Je n'abandonne pas « Agence Cœur Fragile », mais j'avais cette histoire en tête depuis un moment déjà, alors je l'ai écrite…
Avertissement : Les personnages appartiennent à SM, mais j'avoue ressentir un véritable plaisir coupable de pouvoir les emprunter !
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Prologue
La pluie, cinglante maintenant avec le vent, de plus en plus violent, me brouillait la vue. Je fis un pas en arrière, m'enfonçant dans la boue.
« Je m'en doutais, tu n'es qu'une grande gueule ! » Les mains croisées sur sa poitrine, le sourire ironique, James me toisait. Ses copains derrière renchérirent.
Je me retournai vers la seule fille, et mon unique amie Nessie, qui avait bien voulu m'accompagner. Avec un regard suppliant, elle secouait frénétiquement la tête.
Je pris une grande inspiration et regardai en contrebas. Le fracas des vagues s'écrasant avec une rare violence contre la falaise était assourdissant. Combien de chance que je m'écrase comme une pastèque sur les innombrables rochers plutôt que de me noyer après m'être assommée en entrant dans la mer ?
« Alors tu te dégonfles ? » Si je renonce à ce défi la suite de mon retour à l'école deviendra un enfer. Allez Bella, tu l'as déjà fait ! Jamais sous un temps pareil, me rappela ma conscience.
« Allez Bella, prouve lui que nous n'avons pas peur des défis, même s'ils sont idiots ! »
La voix de Jacob m'aida à me reprendre. J'allais lui faire avaler ses conneries à Monsieur Orgueil mal placé. Quel mal y-a-t'il à porter une robe ?
« Donne le départ ! » lui intimai-je. J'ignorai les supplications de Ness.
« Ok ! » cria Jacob pour couvrir le bruit de la tempête, « Bella, James à vos marques ! »
Ne regarde pas en bas ! Surtout, ne regarde pas en bas…
« Partez ! »
Je m'élançai dans le vide en fermant les yeux, sous les acclamations des autres.
Après me semble-t-il une éternité j'entrai en contact avec l'eau glaciale. Le choc brutal m'étourdit et j'avalai une énorme gorgée d'eau lorsqu'une vague immense me prit de plein fouet. Je m'enfonçai dans le noir. Je luttai pour revenir à la surface, mais je n'étais qu'une brindille dans la masse liquide furieuse qui s'agitait autour de moi.
Je me demandai vaguement comment s'en sortait James.
Maintenant, mes bras pesaient des tonnes et n'arrivaient plus à me porter. Je toussai, je crachai et regardai frénétiquement autour de moi, mais j'étais cernée par les ténèbres. Bientôt, mes gestes se firent moins frénétiques.
C'est idiot de mourir à douze ans pour avoir participé à Action-Vérité avec un abruti !
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Chapitre 1
« Comment çà, je n'ai pas le choix ! » Sifflai-je.
Le petit bonhomme, caché derrière son bureau pour se donner un air important, leva la main pour parer à ma colère. « Ce sont les dernières volontés de vos parents ! Moi je ne suis que l'homme de loi chargé de l'exécution testamentaire !» m'assura-t-il, en tentant de prendre un ton professionnel.
« Renée ne m'aurait jamais envoyée chez Charlie ! »
« Techniquement, il est écrit qu'il est juste chargé de veillez sur vous pendant un an, jusqu'à votre majorité ! »
« Jamais ! »
Malheureusement c'était sans compter sur l'improbable poussée tardive de parentisme de ce cher Charlie. Deux jours plus tard, il était dans ma chambre, accompagné de Sue. Je n'avais pas voulu les recevoir, ils s'étaient invités.
« Je suis désolée pour Renée et Phil, il nous manqueront aussi ! » Par habitude, je cherchai un sens caché sous les paroles de Sue. Mais à mon grand regret, je n'en trouvai aucun.
Je ne les avais pas vus depuis trois ans et visiblement il n'y avait pas que l'augmentation de fils blancs dans leurs cheveux ou dans la moustache de Charlie qui étaient différents, il y avait aussi la maîtrise par Sue de sa grande gueule.
« Ouais ! » répondis-je sèchement.
