Rien ne m'appartient, ni les personnages de Dumas, ni leur représentants de la série TV ABC, et c'est bien dommage !

Bonne lecture !

Entre ses doigts, Aramis frisa sa moustache d'un air absent. Il regardait son reflet sans se voir. Il ne voulait pas affronter son regard, dans le miroir moucheté, qu'il avait suspendu par pur coquetterie dans sa chambre. Il ne voulait pas se retourner non plus, car il savait quelle créature lascive l'attendait allongée dans son lit. Il n'avait plus envie de s'amuser avec elle, en une nuit, il avait fait le tour de ses charmes et désormais, il souhaitait qu'elle quitte les lieux, mais, la demoiselle n'était évidemment pas de cet avis. Il l'entendit s'agiter sur ses draps. Il allait lui faire face et avec tout le charme et le tact dont il était capable, la mettre dehors. Oui, il allait faire comme souvent, se montrer intéressé, mais pressé par une affaire urgente. Il se retourna un fin sourire dessiné sur ses lèvres. La jeune femme blonde à la poitrine a peine dissimulée par les draps de lins leva sur lui un regard gourmand. Aramis fit deux pas et s'agenouilla devant son visage encore marqué par le sommeil. Il lui saisit une main au passage et y déposa un baiser furtif.

- Le soleil est déjà debout ? s'enquit la jeune femme en ronronnant.

- Hélas, oui, le ciel bleu en témoigne, notre nuit a pris fin, il y a peu.

La blonde fit la moue, déçue.

- Il nous suffit de fermer les volets, et nous serons à nouveau cette nuit, suggéra-t-elle.

- J'aimerai me replonger dans cette fièvre, commença Aramis en déposant un nouveau baiser sur son front cette foi. Cependant, je suis mousquetaire et le devoir m'appel.

- Mais, hier à la taverne tu m'as dit qu'en ce moment vous n'aviez rien à faire !

- Oui, rien auprès du Roi, mais pas auprès de mon Capitaine. Je dois me rendre à la caserne pour m'entrainer à l'épée…

- Que tu manies déjà fort bien, souligna la coquine en glissant une main pâle sous le menton d'Aramis.

Aramis la laissa faire, s'il résistait, il allait se fâcher et il n'y avait rien de pire qu'une femme partant fâchée. Elles crient, elles tempêtent et font une mauvaise réputation à…

La porte de sa chambre s'ouvrit à la volée, l'imposante carrure de Porthos traversa la pièce. Aramis étonné se redressa. La jeune femme rabattit à la hâte la couverture sur elle en poussant un petit cri d'indignation.

- Que se passe-t-il ?

Porthos baissa son regard sur la blonde caché dans son lit, il renifla dédaigneusement. Aramis attrapa ses bretelles qui pendaient le long de son pantalon et les replaçant sur ses épaules l'air inquiet. Ce n'était pas dans la nature de son compagnon de violer ainsi son intimité.

- C'est Tréville, il veut nous voir maintenant.

- Tu sais pourquoi mon ami ? demanda rapidement Aramis en enfilant sa paire de hautes chausses.

- Non, Athos vient juste d'avoir le message.

- Je suis prêt, ne faisons pas attendre le Capitaine, dit alors Aramis en vissant sur sa tête son chapeau à large bord.

- Et moi ? s'écria la jeune femme dont Aramis avait totalement oublié l'existence.

- Oh, ma chère, navré, je ne peux rester, mais en partant n'oubliez pas de claquer la porte ! A bientôt !

Aramis s'élança en premier hors de la chambre, Porthos attrapa la robe de la jeune femme qui trainait au sol et la lui tendit.

- Pas la peine de revenir, dit-il en guise d'adieu puis il s'engouffra à son tour dans le couloir.

En quelques pas Aramis et Porthos rejoignirent Athos à l'étage inférieur où il les attendait nonchalamment adossé dans l'encadrement de la porte de sortie de leur logement. Il leva son regard barré par la visière de son chapeau sur ses deux amis.

