L'univers d' Harry Potter appartient entièrement à Rowling.

La chanson " I'll be yours " est la propriété exclusive de Placebo.

Bonne lecture.

Luz.


Avant - propos :

Cette fic est basée sur les chansons des albums de Placebo : "Sleeping with ghosts"et "Without You I'm Nothing". Mais contrairement à "Déchus", je n'ai pas repris l'intégralité des paroles. Je me suis contentée du titre ainsi que de quelques vers de la chanson originale.


Soulmates Never Die

Première Epoque : Sleeping with Ghosts.

1971-1978.


1ère Année : I'll be yours.

Je l'ai remarqué dès le premier jour, à la Cérémonie de Répartition. Il était frêle et petit pour son âge.

Les autres fantômes faisaient leurs paris habituels sur les Maisons dans lesquelles seraient envoyés les nouveaux élèves.

" Regardez celui-ci, c'est certainement un Black ! Ces cheveux noirs, ces yeux gris ... sans parler de cette façon de regarder les autres de haut, comme si un Black valait mieux qu'un autre !

- Voyons, sir Nicholas ! Tous les Serpentards ne sont pas de mauvais bougres ...

- Pardonnez mon emportement, mon Frère. Je pense que je ne me suis jamais remis du règne de terreur de Phineas Nigellus Black ...

- Et que pensez-vousde celui-ci ? "

Le moine l'avait montré du doigt, et sir Nicholas, après l'avoir jaugé d'un oeil critique, avait déclaré d'un ton catégorique :

" Certainement pas un Gryffondor ! "

Il avait tort, et je le savais avant même d'entendre le Choixpeau Magique clamer le nom de sa Maison.

Oui, il semblait fragile et perdu, presque insignifiant à côté du grand garçon aux cheveux ébourrifés qui faisait face à la Grande Table d'un air assuré. Oui, il avait les épaules voutées, comme pour se protéger du monde qui l'entourait, et ses cheveux châtains étaient coiffés avec trop de soins pour un garçon de 11 ans.

Mais ses yeux ... ses yeux reflétaient tant de choses ...

Leur surface dorée cachait un océan de sentiments déchaînés. L'appréhension, la peur, mais aussi la tristesse, la souffrance, la rage, l'acceptation ... et l'espoir.

Et lorsque la voix du vieux chapeau posé sur sa tête avait résonné dans la Grande Salle, cet espoir avait brillé de mille feux.

A partir de ce jour, j'ai assisté plus souvent aux repas.

Je ne me mêlais pas aux élèves, bien sûr, mais je restais tapie dans un recoin obscur, à l'abri des regards indiscrets, et je le regardais. Il mangeait sagement son repas, en silence, tandis que ses camarades plaisantaient bruyament.

Trop silencieux. Trop sage. Et cette souffrance dans ses yeux malgré le sourire plaisant qu'il affichait.

Je connaissais cette souffrance ... elle avait empoisoné mon esprit et mon corps mortels, jusqu'à me suivre dans ce simulacre de vie auquel mon désespoir m'avait condamné.

Et je savais ce qui s'ensuivrait si personne ne lui venait en aide, s'il continuait à porter ce fardeau seul, comme je l'avais fait ...

Alors je me suis mise à le suivre. Dans la Grande Salle. Dans les couloirs. Et jusqu'au portrait marquant l'entrée de sa Salle Commune.

Mais jamais plus loin. Peu de personnes connaissent mon existence. Les fantômes, bien sûr ; quelques portraits qui parfois me voient errer dans les couloirs déserts ; ainsi que certains membres du corps enseignant. Mais aucun élève. Jamais.

Et je n'étais pas prête à sortir du cocon protecteur bâti par cette ignorance entretenue avec soins. C'était la seule chose qui rendait ma condition supportable à travers les années.

J'avais remarqué que certains de ses camarades semblaient témoigner le même intérêt curieux pour lui. Trois d'entre eux en particulier : Sirius Black - qui, au grand damne de sa famille et de sir Nicholas, avait été envoyé à Gryffondor - , James Potter, et un jeune garçon blond que je n'avais encore jamais remarqué, Peter Pettigrow.

Ils avaient remarqué ses absences répétées, et l'avaient questionné sur ce sujet, mais ses réponses étaient toujours vagues, évasives.

Je savais qu'à chacune de ces absences, Madame Pomfresh venait le chercher avant la nuit tombée, et le ramenait au petit jour. Je les avais souvent suivis jusqu'à la Grande Porte. Mais jamais à l'extérieur.

A l'extérieur, il y avait le parc, la Forêt Interdite ... et le lac ...

Je ne m'aventurais jamais à l'extérieur.

