« La vie est comme une boite de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber »
« Quoi ! » s'exclama Ziva d'une manière agressive
« Laisse tomber. Allons voir la chambre » répondit Tony d'un air blasé.
La phrase de Forrest Gump n'évoquait évidemment rien à sa coéquipière mais elle illustrait pourtant parfaitement ses dernières mésaventures.
Il y a vingt quatre heures à peine, il avait cru que Gibbs venait de lui offrir un délicieux chocolat fin au cœur praliné.
Il lui avait annoncé qu'il allait se rendre prochainement à Paris avec Ziva afin d'interroger un suspect français dans l'enquête sur le meurtre du Lieutenant Charlotte Reeves.
A Paris avec Ziva. Ces mots ainsi accolés, son esprit se mit aussitôt à vagabonder, un énorme sourire s'accrocha à ses lèvres et une violente tape s'abattit rapidement à l'arrière de son crâne.
« Paris, patron, c'est génial, tu y es déjà allé ? » balbutia-t-il un brin décontenancé.
Gibbs lui lança un regard noir qui lui fit prendre conscience immédiatement de l'ampleur de sa gaffe. Jenny, mission, Paris, des souvenirs surement aujourd'hui un peu douloureux pour son boss qu'il valait mieux passer sous silence.
Mais pour faire de cette mission, un voyage de rêve aux frais des contribuables américains, Tony se dit rétrospectivement qu'il aurait du dès le départ, respecter quelques règles. La première d'entre elles, ne jamais arriver en retard à l'aéroport.
Il avait mis un temps infini à choisir les costumes qu'il emporterait à Paris. Résultat, même s'il avait laissé le volant à Ziva, ils s'étaient enregistrés au dernier moment et avaient hérités de deux sièges séparés, à quelques rangs l'un de l'autre.
Il s'était alors retrouvé confiné entre un bodybuilder probablement sous stéroïde qui n'arrêtait pas de gesticuler sur son siège et une femme obèse entre deux âges qui passa les six heures du vol à lui jeter des regards par en dessous. Pour couronner le tout, l'écran de son siège ne marchant que par intermittence, il ne put même pas suivre le dernier James Bond. Même s'il l'avait déjà vu deux fois, Daniel Craig méritait bien un troisième visionnage.
Il s'était deux ou trois fois levé de son siège pour observer Ziva, qui l'avait sciemment ignoré. A chaque fois, il l'avait vu en pleine conversation avec son voisin de gauche, un grand brun aux yeux clairs.
A bord, son seul réconfort fut la nourriture, qui s'avéra plutôt bonne, à tel point qu'il desserra sa ceinture d'un cran à sa descente d'avion.
Il retrouva sa coéquipière à l'arrivée des bagages, où elle venait de s'emparer des siens. Au bout de trente longues minutes d'attente, devant un tapis désespérément vide, il comprit que ses bagages avaient du s'égarer. Vérification faite auprès des hôtesses, ses affaires avaient pris un vol Washington-Johannesburg et il ne pouvait pas compter les retrouver avant deux jours, soit à la fin de son séjour à Paris.
Il poussa un long soupir pour se calmer avant de dire à Ziva :
« Il doit y avoir quelques boutiques de vêtements dans l'aéroport, un pause shopping s'impose, non ? »
« Hors de question, Tony. On se rend d'abord à l'hôtel, après on verra si on a le temps » lui répliqua sa coéquipière sur un ton autoritaire.
« Il faut au moins que je m'achète une nouvelle chemise ! »
« J'ai des tee-shirts du boulot dans ma valise, je t'en prêterai un »
« En taille XS, je présume » dit-il en suivant Ziva vers la file d'attente des taxis. Il savait qu'il aurait besoin de son aide pour ses achats. Mieux valait parler français pour se faire comprendre dans ce pays et cela n'était malheureusement pas son cas.
Arrivés à l'hôtel, il laissa donc Ziva faire l'enregistrement avec la réceptionniste. Il ne comprenait rien au dialogue entre les deux, mais au vu du vif échange et de l'air furax de Ziva, quelque chose semblait clocher.
«L'hôtel a mal enregistré la réservation. Ils ont compris que l'on voulait une chambre double et non deux chambres. Et évidemment, l'hôtel est complet » l'informa Ziva d'un air dépité.
Après six pénibles heures de vol, l'estomac au bord de l'explosion, sans bagage et en compagnie d'une Ziva excédée et avec pour seule perspective de passer une nuit à tenter vainement de dormir sur de la moquette, Tony se dit que Gibbs lui avait définitivement offert un chocolat fourré à la pâte d'amande avarié.
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