Auteur : Arlia Eien
Titre : Sonna Kotoba de Kokoro Tozashite
Rating : M
Genre : Hurt/Comfort, Amitié ou Romance selon l'interprétation de chacun.
Disclaimer : Gundam Wing, son histoire et ses personnages ne m'appartiennent pas. De plus, je ne gagne pas d'argent avec ce texte.
Note :
(1) Il s'agit d'un repost d'une fanfiction que j'ai écrite originellement en 2007 et retravaillée en 2010. Le style changeant de trop et le nombre de chapitres augmentant, je l'avais ensuite supprimée pour la retravailler à mon aise, voici le résultat – encore perfectible.
(2) Sonna Kotoba de Kokoro Tozashite est un morceau de phrase issu de la character song Ore dake kotoba de Heero Yuy, tous droits réservés. Je vous en propose une traduction en sous-titre.
(3) Comme indiqué, cette histoire est un Hurt/Comfort, comme dans un Angst les personnages sont donc amenés à trinquer. Attention, le rating n'est pas là pour rien ! Après il n'y a ici aucune scène explicite de sexe ou de violence (qui correspondrait à un rating Ma).
Sonna Kotoba de Kokoro Tozashite
J'ai enfermé mon cœur dans des mots
Chapitre 1
Novembre AC195
La mission était bien plus difficile que ce à quoi ils s'attendaient. C'était une chance qu'ils soient deux ce coup-ci. En soi, ce n'était pas la première fois qu'Heero Yuy et Duo Maxwell devaient revoir leurs plans pour s'adapter à la dure réalité du terrain, et chacun des pilotes savait faire preuve du sang froid nécessaire. Leur mission, courte et simple sur le papier, consistait à récupérer les données informatiques d'une base ennemie située en Amérique du Sud puis à la détruire, ou du moins, de faire suffisamment de dégâts pour empêcher que de nouveaux Mobiles Dolls ne soient mis au point avant un très long moment. Le fait qu'une trentaine de ces machines se trouvent justement en activité non loin de là et aient été appelées en renfort sans qu'ils ne puissent l'anticiper n'avait pas été une surprise agréable.
Toutefois, les deux pilotes s'en sortirent sans trop de mal, malgré une difficulté apparente de 02 à un moment donné, la plupart des robots s'étant regroupés autour du Deathscythe Hell. La présence de 01 avait cependant été salutaire, et grâce à son intervention, le cours de la bataille avait été renversé.
La Romefeller apprendrait que ça ne servait à rien d'essayer d'éliminer les pilotes un à un si les autres étaient libres de tout mouvement et aptes à aider le camarade ciblé. Le programme des robots les forçait à attaquer les Gundams dans un certain ordre ce qui avait empêché les Mobiles Dolls de riposter contre le Wing Zero. Une vraie débandade.
Fatigués par la mission de plusieurs heures, l'adrénaline redescendant, les deux garçons se dirigèrent alors vers leur prochaine planque située à quatre mille kilomètres de là et où ils devraient passer quelques jours sans recevoir d'ordres de mission.
Heureusement, les capacités de vol en altitude de leurs Gundams étaient telles qu'ils purent arriver à destination en soirée. La maison qui était censée les abriter se situait à l'écart de tout. Ils purent camoufler leurs engins dans la forêt environnante et n'avoir que peu à marcher pour rejoindre l'endroit, avantage non négligeable après une journée épuisante.
Une fois arrivés, ils eurent la surprise de trouver Quatre et Trowa qui les attendaient. Après s'être salués, chacun était reparti à sa tâche respective. Soit se nourrir pour 02, 03 et 04 et aller envoyer son rapport pour 01 qui prétextait ne pas avoir faim.
Tout semblait aller bien, quand les trois pilotes toujours attablés virent Heero redescendre en coup de vent, finissant à la hâte de boutonner une chemise.
Devant les regards interrogatifs et surpris de ses camarades, le brun justifia avoir reçu un message du Docteur J, une fois le rapport envoyé. Celui-ci voulait le voir dans une base secrète de la résistance sous couverture de bureaux administratifs. Celle-ci était située en plein centre d'une de ces grandes villes comme il y en avait beaucoup au Nord-Est des États-Unis.
Bien qu'épuisé, le premier pilote n'avait, selon lui, pas le choix et partit directement au lieu de rendez-vous au bord d'une moto trouvée dans le garage de leur petite maison, plus pratique pour éviter la circulation et franchir rapidement les kilomètres à parcourir.
Duo, de son côté, même s'il était étonné par cette convocation ne s'en formalisa pas et resta en compagnie de Trowa et Quatre. Avant de partir, Heero l'avait invité à utiliser l'ordinateur pour son rapport. Mais pour le natté, cela pouvait bien attendre. Encore que ce rapport fut utile, lui estimait qu'il ne devait rien à G.
Au cours de la discussion, le natté apprit que leurs deux collègues logeaient dans la même maison qu'Heero et lui par facilité et attendaient des ordres de mission qui devaient arriver d'ici peu. Ils entreprendraient par la suite une mission de la plus extrême importance tous les quatre ensemble.
