Ladybug se précipita dans une ruelle sombre, se glissa à la hâte derrière une benne à ordure alors que son miraculous bipait une dernière fois. A peine dissimulée, elle redevint Marinette…

« Ouf ! J'ai eu chaud cette fois, ma Tikki ! »

Son kwami lui sourit avec tendresse, se frotta contre sa joue et se glissa dans le sac qui ne la quittait jamais, où Marinette prenait soin de toujours laisser un cookie ou deux.

Tikki raffolait des sucreries et plus particulièrement des cookies que Sabine, la mère de Marinette confectionnait.

Marinette s'étira, puis vérifia que la voie était libre avant de sortir de la ruelle tranquillement. Cette fois, elle ne s'était pas trop éloignée du collège et elle pourrait rejoindre son prochain cours sans trop de retard.

Elle comptait sur Alya – sa meilleure amie – pour la couvrir et récupérer ses affaires.

La jeune fille soupira, pensant que la vie serait bien plus simple si elle n'avait pas à se justifier pour ses multiples absences et retards ! Bien que le collège soit devenu beaucoup moins strict sur les présences des élèves depuis l'apparition des premiers « akumatisés », elle se faisait souvent reprendre par ses professeurs.

Marinette n'était pas une jeune fille du matin. Depuis des années, elle avait du mal à s'éveiller, surtout après avoir passé sa soirée dans un élan créatif. Ses parents avaient bien tenté de l'obliger à se coucher plus tôt, ou à l'empêcher de s'adonner à ses loisirs le soir, mais ils s'étaient vite rendus compte que leur fille avait besoin de ces moments dans son monde à elle pour se sentir bien. Ils avaient fini par s'en faire une raison, tant que les notes de leur fille resteraient bonnes.

Jetant un coup d'œil à sa montre, Marinette accéléra. Elle était à l'angle du collège, et il lui restait quelques minutes à peine pour rejoindre sa salle de classe.

Sa maladresse légendaire frappa encore, alors qu'elle se mettait à courir pour entrer dans le collège. Elle entra sèchement en contact avec quelqu'un et se retrouva par terre.

Agacée, elle grogna, quand une main entra dans son champ de vision.

Elle leva la tête et vira instantanément au rouge brique en rencontrant deux yeux verts, qui la fixaient d'un air inquiet.

« - Marinette, ça va ? Tu n'es pas blessée?

-Ahhh ! Ad… Adrien ! » Bégaya la jeune fille paralysée

Comme à chaque fois qu'elle se retrouvait face au beau blond qui occupait toutes ses pensées, la jeune fille était littéralement pétrifiée, incapable d'aligner deux mots cohérents.

Elle saisit la main tendue en rougissant encore plus – prenant une belle teinte rouge brique. Elle inspira profondément, ferma les yeux et débita à toute vitesse sans respirer : « ça va ! Merci de m'avoir aidée » avant de s'enfuir en courant vers sa salle de classe.

Le jeune homme la regarda partir, un sourire amusé sur les lèvres, se frottant la nuque un peu perplexe.

Sa jolie camarade était une véritable énigme pour lui. Tantôt maladroite au possible, tantôt courageuse et volontaire, elle changeait de personnalité en permanence, étant totalement imprévisible. Elle était toujours d'humeur joyeuse, elle passait comme une tornade, semant rires et catastrophes sur son passage.

Même si les pensées du jeune homme étaient tournées vers une certaine héroïne, il tentait souvent de se rapprocher amicalement de Marinette. Mais celle-ci semblait incapable de lui parler normalement. Elle rougissait, bégayait, et n'arrivait pas à parler de façon cohérente.

Haussant les épaules, le jeune mannequin pris la même direction que sa camarade pour rejoindre leur classe.

Marinette était déjà arrivée, pour une fois pile à l'heure. Elle se glissa à côté d'Alya, et lui sourit d'un air soulagé.

Sa camarade leva les yeux aux ciel :

« - Marinette ! Qu'est ce qui t'es encore arrivé ? Tu es toute rouge !

-heu… j'ai couru pour être à l'heure ?

- Tu es incroyable ma belle ! Il te suffirait juste de partir plus tôt tu sais ? »

Marinette grommela d'un air boudeur, provoquant l'hilarité d'Alya.

La pétillante métisse ne tenait pas en place, l'air surexcité.

« - Qu'est ce qui se passe Alya ?

- Ladybug et Chat Noir ! Ils sont intervenus ce matin et j'ai pu les filmer… Ce soir le Ladyblog aura un nouvel article exclusif !

