Titre : Cours particuliers
Genre : Schoolfic / Romance / Yaoi / Humour
Disclamer : Les personnages d'Hakuouki ne m'appartiennent pas, pas même l'univers du lycée.
Résumé : Hajime Saito est un étudiant brillant qui représente son lycée au concours national d'écriture… Mais son professeur de littérature, Toshizô Hijikata, lui conseille d'abandonner l'épreuve, prétextant que ses écrits manquent cruellement de sentimentalisme. Scandalisé par cette critique venant de l'enseignant qu'il admire le plus, Hijikata lui propose alors une autre alternative, celle de lui donner des cours particulier afin de l'initier à l'amour.
Problèmes familiaux, manque affectif, malgré tout cela Saito finira par s'ouvrir et découvrira avec Hijikata de nouvelles sensations qui dévoreront son âme et le rendront dépendant à l'affection de son professeur le tout mêlé d'humour et de petites histoires alternatives humoristiques et romantiques sur les autres personnages de l'univers Hakuouki
Note de l'auteur : Voici une nouvelle fanfic Hakuouki Yaoi, bien que Cœurs Déchirés soit encore en cours. C'est la première fois que j'écris une schoolfic et je dois avouer que c'est bien amusant.
Pour l'univers, j'ai repris les rôles de chacun de la série Hakuouki SSL, et j'ai essayé de respecter les caractères de chacun. De même que j'ai repris le système scolaire nippon et non français, ce qui fait quelques différences. Je mettrai des notes explicatives dans les chapitres si vous ne connaissez pas grand-chose à ce système.
J'ai écrit cette fic en cadeau d'anniversaire à plusieurs de mes lectrices qui m'encouragent beaucoup, je les en remercie. Il s'agit de trois lectrices en particuliers pour lesquelles je posterai un chapitre le jour de leur anniversaire (dont une aujourd'hui), comme cela elles se reconnaîtront. Je remercie quand même tous mes lecteurs.
Cette fic devraient comporter à posteriori huit chapitres, tout en sachant que j'ai pris de l'avance et que quatre chapitres entiers sont déjà écrit. Je tenterai de poster un chapitre par semaine, et la fin de cette fic devrait sonner pour mon anniversaire soit le 18 décembre. C'est dont la fic de l'automne, j'espère que vous l'apprécierez, sachez que moi j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire.
N'ayez pas peur du sous-sens "cours particulier", il n'y a rien de cochon. Je n'écris pas de lemon, Au contraire je trouve cette fic mignonne.
Sur ce, bonne lecture, et n'hésitez pas à me faire part de vos critiques.
\*******/
Leçon 1 : Initiation
Hajime Saito, étudiant en classe de deuxième année¹ au lycée Hakuouki, se trouvait être un élève brillant et modèle, et ce dans toutes les matières même en sport. Ce jeune homme à la beauté remarquable, cet adolescent qui avait été choisi afin de représenter son lycée pour le concours annuel des jeunes écrivains, participation que ce passionné d'écriture attendait depuis des années, ce même garçon ne croyait pas ce qu'il venait d'entendre. La tête baissée, ses mains serrant le pantalon de son uniforme², il n'osait plus lever les yeux vers son professeur de littérature qui lui avait proclamé de but en blanc :
« Saito-kun, je ne pense pas que tu puisses réussir ce concours. Abandonne ».
Toshizô Hijikata, vice-principal du lycée, professeur de littérature, et aussi en quelque sorte le modèle du jeune homme qui aimait tout autant son charisme, sa culture et ses cours intéressants, du moins pour lui, le regardait d'un air supérieur, sérieux, et Saito comprit alors qu'il ne plaisantait pas. S'il n'avait pas déjà été assis, l'étudiant serait probablement tombé sur les fesses tellement il était stupéfait d'une telle déclaration, à la fois étonné et vexé. Cela faisait des années qu'il écrivait des histoires. Plus qu'un passe-temps, c'était une passion pour lui, et il n'avait jusque là reçu que des compliments et critiques positives, que ce soit d'amateur ou bien de professeurs. Ces derniers étaient d'ailleurs persuadés qu'il remporterait ce concours haut la main parce que c'était plus qu'un talent qu'il avait, c'était un don. Après tant d'éloge, Saito ne comprenait pas pourquoi son professeur lui demandait d'abandonner. Et pas n'importe quel enseignant en plus : celui de littérature. Son jugement s'avérait être le plus important, tout en même temps qu'il était le seul négatif :
« Pourquoi ? réussit à articuler le jeune garçon qui gardait toujours les yeux baissés de honte. Qu'est-ce qui vous déplait dans ma façon d'écrire, Hijikata-sensei ?