Plus tard dans la soirée, Trowa sortit se promener du côté des Gundams pour ne pas rester enfermé tout en continuant à surveiller l'arrivée des ordres de missions. Il revenait des Colonies, et il n'était un secret pour personne que 03 aimait particulièrement l'environnement de la Terre. Alors il n'était pas étonnant qu'il prenne un bol d'air.
Quatre et Duo étaient restés dans le salon, Winner installé à la table avec l'ordinateur de 01 en face de lui. Maxwell se contentait de lui tenir compagnie en exprimant son inquiétude pour Heero parti depuis maintenant trois heures.
Le natté marchait de long en large dans la salle de séjour sous le nez de Quatre qui commençait à avoir mal à la tête de le voir sans cesse bouger comme cela. Néanmoins, le blond gardait les yeux fixés sur l'écran, essayant de rester professionnel faute d'autre occupation. Les ordres pouvaient arriver d'un moment à l'autre, il faudrait qu'il parte dans les deux heures suivant la réception pour préparer la mission sur place.
Heureusement, le manège ne dura pas longtemps au vu de la fatigue du natté. Il souffla et se laissa enfin tomber sur le canapé avant d'adresser la parole à Quatre. Après tout, leur coéquipier n'avait pas donné d'horaires, mais tout cela devenait fort long. Il était vingt-deux heures et étant parti vers dix-neuf heures. Heero aurait dû revenir depuis un moment si J désirait seulement avoir ce que le premier pilote avait présenté comme étant un simple entretien de visu, rendu possible par la proximité géographique exceptionnelle.
« Quatre ? »
« Oui ? » S'enquit-il, soulagé que son ami ait cessé d'arpenter la pièce, même s'il appréhendait un peu la demande de ce dernier.
« On a d'autres véhicules à part la moto ? »
« Oui, une vieille voiture. Pourquoi ? » Interrogea-t-il, soulagé, mais restant tout de même sur ses gardes.
« Je vais aller chercher Heero, il est bien trop long. »
« Ne t'inquiète pas. Il ne risque rien. Ce n'est pas comme s'il était entre les mains d'OZ. » Rassura Winner avec un léger sourire avant de reporter son regard sur l'écran de l'ordinateur qu'il avait quitté lorsque le natté l'avait abordé.
Rien, selon Quatre, ne semblait justifier l'agitation de Duo. Après tout, il avait lors de sa capture par OZ sur la base lunaire eu l'occasion de voir Heero interagir avec les ingénieurs, et l'on était clairement, selon lui, dans le cadre d'une relation professionnelle normale. Si lui avait peu de contact avec l'Instructeur H depuis le début de la guerre, il n'en restait pas moins à ses yeux un collaborateur respectable et inoffensif.
Duo, lui, n'avait pas le même regard sur le groupe d'ingénieurs. Sans doute parce qu'il avait pu constater depuis toujours les talents de manipulateur de G. Ou bien parce que sous un certain jour, leurs mentors ne lui semblaient pas aussi nets que ce que semblait croire Quatre. Peut-être bien qu'ils lui avaient construit un nouveau Gundam pour remplacer l'ancien, irrémédiablement détruit, mais Maitre O lui avait clairement cassé la gueule, en parallèle. Outre le moment peu agréable, il était sans doute moins dupe que Winner concernant les actes des ingénieurs. Il donna certainement l'impression de n'avoir rien écouté en reprenant immédiatement la parole.
« Tu pourrais m'y conduire ? »
« Si tu y tiens. Seulement, je ne pourrai pas rester, je suis le prochain à partir en mission après Trowa. Je dois rester sur le qui-vive. » Rappela Quatre, qui s'il ne comprenait pas son ami et collègue ne voyait pas d'inconvénient dans l'absolu à lui rendre service, le timing le lui permettant. La mission de Trowa n'était pas encore arrivée et la sienne arriverait encore ultérieurement. Dans l'absolu, il pouvait consacrer ce temps à Duo s'ils partaient immédiatement. Il suffirait qu'il prenne un bipper pour le cas où et que Trowa le remplace devant l'ordinateur.
« Tu me déposes rapidement pour que j'attende Heero, et il vous reste la voiture en cas de besoin. » Exposa rapidement Duo après un court instant d'analyse.
« Si c'est ce que tu veux… Mais ça risque de ne pas lui plaire, tu es prévenu. » Lança Quatre qui, de par son expérience des semaines passées en compagnie de Yuy, était bien placé pour savoir que le jeune homme n'appréciait pas d'être collé ; et que s'il s'y prenait mal, Duo pourrait bien devoir rentrer à pied.
« Je vais chercher un second casque. » Décida précautionneusement le châtain, soulagé de voir Quatre accéder à sa requête.
C'est ainsi que le natté se retrouva dehors à presque vingt-trois heures, bras croisés, et tapotant du pied pour se réchauffer. Il était devant la façade d'un building dont l'unique porte encore illuminée à cette heure tardive était gardée par deux hommes de main, sûrement de leur côté, ou plutôt du côté des scientifiques ce qui n'était que moyennement rassurant.