Mais un matin, Madame Pomfresh l'a ramené en hâte jusqu'à l'infirmerie. Il tremblait et son corps frêle était couvert de sang. Lorsque ses blessures furent soignées et que l'infirmière l'eut laissé seul, j'osai enfin l'approcher.

Il dormait profondément, d'un sommeil sans rêve. Sa poitrine bandée se soulevait doucement au rythme de sa respiration. Il semblait si fragile. Si innocent. Quel monstre avait pu lui faire tant de mal ...

Des éclats de voix retentirent depuis le bureau de Madame Pomfresh.

" Calmez-vous Pompom ...

- Mais vous avez vu dans quel état il était ce matin, Monsieur le Directeur ! Il s'est mordu les bras et les jambes ! Qui sait ce qu'il se fera le mois prochain ! S'il survivra seulement ! Il doit bien y avoir quelque chose -

- Je crains qu'il n'y ait rien à faire ... Et malgré toute ma bonne volonté, je ne peux pas défaire ce qui a été fait ... ni empêcher la lune d'être pleine ... "

... empêcher la lune d'être pleine ...

Si mon coeur avait battu dans ma poitrine, il se serait sûrement serré tandis que mes yeux se posaient sur les traces de griffes marquant sa peau si pale.

... la lune d'être pleine ...

Et un frisson me parcourut alors qu'une perle blanche coulait le long de ma joue froide.

Un loup-garou. Le pauvre enfant était un loup-garou ... une créature maudite ... comme je l'avais été ... comme je le suis encore ...

Bien sûr, je ne suis pas un loup-garou. Je ne l'ai jamais été. Ni dans cette vie, ni dans l'autre.Ma malédiction était différente. Mais je comprenais sa tristesse, sa rage de porter un fardeau qu'il n'avait pas choisi.

Et malgré toute cette souffrance, toute cette violence qui menaçaient de le consummer à chaque pleine lune, je voyais toujours cette faible lueur d'espoir danser dans ses yeux dorés.

Et je savais à quel point cet espoir était fort et faible à la fois. Fort d'avoir survécu à tant de nuits, mais trop faible pour survivre à une nouvelle épreuve, à une nouvelle déception.

Je sentais la peur s'emparer de lui chaque fois que ses nouveaux amis le questionnaient, chaque fois qu'un nouveau mensonge quittait ses lèvres roses.

Il ne survivrait pas à leur rejet, et il le savait inconsciemment. Mais je ne pouvais pas intervenir. Je n'avais ni le pouvoir de protéger son secret contre leur curiosité, ni celui de contrôler leur réaction.

Je n'avais qu'une seule et unique chose à lui offrir. Moi.

J'ai pris ma décision un soir d'hiver.

Lorsque Madame Pomfresh l'a emmené au dehors, je les ai suivis. Je les ai vu traverser le parc jusqu'au Saule Cogneur, puis disparaître dans un tunnel sombre. Et lorsque l'infirmière est ressortie seule, moins d'une heure plus tard, j'ai pénétré à mon tour dans les ténèbres.

Il est là. A genoux. Le corps agité de spasmes de plus en plus violents. Des hurlements de souffrance résonnent dans le noir. Ses membres s'allongent. Sa peau semble se déchirer tandis qu'une fourrure épaisse recouvre peu à peu son corps meurtri.

Je me force à regarder. A supporter. Je dois voir. Je dois savoir.

Quand sa transfornation est achevée, j'entre dans la chambre délabrée. Le loup se tourne vers moi. Il m'observe de ses grands yeux dorés, mais ne m'attaque pas.

Les loup-garous n'attaquent que les êtres humains et je n'en suis plus un depuis bien longtemps.

Je suis restée avec lui toute la nuit.

Chaque hurlement, chaque morsure, chaque goutte de sang s'est inscrite en moi, marquant ma mémoire.

Et lorsque la lune disparaît enfin, cédant sa place à la faible lueur de l'aube, je m'agenouille à côté de son corps ensanglanté. Il tremble, l'esprit perdu entre la veille et le sommeil.

Je voudrais caresser sa peau meurtrie. Je voudrais écarter les cheveux châtains cachant son visage. Mais je sais le froid que causeraient mes caresses.

Alors je reste là. Immobile. Attendant. Espérant.

Et lorsque son jeune visage se tourne lentement, lorsque ses yeux fatigués se posent sur moi, je lui souris faiblement.

" Je t'ai vu souffrir. Je t'ai vu hurler à travers la nuit. Et je serai l'eau qui purifie ton âme. Je serai ton père. Je serai ta mère. Je serai tienne. "

Et l'espoir embrase son regard d'or.