- Qui étais-ce cette fois-ci ? questionna Athos, sans réellement attendre de réponse.

- Il me semble la fille de la boulangère : Amélia, répondit Porthos en ajustant ses gants autour de ses poignets.

- Hum… encore, s'étonna Athos.

- Il faut croire que notre bon Aramis a fait le tour des femmes de Paris, grognant Porthos.

Aramis retira son chapeau et donne un coup avec dans le dos de Porthos.

- Si vous le voulez bien mes amis, j'aimerais plutôt me rendre auprès du Capitaine, à moins que vous souhaitiez que je vous fasse le liste de mes conquêtes !

- Il nous faudrait la journée, railla Athos en sortant le premier.

- Tu veux dire la semaine ! s'exclama Porthos d'un ton cassant.

Aramis s'étonna de la distance et de la froideur de Porthos à son égard, lui qui d'ordinaire était si jovial. Alors qu'il terminait de boucler son ceinturon, d'où cliquetait ses armes, il rejoignit à la hâte ses compagnons qui fendaient la foule comme des flèches.

- Ai-je fait quelque chose qui t'a froissé ? s'enquit discrètement Aramis en calquant son pas sur le rythme de Porthos.

Le puissant métis fit un regard en biais vers Aramis. Il ne voulait pas lui répondre. Il ne voulait pas lui dire à quel point il avait de plus en plus de mal à supporter qu'il ramène si souvent une nouvelle jeune femme dans sa chambre. Il en avait plus qu'assez d'entendre ses ébats, souvent longs, au beau milieu de la nuit, lui qui aimait dormir ! Il n'en pouvait plus des demoiselles à demi nue qui prenaient leur temps pour quitter leur logis et le pire, c'était celles qui revenaient en quête d'une nouvelle étreinte avec Aramis.

- Alors l'ami ? relança Aramis la mine décontenancé.

- Rien, j'ai mal dormi, conclu Porthos en forçant son sourire.

Aramis n'était ni aveugle, ni stupide, il savait que son ami lui cachait la vérité. Il finirait bien par l'apprendre, la patience était une de ses vertus.

Quelques minutes silencieuses plus tard, les trois mousquetaires arrivèrent dans la cour de la garnison. Le Capitaine de Tréville les attendait, accoudé, impatient à la balustrade de l'étage. Il leur fit signe de monter immédiatement dans son bureau. Un instant après ils se tenaient tous les trois, droit, chapeaux posé sur leur bustes, menton relevé, devant leur Capitaine.

- Mousquetaires, j'ai une affaire importante, aujourd'hui il vous faut escorter la Reine dans le plus grand secret, depuis le Louvre jusqu'à une destination dont elle vous confira le lieu au dernier moment. Vous partez immédiatement, mais sous le couvert de laquais. Vous laissez vous tenues et armes trop apparentes ici, vous les récupérerez lorsque ce sera fini. Et je connais déjà votre demande quant à prendre avec vous le jeune D'Artagnan… Et je n'y vois pas d'inconvenant. Vous rentrerez par les cuisines du château, la Reine vous y attendra. Vous pouvez disposer.

Sans un mot de plus le Capitaine visage fermé quitta son bureau après avoir désigné posé sur une malle un tas de vêtements. Les trois amis se regardèrent entre eux, ils ne leur restaient plus qu'à se défaire de leurs habits de cuir et de tissu pour se vêtir comme des laquais. Athos retira ses affaires en premier et les jeta sur une chaise. Lorsqu'il se retrouva vêtu simplement d'un bas, il apostropha ses compagnons.

- Allez ! Qu'attendez-vous !

Porthos se tourna vers Aramis et soupira en défaisant sa veste. Aramis se tourna en premier vers les costumes de laquais, il les évalua rapidement du regard.

- Tu vas être à l'étroit Porthos. Je crains qu'aucun serviteur n'ait ton physique dans tout le royaume.

- J'ai l'habitude des déconvenues, trancha Porthos.

