Chapitre 1 : La solitude d'une reine.
« Célébrons ce jour, le couronnement de notre reine Raiponce de Coronna ! Longue vie à la reine ! »
La phrase fut reprise en chœur par toute l'assistance dans la grande salle de réception du palais royal de Coronna. De nombreux dignitaires étrangers s'étaient déplacés en hâte et s'ils étaient heureux du couronnement, ils paraissaient quelque peu repus de ces cérémonies. Beaucoup d'entre eux avaient assisté aux funérailles du Roi Quentin des Iles du Sud et son fils le Prince Hans. Ils avaient aussi pleuré avec la reine qu'ils célébraient aujourd'hui la disparition du prince de Coronna. Puis célébrer l'avènement de la première reine des Iles du Sud. Et dernièrement ils avaient assisté à la dernière curiosité du Royaume d'Arendelle, et le couronnement de deux souveraines. D'ailleurs Arendelle était le grand absent de cette cérémonie. Raiponce, qui ne s'était pas déplacée au couronnement de ses cousines n'avait pas non plus daigné les inviter, la douleur était encore trop vive. Les Iles du Sud, dirigées désormais par la Reine Emma n'avait pas on plus été invitée, mais l'un des décuplés, le prince Neal, avec qui Raiponce avait sympathisé c'était tout de même déplacé à titre privé permettant de sauver quelque peu les apparences. Cependant, les tractations diplomatiques, Raiponce n'en avait que faire alors qu'elle observait la foule, sa couronne sur la tête. Le précieux objet lui faisait monter les larmes aux yeux. Cette couronne, celle qu'avait dérobée le fameux bandit Flynn Rider. Ce bandit qu'elle avait rencontré, apprivoisé et aimé avant de l'épouser. Plus jamais le séduisant jeune homme ne pourra la lui dérober par taquinerie et il ne restait plus qu'à la jeune reine que sa douloureuse absence éternelle.
-Mes hommages votre Majesté ! Fit une voix qui sortit Raiponce de sa douloureuse rêverie
-Neal ! Quel plaisir de vous voir ! Je croyais la compagnie maritime des Iles du Sud loin des côtes de Coronna.
-Elle l'est…mais n'a pas forcément besoin de 10 des meilleurs capitaines du monde en même temps pour la guider !
-Même pas au moins la présence du meilleur capitaine du monde.
-Vous me flattez, d'ailleurs je ne brigue pas ce titre qui revient à un autre je pense. Mais en effet, vu l'événement royal à Coronna, ils peuvent tout à fait se passer de moi. Je ne pouvais être absent de la cérémonie de couronnement de la plus sympathique passagère qui a pu honorer de sa présence mon navire.
-Cette fois c'est vous le flatteur ! Fit Raiponce, une pointe de tristesse dans la voix.
-Si cela peut au moins vous apporter un soupçon de réconfort face à votre chagrin qui je l'imagine doit être malgré ce jour immense.
-Si je puis dire…Nous sommes dans le même bateau vous et moi : Votre frère et…
-Ne vous donnez pas la peine de finir cette phrase qui va vous faire plus de mal qu'autre chose. Effectivement je pleure la disparition de ces parents proches mais pour ce dernier, je sais le mal qu'il a pu faire autours de lui. Je n'ai d'ailleurs pour lui que du regret, celui de n'avoir pas su comprendre, de ne pas avoir pu intervenir.
-Vous l'aviez pourtant compris en me laissant un de nos grimoires…
-J'étais tout de même très loin de soupçonner pareil forfait croyez moi. Mais permettez une nouvelle reine se doit de danser à son couronnement. Je ne pourrais jamais remplacer votre époux, mais puis-je avoir l'honneur d'être votre cavalier ?
-Je…Je ne suis pas vraiment d'humeur à danser.
-Permettez-moi d'insister…Cela vous distraira !...Et vous m'aviez promis de me raconter la légende d'Yggdrasil quand nous étions sur le navire vous vous souvenez ? Autant le faire en dansant. L'encouragea Neal.
La jeune souveraine finit par accepter l'invitation du jeune homme pour une seule danse. Comme tout aristocrate de bonne famille, il avait reçu une solide éducation en matière de danse et montrait qui plus est une grande habilité, le pied marin probablement, pensa la jeune reine qui avait parfois l'impression de voguer sur les flots. Neal avait raison, cette danse lui faisait oublier quelque peu son malheur alors que le marin commença à questionner Raiponce sur cette fameuse légende, évitant avec soin de mentionner le lien plus que probable avec Arendelle de sorte de ne pas vexer la jeune veuve, alors que cette dernière lui expliquait ce qu'elle avait pu comprendre de cette arbre abritant les neuf mondes. Enfin, la valse terminée, Neal en bon gentilhomme raccompagna la souveraine jusqu'à son trône.
-Au fait Votre Majesté, permettez-moi de vous présenter les hommages et les félicitations de la part de ma sœur la Reine Emma des Iles du Sud. Fit Neal avec un ton beaucoup plus protocolaire qui assombrit le regard de Raiponce.