- Je ne vais pas y aller par quatre chemins Saito-kun. Ton problème ne vient pas de ton style d'écriture parfait, mais plutôt du fond de tes histoires. Elles manquent cruellement de sentimentalisme. Le principal thème que tu mets en avant est celui des guerres et des combats. Tes histoires ont certes un succès auprès des garçons, mais le jury principal de cette année au concours d'écriture se compose des femmes. J'ai bien peur qu'elles n'adhèrent pas à trop des scènes de sang. »
Encore une fois, heureusement que Saito était assis, sinon il serait tombé à la renverse. C'était bien la meilleure, et la première fois qu'on lui disait une chose pareille ! Il le savait qu'il n'écrivait jamais de romance au milieu de ses combats, cela ne lui était jamais venu à l'esprit. Il n'en avait ni l'envie, ni l'inspiration, tout comme il ne savait que très peu si n'est pas du tout ce qu'était l'amour.
Comme pour se justifier, Saito ajouta à l'attention de son enseignant :
« J'ai toujours été un passionné de guerriers des temps anciens. C'est d'ailleurs pour cette raison que je pratique le kendo. Si j'écris autre chose que des batailles, ça ne sera pas moi. Je refuse de me soumettre aux caprices d'un jury et de créer une romance, c'est ma conviction. »
Hijikata sourit, il appréciait beaucoup ce jeune garçon. Dès le début, il l'avait marqué. Avant même qu'il n'apprenne qu'il allait être son professeur de littérature, avant même qu'il ne sache qu'il serait un de ses plus précieux élèves, l'homme aux yeux violets ne pourrait jamais oublier ce jour de rentrée scolaire, ce jour où il l'avait vu franchir le portail et où il s'était dit « la nature fait des belles choses mais aussi de beaux hommes ». Suite à quoi il s'était étonné d'avoir pensé une telle chose d'un garçon, lui un homme à femme peu enclin à s'en trouver une fixe, se lassant très rapidement, ses relations n'arrivant jamais à terminer le stade du premier mois. Lui qui n'avait jamais été passionné par personne, il se surprenait à penser souvent à son jeune élève. L'étudiant modèle, celui qu'il ne pensait pas qu'il existait, celui qu'il avait toujours espéré sans y croire, celui qu'il attendait depuis qu'il avait décidé qu'il enseignerait, ce genre d'élève là existait, et il se trouvait juste devant lui. Beau, intelligent, calme, sérieux, passionné d'études et notamment de la matière qu'il enseignait, Hijikata avait vraiment trouvé en Saito la perle rare qu'il convoitait, et malgré sa critique sévère, il avait vraiment envie qu'il remporte ce concours :
« Tes écrits sont de très bonne qualité, reprit le professeur. Mais vois-tu, dans ce genre de concours, ils aiment mélanger les thèmes. Je ne te demande pas d'écrire une romance, je te demande d'inclure une touche de sentimentalisme.
- Je… Je ne sais pas écrire cela, hésita à répondre l'étudiant.
- C'est bien le souci. C'est pour cette raison que je t'ai convoquée. Saito-kun, je ne disais pas cela pour te décourager mais pour t'aider, dit Hijikata en posant sa main sur l'épaule du jeune homme.
- M'aider ? Mais… Le concours est la semaine prochaine. Je pense sincèrement que le délai est un peu court pour pallier à cette lacune.
- C'est pour cela que nous ne devons pas perdre de temps. Tu pourras venir chez moi après les cours, je te donnerai des leçons.
- Je ne veux pas vous déranger sensei, s'empressa de protester Saito. Votre compagne sera-t-elle d'accord que vous accueilliez un élève et que vous travailliez davantage ?