Sue et Charlie se regardèrent embarrassés et enfin ce dernier lança. « Nous t'avons préparé une chambre…»
« C'est bon les parents, » J'insistai lourdement sur le mot parents, « ont déjà pris des dispositions dans l'éventualité qu'ils…que quelque chose leur arrivent. » Je m'en voulais de ne pas avoir pu masquer l'émotion dans ma voix. « J'ai de quoi vivre confortablement jusqu'à la fin de vie, merci ! » Puéril je sais, j'étais consciente que Maître Jenks les avait mis au courant pour la clause de un an.
« Ton avocat nous a dit que tu ne disposeras de l'intégralité de ton héritage qu'à tes dix-huit ans ! » S'exclama Sue, je la fusillai du regard.
« Bella, tu es ma fille aussi…» plaida Charlie, en lançant un regard d'avertissement à Sue. Je poussai un soupir, qui ne l'empêcha pas de poursuivre. «… Je me disais,…Sue et moi, on espérait que tu avais réfléchi et que tu accepterais de finir ta dernière année de lycée avec nous. »
Intelligente sa tactique, me donner l'impression que j'avais le choix, alors qu'eux et moi étions conscients que j'avais les mains liées.
« J'ai déjà fait le nécessaire pour être émancipée à seize ans, vous l'avez oublié ! » Autant être claire, j'étais venue habiter avec Renée par choix, non parce qu'un hasard génétique avait fait d'elle ma mère biologique.
« Mais,…Juste le temps que la situation s'apaise ! »
« Ils sont sous terre, je ne vois pas ce qui peux avoir de plus calme ! » Ma voix était sans aucune émotion. Je savais faire cela désormais, pleurer intérieurement, j'avais largement eu le temps de m'exercer.
« Sue, tu peux nous laisser s'il te plaît ? » Sue regarda son époux avant de sortir de ma chambre.
« Tu as repris les compétitions ! » Constata-t-il en me montrant mes coupes. Ne se laissant pas décourager par mon mutisme, il commença à se déplacer dans ma chambre. Intérieurement j'avais envie de mordre, mais je restai tranquillement allonger sur mon lit, l'air nonchalant.
« Je suis conscient de ne pas avoir été là pour toi Bella, et je sais que tu estimes n'avoir plus rien à faire avec moi. Mais je te demande un an. Juste un an ! Il me montra mes livres. « Tu veux t'en sortir, je le sais maintenant ! Mais seule, et tu y arriveras peut-être, avec nous présent tu y arriveras certainement. »
On savait tout les deux qu'il parlait de mes démons. Des médocs.
Je ne vais pas faire l'hypocrite en disant que je ne voulais pas me sentir bien en ce moment. Mais, malgré que se soit dur, j'avais résisté à la solution de facilité. J'étais sobre depuis trois ans maintenant, je n'avais aucune intention de retomber en enfer.
« Juste un an Bella ! »
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Forks, Etat de Washington.
Un goût amer me remplit la bouche lorsque je passai devant le panneau à l'entrée de la ville. Le soleil de Phoenix était bien loin maintenant.
Charlie et son fils Seth, un garçon de trois ans plus jeune que moi, se précipitèrent à ma rencontre lorsque je garai mon pick-up à côté la voiture de police de Charlie.
La petite maison, dans laquelle j'allais passer les prochains mois de ma vie, semblait se perdre dans le brouillard épaix.
Mes conditions étaient que je leur versais une petite somme pour couvrir les charges. Devant la loi, j'étais une adulte, ils n'avaient pas à intervenir dans mes affaires. Je pouvais retourner chaque vacance à la maison de Phoenix, et je pouvais continuer mon entrainement et participer à certaines compétitions.
Après un accueil assez gauche de part et d'autres, ils s'emparèrent chacun d'un carton et se dirigèrent à l'intérieur. Je les suivis avec un soupir.
Sue et leur fille Leah, une brune d'environ mon âge se levèrent pour m'accueillir avec l'habituelle réserve à laquelle on était parvenu malgré notre animosité mutuelle.
« C'est par là ! » M'indiqua Charlie en montant les escaliers.
Ma chambre était située au fond du couloir et donnait sur la forêt environnante. Selon mes volontés, le strict nécessaire y était placé, un lit avec le matelas nu. Une armoire, une commode, une table, une chaise et une corbeille à papier. Et, je m'arrêtai net. Dans un coin la chaise à bascule de Renée. Charlie suivit mon regard.
« J'ai pensé que tu aurais voulu l'avoir ! » Je hochai la tête sans rien dire.
Après encore deux allez- retour, ils finirent par décharger l'ensemble des caisses.