Les trottoirs étaient larges, contrastant avec les rares passants qui marchaient d'un pas vif. La voie aurait presque pu être qualifiée de déserte si l'on omettait le flot régulier de véhicules qui la parcourait. La journée était terminée pour la majorité des travailleurs et même si la circulation restait fluide, de nombreuses voitures passaient par là, certainement pour aller dans les périphéries de la ville. Enfin, comme la plupart des bâtiments semblaient appartenir aux ingénieurs, il était évident que le coin devait quand même être calme malgré sa situation géographique.
Soupirant en regardant l'heure, le natté remarqua aussitôt la buée engendrée à cause du froid. Heureusement qu'il avait pris la peine d'enfiler une veste par-dessus son habit noir. D'une part pour cacher le col qui était voyant, d'autre part pour se tenir chaud. Les nuits de l'hémisphère Nord sur Terre étaient des plus froides en cette saison.
Une bonne demi-heure plus tard, n'ayant vu personne ni entrer, ni sortir ; Duo décida d'interroger les deux hommes en faction qui discutaient pour passer le temps. Il se dirigea d'un pas rapide et assuré vers eux. Peut-être pourraient-ils le renseigner ?
Le voyant s'approcher, les gardes se turent et le regardèrent suspicieusement. Duo ne se démontant pas aussi facilement s'adressa tout de même à eux.
« Excusez-moi, vous n'avez pas vu un garçon brun, ma taille, yeux bleus, rentrer vers vingt heures ? » Interrogea-t-il nerveusement tout en restant poli avec les deux hommes plutôt baraqués… Il avait relevé subrepticement sa main droite à hauteur de son front au moment où il avait mentionné la taille de son camarade, la gauche caressant du bout des doigts le Beretta dissimulé à sa ceinture au cas où ces gardes ne seraient pas réellement des alliés.
L'un répondit avec un sourire ironique.
« Si, 01 est là, pilote 02. » Reconnut-il. « Mais tu perds ton temps à l'attendre, il ne ressortira pas de sitôt. » Conclut le garde.
« Hum… Merci quand même… » Répondit Duo en s'éloignant puis se cachant dans la pénombre avant de s'approcher de nouveau pour épier la conversation des gardes. Peut-être en apprendrait-il plus avec ces deux bavards ?
Ses efforts furent vite récompensés, le second relançant immédiatement la conversation sur le sujet à peine évoqué.
« Il est bien courageux ce gamin de venir l'attendre… »
« Stupide surtout, oui. Le Docteur J a fait appeler Girard tout à l'heure, tu sais ce que ça veut dire… » Répliqua sèchement celui qui avait répondu au natté.
« Il doit être de mauvaise humeur alors. » Se moqua l'autre.
« Comme si c'était exceptionnel. Si j'avais pas autant besoin de fric je me casserai illico. » Râla encore le premier.
« Non, Girard est absent, malade de ce que j'ai compris. Ben s'est porté volontaire. Le gamin en aura peut-être pour moins d'une semaine à rester planté devant le bâtiment. » Rit-il grassement.
« Pff… Ben y est trop attaché, ça lui causera du tort. » Grommela le garde décidément bougon.
« C'est dans sa nature. De toute façon, il part l'été prochain de ce que j'ai entendu dire par Bob. Retrouver ses gosses et sa femme en Europe. Surtout ses gosses. Le dernier à seize ans, ça coûte cher, il se serait arrêté avant sinon, cinquante ans c'est plus un âge pour ce genre de job. Enfin ça paye bien, c'est déjà ça, surtout depuis la promo d'avril. »
Duo s'effaça. Il savait ce qu'il voulait savoir, ou presque. Les deux gardes venaient de lui donner quelques informations qui pourraient servir. Il se fichait de la vie de tous ces gens, mais le fait qu'ils soient cités juste après leur conversation voulait dire qu'ils avaient plus ou moins un rapport avec son camarade.
Finalement, le second garde avait raison. Au bout de trois autres quarts d'heures à attendre dans le froid, le brun ressortit l'air un peu sonné et débraillé. La légère chemise non rentrée dans le jean passé juste avant son départ.
« Hey ! Heero ! » L'apostropha Maxwell en lui faisant signe de là où il était.
Le jeune homme releva aussitôt la tête et fronça les sourcils plus qu'étonné de voir Duo là, à l'attendre, un casque à la main à côté de sa moto garée sur le bas-côté.
« …Qu'est-ce que tu fais là ? » Souffla-t-il à voix basse.
« L'adresse était sur ton ordinateur. » Répondit rapidement Duo, justifiant plus du comment que du pourquoi, ce qui était plus simple quand on avait un interlocuteur comme Heero qui ne comprendrait pas facilement ses motivations. « Ça va ? T'as pas l'air très bien… » S'inquiéta-t-il en se frottant les bras par réflexe, comment pouvait-il ne pas trembler de froid en étant si légèrement vêtu ?
« Hn… »
« Prends ton casque, je vais conduire. Accroche-toi à moi, t'as vraiment l'air patraque. J'ai pas envie que tu tombes… » Conclut Duo à voix encore plus basse pour que les gardes ne l'entendent pas, devant l'apathie du brun. A première vue, il avait eu raison de venir.