- Je n'ai pas de femme, je vis seul. »
Le jeune homme rougit et baissa la tête. Il était pourtant persuadé d'avoir, à plusieurs reprises, croisé son professeur dans les rues de Tokyo au bras d'une jeune femme… A bien y réfléchir, chaque fois que cela s'était produit, la dite compagne n'était pas la même. Comment un homme qui n'avait même pas une vie sentimentale stable pouvait-il bien s'y connaître en sentimentalisme ? Mais Saito avait une confiance absolue en le savoir de cet homme au regard améthyste. En son fort intérieur, il était plutôt rassuré de savoir qu'il n'avait pas de compagne, mais l'idée de se retrouver seul et en tête-à-tête avec son modèle ne le faisait que s'empourprer davantage :
« Tes parents seront-ils d'accord ? demanda alors le professeur.
- Leur avis n'a que peu d'importance ! De toute façon ils ne sont jamais là, répondit directement le jeune homme avec une cacophonie qui étonna Hijikata, habitué au légendaire calme de son élève. Je… Je vous remercie de m'accueillir chez vous. »
Le brun sourit de nouveau. La brève effervescence qui était apparue chez le jeune homme aux yeux bleus disparut pour de nouveau laisser place à sa timidité, et il ne put s'empêcher de lui ébouriffer un peu les cheveux. Depuis le temps qu'il l'observait de la salle des professeurs, lui, tous les jours devant ce portail en train de faire respecter les règles du lycée, Hijikata le savait, Hajime Saito n'avait que peu d'ami, beaucoup ne l'aimant pas, le trouvant trop strict et sérieux, et étaient jaloux de ses facultés intellectuelles. Saito était le plus souvent seul dans son coin, mais la solitude ne semblait pas le peser. Au contraire, il semblait bien s'entendre avec elle, comme s'il la côtoyait depuis des années. Et puis, elle lui permettait d'étudier davantage et d'écrire à sa guise.
De temps à autre, Hijikata l'avait surpris en compagnie d'un autre jeune garçon qu'il ne connaissait que trop bien puisqu'il s'agissait en quelque sorte du frère d'adoption de son meilleur ami, Isami Kondo. Sôji Okita et Hajime Saito ensemble, le professeur de littérature avait trouvé fort étonnant que ces deux-là s'entendent si bien étant donné leurs différences. Leur lien ne se définirait pas vraiment par de l'amitié mais plutôt par de l'admiration. Pour cause, les deux adolescents excellaient au kendo et ne trouvaient meilleur adversaire qu'eux-mêmes.
Hijikata n'osait se l'avouer, mais les voir marcher côte à côte, savoir que Saito offrait à Sôji un semblant de sourire quand ils combattaient ensemble, pour lui montrer tout à la fois son excitation et le plaisir qu'il ressentait à l'affronter, savoir aussi qu'ils prenaient la douche ensemble après les entraînements… Hijikata en avait froissé des copies d'examen qu'il corrigeait, sans aucun scrupule d'ailleurs parce que pour lui tout travail de ces écervelés d'élèves ne valait guerre mieux que des torchons. Cette complicité que Saito partageait uniquement avec ce petit impertinent de Sôji, ce sale môme qu'il aurait volontiers plus d'une fois giflé s'il ne s'agissait pas du protégé de son meilleur ami, il en était jaloux, il devait le reconnaître. Pourtant lui, un enseignant, il ne devait pas avoir ce genre de sentiment pour l'un de ses élèves, mais Saito était différent, il avait éveillé bien des choses en lui.
Hijikata se ressaisit, puis se racla la gorge avant d'ajouter à l'attention de son élève :
« Alors, je te prendrai chez moi après le cours de kendo.
- Merci, merci infiniment pour cette faveur que vous m'accordez Hijikata-sensei. C'est vraiment trop d'honneur »
Saito avait tout cela tout en s'inclinant poliment, ce qui une fois de plus fit sourire le professeur de littérature. Tous ces éloges de la part de son étudiant favori et juste pour lui, il ne lui en fallait pas plus pour être aux anges. En guise de réponse, Hijikata releva la tête de son jeune élève en le prenant par le menton puis, tout en lui faisant un sourire sincère et charmeur comme il savait si bien les faire, il lui dit simplement :
« C'est normal, parce que je suis ton professeur. »
Saito rougit de nouveau, ne sachant plus quoi dire. Il prit son sac et quitta le bureau du vice-principal non sans l'avoir une fois de plus salué.
