi traumatisantes les unes que les autre. Je me demande sérieusement comment j'ai pu rester saint d'esprit...
- Tu t'étonnerais de savoir combien de Saint sont parvenus à monter en vibrations grâce à de tels épreuves. Sourit amèrement Albus. A croire qu'il faut que vous souffriez, vous mortels, pour comprendre le vrai sens de l'existence.
- Génial ! Marmonna Harry. Malfoy devait certainement avoir des dons médiumniques. Il ne cessait de m'appeler « Saint Potter » à tout bout de champs...J'imagine qu'à présent, j'ai été relégué au rang de martyr...
- C'est comme cela que tu te vois ?
- A bien y réfléchir, je crois préférer endosser le rôle de "Kamikaze pour le salut de Merlin".
- Harry...
- Je plaisante...Au moins, je serais tout de même parvenu à être une sorte de canal d'amour...Enfin, si on met de côté les Dursley...
- Tu ne peux pas influencer tout le cosmos en un claquement de doigt mon garçon, à quoi t'attendais-tu ?
- Je ne sais pas...Peut-être à un peu plus de compassion ? Quoi que la pognée de main avec Dudley à la fin fut royalement épique ! Si il y a bien une chose que je suis parvenu à réussir dans cette dernière vie, c'est d'avoir aidé ce pauvre gars à raisonner. Certes, il y a encore pas mal de boulot, mais le plus gros est fait, sans mauvais jeu de mot...
- Il n'y a que toi pour être compatissant pour de tels âmes délabrées...Se moqua Albus.
- Ton air amer me fait supposer que tu n'es pas aussi tendre que moi à ce sujet ?
- Il faut bien s'amuser un peu lorsqu'on fauche des âmes toute la journée. Chantonna le vieil homme, les yeux étincelants de fourberies.
- Ok...Murmura Harry soudain mal à l'aise. La lueurs dans tes yeux vient de me faire frissonner jusqu'aux bout des orteils. Est-ce bon signe si on prend on compte que je ne devrais plus avoir de sensations physiques ?
- Il se peut qu'il te reste encore quelques plaies physiques. Annonça le vieil homme, lui lançant un sourire mi-figue, mi raisin. L'ascension ne peu pas toujours guérir les blessures profondes...
Le paysage changea alors brusquement à la fenêtre. Ce dernier, qui avait été jusqu'alors d'une neutralité spectaculaire, orné de nuages, laissa place à un océan d'étoiles.
Albus se redressa soudain, les yeux écarquillés de surprise.
-Par...Par Merlin...Bredouilla la Mort qui regardait à présent, tantôt Harry, tantôt le panorama grandiose à la fenêtre. Voilà bien des siècles qu'aucune âme n'a emprunté cette voie...
Petit à petit, s'imposa à l'esprit du garçon un air de déjà vu. Comme si après un temps infiniment long, il rentrait finalement chez lui.
Et là, au milieu d'une voie lactée étincelante, dans la grandeur chaotique des ténèbres, il le vit. Ce nid de prospérité perché sur la plus haute branche des constellations de l'univers.
Un mot, un seul, franchit les lèvres de Harry :
-Asgard...Murmura-t-il comme une prière.
La Mort vint alors s'asseoir précipitamment à ses côtés pour lui parler avec sérieux.
-Je sais à présent qui tu es Harry ! S'écria le vieil homme, ses yeux luisants d'inquiétude. Et avant que ce train n'arrive à son terminus, il faut que tu te prépares à ce qui va suivre !
-Je t'écoute. Murmura Harry d'une voix à peine audible, des images défilants déjà tel un film à travers sa mémoire.
-Les souvenirs vont revenir, comme une gifle. Annonça la Mort. Comme une puissante tornade qui balayera toutes tes convictions présentes à son passage.
La prise du jeune homme se resserra sur l'enfant qu'il portait dans ses bras.
- Mais surtout, Continua Albus. N'oubli jamais une chose : TU ES HARRY ! Tu as gagné ton droit pour rejoindre les héros du panthéon nordique. Et bien que réincarné en simple humain, ton âme est grande ! N'oubli jamais ça Harry, tu reviens de la plus terrible des batailles. Et tu en es sorti victorieux et couvert de lauriers. N'use jamais de tes pouvoirs comme cet ancien toi. Juste et seulement comme Harry le ferai ! Car c'est lui, ce simple humain qui a atteint le chemin de la grandeur. Personne d'autre. Harry. Juste Harry.
- Je commence déjà à me souvenir...Trembla le garçon. N'y a-t-il donc aucun moyen de faire demi-tour ?
- Pour aller où ? Ton destin n'est plus sur terre à présent. Tu accompliras bien plus de choses dans ce monde. Cette place tu l'as acquise non pas force ou par droit de naissance. Seulement par mérite.
-Je ne veux rien de tout ça...Pleura Harry. Ce n'est pas pour obtenir le pouvoir que je me suis sacrifié...Je ne veux pas de l'immortalité, je ne désir que la paix !
- Et c'est bien pour cela que aujourd'hui, le royaume des dieux s'offre à toi.
Harry regarda avec crainte l'avancé inéluctable du train vers sa destination.
-Albus ? Murmura finalement le garçon en caressant distraitement les mèches brunes de l'enfant entre ses doigts.
-Oui Harry ?
- J'ai d'abord été un mégalomane avide de gloire, puis un psychopathe assoiffé de pourvoir, et enfin un héros désireux d'aider. Que pourrais-je donc bien devenir en sortant de ce train ?
-Si tu le désires ardemment, très certainement un jeune homme affamé d'amour...
Harry pesa ses options. Il ignorait si il trouverait en lui la force d'affronter ses démons. La peine et la rancœur était toujours là, comme des baguages inutiles et pesants.
- Va mon enfant. Dit Albus d'une voix redevenue sereine. Cette paix à laquelle tu aspires, ne trouvera son sens que si tu pardonnes et avances.
Harry posa les yeux sur l'enfant endormis et sentit sa gorge se serrer.
- Et pour...Demanda Harry en indiquant l'enfant du regard.
- Laisse moi le mener là où est sa place. Toi va, et ne te retourne surtout pas. Ordonna la Mort en tendant les bras pour recueillir l'enfant.
- Merci pour tout Albus. Murmura le jeune homme avec émotion.
Se tournant une dernière fois vers l'enfant endormis, il embrassa son front et souri avec amour à la mort.
- Adieu Albus...
- Au revoir Harry...Et bonne chance...
Si on garde la référence du Monopoly, Harry avait sensiblement choisit de retourner à la première gare du jeu sans pour autant passer par la case départ. Le jeune homme savait qu'il était loin d'avoir gagné la partie mais néanmoins, avait une petite marge d'avance sur les autre joueurs.
La chute fut moins rude qu'il ne l'avait imaginé.
Lorsqu'il ouvrit les yeux, ce fut pour rencontrer le regard doré du Gardien d'Asgard.
-Bon retour parmi nous, Loki, fils D'Odin et dieu du Chaos. Le salua d'un ton solennel Heimdall.
Pour le Chapitre 2, je crois que Harry choisira l'anonymat le temps qu'il s'adapte à sa nouvelle vie.
J'ai deux autre fics en cours donc je ne publierais celle-ci régulièrement que si elle est bien accueillie par des reviews.
A la prochaine donc,
LDDW