Yuy obtempéra et monta rapidement sur la moto, une expression neutre sur le visage. Ses traits étaient relâchés et il ferma les yeux une fois le véhicule en marche, apparemment satisfait que Duo soit venu après coup.
La nuit était déjà bien entamée quand ils parvinrent à la planque. Duo monta silencieusement à l'étage, dans la chambre qu'il devait partager avec le premier pilote, lequel le suivit en silence, sans s'arrêter pour vérifier l'état de l'ordinateur ou pour se sustenter. Une fois dans leur chambre, Duo parla à un Heero que le voyage avait bien ragaillardi, ses joues ayant repris des couleurs et son regard était aussi vif qu'habituellement.
« Tu peux aller te laver si tu veux, moi je prendrai pas la salle de bain avant demain. Tu n'as même pas eu le temps de te doucher avant que J ne te convoque. » Proposa le châtain avec mansuétude après avoir détaillé le brun sommairement maintenant qu'il le voyait clairement à la lueur vive de la plafonnière.
Si Heero ne comptait initialement pas se rendre dans la salle de bain, il saisit immédiatement l'occasion de s'isoler, adressa un bref signe de tête à Duo en signe d'accord et se dirigea à pas lents et calculés vers la pièce. Dieu qu'il avait mal. Il avait pourtant l'habitude de se faire punir par sa hiérarchie à cause de ses bêtises. …surtout de cette façon. Bien sûr qu'il avait connu pire, il le savait très bien. Mais il n'avait pas eu à faire de la moto pendant près d'une heure par la suite… Clairement, il essayait là de se convaincre lui-même. C'était plus simple pour lui de se forcer à penser que les choses étaient plus difficiles à cause du trajet qu'il n'avait pas à faire habituellement que de remettre en question sa propre tolérance à la douleur. De se permettre de réaliser que ce qui était vraiment difficile, c'était d'avoir eu la chance de ne pas subir cela pendant plus de six mois.
Il entra, sans oublier de fermer la porte derrière lui, et commença laborieusement à retirer la chemise, essayant de ne pas trop tirer sur son dos et tâchant par la même occasion d'arrêter de réfléchir.
Soudain, la porte s'ouvrit d'un coup, faisant sursauter Heero sans que le nouvel entrant ne s'en aperçoive. Aussitôt, il remonta la chemise du mieux qu'il put, s'arrachant une grimace de douleur au vu du mouvement brusque qu'il avait dû fournir. La douleur le figeant, Yuy ne réussit pas à le renfiler totalement, le gardant quelques centimètres sous les épaules. Tant pis. Qu'est-ce que Duo pourrait voir de plus que le haut de son dos ? Pour une fois, il s'estima heureux que le Docteur J interdise de battre au niveau des omoplates.
Un Duo échevelé pénétra dans la salle de bain, l'air abattu voire un peu désolé de son intrusion subite. Souriant légèrement, il se justifia sans s'attarder sur l'étrange façon dont Yuy retenait ses vêtements.
« Excuse, j'ai besoin de ma brosse, mes cheveux sont dans un de ces états… Les casques, c'est pas pour moi ! …Qu'est-ce que tu as au dos ? » Remarqua-t-il tout d'un coup en fronçant les sourcils d'un air perplexe, et pointant l'omoplate de son coéquipier.
Au dos ? Heero jura intérieurement en constatant dans le miroir que du côté gauche la chemise était trop basse pour camoufler le haut d'une marque. Décidément, ce n'était vraiment pas sa soirée. A croire que tout devait tourner au vinaigre. Il essaya de se consoler en se disant qu'au moins sa position n'avait pas paru trop étrange et qu'il ne ratait pas tout ce qu'il entreprenait.
Duo soupira, mi-exaspéré, mi-blasé, et pointa un doigt accusateur en direction de son camarade.
« Toi, tu t'es encore blessé ! Je parie que tu n'as pas soigné ça en plus. C'est pas parce que J t'appelle sur-le-champ qu'il faut y aller blessé ! » Gronda-t-il avec lassitude. Le jeune homme ne l'écouterait pas, mais quand même. Quelle manie de ne pas se soigner !
Heero fronça un peu les sourcils et avala sa salive se sachant en mauvaise posture : tel qu'il le connaissait, Duo allait insister pour regarder, soigner ou peut-être pour autre chose encore. Alors 01 était bien embêté pour le coup et son esprit tournait à cent à l'heure pour trouver une solution à cet énième problème.
Il recula d'un pas sans même penser à remettre sa chemise correctement, ce qui aurait certainement découragé un peu Maxwell. A quoi bon tenter d'aider quelqu'un de sûr de lui et qui avait l'air très bien autant physiquement que mentalement ? Cependant, le stress et la fatigue firent qu'Heero n'eut pas cette réflexion.
« Ce n'est rien… » Commença-t-il pour se laisser quelques secondes supplémentaires pour chercher comment justifier une telle marque.