Aramis accepta sans sourciller la nouvelle rebuffade de son ami. Il attrapa, la tenue, qui lui semblait la plus à-propos pour lui et commença à se déshabiller à son tour. Athos grogna en débusquant sa propre tenue.

- Cette couleur n'est vraiment pas discrète…

- C'est ça le secret du parfait camouflage, s'amusa Aramis. Plus nous serons visible, plus l'on nous ignorera, car personne ne s'attends à ce que des…

- Tais-toi et actives-toi, coupa Porthos.

Aramis se mordit les lèvres pour ne rien répondre cette fois-ci. Il se contenant de jeter sa chemise. Porthos torse nu, exposait sans honte, une musculature sans défaut, sa peau métissée luisait avec les premiers rayons du soleil. Aramis laissa son regard s'accrocher à son ami, avant de le détourner rapidement. Il ne voulait pas lui montrer que son physique l'impressionnait toujours autant.

Lorsqu'ils quittèrent le bureau du Capitaine tous les trois affublés de pantalons bouffant jaune barré de rouge avec un veston du même acabit. Porthos pesta contre le faite qu'il ait dû abandonner son couvre-chef. Ils se faufilèrent ensuite dans les veines de la capitale jusqu'aux portes des cuisines du Louvres sans la moindre encombre. Lorsqu'Athos frappa au battant pour qu'on leur ouvre, D'Artagnan leur ouvrit, vêtu de la même manière qu'eux. Durant l'espace d'un instant les amis se regardèrent avant de rire de leur accoutrement.

- Rentrez les amis ! invita D'Artagnan en dégageant la porte. La Reine est juste ici.

Les Mousquetaires saluèrent bas leur Reine. Elle était vêtue simplement d'une robe en toile grossière et sans le moindre bijou, ni apparat. Les cuisines étaient désertes, personnes n'y rodait et l'odeur des restes du repas de la veille flottait encore.

- Mes braves mousquetaires, dit noblement la Reine en leur faisant signe de se relever. Merci d'avoir répondu à l'appel de votre Reine.

- C'est de notre devoir d'y répondre, dit Athos de sa voix la plus neutre.

- Et un plaisir infini de vous être utile ma Reine, acheva Aramis dont le regard accrocha celui de la jeune femme.

- Allons, nous devons nous hâter, je n'ai pas de temps à perdre.

- Où allons-nous s'enquit D'Artagnan.

- Vous allez me mener à mon frère.

Porthos faillit s'étrangler, Athos écarquilla ses yeux, D'Artagnan se figea, seul Aramis osa lever son regard sur la Reine.

- Le Roi d'Espagne ? Notre ennemi actuel ? reprit Aramis pour être bien sûr de ce qu'il devait faire.

- Oui, il est plus qu'urgent que je le vois, moi seul peut contenir la guerre qui se prépare dans les deux camps. Si je vais le trouver pour lui parler, je trouverai les mots pour l'apaiser. Il m'écoutera.

- Et si, ma Reine, ce n'est pas le cas ? Et si tout ceci n'était qu'un odieux piège de la part des Espagnol pour vous enlever ou vous faire du mal ? continua Aramis.

- Ce n'en est pas un, je puis vous l'assurer. Mon frère m'attend à Bourges. Nous devons partir sur l'heure. Mais si l'un de vous, pour quelque raisons que ce soit ne désire plus m'accompagner, je le libère de son devoir, termina les lèvres pincés la jeune Reine de France.

- Non, nous restons, décida pour le groupe Athos. A cheval ou en voiture ?

- En voiture, elle vient d'arriver devant la porte, répondit D'Artagnan en jetant un furtif coup d'œil dehors.

- Parfait, allons-y, Porthos aux rênes, d'Artagnan avec moi à l'arrière et Aramis dans la voiture avec la Reine.