\******/
Saito se dirigeait vers sa salle de classe tout en fixant le sol, encore bien chamboulé par la proposition de son professeur. Il n'était pas vraiment habitué à ce que quelqu'un lui accorde tant d'attention, surtout venant d'un enseignant, ces derniers ne s'occupant en général que peu de lui puisqu'il était bon élève. Quant à ses parents, Saito avait tout simplement compris qu'ils se désintéressaient totalement de sa personne. Chaque fois qu'il repensait à cela, au fait qu'il ne soit qu'un accident, un obstacle sur la route professionnelle de ses géniteurs, son cœur se serrait. Pourquoi simplement lui, et pas son frère et soeur bien plus âgés ? Il le savait, il était un accident, sa mère le lui avait clairement dit, et il avait souvent entendu ses deux parents se disputer à son sujet, chacun accusant l'autre de sa présence. « C'est ton fils Tu sais bien que c'était un accident, si j'avais pu, j'aurais avorté mais c'était trop tard Toi aussi idiote, tu ne t'étais même pas rendu compte que tu étais enceinte Moi qui espérait me consacrer à ma carrière maintenant que Katsu et Hiroaki ³ peuvent se débrouiller, ça ne m'intéresse plus de jouer les mamans attentionnées. »
Même en se bouchant les oreilles, même en se cachant la tête sous l'oreiller, de toutes les manières que ce soit, les cris de ses parents lui parvenaient parfaitement jusqu'à ses petits tympans. Il s'était détesté d'être venu au monde, et pour ne pas gêner ceux qui l'avaient procréé, il se débrouillait tout seul depuis l'âge de six ans en se préparant son petit déjeuner, se lavant, choisissant ses vêtements, allant tout seul à l'école qui se situait non loin. Il avait repris les habits de son grand frère afin d'éviter à sa mère de se déplacer pour lui en acheter. Quand il eut une dizaine d'année, son frère et sa sœur avaient déjà quitté la maison, et lui se retrouvait souvent tout seul puisque ses parents étaient en déplacement. A présent, chaque fois qu'ils rentraient de voyage d'affaire, l'ambiance entre eux était froide.
Pour faire simple, le jeune homme ne connaissait rien à l'amour, lui qui n'en avait même pas reçu de ses propres parents, et c'était pour lutter contre cette solitude qu'il s'était réfugié dans l'écriture d'histoires fantastiques.
Saito aurait aimé faire la discipline et enguirlander les retardataires, cela l'aurait sans doute calmé, mais il était trop tard à présent, les cours allaient commencer. Pour ce jour, le responsable du comité du discipline avait laissé la tâche à son kohai* Kaoru Nagumo qui s'avérait, malgré sa petite taille, tout aussi efficace que démoniaque en ce qui concernait le respect des règles. Pour preuve, quand il prenait ses airs de petit diable, il effrayait les autres étudiants.
Le jeune étudiant aux yeux bleus sentit quelqu'un l'enlacer par derrière et il sursauta avant de soupirer. Il n'y avait qu'une seule personne qui avait l'audace d'être aussi familier avec lui, et ce malgré tous ses avertissements comme quoi il n'aimait pas les contacts rapprochés. Sôji Okita avait une façon assez particulière de le saluer. Enfin, il était comme ça avec tout le monde. La théorie voulait que ces deux jeunes garçons ne s'entendent pas, car ils étaient bien trop différents. Pourtant, Saito appréciait Okita pour son ardeur et sa vaillance au kendo. L'affronter embrasait chez lui une excitation qu'il n'avait jusque là jamais ressentie. Alors juste pour cela, il lui pardonnait de toujours le saluer de façon si embarrassante, même s'il n'avait aucun scrupule à lui donner un coup de coude dans les côtes :
« Sôji, combien de fois vais-je te répéter qu'il est très incommodant pour nous de se retrouver dans une telle position, dit stoïquement le chargé de discipline. On nous prendrait presque pour un couple.
- Allons Hajime-kun, n'est-ce pas ce que nous sommes ? »
Saito sursauta tout en se dégageant brutalement de l'étreinte de son camarade qui à présent riait aux éclats. Rouge écarlate, il enguirlanda Okita sur son comportement de dépravé qu'il supportait de moins en moins, et en venait même à se demandait si le Okita qu'il affrontait au dojo de kendo n'était pas son frère jumeau, car c'était tout bonnement impossible que ce soit le même homme :
« Ne fais pas cette tête Hajime-kun, je plaisantais.
