Bienvenue sur cette nouvelle histoire.
Je m'essaye à un nouveau fandom dont j'avoue, je ne connais que bien peu de choses, avec une petite histoire qui représente assez bien mon éthique personnelle de la fanfiction.
Explorer une période inexploitée de l'histoire qui m'intéresse, avec comme toujours, le respect le plus grand possible des personnages et de l'univers.
Plus particulièrement, le passage entre un Byakuya jeune et prêt à s'emporter pour un oui, pour un non, plein de respect et d'admiration pour son grand-père à celui d'un Byakuya orphelin, austère et sombre, chef du Clan Kuchiki.
Une période noire dans la vie du Sereitei qui m'a inspirée.
Mais qui ne sera pas dénuée d'aventures, de suspense et même d'une dose d'humour,
Bonne lecture à tous.
Prologue
La vie est faite d'illusions. Parmi ces illusions, certaines réussissent.
Ce sont elles qui constituent la réalité
Jacques Audiberti
Il existe trois façons de devenir Capitaine…
Supervisant d'un œil attentif les exercices des nouvelles recrues de la division treize, Byakuya se remémore lentement le nom des jeunes shinigami qui s'escriment à faire bonne figure devant leur nouveau troisième siège. Son grand-père lui-même l'avait recommandé au capitaine Ukitake à la sortie de l'académie et il avait rapidement gravi les échelons de la treizième division jusqu'au rang de troisième siège. Et pour la première fois de sa vie, il avait rencontré un homme digne de sa confiance et de ses capacités de combattants. Le capitaine Ukitake, malgré sa fragilité apparente, est un homme puissant et un capitaine qui bien malgré lui attire la plus grande des loyautés et le besoin de toujours se dépasser pour mériter un regard, une petite de ses attentions dont il gratifie tous ses subordonnées avec un naturel désarmant.
Le genre de Capitaine qu'il souhaite servir.
Le genre de Capitaine qu'il souhaite un jour devenir.
Il n'avait adressé que quelques mots à ses nouvelles recrues avant leur premier entraînement au sein de la division treize mais force est de constater qu'ils avaient eu leur petit effet. Sur lui aussi d'ailleurs car la simple idée de devoir faire son premier rapport en tant que troisième siège de la division le rend un peu nerveux.
Tout devait être parfait.
Laissant d'un léger hochement de tête le terrain d'entraînement, il se dirige d'un pas qu'il aurait aimé plus lent et digne vers le bureau du Capitaine. Il a presque l'impression de sentir les yeux sombres de son grand-père sur son épaule et ce qu'il attend de lui en tant que membre de la famille Kuchiki. Il sait que ses réactions parfois trop vives et spontanées rentraient bien peu dans le moule de la si prestigieuse Famille Kuchiki. Il se demande si un jour il pourrait avoir ne serait-ce qu'une once de l'aura si royale de son grand-père. Probablement jamais, Ginrei Kuchuki seul sait vous remettre à votre place d'un simple haussement d'épaule ou vous exprimer sa satisfaction d'un discret sourire au coin des lèvres quand il pense que personne ne pouvait le voir.
Et avant de rencontrer le capitaine Ukitake, il ne pensait pas pouvoir rencontrer un jour une personne qui lui inspire autant de respect et d'admiration. Son grand-père l'avait personnellement recommandé au Capitaine car il ne voulait pas qu'il bénéficie du moindre avantage en intégrant sa propre division, qu'il fasse ses propres armes dans la division treize. Byakuya lui en était reconnaissant car lui plus que quiconque savait qu'intégrer la division de son grand-père ne lui aurait apporté aucun passe-droit bien au contraire et que chacun de ses accomplissement aurait été soumis à controverse.
C'est mieux ainsi, pense-t-il. Et à cet instant, il sait qu'il essaye de se convaincre tout autant de repousser ce sentiment absurde d'abandon qu'il avait ressenti quand son grand-père lui avait expliqué pourquoi il ne ferait pas partie de sa propre division. Sa raison lui criait que c'était la meilleure des solutions. Cependant il aurait vraiment aimé se retrouver sous les ordres de son grand-père pour lui prouver de quoi il était capable et lui montrer qu'il était digne de porter le nom de Kuchiki.
Une fois devant la porte du Capitaine, Kuchiki fait un léger mouvement de la tête, libérant ses pensées encombrées pour se ramener au présent et toque respectueusement à la porte.