« … Et en plus, tu dois pas pouvoir l'atteindre. » Râla Duo sans tenir compte de la piètre tentative de justification. « Attends. Je vais voir ça au cas où ça serait grave, va savoir… Je te connais, tu peux avoir deux balles dans le corps et ne pas broncher ! »
« Je t'assure que ce n'est rien. » Répéta Yuy sans hausser la voix mais légèrement plus agressif qu'il ne l'aurait voulu.
Aïe ! Mauvais calcul… Le visage du natté s'était immédiatement fermé sous le coup de l'inquiétude, de la contrariété, mais essentiellement de l'incompréhension.
« Pas à moi. Si ce n'est vraiment rien, y a pas de raison que tu ne me montres pas, tu sais » Reprit Duo entre douceur et inquiétude.
De l'agressivité de la part de 01, ça c'était vraiment inhabituel. Il l'avait déjà envoyé promener, mais toujours avec calme et détermination, on était très loin de son état actuel.
« …Je vais le faire seul. » Expliqua Heero après avoir pris quelques secondes pour contrôler sa voix et tenter de rassurer le gêneur.
La gorge sèche, il prit sur lui pour retenir quelques tremblements, le tiraillement de son dos se faisant de plus en plus sentir au vu de sa position. Par contre, il ne put se retenir de faire un nouveau demi-pas en arrière. Il n'y pouvait rien, l'insistance de Duo l'avait toujours mis mal à l'aise et présentement le terrifiait de part toutes les conséquences qu'il pourrait y avoir si Duo réalisait ce qui lui était arrivé.
« Heero… tu n'arriveras pas à voir ce que tu fais. Laisse-moi t'aider… » Demanda encore le châtain ne comprenant pas du tout la source du refus et encore moins pourquoi son ami reculait depuis tout à l'heure.
Le pilote du Wing Zero n'avait sans doute pas entièrement confiance en lui, mais Duo l'avait déjà touché et aidé sans qu'il en fasse toute une histoire. Alors pourquoi cette scène subite ?
N'ayant cessé de reculer au fur et à mesure, Heero se retrouva dos contre le rebord du lavabo. À ce contact impromptu, en plus de sa crispation continue pour dissimuler son dos, il ne put retenir une légère grimace de douleur qui ne passa pas inaperçue.
Duo en profita pour franchir les quelques pas qui les séparait et le saisir par l'épaule. Puis il le maintint le temps de regarder par-dessus l'épaule la marque qu'il avait vue. Tenant Heero doucement mais fermement par le haut du bras, il fit une drôle de tête en examinant la « blessure » de plus près. Ce n'était pas des plus jolis, mais net. Très rouge, mais sans trace de sang. Étrange.
« Comment tu t'es fait ça ? » Demanda le natté sourcils levés par l'étonnement.
Il abaissa alors la chemise sous le léger halètement d'un Heero rendu léthargique par la surprise et le choc quand il réalisa que ce qui redoutait le plus venait de se produire sans qu'il ne puisse l'anticiper ni l'empêcher : Duo allait en voir plus. Se concentrant un maximum pour garder le contrôle de son corps et surtout de l'expression de son visage, il se retrouva totalement crispé à vouloir enrayer ses frissons, et avec la gorge tellement nouée que toute parole devenait impossible.
Duo écarquilla alors les yeux en apercevant une seconde marque similaire un peu plus bas et retira aussitôt sa main et s'éloigna, sans néanmoins lâcher le brun, un peu comme s'il avait été brûlé.
« Qu'est-ce que… !? » S'exclama-t-il, perdant ses moyens au vu de la surprise de voir d'autres marques. Mais d'où sortaient ces choses ? Et d'abord à quoi étaient-elles dues ?
Heero respira profondément pour être certain de pouvoir parler normalement. Il réfléchissait à toute vitesse ne sachant comment expliquer ça. Peu importe sa peur, la douleur ou son état psychologique, il devait réagir immédiatement s'il espérait encore garder Duo à l'écart. Peut-être qu'il pourrait prétendre avoir reçu des coups dans le dos lors de la mission ? Ou bien avoir fait une chute à moto ? Il secoua imperceptiblement la tête, se rendant tout à fait compte que ses idées ne tenaient pas debout.
Au fur et à mesure qu'il éliminait les possibilités, celle de dire la vérité s'immisçait en lui. Pourquoi pas ? Il expliquait à Duo, se prenait un « bien fait » dans la figure, se faisait prendre de haut… ou peu importe. Mais il serait tranquille. Profitant d'un courage inopiné, il lâcha le morceau. Comme ça, il pourrait enfin être seul et se laisser un peu aller au vu de cette soirée qui n'en finissait plus d'empirer pour devenir le fiasco qu'il vivait actuellement.
« Dr. J m'a fait corriger. » Dit-il fermement mais sans crier. Il voulait se débarrasser de Duo, pas ameuter les deux autres pilotes s'ils étaient encore là. C'était déjà suffisamment gênant comme ça.
Duo fronça les sourcils. J, punir son soldat parfait ? Le bonhomme avait vraiment pété un câble.
« Content ? » Ne put s'empêcher d'ajouter 01 d'un ton sec et sans réplique.
Le natté cilla. Content ? Mais content de quoi…? Et pourquoi…? Et ces marques c'était quoi alors…?