- Génial Alya ! Bien joué !

- Et toi, tu as encore loupé ça…

- Bah, tu connais ma poisse légendaire. »

Elles se turent tandis que leurs derniers camarades entraient en classe, suivi par Mme Bustier, leur professeur.

Le cours commença.

Marinette ne parvint pas à se concentrer. Entre Adrien, juste devant elle, qui semblait lui aussi perdu dans ses pensées, sa remuante voisine qui bouillait d'impatience de rentrer chez elle mettre à jour son Ladyblog, et ses inquiétudes concernant sa double identité elle n'arrivait pas à fixer son attention.

Soupirant nerveusement, la jeune fille prit son crayon et commença à griffonner dans la marge de son cahier. Dès qu'elle était préoccupée ou nerveuse, dessiner l'aidait.

Alors que la fin du cours approchait, le voisin d'Adrien, Nino, se tourna vers Alya.

« - Hey ! On mange tous ensemble ? »

Jetant un coup d'œil malicieux à Marinette, Alya souriant jusqu'aux oreilles acquiesça levant un pouce en signe d'accord.

Marinette sourit aux anges. Elle allait manger avec Adrien ! Avant de paniquer… Elle allait forcément se ridiculiser…

Alya la rattrapa avant qu'elle ne puisse fuir, la rassurant.

« -Marinette, tu dois te maîtriser. C'est juste un repas. Entre amis. Tout va bien se passer !

- Mais… Mais Alya ! Tu sais bien comment je suis… Je vais encore dire n'importe quoi, ou tout renverser. Ou provoquer une catastrophe !

- Marinette… tu es incorrigible ! Détends toi, je serais avec toi, ok ?

- Humm… tu m'empêcheras de me ridiculiser ?

- Bien sûr voyons! Tu sais, tu es la seule à complexer sur ton côté miss catastrophe. La plupart d'entre nous a l'habitude.

Contrairement aux craintes de Marinette, le repas se passa bien. Surtout grâce à Alya et Nino, qui discutaient du Ladyblog avec passion. Même si c'était Alya la grande passionnée, Nino avait fini par se prendre au jeu et il aidait de plus en plus son amie à réunir tout ce qu'ils pouvaient sur les célèbres héros de Paris. Marinette restait silencieuse, écoutant ses amis vanter les mérites de son double, un peu mal à l'aise, tout en observant Adrien du coin de l'œil.

Le jeune homme pour sa part semblait plongé dans ses pensées, et un peu fatigué. Marinette supposa que son emploi du temps surchargé en plus des cours devaient être un fardeau pour un adolescent de son âge. Le voyant s'illuminer en dégustant un macaron, elle ne pu s'empêcher de lui tendre le sien en rougissant. Surpris, le jeune homme le prit et s'expliqua avec un sourire d'excuse :

« -C'est que mon père m'astreint à un régime assez sévère et je n'ai pas souvent l'occasion de profiter de ce genre de douceurs… J'adore les macarons ! »

Marinette sourit béatement en devenant encore plus rouge. Elle nota l'information dans un coin de son esprit, songeant qu'il ne lui serait pas très difficile d'apporter de temps en temps des macarons…

Alya ayant surpris la scène éclata de rire et dit à Adrien : « - et encore Adrien, tu n'as pas goûté aux macarons que font les parents de Marinette. Ils feraient se damner un Saint ! »

Adrien sourit en se passant la main dans les cheveux. Il sembla à Marinette que ses joues avaient légèrement rosi.

La journée se termina aussi bien que possible pour Marinette. Elle passa l'après midi à rêvasser, perdue dans ses pensées. Ses yeux bleus dans le vague, elle ne remarqua pas qu'Adrien se retournait à plusieurs reprises vers elle pour l'observer.

Le soir venu, une fois ses devoirs faits, Marinette monta sur sa terrasse. La soirée était douce, et la jeune fille s'installa, un plaid autour des épaules pour contempler les toits parisiens. Elle aimait ces moments particuliers, où elle était seule et où elle avait l'impression qu'elle pouvait être enfin elle même, à la fois Marinette et Ladybug. A ces moments, seuls face à sa ville, elle sortait son carnet de croquis et laissait l'inspiration l'envahir.

Perdue dans son monde, elle n'entendit pas les pas légers s'approcher d'elle.

Elle sursauta violemment quand quelqu'un se gratta la gorge à ses côtés.

« - Hum, Princesse ? Chat va bien ?