A peine après avoir fait un pas dans la petite pièce claire et lumineuse et il sait que quelque chose lui échappe. Le Capitaine Ukitake dont le visage a perdu son éternel air insouciant pour prendre le masque d'un sérieux inquiétant. Une femme se tient face à lui, les cheveux défaits longs et noirs s'éparpillant dans son dos comme des serpents de nuit, son zanpakuto à nu et souillé au côté, son haori marqué du sceau de la lune et du soleil déchiré de toute part. Un instant, le jeune Kuchiki se sent terrassé par un reiatsu aussi sombre que puissant et par ce sentiment étouffant qu'une tragédie sur laquelle il n'a aucune prise se joue sous ses yeux.
Une panique sans nom le paralyse lorsqu'il se rend compte qu'il connait la femme qui se tient devant lui, le Lieutenant Tsukiyo, le bras droit de son grand-père dans la division six.
- Byakuya, assis-toi, demande Ukitake dans un souffle, nous devons te parler.
Le cœur de Byakuya se serre dans sa poitrine. Avant même que les mots ne soient prononcés, il sait.
- Grand-père…
Incapable de faire un pas ou même de prendre place sur la chaise qu'on lui a tendu, Byakuya reste debout, immobile.
- Assis-toi Kuchiki, dit froidement la femme.
Le ton ne souffre aucune réplique et dans un mouvement raide, il tire la chaise à lui. Comme au ralenti, au plus sombre d'un mauvais rêve, il voit la lame brisée de son grand-père au côté de la femme. D'un geste désinvolte, elle pose l'enseigne de lieutenant sur le bureau et le choc du bois contre le bois emplit la pièce d'un claquement noir.
- Je suis le nouveau Capitaine de la division six et tu seras mon lieutenant Kuchiki, déclare-t-elle d'un ton neutre.
Nouveau Capitaine… Les mots, il les a bien entendu mais il ne peut pas encore les comprendre. Tout son être les refuse, ce qu'ils impliquent. Et le monde un instant perd ses couleurs et se broie dans un maelström criard.
Il aurait pu tomber s'il n'était pas déjà assis.
Nouveau Capitaine…
Byakuya fixe la lame brisée sans un mot. Alors que sa réalité s'écroule, il voit comme dans un rêve son Capitaine former des mots et se lever en laissant exprimer une colère face à la femme qui reste assise.
- Comment ?
Son seul mot brise la scène qui reprend brutalement ses couleurs.
- Le Capitaine Ginrei Kuchiki est mort, énonce la femme comme si elle parlait d'un fait insignifiant.
Tremblant de tous ses membres, Byakuya baisse la tête pour tenter de contrôler son cœur qui s'emballe et les larmes qui menacent de trouver leur chemin.
- …de ma main.
Juste trois mots. Et tout change. Peine en Haine. Douleur en Colère. Elle domine tout.
Vengeance, Vengeance, VENGEANCE !
Ce sentiment teinté du rouge le plus sombre, le plus violent qu'il ait jamais ressenti qui balaye tout explose dans le petit bureau qui peine à le contenir.
Sans réfléchir, il empoigne Senbonzakura et frappe de toute sa force sans retenue ni mesure. Il frappe, encore et encore.
En vain.
Dans sa rage, il oublie de voir. Dans sa colère, il se perd. Et la vérité lui explose au visage quand il se retrouve à terre, renversé comme une poupée de chiffon sous la lame claire de cette femme.
- Trop impulsif gamin. Tu es à mille ans de pouvoir me tenir tête, dit-elle en plaquant la plaque de lieutenant. La proposition tient toujours, dit-elle avant de sortir.
Haletant, Byakuya se remet difficilement debout. Impulsif ? Son grand-père lui disait souvent qu'il s'emportait trop facilement. Qu'il pourrait tout accomplir si seulement il apprenait à se contenir.
Tout accomplir… Et pour la première fois de sa vie, il a un but.
Reprenant son calme, il agrippe l'insigne de lieutenant.
La mesure et la patience, il allait apprendre.
Les points forts et les faiblesses de son nouveau Capitaine, il allait apprendre.
Cela prendrait le temps qu'il faudrait mais il l'aurait.
En tant que membre de la famille Kuchiki. En tant que shinigami. En tant que petit-fils.
Il aurait sa Vengeance.