« Et… et comment ?… » Laissa échapper Duo sans qu'il ait eu le temps de réfléchir à une phrase construite tellement il était soufflé par cet aveu.
« D'accord. » Céda immédiatement Heero, ne rêvant qu'à sa liberté qui se rapprochait, selon lui, à très grands pas.
C'est sans même saisir la portée de ses actes qu'Heero s'écarta de l'autre pilote, baissa la chemise la laissant quelques centimètres au-dessus du pantalon et tourna le dos au natté, de façon automatique, saccadée.
« Content, cette fois ? » Demanda-t-il d'un ton qui se voulait dur, mais où la voix était moins calme et imperturbable qu'habituellement.
Cette fois, la faiblesse quasi-imperceptible dans la voix n'échappa pas à Duo qui de toute façon n'aurait pas été dupe. Ce faisant, il fronça un peu plus les sourcils et reprit la parole d'un ton ferme mais toujours conciliant. Pas la peine de brusquer son camarade, il venait de subir une réprimande de J. Il était inutile qu'il lui secoue les puces à son tour.
D'autant plus que Duo ne connaissait pas l'état exact du jeune homme en face de lui. Contrairement à d'autres, il était parfaitement conscient du fait qu'Heero avait des limites. Seulement… il ignorait tout de ces limites. Et il refusait de trop brusquer 01 dans un accès égoïste de passer ses nerfs.
« Non, je ne vois pas en quoi je devrais me réjouir. Baisse plus, on ne voit pas tout. » Déclara sérieusement le natté pour voir l'ampleur des dégâts physiques et ce qu'il allait bien pouvoir faire. Ça avait encore l'air plus important que ce qu'il pensait. Plus on descendait, et plus il y avait de traces rouges.
Heero restant immobile, scotché par la surprise mais aussi par la douleur qui lui vrillait le dos suite à son geste brusque, Duo s'approcha et comprit d'emblée qu'il faudrait beaucoup argumenter avant d'espérer enfin soulager le jeune homme. Il expira fortement avant de recommencer son interrogatoire d'un ton qu'il espérait calme et enclin à se confier.
« Ça a été fait comment ? Tu as bien marqué en plus… » Remarqua-t-il, les sourcils toujours froncés. Il n'osait pas toucher aux marques rouges, se doutant bien qu'elles devaient être douloureuses. Sans ça, Heero ne serait pas dans cet état. C'était certain.
« Lanière de cuir. » Marmonna Heero malgré lui. Trop confus et inquiet pour vraiment réfléchir, la réponse était venue par automatisme.
« Quoi ! » S'écria le châtain pas certain d'avoir bien compris ce qu'Heero venait de dire, et encore moins sûr de comprendre ce que cela impliquait exactement.
« Ne parle pas aussi fort… je n'ai pas envie de voir les autres débarquer. » S'alarma aussitôt 01 en jetant un regard large aux alentours avant de fermer les paupières pour guetter le moindre son suspect.
Renfilant en même temps les manches de la chemise presque à la moitié du dos avant de se stopper net : il fallait définitivement qu'il cesse de paniquer et qu'il s'efforce de garder le contrôle de lui-même. S'il ne se reprenait pas sérieusement, Duo continuerait à vouloir l'aider à tout prix. Il fallait qu'il se calme. Vraiment. Il n'y avait aucun bruit dans la maison, alors aucun de ses deux autres coéquipiers ne risquait plus de venir à présent.
« Excuse-moi, mais c'est tellement barbare… » Reprit Duo un ton plus bas, tout en continuant à observer Heero en détail, partagé entre regret et détermination.
La situation de son camarade était très peu enviable. Il avait eu raison d'insister, Heero n'y arriverait pas seul et il avait définitivement besoin d'assistance.
« …pas comme si je n'avais pas l'habitude. » Marmonna de nouveau Heero pour lui-même en resserrant inconsciemment la chemise entre ses doigts.
« On t'avait déjà frappé avant ! » S'étonna encore Duo.
En fait, peut-être qu'il n'avait pas du tout compris la situation. Peut-être que ce n'était pas du tout exceptionnel. Mais dans quel pétrin s'était fourré l'autre pilote ?
Heero haussa les épaules, indifférent. Ou du moins tentant de le paraître.
« Première fois depuis l'Opération Météore. C'est bon, je peux me laver maintenant ? »
Le ton était impatient mais surtout inquiet, cela se sentait. Le regard fuyant de son coéquipier finit de convaincre Duo de la nécessité de son aide. Le physique ne suffirait sans doute pas, il allait falloir faire parler Heero et ce serait une autre paire de manches. Il faudrait prendre son camarade en douceur, certainement le rassurer en lui certifiant qu'il ne parlerait pas, et surtout qu'il ne lui ferait aucun mal.
« Une dernière question, pourquoi on t'a fait ça ? »
« Erreur en mission. » Répondit Heero pour se débarrasser enfin du natté. Duo ne pouvait pas rester de toute façon, il ne devait pas rester. La situation actuelle était déjà terrible en l'état, sans doute encore plus humiliante que ce qui était arrivé plus tôt dans la soirée. Le pilote du Wing Zero en venait à craindre de ne plus tenir le coup si la confrontation continuait à durer.