« Ton vélo… »
« Je préfère le laisser sous la bâche de mon pick-up pour l'instant ! »
« Bien,… » Il n'y avait plus rien à dire. Il se gratta la gorge, gêné puis sortit de la chambre.
Commença alors pour moi la fastidieuse tâche de ranger. Cela m'allait très bien, pas d'effort de socialisation obligatoire et pénible à faire.
Je finis très tard et en pris prétexte pour ne pas manger avec eux.
Je regardai par la fenêtre, il faisait sombre et il y avait une légère bruine.
Une chose que j'adore faire, lorsqu'il fait nuit et humide, c'est courir.
Je m'éclipsai discrètement après avoir enfilé un jogging.
Après les premières minutes de souffrance, mes muscles s'adaptèrent et je ressentis ce sentiment de légèreté que maintenant seule la vitesse était en mesure de me procurer. Je me sentis aérienne mais n'arrivai pas à échapper à mes pensées. Le temps sombre correspondait idéalement à mon humeur intérieure.
La route forestière s'enfonçait de plus en plus dans la forêt et je m'y jetai afin de laisser derrière moi la petite maison et ses quatre occupants. Rapidement, j'eus la sensation enivrante d'être seule au monde.
Je revins épuisée et un peu plus légère qu'à mon départ. En débouchant des bois, j'eus l'impression d'être observée. Je m'arrêtai et inspectai autour de moi. Rien.
Je continuai vers la maison et entrai le plus discrètement possible, toujours avec cette désagréable sensation d'yeux fixés sur moi.
Charlie était devant un match. Les autres n'étaient pas visibles.
« Tu veux grignoter ? »
« C'est bon j'ai ce qu'il faut ! » Il sembla chercher une réponse adéquate, mais comme il ne rajouta rien, j'en conclus qu'il ne l'avait pas trouvée. Alors je m'éloignai.
Après avoir mangé le repas à emporter que j'avais pris soin de prendre en route, je pris ma trousse de toilette pour me rendre dans la salle de bain commune. Je frissonnai de dégoût, comme si vivre avec eux n'était pas suffisant, il fallait en plus que je fasse ma toilette dans leur salle de bain.
J'envoyai un mot à l'équipe et au coach. Il avait fait une déclaration officielle pour expliquer mon absence à certaines des grandes manifestations de l'année à venir. Mais j'avais promis de me tenir au top et de ne pas les laisser tomber quand ils auraient besoin d'un remplaçant.
Un an. C'est quoi un an ? Rien. Car malgré ses promesses, la vie n'apporte jamais rien. Ouais, rien d'autre que le vide et la mort.
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« Tu verras s'est facile à trouver. De plus les enfants t'aideront ! » J'inclinais la tête et grimpai dans mon véhicule.
Leah et Seth entrèrent avec elle et d'après leur visage ils en pensaient tout autant que moi de ces courses entre « frère et sœur » de ce soir.
Intérieurement j'étais furieuse. Premier jour et je devais faire les courses. Ce n'est pas cela réellement le problème, tant qu'on ne vient pas me chercher des noises ! Mais c'était surtout que je devais récupérer les deux autres après les cours parce que Sue et Charlie seraient coincés.
Je me garai sur la première place de parking que je trouvai. Mais les élèves étaient partout. Est-ce que ceux qui m'ont connue se souviennent encore de moi cinq ans plus tard ?
Je levai la tête et rencontrai certains regards qui me scrutaient. Yep, ils se souviennent !
Allons-y c'est parti ! L'enfant terrible, la droguée est de retour !
Je durcis mon regard et carrai mes épaules pour affronter ceux qui sont persuadée que parce qu'ils pouvaient dormir l'esprit tranquille, ils avaient le pouvoir de porter un jugement sur leurs semblables.
Après avoir récupéré mon emploi du temps, je me dirigeai vers ma première heure de cours en pestant de devoir me pointer en retard.
Comme toujours lorsque j'étais gênée j'affichai mon masque 'tu-me-causes-là ?', et le prof, un petit chauve ne désirant pas se coltiner la faiseuse d'emmerdes si tôt le matin, éclaircit sa gorge et se contenta de me désigner une chaise à côté d'un gars à l'air timide, qui s'enfonça dans sa chaise quand je lâchai mon sac sur la table.
Ma devise est 'autant prévenir que guérir', aussi je préfère faire comprendre tout de suite que si on me cherche on me trouve.