- Ne me refais jamais ça Sôji. Allez, maintenant va en cours, tu vas être en retard.
- Et toi ?
- Je te suis, c'est moins risqué en ce qui me concerne que je sois derrière toi. »
Quelques mètres plus loin, un enseignant qui n'avait rien à faire là sourit. Les cheveux châtains foncés, les yeux bleus et un éternel bandeau sur la tête, Shinpachi Nagakura, professeur de sport, frimeur et taquin, avait pour passe-temps d'observer le petit quotidien des élèves, de mater les jeunes lycéennes pures et pleines de fraîcheur, et de faire des avances désespérées à son collègue Sanosuke Harada, professeur de mathématiques, qu'il connaissait depuis le lycée. D'ailleurs voir cette scène entre Okita et Saito lui rappelait sa jeunesse, lui aussi saluait Sanosuke en l'enlaçant par derrière :
« Ah, c'était le bon vieux temps, dit nostalgiquement Shinpachi en exagérant sa gestuelle, et ce n'est qu'en fin de troisième année que j'ai enfin réussi à mettre le grappin sur Sanosuke… Mouais, juste le temps d'une saison, nos chemins se sont séparés à la fac. Moi qui espérais le conquérir de nouveau quand j'ai vu que nous enseignions dans le même lycée, comment ose-t-il m'ignorer ? Je ne peux pas croire ces rumeurs comme quoi il aurait une relation avec un étudiant. Ah Sano, ne crois pas m'échapper comme cela… Oh salut petite lycéenne, tu es perdue ? Tu veux que je t'accompagne à ta classe ?
- Euh… hésita à répondre la jeune étudiante de première année qui était effectivement en retard. Non ça ira, j'attends mon petit-ami qui est allé aux toilettes.
- Oh, quel rabat-joie de faire attendre une mignonne demoiselle telle que toi. Pour que tu ne trouves pas le temps long, je vais te faire l'immense honneur de te faire un spectacle de mes muscles.
- Euh…
- Chizuru. »
La jeune lycéenne aux cheveux châtains et aux yeux marron sourit à la vue de son petit-ami qui venait de la rejoindre, un jeune garçon pas très grand aux yeux bleus et aux cheveux châtains ébouriffés qu'elle connaissait depuis sa plus tendre enfance. Ce dernier s'approcha, lui prit la main et lui sourit de toutes ses dents blanches avant de l'emmener vers la salle de classe, laissant là un Shinpachi complètement absorbé par sa démonstration de biceps et pectoraux.
\******/
« Assieds-toi, fais comme chez toi. »
Saito gardait la tête baissée, très intimidé de se retrouver chez son professeur. Ce dernier semblait très relaxé, agissant naturellement : cuisine, thé cigarette, le jeune étudiant se demanda s'il s'agissait là de son rituel quotidien. Raide comme un piquet, Saito s'assit sur le canapé, osant à peine toucher le mobilier par crainte de l'abîmer. Ses mains se frottaient entre ses genoux, et il avait passé sa journée à aller régulièrement aux toilettes tellement il était stressé. Mais de quoi avait-il peur au juste ? Il connaissait son professeur, il était son modèle, il lui faisait une totale confiance. C'était plutôt qu'il n'avait pas l'habitude de se retrouver chez les autres, il ne savait pas comment se comporter. Mais aussi, se savoir si proche et seul avec son enseignant préféré, en tête-à-tête avec lui, cela le troublait.
Hijikata vint s'asseoir à côté de lui sur le canapé, posa deux tasses de thé sur la table basse puis recrachant la fumée de sa cigarette avant de réaliser et de demander :
« Oh pardon, la fumée te gêne ?
- … Non, je vous en prie.
- Bon, Saito-kun, nous sommes là pour t'initier au sentimentalisme dans l'expression écrite. Bien sûr, la solution serait de lire des romances.
- Je n'en lis jamais, mais pour m'améliorer, je veux bien faire un effort. Que me conseillez-vous Hijikata-sensei ?
- Mais ne sois pas si crispé Saito-kun, dit Hijikata tout en mettant sa main sur l'épaule de son élève, je ne vais pas te manger.