« Une erreur ? Mais tu as tout fait parfaitement ! C'est plutôt moi qui ai eu des ennuis. » Fit remarquer Duo écartant un bras comme pour repousser cette justification idiote à ses yeux et surtout hautement improbable.
Heero éluda la question implicite et interrogea Duo à brûle pourpoint :
« Tu me laisses maintenant ? »
Il fatiguait cela se voyait à la légère crispation de ses mains sur la chemise. C'était d'ailleurs déjà un miracle qu'il tienne encore debout selon le pilote du Deathscythe.
« Non. Tu ne vas pas pouvoir t'en sortir seul, je vais t'aider. » Essaya d'imposer le natté avec bienveillance.
« Non. » Dit Yuy avec un mouvement de recul et commençant à regretter d'avoir parlé.
Duo soupira.
« Je ne vais pas te faire de mal. Juste t'aider à te laver comme tu souffres avec ton dos. Puis voir ce qu'on a, il doit bien y avoir de la pommade et des antidouleurs… » Tenta-t-il de rassurer.
« J'ai dit non. » Répéta le brun en serrant encore plus le tissu blanc entre ses mains. Manquerait plus qu'il voit le reste…
« Je ne vais pas mâter, ni te toucher outre mesure, Heero. » Réessaya le châtain.
A ce moment Heero lui faisait un peu penser un enfant ou un animal sauvage blessé, le regard fuyant et concentré. Il était stressé et cela se voyait beaucoup. C'en était inquiétant, le brun se maîtrisant mieux ordinairement.
Heero rosit légèrement. Malgré sa tenue… disons… dégarnie, lors des missions, mais néanmoins imposée par le Docteur J depuis son plus jeune âge, il n'en était pas moins pudique pour ce qui était caché. A ne pas avoir le choix et à être trop exposé ça donnait des réflexes.
« Non. » Refusa-t-il d'un ton qu'il voulait ferme, sans appel.
« Comment tu vas faire alors, pour ne pas souffrir le martyre ? » Questionna le pilote du Deathscythe Hell. Si retirer une chemise lui faisait mal au dos, qu'en serait-il s'il essayait de se laver ?
Le brun haussa les épaules signifiant qu'il s'en fichait presque. Après tout, depuis qu'il l'avait renfilé, il ne rêvait que d'une chose : enfin enlever ce pantalon qui bien que censé être large le collait bien trop à son goût. Alors souffrir lors d'une douche ? Non, au contraire. Ça avait plus de chance de lui faire du bien.
« Pourquoi ? » Céda finalement Maxwell.
« Quoi… ? » S'enquit Yuy en fronçant de nouveau les sourcils. Il commençait à peiner à suivre la conversation.
Mais que fallait-il donc faire pour que Duo le laisse seul ? C'en était désespérant. Heero avala difficilement sa salive.
« Pourquoi refuser mon aide ? » Répéta patiemment Duo.
Les épaules basses et le regard abattu, son compagnon avait réellement l'air désolé de ne pouvoir rien faire. Cependant, le brun avait appris à ne pas se fier aux apparences. Chacun d'eux avait ses talents et était totalement capable d'infiltrer et donc de jouer la comédie. Sauf que Duo n'était pas un menteur.
« Non nécessaire. » Répliqua-t-il aussitôt en continuant à fixer le châtain à la recherche d'un détail qui lui prouverait qu'il n'était pas sincère et jouait un rôle.
« Mais oui. C'est pour ça que tu frissonnes. » Remarqua Duo en tendant le bras vers le jeune homme pour qu'il constate par lui-même son tremblement incessant depuis quelques minutes.
Heero baissa rapidement le regard et, l'air agacé, il reprit immédiatement le contrôle qu'il avait perdu à son insu. Décidément, ce n'était vraiment pas sa soirée. Et il commençait réellement à porter un regard critique et désabusé sur ses erreurs de calcul et son manque de contrôle.
« Qu'est-ce que tu essayes de cacher ? Tu as été honnête jusqu'à présent. Pourquoi ne pas me parler ? Ça pourrait te soulager. » Offrit Duo, pleinement conscient du fait qu'il allait devoir être encore plus patient et complaisant qu'il ne l'avait pensé s'il voulait tirer quelque chose de son coéquipier.
Le pilote du Wing Zero détourna la tête, regrettant ses aveux.
« Si c'est uniquement par pudeur tu peux garder ton sous-vêtement, mais il faut que tu te douches et fasses quelque chose pour ton dos… Tu te sentiras mieux après. » Hasarda encore Duo, se voulant rassurant.
« Non. » Dit Heero en tentant de son mieux de retenir un fard.
Duo se retint de soupirer, et, du tac au tac, commença à lister ce qui aurait pu engendrer un « non ».
« Non quoi ? Ce n'est pas par pudeur ? Tu ne peux pas garder ton sous-vêtement ? Tu ne veux plus te doucher ? Pire te soigner ? Ou non ça n'ira pas mieux ? » Détailla-t-il, égrainant un doigt dans sa main par proposition qu'il faisait pour ne rien oublier.
