Histoires de LunaL (19)
Aussi laid que Kreatur, mais plus attachant que Dobby
Qui pourrait le mieux illustrer le fait que la laideur n'est pas forcément le reflet de l'âme – bien au contraire – que l'elfe de maison attaché plus particulièrement à Serdaigle et qui a pour nom Kouki ?
La première fois que j'ai vu Kouki dans notre salle commune, le lendemain de mon arrivée à Poudlard, j'ai eu un mouvement de recul qui heureusement lui a échappé, car il subissait alors les railleries de quelques autres nouveaux, trop heureux d'évacuer ainsi le malaise que notre elfe suscitait chez eux.
Tout ce qui sort de l'ordinaire dérange, et chez les enfants, dont l'univers est encore très instable, la vue d'une personne différente suscite bien souvent ce genre de réaction.
J'avoue que l'idée m'effleura de me joindre à eux. Eh oui ! Moi qui ressens toute injustice comme un coup de poignard en plein cœur, je fus tenté d'adopter ce comportement odieux.
Heureusement, un plus vieux arriva opportunément dans la salle et rabroua vertement les petits aiglons.
«Vous n'avez pas honte ! leur dit-il. Vous n'êtes pas dignes de faire partie de la noble maison de Serdaigle. Si je vous y reprends, je vous dénonce au préfet.»
Kouki releva la tête et dit à l'adresse de l'élève :
«N'en faites rien, monsieur. Kouki a l'habitude.»
Et il continua comme si de rien n'était à faire le ménage de la salle.
Les plus jeunes, gênés, s'égaillèrent comme des oiseaux, tandis que l'élève plus âgé remontait au dortoir.
J'étais bouleversé. Quelques instants auparavant, je m'apprêtais à me joindre à une bande d'écervelés pour harceler Kouki et à présent, j'avais les larmes aux yeux tant j'avais été frappé par la réaction de notre elfe. Comme si l'infinie bonté de cet être me faisait subitement prendre conscience de tous mes défauts, de toutes mes faiblesses.
Kouki, qui avait sans doute le don de lire dans les pensées, interrompit son ménage et, se tournant vers moi, me dit :
«Est-ce que Kouki peut faire quelque chose pour vous, monsieur ?»
Je le regardai, étonné : il n'était plus laid. Il n'était certes pas devenu beau tout d'un coup, mais la sympathie qu'il m'inspirait à présent me rendait indifférent à son aspect physique.
«Non merci, Kouki, répondis-je. Tu as déjà fait beaucoup pour moi.»