- Pardon… »
Saito n'en devint que davantage écarlate, ce qui fit sourire le diabolique professeur qui le trouvait tellement mignon. Cela le changeait bien de l'image du strict président du conseil de discipline. L'homme aux yeux violets fut heureux d'être l'un des rares à découvrir cette facette timide du ténébreux Saito.
Hijikata se racla la gorge et reprit son air sérieux :
« Tu n'auras pas assez de temps en une semaine d'étudier assez de livres pour comprendre le sentiments amoureux.
- Je ne peux malheureusement pas me fier à mon expérience personnelle. Je ne vois pas d'autres solutions que les livres. Une semaine c'est court, mais si je travaille dur…
- Tu arriveras au concours avec une tête de zombie et si ça se trouve, tu ne seras même plus capable de te concentrer correctement. Mais tu as raison, une semaine c'est court. Oublie l'étude des livres, le mieux c'est encore la pratique.
- Que… »
Saito n'eut pas le temps de demander ce que voulait dire son professeur par "pratique" que ce dernier mit une de ses mains derrière sa tête pour la rapprocher de la sienne et alla poser ses lèvres sur celles de l'étudiant. Saito écarquilla les yeux, ne comprenant pas le geste de son enseignant, pensant qu'il était en train de souffrir d'hallucination, ne sachant s'il devait le repousser. Normalement oui, mais pourtant, cette chaleur qu'il sentait monter dans son corps, elle semblait similaire à celle qu'il ressentait quand il combattait contre Okita au kendo. Pourtant là, il ne combattait pas. Peut-être que la sensation nouvelle de sentir des lèvres sur les siennes embrasait son corps en réflexe à quelque chose de nouveau. Oui, c'était probablement cela, car il n'y avait pas d'autre raison possible. Saito tentait désespérément de se convaincre de sa théorie. Il commençait à comprendre quelle était la nature de ces "cours particuliers". Il s'y refusait, bien que désireux de s'améliorer, il n'était pas question qu'il s'abaisse à avoir une pseudo-relation avec son professeur dans le but d'approfondir ses connaissances en sentimentalisme.
Saito mit ses deux mains sur la poitrine d'Hijikata et le repoussa de toutes ses forces, avant de s'éloigner jusqu'à l'autre bout du canapé. La respiration haletante, il regarda son professeur avec indignation, ce dernier gardant son calme, lui souriant légèrement :
« Que faîtes-vous Hijikata-sensei ? demanda Saito qui tremblait.
- N'est-ce pas évident ? Je te pensais plus intelligent Saito-kun. Pour te faire comprendre ce qu'est l'amour, rien de mieux que de le vivre.
- Ne vous fichez pas de moi. Je pars, je me débrouillerai par moi-même, je participerai à ce concours comme j'en ai l'habitude. Au revoir. »
En vitesse, le jeune garçon aux yeux bleus se dirigea vers l'entrée de l'appartement, non sans tituber, sentant ses jambes encore flageolantes. Son esprit était encore bien chamboulé parce ce qu'il venait de se passer. C'était son premier baiser, et il sentait encore la brûlure des lèvres d'Hijikata sur les siennes. Ce n'était pas bien, un enseignant et un élève, ce n'était pas normal, il n'aurait jamais dû se passer une telle chose. Saito s'assit devant l'entrée pour remettre ses chaussures**, n'arrivant pas les lacer tellement ses mains tremblaient, tellement sa précipitation le rendait maladroit et le déconnectait de toute perturbation externe. Il n'entendit pas les légers bruits de pas qui se dirigeaient vers lui et, au moment où il allait se lever, il sentit deux bras l'enlacer par derrière avec douceur puis une voix grave lui susurrer à son oreille :
« Alors à demain, nous apprendrons des choses plus intenses. »
Ce souffle chaud dans son cou le fit frissonner, et il ne s'en sentait que davantage honteux. Plus il restait, plus les vices de son professeur s'exacerbaient. Saito sentit les larmes lui monter aux yeux en même temps qu'il se levait pour courir vers la sortie. Pourquoi cette personne qu'il admirait tant s'était-elle comportée de la sorte ? A travers Hijikata, Saito avait trouvé un guide dans sa vie où il se sentait si seul, une admiration qui s'était transformée en repère. Saito voulait lui plaire, recevoir ses félicitations, voire son affection, comme un parent, certainement pas un amant. Mais là, tout venait de s'effondrer, tout son monde d'imagination dans lequel il se réfugiait, tout tombait en miette. Il n'avait plus personne pour lui servir de référence, ses rapports avec son professeur ne seraient plus jamais les mêmes à partir de maintenant. Il se sentait si seul au monde.