Devant le silence de son camarade Duo reprit l'air suppliant.
« Heero, s'il te plaît… »
« Deux, quatre, cinq… » Marmonna alors le jeune homme, le regard fixé sur les mains de son vis à vis. Dès que les paroles eurent franchi ses lèvres, il se sentit stupide d'avoir répondu ainsi. Comme si le meilleur compromis avait été de sortir des réponses véridiques de façon indirecte.
« Pardon ? » S'étonna le second pilote à l'entente de numéros. Quoique… En voyant que ses mains étaient le centre de l'attention d'Heero, il comprit. Il avait dû compter au fur et à mesure.
Duo réfléchit sérieusement, l'air soucieux, à la réponse du brun et l'ordre de ses propositions. Mais qu'est-ce qui avait bien pu lui traverser l'esprit ?
« Heero, je ne me moquerai pas de toi selon le type de sous-vêtement que tu portes ou la couleur, je m'en contrefous ! Je croyais qu'on avait dépassé ce stade et que tu me faisais plus confiance que ça. » Exposa-t-il en fin de compte ne trouvant rien de particulièrement dérangeant dans ses paroles précédentes.
Heero serra les lèvres, ne sachant plus comment se dépêtrer de cette histoire. Finalement, réunissant une fois de plus son courage à deux mains, il reprit calmement. Duo avait l'air sincère, autant tenter de le rassurer.
« Laisse tomber, Duo. C'est …gentil, mais je vais m'en sortir. Ce ne sera pas la première fois… Et puis j'ai connu bien pire. » Rajouta-t-il pour se convaincre lui-même.
« Ce n'est pas parce que tu as vécu pire que c'est acceptable ou que je ne dois pas compatir »
« Je ne veux pas de ta pitié. » Rejeta d'emblée le brun, prêt à se braquer.
La pitié de ses coéquipiers était bien la dernière chose dont il avait besoin. Il n'avait pas besoin d'être protégé et surveillé parce que jugé faible.
« Pitié ? Qui a dit que tu faisais pitié ? Là, je t'admire, si tu veux savoir. Je ne pense pas que j'aurais ton courage ou ta résistance à la douleur. Alors non, tu ne mérites pas de pitié, et tu as toute ma sympathie. » Expliqua gentiment, presque tendrement, le jeune homme à la natte.
« Il n'y a rien d'admirable. Laisse-moi. » Implora presque Yuy en détournant son regard du mur vers le carrelage de la salle de bain.
Sans connaître Duo, il aurait pris le dernier commentaire pour un mensonge hypocrite ou une moquerie. Mais le pire, c'est que le pilote devait sans doute penser ce qu'il venait de lui dire. Et c'était d'autant plus pénible d'entendre de telles paroles quand Heero se faisait à lui-même l'effet d'un faible et d'un imbécile incapable de gérer la situation présente.
« Ton courage, tu n'as pas cillé pendant tout le trajet et pourtant tu devais dérouiller. Ta volonté, tu fais le maximum au combat. Ton entêtement, tu es des plus casse-pieds à refuser mon aide. Mais là ça n'est plus une qualité, tu mets ta santé en danger. » Affirma son coéquipier d'un ton posé.
« Non. » Réfuta malgré tout le pilote de Wing qui n'avait pour le coup pas vraiment écouté la dernière tirade, trop occupé à se morigéner.
« D'accord, je te lâche pour l'instant. Si tu as besoin de quelque chose tu appelles, ok ? » Dit fermement Duo ne voulant pas que qu'Heero l'oublie pour autant. S'il avait besoin d'aide – et il en aurait certainement besoin – il vaudrait mieux qu'il appelle plutôt qu'il ne se fasse encore plus mal.
Heero soupira imperceptiblement, soulagé du dénouement qu'il n'attendait plus en voyant le pilote du Deathscythe sortir avec la brosse attrapée d'un geste sûr et repousser la porte. Restait à se déshabiller, passer sous l'eau fraîche, et enfin, attendre que Duo s'endorme avant de se coucher lui-même.
Après avoir attendu quelques secondes, le temps de laisser s'échapper une petite partie de la tension qui l'habitait, il retira de nouveau la chemise. Ensuite il déboutonna difficilement le pantalon avant de le laisser glisser au sol, puis leva une jambe puis l'autre tout en serrant les dents. Ok, il avait vécu pire, mais n'avait pas à bouger autant par la suite. Un certain assistant du Docteur J avait pris la 'mauvaise' habitude de le soigner dans ces cas-là, et l'avait quelque part trop gâté.
Duo, lui, était resté derrière la porte, presque collé contre, guettant le moment pour intervenir tout en refaisant rapidement sa natte. Heero ne tiendrait pas. Il rêvait en espérant pouvoir se passer d'aide. Soudain, un bruit sourd suivi d'un gémissement à peine retenu se fit entendre, le châtain pénétra sans hésiter dans la pièce pour voler au secours de son camarade. Là, il tomba sur quelque chose qu'il n'avait jamais imaginé.