Le cours d'espagnol reprit comme si rien ne s'était passé. Les élèves qui m'avaient dévisagée avidement quand j'étais rentrée retournèrent à leur cours. Toutefois, certains ne pouvaient s'empêcher de temps à autre de me jeter des coups d'œil à la dérobée.
Difficile d'être discret et de regarder quelqu'un placé complètement au fond d'une classe !
Dès que le cours pris fin, je bondis hors de la classe. Malheureusement, une fille brune, à la peau incroyablement blanche, petite avec les cheveux dans tous les sens et sans doute très belle, si on est sensible aux filles, me sauta presque dessus.
« Alors t'es la nouvelle, Isabella c'est çà ? Moi c'est Alice, Alice Brandon ! » Vu que mon air qui aurait refroidi le pôle Nord ne lui faisait aucun effet, je tentai une autre approche. Le silence. Mais, est-ce que si je me taisais, elle me lâcherait ? Qu'est-ce qu'elle me voulait, pouvoir se vanter ensuite auprès de ses copines d'avoir côtoyé la malade ?
Rien à faire, elle ignora mon mutisme et poursuivit. « Je t'ai vue au triathlon de Phoenix, impressionnant ! Tu vas faire comment pour continuer la compétition… »
« Alice…C'est çà ? Ecoute, là j'ai cours… »
« Je sais tu as anglais comme moi, tu pourras t'asseoir à côté de moi… » Incroyable cette fille est immunisée contre mon bouclier !
Son bavardage continua et je compris qu'il était plus sage de laisser courir. « Je vais te faire rencontrer les autres, tu vas voir on va devenir amies ! »
Je soupirai et m'arrêtai. Elle cessa enfin de parler et me regarda curieusement.
« Ecoute Alice, tu paraît être une gentille fille mais ce plan copines c'est pas trop mon trip… »
« Oh, mais ne t'inquiètes pas Isabella… »
« Bella ! » Il n'y avait que Charlie qui m'appelait Isabella et je détestais çà !
Elle me fit un grand sourire. « Bella, comme j'étais entrain de le dire, je suis dans l'équipe d'athlétisme et suis rédactrice en chef du magazine du lycée et j'espérais vraiment pouvoir compter sur toi…Ah, on y est ! »
Quoique l'idée, à priori, de ce petit bout fille faisant du sport, habillée et pouponnée avec un tel soin, me paraissait assez improbable, je dû admettre que le sport semblait une nécessité à son trop plein d'énergie.
Elle se dirigea à une table et ne sachant trop pourquoi, je la suivis.
Finalement au bout du deuxième cours en sa compagnie, je finis par me rendre compte de deux points bénéfiques pour moi ; un, personne ne s'approchait de moi, la petite boule d'énergie avait la plume acérée, d'après ce que j'entendis malgré moi de certaines conversations; deux, elle était sérieuse et en cours elle s'immergeait complètement.
Pour ne rien gâcher, elle avait compris qu'il ne servait à rien de me poser des questions et cela ne la gênait absolument pas de tenir le crachoir.
En fait, je la vis perdre contenance une seule fois, et son visage, déjà pâle, devint craie.
Elle me regarda bizarrement, puis se retourna vers deux garçons, aux traits parfaits et tout aussi pâle qu'elle. L'un était un grand musclé au visage sympa qui me dévisagea avec l'air de se dire 'où je l'ai déjà vue celle-là', et lança un « salut Alice ! », l'autre un grand blond, moins baraqué mais musclé également qui lui fit une bise. Un échange, que je ne saisis pas, se déroula entre eux. Puis ils s'éloignèrent, non sans m'avoir jeté un dernier regard.
Me voyant l'observer, elle sourit légèrement, mais ses yeux brun doré,…Tiens, elle avait les mêmes yeux que les deux autres. D'ailleurs, ses yeux me rappelait étrangement d'autres yeux dorés émergeant de l'eau noire…Je me crispai, je ne voulais pas revenir à mes cauchemars. Alors je me concentrai sur ce qu'elle racontait.
« Jasper Withlock et Emmett mon frère, c'est le baraqué. Ils avaient oubliés de m'avertir d'une chose importante, maintenant c'est fait…Tu sais que dans le prochain numéro de « Vive le Lycée ! » il y aura un article…» Et ce fut reparti.
Enfin, l'heure du déjeuner.
Je me débarrassai d'Alice en m'excusant pour aller aux toilettes, sachant qu'elle voulait m'intégrer à sa bande. Aucune envie d'être obligée de discuter avec des gens avec que je ne connaissais pas.