-Vous auriez pu vous abstenir Neal ! Vous n'êtes pas venu ici en tant que représentant il me semble !
-Non bien sur, cela n'empêche pas cependant la transmission. Répondit le prince quelque peu gêné.
-Je n'ai pas souhaité convier les Iles du Sud ou Arendelle justement pour ne pas recevoir ce type d'hommage ! Répliqua Raiponce d'une voix dure.
-Si je puis me permettre, nous sommes en public, faîtes au moins semblant…pour l'image ! Cela pourrait vis-à-vis de vos convives nous mettre tous dans l'embarras.
-Désolée cela m'est impossible ! Neal, j'ai envie de voir en vous un ami ! S'il vous plait ne m'obligez pas à voir aussi un potentiel représentant que je ne souhaitais pas voir.
-A votre guise Reine Raiponce. La douleur nous fait parfois faire commettre quelques erreurs, mais si tel est votre souhait, faisons comme si je ne vous avais rien dit. Vous avez raison, je suis venu ici surtout pour voir une amie. C'est trop d'honneur que vous me faîtes que de me considérer vous aussi comme tel ! Et d'ailleurs, en tant qu'ami, j'aurai un petit présent pour votre couronnement. Tenez.
-Qu'est ce que c'est ?...Une…Une noix de coco, ouverte ? Fit Raiponce interloquée.
-C'est plus que ça. Voyez les petits trous…Elle m'a servi de carte du ciel quand j'y approchais la lumière d'une lanterne. Vous aimez les lanternes je le sais. Mais ça n'est pas sa seule fonction. Une lumière permet aussi d'y enfermer des ombres ou esprits.
-Que me chantez-vous là ? C'est complètement ridicule !
-Je vous avais pourtant prévenu que nous autres marins sommes très superstitieux ! Qui sait, un jour peut être vous y croirez ! En attendant conservez-la comme un porte bonheur. Cela m'a aidé au cours des violentes tempêtes ! Et puis…cela pourra toujours faire une veilleuse pour le petit prince Pascal !
-Euh…eh bien, merci. Fit Raiponce quelque peu indécise sur la façon dont elle devait accepter ce curieux présent.
-C'est un plaisir votre Altesse. Permettez que je me retire.
-Neal !...Hum, Prince Neal veuillez m'excuser. Restez-vous quelque temps à Coronna.
-Ma foi. Je suis un homme de mer. Je ne reste que peu de temps à terre, mais si son altesse souhaite que ma présence ici se prolonge ma foi qui suis-je pour aller contre ?
-Vous accepteriez ? Cela ne vous causera-t-il aucun ennui ?
-Satisfaire la volonté d'un monarque ? Non aucun.
A ces mots le prince des Iles du Sud s'éloigna de la souveraine qui fit signe à un serviteur de l'escorter pour lui proposer un logement au château. Elle était heureuse de pouvoir compter sur la présence amicale du jeune marin mais ce dernier avait prononcé un mot qui lui fit remonter de biens sombres pensées. Oui elle était bien le « monarque » de Coronna. Mais ce mot pour elle faisait surtout référence à son père le roi Ludwig. Un sentiment de colère gagna la jeune femme au souvenir de son père. Il lui revenait en tête sa dernière conversation ici avec lui. Son côté menaçant à la plaquer contre le mur lui interdisant d'aller à Arendelle. Avec le recul, Raiponce se disait clairement que Ludwig savait certainement ce qu'il allait s'y passer d'où cette interdiction. Et enfin, son action en Arendelle qui aboutit au pire. Raiponce prit une grande inspiration pour ne pas hurler, jetant un coup d'œil rapide à l'horloge qui indiquait une heure relativement avancée de la soirée. Soudain, elle se leva, se dirigea vers son premier serviteur lui intimant l'ordre de clore la réception sur le champ. La reine ne se donna même pas la peine de prononcer une parole de remerciement pour inviter ses convives à prendre congé et sortit de la pièce n'ayant que faire du regard quelque peu réprobateur de sa mère. Raiponce avait quelque chose de bien plus important en tête que de demander à quelques pique-assiettes de bien vouloir arrêter de se goinfrer de petits fours. Non ! Elle avait à parler une dernière fois à une personne. Elle se dirigea d'un pas rapide vers les geôles, ordonnant au capitaine de la garde de l'escorter jusqu'à une cellule, qu'il ouvrit sans poser de question avant de disparaître sur l'ordre de Raiponce.
-Inutile de vous lever ! Je serais brève !
-Raiponce tu es venue !
-C'est Majesté ! Vous voyez cette couronne ! Ayez au moins le respect…Monsieur !
-Raiponce voyons c'est ridicule tout ceci…
-J'ai dit Majesté ! Il suffit ! Vous ne parlez que si je vous en donne la permission Ludwig !