La petite compagnie se mit rapidement en branle et quittèrent Paris sans se faire inquiéter à la porte Sud. Sur les petits chemins cahotant le ciel s'éclaircit de plus en plus. La Reine bavardait tranquillement avec Aramis dans l'habitacle, Porthos guidait les quatre chevaux, D'Artagnan et Athos surveillaient les environs assit à l'arrière de la voiture. Après plusieurs heures d'avancées sans encombre, le signal d'une pause fut donné. La Reine qui avait insisté pour qu'ils l'appellent Anne durant cette mission se détendit les jambes dans un vert pâturage. Athos veillait sur elle à quelques pas de là, D'Artagnan dévorait du poulet froid prit à la hâte dans les cuisines royales. Aramis astiquait son pistolet. Porthos broyait de sombres pensées, toujours juché sur sa chaise de cochet.

- Tu ne veux pas descendre ? interpella Aramis en s'approchant en souriant de son ami.

Le métis étriqué dans ses vêtements ridicules, fit la moue.

- Non. Je suis bien ici.

- Je peux monter te tenir compagnie ?

- Il n'y a pas de place pour deux.

Aramis grimpa malgré tout sur le montant de la roue pour parler plus bas à son ami grognon.

- Porthos, qu'y a-t-il ? Tu ne cesses de me rabrouer et…

- Je ne trouve pas.

- Tu recommences, t'ai-je causé un tort ?

- Non, pour la dernière fois.

- Oh ! Je sais ! Cette fille, cette Amélia, tu la couvais du regard il y a une semaine, je me souviens… Tu la voulais pour toi et moi j'ai…

- Non ! s'énerva brusquement Porthos alors que son regard se chargea d'orages.

Aramis prit au dépourvu devant tant de colère arrêta son mouvement qui consistait à taper amicalement le bras de son compagnon.

- Cela n'a rien à voir avec cette fille… Maintenant fiches-moi la paix.

C'était sans appel. Aramis abdiqua. Il se laissa tomber au sol et tourna les talons. Il ne comprenait plus Porthos, hier soir encore il buvait et riait ensemble et ce matin c'était plus que polaire. L'air était chargé de tensions entre eux et il ignorait la raison. Depuis qu'il connaissait Porthos, c'est à dire plus de six ans, jamais il n'avait vécu une situation similaire. Seulement depuis quelques semaines Porthos était plus susceptible, surtout au réveil, mais cela s'apaisait avec la course du soleil, pourtant aujourd'hui, plus le temps passait, plus la situation s'envenimait. Il jeta un rapide coup d'œil vers son ami, celui-ci fixait le chemin droit devant lui sans bouger, bouillant d'une colère qui échappait totalement à Aramis.

- On reprend la route, annonça Athos en donnant son bras à la Reine pour regagner la voiture sans encombre.

Aramis reprit sa place en face de la Reine. Porthos donna du fouet et les quatre étalons reprirent leur route.

- Aramis, j'ai noté, que vous portiez le crucifix que je vous ai offert.

Le mousquetaire porta d'instinct la main à sa poitrine et toucha le bijou caché sous ses vêtements d'emprunt.

- En effet votre Majesté, il ne me quitte jamais.

- C'est un peu comme si je partageai vos aventures alors, sourit la Reine.

- En effet. Il me porte bonheur aussi. C'est le bien le plus important que je possède.

- N'est-ce pas votre vie ?

Aramis sourit à la Reine. Les joues de celles-ci rosirent légèrement, il détourna le regard.

- Ma vie, j'en ai fait présent à la France.

- Et la France vous en remercie.