Dans sa maison vide d'occupant, froide comme une stalactite, Saito jeta son sac à terre et s'effondra sur son lit. Son corps le brûlait. Etait-ce due à sa course entre l'appartement de son professeur et son domicile, ou était-ce sa punition pour avoir enfreint des lois humaines ? Embrasser un homme, un enseignant qui plus est alors qu'il n'était qu'un élève, bien que l'expression « se faire embrasser » aurait été plus juste. Sa chair allait-elle se retrouver en cendre quand il se réveillerait le lendemain ? Il avait tellement peur de cela qu'il n'arriva pas à s'endormir.
Saito passa sa nuit à s'asperger d'eau froide, espérant ainsi éteindre le feu qui était en train de le consumer. Son cou où il avait perçu ce souffle, ces lèvres qui s'étaient posées sur les siennes, tout semblait lui brûler, et de son esprit toujours aussi perturbé surgissait des idées absurdes, comme le fait de conjurer le sort en embrassant autre chose. Dans la chambre qu'occupait autrefois sa sœur, il prit l'une de ses vieilles poupées et embrassa le visage du jouet. Le goût plastifié et le contact froid lui firent faire la grimace, cela n'avait rien à voir avec ce qu'il avait ressenti dans la journée. Hijikata avait des lèvres douces, un souffle chaud, et de ses vêtements s'échappait une odeur de tabac… Saito se rendait compte qu'il admirait toujours autant cet homme malgré ce qu'il venait de lui faire. Il aurait aimé ne plus le croiser de sa vie afin de ne pas être embarrassé, mais c'était tout bonnement impossible. Changer de lycée aurait engendré des démarches longues qui allaient ennuyer ses parents.
Il était un homme, il aimait les guerriers et voulait leur ressembler, alors il ne devait pas fuir. Demain, il irait voir son professeur pour le remercier de l'attention qu'il lui avait donné, mais qu'il se débrouillerait seul pour pallier à son défaut. Voilà, il ferait comme cela, il n'avait que ça à faire. Cela paraissait si simple, alors pourquoi son cœur battait si fort dans sa poitrine à chaque fois qu'il pensait se retrouver de nouveau en tête-à-tête avec Hijikata ?
\*******/
¹ Etudiant en classe de deuxième année : le lycée nippon se découpe en trois années comme en France, et les étudiants sont catalogués en première, seconde ou troisième année (au lieu des classes seconde, première et terminale en France).
Saito est en deuxième année, soit l'équivalent de la en première en France, donc il aurait seize/dix-sept ans.
² Uniforme : dans la plupart des lycée japonais, le port de l'uniforme est obligatoire.
³ Katsu et Hiroaki : Hajime Saito était bien le benjamin d'une famille de trois enfants, et sa sœur aînée s'appelait bien Katsu et son frère Hiroaki. Historiquement, ils n'avaient chacun qu'un et deux ans de plus que Saito, mais là j'ai joué sur une plus grande différence d'âge de Saito avec ses aînés pour rendre la situation familiale plus cohérente.
* Kohai : contraire de sempai. Dans le milieu scolaire nippon, ceux qui sont plus avancés dans les études sont appelés "sempai" par ceux qui sont de classes inférieurs.
** S'assit devant l'entrée pour remettre ses chaussures : dans la plupart des domiciles nippon, on n'entre pas avec ses chaussures. Un espace est généralement prévu à l'entrée pour s'y déchausser et entrer soit pieds nus, soit en chaussons. J'ai toujours vu que les japonais, depuis les temps anciens ne rentraient pas à l'intérieur avec des chaussures.
Note de l'auteur : Merci d'avoir lu.
Le premier chapitre doit en général être le plus important, car c'est celui qui capte l'attention du lecteur. Pourtant, je n'en suis pas très satisfaite, je le trouve brouillon.
Dans le prochain chapitre, les autres personnages arriveront, j'espère que vous le lirez.