Je pris mon pick-up, me trouvai un coin tranquille en bordure de la forêt. J'ouvris la portière et sortis.
Quelques minutes plus tard un gros 4X4 se gara derrière moi.
Surprise je vis apparaître le Emmett suivi de très près par Jasper. Je fronçai les sourcils.
« Tout va bien ? »
« Pourquoi ça n'irai pas ? »
Ils se regardèrent légèrement embarrassés.
« Tu étais bien la fille avec Alice ? » C'était plus une constatation qu'une question. Voyant que je ne disais toujours rien, Emmett se gratta la tête alors que Jasper restait en retrait, mais me regardait avec curiosité.
« Qu'est-ce qui se passe ? » La voix était d'un magnifique velours, envoûtante. L'auteur était aussi beau, si ce n'est plus, que les autres. Il avait les cheveux d'une remarquable couleur cuivrée, en bataille, les yeux doré perçant dans un visage aux traits parfaits.
Mais quand l'incroyable beau mec me vit, son visage se durcit et il fit presque une grimace de dégoût.
Les deux autres réagirent avec une rapidité qui me surprit, ils se mirent entre nous deux, puis le baraqué le tira par le bras, comme s'il avait peur qu'il m'agresse.
Une douleur se réveilla au fond de mon ventre. J'en tremblai. Les larmes menaçaient. J'étais pourtant habituée à ce qu'on me méprise, mais ce sentiment de la part de ce garçon magnifique, m'était incroyablement intolérable.
Alors, tranquillement je me détournai d'eux, montai dans mon véhicule, mis de la musique pour faire bien faire comprendre qu'ils pouvaient aller se faire voir et recommençai mon repas, avec l'impression de mâcher du carton.
J'attendis que la voiture s'éloigne avant d'éteindre la radio et de laisser mes larmes couler.
C'est idiot, je m'étais dit qu'il était peu probable que je cède. Que quelles que soient les attitudes hostiles auxquelles je serais surement obligée de faire face, je saurais me maîtriser. Et d'un seul regard, ce magnifique inconnu avait réussi à me bouleverser.
Quand je retournai au lycée, j'eus la désagréable surprise de voir Alice m'attendre avec une grande blonde. Elle présentait le même air de famille c'est-à-dire peau blanche, traits parfaits, non chez elle c'était la perfection, et yeux dorés. La mannequin me regarda avec un air de dégoût.
Je suis familiarisée avec ce genre de comportement maintenant, alors je regardai la bimbo avec un sourire menaçant et elle finit par tourner la tête.
Alice m'examina attentivement.
« Quoi ! » Aboyai-je finalement fatiguée par son examen.
« Rien…Tu vas bien, Emmett m'a appelée pour dire qu'il t'avait vue garée… »
« J'avais besoin d'air ! » Puis je commençai à me diriger vers mon prochain cours.
« Bella ! » Je me retournai agacée « Ecoute je sais…Je m'en fous de ce que les gens disent, si tu as besoin de quoi que se soit voici mon numéro ! » j'en fus tellement surprise que je pris malgré moi le bout de papier qu'elle me tendait. « Cet après midi, je n'ai aucun cours avec toi, mais Rosalie …» dit-elle en montrant Bimbo «… Est dans le cours de biologie avec toi ! »
Je hochai la tête puis continuai mon chemin. Dieu me préserve des bons samaritains !
Le professeur n'était pas arrivé et quasi toutes les tables étaient occupées.
« Il y a une place ici » lança un blond, en désignant la chaise à côté de lui. La fille aux cheveux longs blonds avec qui il était entrain de parler, Jessica me rappelai-je pour l'avoir entendue être appelée souvent depuis ce matin, me jeta un regard furieux lorsqu'elle me vit venir m'installer.
Je pris donc place à la table où le garçon blond visiblement suffisamment fier de son corps pour porter un léger t-shirt malgré le froid glacial, se tourna vers moi avec un sourire ultra-blanc. « Isabella… »
« Bella » corrigeai-je malgré moi.
Il crut à une ouverture. « Bella, je suis Mike Newton, le capitaine de l'équipe de football » dit-il en croisant et décroisant les mains pour faire jouer ses muscles « Tu sais ici on aime la paix… Mais tu parais intelligente comme fille, et si tu ne cherche pas de… »
Je me penchai, me saisis de ses boules et serrai. Il tomba tête la première sur la table en grimaçant de douleur.