-Mais…
-J'ai dit silence ! Je suis seulement venue vous avertir de mon couronnement. Je suis désormais la reine de Corona. La chambre des pairs vous a enlevé votre titre et je me dois de statuer sur ce qu'il nous faut faire de vous ! Demain à la première heure débutera votre procès Ludwig ! Inutile que je vous rappelle les graves chefs d'accusation qui pèsent sur vous ! Vous les connaissez ! Sachez simplement que si Arendelle n'a pas été capable de vous condamner, Coronna saura rendre justice ! J'y veillerais ! Le procès ne durera qu'une journée ! Et soyez certain qu'après demain dès l'aube dans l'arrière cour la potence vous attendra ! Nous allons en finir avec vous Ludwig !
-Raiponce attends !...
La souveraine avait déjà tourné les talons et refermé la porte du cachot sur le dernier cri de son père avant de remonter au bord des larmes dans ses appartements. C'était à peine si elle avait salué le capitaine de la garde qu'elle failli renverser dans l'escalier avant d'emprunter un passage seulement connu de la famille royale pour regagner ses appartements privés et retrouver la quiétude de sa chambre avec le lit du petit Pascal sans doute endormi depuis des heures. Observer le petit prince héritier voilà ce qui réussit à calmer quelque peu la souveraine, en lui, vivait un peu d'Eugène, quand il sera en âge de comprendre, Raiponce lui dira à quel point son père était un homme bon. En attendant la jeune reine reposa sur sa commode sa couronne et posa les mains sur le vieux grimoire. Depuis son départ pour Arendelle, escortée par ce brave capitaine Neal, prince des Iles du Sud, le livre ne l'avait pour ainsi dire pas quitté. Quand elle avait parlé pour la première fois de l'altercation avec son père à Arendelle, elle n'avait pas jugé bon de montrer l'ouvrage, sachant qu'Arendelle en possédait un. Ensuite, quand les événements ce sont précipités elle n'avait plus osé le faire, sa cousine devenant quelque peu bizarre dans son comportement. Puis l'impensable pour elle était arrivé, alors que l'Yggdrasil semblait s'être matérialisé avec cette découverte de cette jumelle : Emma. Une nouvelle cousine pour Raiponce, une nouvelle jeune femme née le même jour de la même année et dotée de pouvoirs. Depuis, Raiponce s'était penchée très sérieusement sur les légendes entourant l'Yggdrasil, Elsa et Emma…Elle représentait les royaumes de la glace et du feu c'était évident se disait Raiponce en ouvrant une nouvelle fois l'ouvrage sur la grande illustration de l'arbre des mondes, alors qu'elle allait profiter de la douceur de la nuit. Quant à elle, elle s'était amusée à penser qu'elle pouvait représenter le royaume d'Alfsheim et les elfes de la lumière ! Après tout son pouvoir de guérison faisait apparaître une vive lumière, et elle était née grâce à la magie somme toute divine de la fleur. Raiponce à chaque fois essayait de se répéter cela. Comme si le fait d'être elle aussi une élue de l'Yggdrasil pouvait l'aider à affronter son chagrin immense. Mais rien n'y faisait, elle ne pouvait oublier, la douleur revenait en permanence, et en permanence cette colère contre ses cousines qu'elle jugeait indirectement responsables de son malheur. « Juger et condamner Ludwig m'aidera » Déclara-t-elle pour elle-même comme pour se persuader, même si elle savait au fond d'elle-même que cela n'atténuera pas grand-chose. Raiponce relu alors un passage, celui qui parlait de l'équilibre nécessaire des forces opposées pour faire fonctionner le monde et, si le cas contraire se produisait, le malheur alors frappait. Des larmes coulèrent alors des joues de la souveraines avant de tomber sur les pages du grimoire. De son doigt, elle tacha de les essuyer en déclarant :
« Elsa et Emma n'ont pas maintenu l'équilibre…Et c'est moi qui en ai payé le prix ! L'Yggdrasil n'est pas une question d'équilibre ! »
Alors qu'elle prononçait ses mots dans le silence de la nuit, ses doigts, toujours sur le papier semblèrent s'illuminer, se propageant ensuite à tout le grimoire. Raiponce surprise enleva sa main et recula d'un pas, laissant le grimoire illuminé sur cette petite table de terrasse où elle s'était attablée. Et aussitôt, un gigantesque rayon de cette lumière se créa depuis le grimoire perçant le ciel noir et sans nuage de Coronna…Le rayon semblait monter jusqu'à la pleine lune. Raiponce n'eut même pas le temps de pousser un cri de surprise que le rayon disparu ainsi que la lumière qui illuminait le grimoire. La souveraine, quelque peu inquiète ramassa le grimoire alors qu'elle avait l'impression d'entendre dans le ciel, comme un grondement d'orage lointain. Elle s'empressa de rentrer dans ses appartements, rangeant le grimoire dans un coffre et aussitôt alla se réfugier dans ses royales couvertures avant de s'endormir.