La Reine se pencha légèrement vers Aramis et frôla ses doigts. Le Mousquetaire, saisit doucement la main fraiche de sa Reine et déposa un doux baiser dessus. Leurs regards s'entrechoquèrent. La Reine retient son souffle devant toute cette douceur et cette dévotion. Jamais le Roi Louis, ne l'avait traité ainsi. Il la considérait plus comme une possession, un meuble, ou un autre de ces chiens de chasse. Il l'avait, il s'en contentait et ne prenait jamais le temps d'entretenir leur relation. Aramis, lui au contraire était tout miel avec elle. Il devançait ses désirs, ses envies, il était toujours de charmante humeur, de bonne compagnie et d'une beauté rare. Elle aimait se laisser charmer par le séduisant Mousquetaire, elle aimait le laisser glisser des regards sur elle et ce qu'elle aimait par-dessous tout c'était sa façon à lui de lui donner l'impression d'être la seule femme au monde qui avait de l'attrait à ses yeux. Alors elle laissa Aramis embrasser sa main, puis son poignet, elle le laissa s'approcher d'elle. Elle le regarda lentement prendre son visage en coupe et caresser ses lèvres avec sa moustache. Elle plongea son regard dans celui de feu de l'homme. Oui elle n'était plus qu'une femme en compagnie d'un homme.

Aramis fixait la Reine, elle le désirait, il pouvait le lire dans ses yeux, dans son corps. Elle brûlait de ses caresses, de ses baisers. Mais il n'osait aller plus loin qu'une esquisse de baiser. Il ne pouvait pas se permettre d'aller plus avant, il ne pouvait pas, sans trahir la France, qu'il venait juste de promettre d'honorer. Il… Il la désirait lui aussi. Il ne savait pas si c'était depuis toujours, ou seulement par ce qu'elle était inaccessible. Pourtant ici à l'abri des regards, dans la voiture, il sentait qu'il pouvait laisser aller ses pulsions.

- Aramis, murmura de sa tendre voix Anne. Aramis…

Il savait ce qu'elle voulait dire sans le formuler, elle n'avait pas le droit de demander un baiser, elle romprait tous les sacrements auxquels elle s'était plié depuis son mariage avec Louis XIII.

- Anne, souffla le mousquetaire au bord de ses lèvres.

Leurs souffles se conjuguèrent. L'air était bouillant et leur corps réclamait l'autre avec plus d'impétuosité que jamais. Alors dans l'ombre et l'intimité de la petite voiture Aramis franchit la dernière limite qu'il avait, il délaissa sa conscience pour mieux savourer ce moment fugace.

Trois heures passèrent avant que l'étape du soir ne soit décrétée. Porthos fit s'arrêter les chevaux devant une auberge de bord de route. Athos s'étira longuement tandis que D'Artagnan s'empressa de sauter au sol et s'ébrouer. Porthos fit signe à un valet de ferme pour qu'il prenne soin des chevaux. D'Artagnan se rua dans l'auberge pour réserver des lits et un repas chaud. Athos s'approcha de la portière et l'ouvrit. Ses yeux perçant décelèrent immédiatement qu'il y avait une chose anormale dans l'habitacle, mais il ne sut dire quoi sur le moment.

Ce n'est que bien plus tard dans la nuit, qu'il releva l'indice. Aramis en rebouclant sans nul doute à la hâte sa ceinture s'était trompé de trou, laissant le plus élargie pendre. Ce qu'il ne faisait jamais. Alors Athos se demanda, pourquoi Aramis aurait bouclé si vite son pantalon ? Athos, réfuta sa première idée, la Reine, non… La Reine, n'était qu'une femme après tout. Le sang d'Athos ne fit qu'un tour, trop perturbé pour continuer sa nuit, il se redressa sèchement de sa couche et d'un mouvement se laissa tomber ses pieds sur le sol en bois. Il ne pouvait continuer à dormir sans en avoir le cœur net. Il quitta la petite pièce qu'il partageait avec Porthos, pour aller trouver D'Artagnan et Aramis qui surveillaient la chambre retenue par la Reine. D'Artagnan assit sur un tabouret la tête lourde, menaçait de s'endormir lorsqu'Athos surgit dans le couloir. Le jeune homme bondit sur ses jambes et se redressa, honteux de s'être laissé aller. Aramis quant à lui astiquait silencieusement son mousquet.

- Je ne crois pas qu'il soit déjà l'heure de prendre ton tour, souligna Aramis sans quitter des yeux son arme.

