La suite ou plutôt l'autre 'face' de Son âme en valait bien l'effort. Cette fois-ci, c'est donc le point de vue de Ciel. J'ai écouté la même chanson en l'écrivant, c'est-à-dire Toi encore de Matthieu Mendes.
Cette partie est peut-être moins réussi, j'avoue que j'ai eu plus de mal à me mettre dans la tête de Ciel que dans celle de Sebastian.
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Un sale morveux prétentieux.
Un noble sans morale.
Une erreur de la nature.
Un déchet immonde.
Impur.
Inutile.
Sale.
Ils peuvent me décrire comme ils le souhaitent. Ils peuvent penser ce qu'ils veulent de moi.
Me salir et attenter à ma vie. Faire couler mon sang.
Je n'en ai que faire. Une seule chose compte à présent, et une seule personne pouvant m'y aider.
Mon âme damnée, destinée aux enfers ... c'est mon seul bien, mon seul trésor. S'ils espèrent que je me laisserai faire, que je me laisserai abattre par la perte que j'ai subi, ils vont apprendre à leur dépend qu'ils se sont trompés. Jamais je n'abandonnerai. Jamais. Il en est hors de question. Ma haine est la seule chose me retenant à la surface du puits dans lequel ils m'ont plongés. Et bientôt, ils m'y rejoindront et ma vengeance sera accomplie.
Et lorsque ce moment viendra, puisqu'il viendra, mon âme sera sienne. Elle sera dévorée par ce démon à l'aspect d'un majordome parfait.
Mon majordome ... j'ai toujours cru que ce rôle n'était qu'un déguisement pour justifier sa présence constante à mes côtés et accomplir sa part du contrat. Pourtant, il fut un majordome d'enfer, sans mauvais jeu de mots. N'importe quel majordome serait devenu fou avec ce que je lui ai fait endurer ... ou mort. Le tourmenter, ne serait-ce que le dixième de ce qu'il me fit subir, fut un plaisir pour moi.
Lui faire réparer les catastrophes des domestiques.
Lui donner les missions les plus improbables.
Le faisant se faire tuer des dizaines et des dizaines de fois.
En retour, il me tortura à sa manière.
Me déguisant en fille.
M'étouffant avec délectation dans un stupide corset.
Prenant son temps pour venir me délivrer.
Me laissant entre les mains d'idiots en mal de puissance.
Laissant mon sang être versé. Mon corps être abimé.
Pourtant, il fut toujours à mes côtés.
Me rappelant mon but ultime. Ravivant la haine au creux de mon âme.
Me rappelant que cette âme est perdue.
Me rappelant qu'il n'y a aucun espoir, aucun futur.
J'ai eu tant d'occasions d'oublier. Tant de possibilité de tirer un trait sur tout ça... Mais ma haine, ma soif de vengeance, étaient là pour me garder éveillé. Et sa présence ...
Et maintenant que mon but est atteint, que ma vengeance est accomplie et que le soulagement devrait me gagner, je ne ressens que du vide. Un vide reposant, apaisant.
Il doit être soulagé, lui, de pouvoir enfin dévorer cette âme pour laquelle il s'est donné tant de mal. Pourtant, il fait preuve d'une dernière considération envers moi, la possibilité d'une fin la plus douce possible... Mais pourquoi devrais-je accepter? Ma vie ne fut caractérisée que par la douleur, celle de perdre ma famille, d'être seul, de vivre dans l'attente de la fin ... pourquoi serait-elle douce? La douleur est ce qui m'a permis de continuer, c'est avec elle que je dois finir.
Sentir sa main contre ma joue, sur mon visage, retirant mon cache-œil pour la dernière fois. Mon dernier contact. Son contact...
Non. Vraiment. Je ne peux regretter tout ce temps qu'il passa à mon service ... he's one hell of a butler after all.