- Oh ! Chat… Chat Noir ! Que fais tu ici ? »

Les oreilles du jeune homme masqué, tout de cuir vêtu, se dressèrent. Le héros était intrigué. Sa camarade, la douce et timide Marinette semblait… différente.

Dans son élément, elle semblait plus sûre d'elle.

- Et bien vois tu, je passais en me promenant, et je t'ai vue. J'ai voulu vérifier que tout allait bien…

La jeune fille rit doucement.

- Bien sûr que tout va bien. J'aime beaucoup être ici, surtout quand il fait aussi doux.

Chat Noir sourit d'un air malicieux

- Tu n'as pas besoin d'un matou pour te réchauffer ?

- Ne t'inquiètes pas pour ça, je pense pouvoir survivre…

- Oh Princesse tu es dure avec moi… Je suis un pauvre chat abandonné qui a besoin de câlins tu sais ?

Marinette éclata de rire, laissa tomber cahier et crayons et se leva, taquine. Elle passa sa main dans les cheveux de Chat, affectueusement.

- Oh mon chaton ! Est ce que partager quelques macarons avec moi te remonterait le moral ?

Ébahi, Chat observait la jeune fille face à lui. Elle était tellement différente. A la fois douce et taquine, sûre d'elle mais réservée… Et cette façon de l'appeler « Mon chaton »… Habituellement, seule sa Lady le nommait ainsi, et entendre ce surnom affectueux dans la bouche de sa camarade lui avait causé un choc.

Silencieux, il prit le macaron que Marinette lui tendait et ils s'assirent tous deux côte à côte. Chat croqua dans la douceur et ferma les yeux de bonheur.

« - Et bien Chat ? Tu as perdu ta langue ? Gloussa Marinette

- C'est vrai que ces macarons feraient se damner un Saint !

- Quoi ?

Chat tressaillit, puis se reprit immédiatement.

- J'ai entendu dire que la boulangerie de tes parents était la meilleure de Paris… Et bien, je peux te le confirmer. Je n'ai jamais rien mangé d'aussi bon !

Chat se rapprocha de la jeune fille, l'enlaçant affectueusement.

- Ahh Princesse. Tu es une fille tellement chat-rmante !

- Pitié Chat, ces jeux de mots sont insupportables ! Lui répondit elle en riant

Ils restèrent silencieux quelques instants, collés l'un à l'autre, profitant des macarons et de la magnifique soirée.

Puis ils commencèrent à discuter légèrement, de tout et de rien. Chat Noir prêtait attention à ne rien dévoiler de son identité, sans pour autant se sentir nerveux comme habituellement.

Étrangement, il se sentait totalement à l'aise avec Marinette, comme s'il était à la bonne place, là, lové contre elle. La jeune fille semblait partager cet avis, et au moins elle ne semblait pas éprouver de gêne à passer sa soirée avec lui. Elle était même volubile, lui parlant de sa passion de la mode, de ses cours, de sa meilleure amie.

Chat l'écoutait, souriant, heureux de la voir si détendue et si joyeuse.

Au bout d'un moment, Marinette se tut, puis bailla.

« - Oh Princesse ! Je suis incorrigible. Je t'empêche de te reposer…

- Ne t'en fais pas Chat, je ne suis pas fatiguée.

- Tu devrais aller dormir quand même… tu m'as toi même dit que tu t'endormais en classe ! Allez, file.

- Mais…

- Pas de 'Mais' Princesse ! Je reviendrais te voir à nouveau si tu veux. Mais pour ce soir, il est temps que le Chat rejoigne sa gouttière.

Elle le regarda horrifiée, ce qui le fit rire.

- Pas de panique, Princesse ! j'ai une maison et un lit très confortable tu sais. Je ne suis pas un chat des rues.

- Pourquoi étais tu dehors ?

- J'aime me balader sur les toits de Paris le soir. Ça me donne un tel sentiment de liberté… Mes instincts chat je suppose…

- Chat ?

- Oui Princesse ?

Marinette se mordillait la lèvre, sous l'œil fasciné du jeune homme face à elle.

- Tu… Tu peux revenir quand tu veux. J'ai passé une très bonne soirée, tu sais.

- Oh moi aussi Princesse… Je reviendrais vite te voir.

Marinette, les joues rosies par la fraîcheur qui tombait et l'émotion regarda le héros, son partenaire mystérieux, s'élancer à l'aide de son bâton et sauter de toit en toit. Elle venait de passer une soirée délicieuse et de découvrir une facette de Chat Noir qu'elle ne connaissait pas. Une facette qu'elle aimait énormément…