- Je crois que D'Artagnan a besoin de repos, répondit d'une voix sans appel Athos.

- Je ne suis pas fatigué, je peux rester, protesta D'Artagnan avec un semblant de fougue.

- Va dormir, et rentre sans faire de bruit, ou Porthos te fera comprendre à quel point il a horreur d'être réveillé en pleine nuit sans raison…

D'Artagnan comprit qu'il ne lui servirait à rien de continuer à faire une quelconque négociation. Il ramassa ses affaires et quitta les lieux après un bref regard vers Aramis qui lui adressa un clin d'œil. Lorsque le plus jeune ait refermé la porte de la chambre, Athos aiguillonna son regard sur Aramis. Il le considéra un instant, était-il bien sûr de ce qu'il voulait insinuer ? Aramis et la Reine ? Aramis aurait-il osé ? Non, ce serait une trahison… pourtant il avait bien détourné la maitresse du Cardinal…

- Qu'est-ce qui t'empêche de trouver le sommeil ? chuchota tranquillement Aramis alors qu'il entreprenait le nettoyage d'un second mousquet.

Athos leva de nouveau son regard sur son compagnon. Il fallait qu'il sache et il le fallait maintenant.

- Aramis… Toi et la Reine, vous avez eu une aventure durant le trajet ?

Aramis immobilisa ses mouvements, son petit sourire en coin, se figea. Comment Athos pouvait-il savoir ? Comment est-ce seulement possible ?

- Tu ne nie pas, remarqua Athos en relevant le menton.

- A quoi bon ? murmura Aramis.

Athos sentit une vague d'angoisse le saisir tout entier. Il attrapa Aramis par le col pour le remettre debout afin d'affronter son regard. Non ! C'était faux ! Il devait lui mentir ! Le taquiner… Il scruta son regard.

- Mais… Qu'est-ce qui t'a… Non, non, il n'est rien arrivé, je ne suis au courant de rien.

- Bien dans ce cas, je vais continuer de…

- Mais enfin ! Qu'est-ce qui t'ai passé par la tête ! C'est Notre Reine !

- Je croyais que tu n'étais au courant de rien ?

- Tu es fou ! Ou alors tu as perdu la raison ! Si quelqu'un l'apprends ? Tu y as pensé ? Si…

Aramis dégagea la poigne de fer d'Athos de son col.

- Il n'y a que toi qui sache, chuchota Aramis. Et je ne vois pas pourquoi cela changerait.

- C'était la première fois ?

- Oui, et la seule.

- Il vaudrait mieux ! Tu voles même la femme la plus inatteignable de France ! Tu n'as donc aucunes limites ! Tu n'utilises donc plus ta tête en présence de femmes !

Aramis n'avait rien à répondre à cela. Oui, il avait perdu la tête, oui il s'était laissé aller à l'impensable. Mais, il ne le referait plus jamais. Lui et Anne se l'était juré. C'était un moment d'égarement, un fort agréable moment d'égarement. Ils ne recommenceraient plus et il n'y aura pas de conséquence. Athos ne dirait rien. Athos était une tombe.

La conversation était close. Il n'y avait plus rien à dire. Les deux hommes se turent. Durant une heure, ils n'échangèrent pas une seule parole. Ce n'était pas tendu, c'était juste calme. Chacun perdu dans les méandres de son esprit. Porthos rompit cette petite tranquillité en arrivant de son pas lourd.

- D'Artagnan est peut-être le plus jeune de nous, mais il ronfle à réveiller les morts !

Aramis esquissa un sourire, Porthos serait peut-être de meilleure humeur ?

- Va te coucher, je te relève, bougonna Porthos en direction d'Aramis.

- Bien, à plus tard messieurs, chatonna Aramis en se relevant prestement.

- Et bon courage avec ce bougre de D'Artagnan !

- J'en prends bonne note.

Très rapidement la suite, n'hésitez pas à me laisser des commentaires, des avis, des critiques, des "coucous" !