Je me penchai pour lui susurrer à l'oreille « Ecoute-moi bien, si tu me fous la paix, je te fous la paix…si jamais tu me refais encore des menaces, je m'arrange pour que tu ne puisses plus avoir de descendance. Suis-je claire ? » Il ne répondit pas, alors je serrai plus fort et il secoua frénétiquement la tête. Je le relâchai.
Un silence de mort s'était installé pendant toute l'altercation. Mike semblait ne plus pouvoir se lever. La Jessica se précipita affolée et me lança un regard méchant qui se transforma en frayeur lorsque je me levai légèrement avec un air mauvais.
Le prof arriva à ce moment là et s'arrêta surpris par le silence.
« Mike ne se sent pas bien monsieur ! » Lança la Jessica d'une voix affolé.
« Ah, bon ? Bien accompagnez le à l'infirmerie alors. » Jessica aida Mike à se mettre debout et ils sortirent.
Je croisai le regard enragé de Bimbo. Je le lui rendis et, comme la première fois, elle céda et regarda ailleurs.
Bon, normalement l'étape numéro un, abattre le meneur, était terminée. Si tout se passe bien comme prévu, les autres abrutis s'en contenteront pour garder leurs distances aussi.
Les autres cours se passèrent dans un calme assez relatif. La bimbo garda une saine distance. Les murmures étouffés s'arrêtaient net quand je m'approchais et les regards se fixaient ailleurs. Absolument l'idéal pour moi.
On termina par le cours de gym.
Vitesse sur cent mètres avec un tour du terrain pour l'échauffement.
Je ne me forçai absolument pas mais arrivai première, même devant les garçons. Normal, mais le regard d'abord assez étonné du prof devint soupçonneux. Il avait l'air de plus en plus préoccupé, en constatant mes temps en vitesse.
Finalement il m'appela.
« Ecoutez Mlle Swan…Je n'ai pas l'intention d'en parlez à votre père, bien sûr…C'est vraiment un brave type…Mais sachez que si vous voulez assister à mon cours je préfèrerais que vous vous absteniez de prendre des substances… » Mon poing s'était déjà fermé et allait prendre la direction de son nez quand Alice se pointa de nulle part.
« Mr Brons, je suis certain que vous avez entendu parler d'Isabella Dwyer, la championne de triathlon ? »
« Bien sur… » Un éclair de compréhension sembla traverser son visage. « Isabella…Bien sûr Renée Dwyer…Bien, je suppose que…C'est bien,…Oui c'est… ! » Il passa la main dans les cheveux, incertain. Je sus à cet instant qu'il fallait me faire excuser pour le reste de l'année.
« Je ne me sens pas bien, je peux y aller ! »
« Oui, oui ! Bien sûr » dit-il soulagé.
Alice ne me lâcha pas. « J'ai entendu pour Mike, je suis désolée… »
« C'est ok, pas de stress ! »
« Bon, j'y retourne ! Si t'as besoin n'hésites pas, hein ! »
« Alice ? » Elle se retourna surprise « Vous avez dans le coin une autre piscine que celle de l'école ? »
Elle secoua la tête.
« Ok,…Merci ! »
Elle me fit un sourire éclatant. Je levai la main en guise de salut et me dirigeai vers les vestiaires.
Après les cours, je récupérai Leah et Seth. Notre promiscuité dans la cabine n'arrangea pas la situation, et on se rendit dans un silence glacial vers le seul commerce du coin pour faire des courses. Cela fut vite fait et quand j'arrivai aux caisses je tombai sur le gros dur de Mike Newton. Qui me regarda avec inquiétude, en se demandant si j'allais le mordre. Je me contentai de lui tendre la somme exact.
On reprit le chemin de la maison de Charlie dans le même mutisme.
Je me précipitai dans ma chambre. Pris mon sac à dos avec mes affaires de natation et sortis.
Arrivée à l'immense étang, complètement désert, j'enfilai ma combinaison. Je m'échauffai avant de mettre mon chrono et d'essayer d'améliorer mon temps.
Une heure plus tard j'abandonnai. Mes performances étaient exécrables !
Je me changeai et comme le jour d'avant, j'eus l'impression de n'être pas seule. Cette fois je fis lentement le tour de mon véhicule pour essayez de distinguer dans le sous bois, mais sans aucun succès. Alors j'abandonnai et rentrai.
Le repas était déjà prêt et cette fois je ne pus échapper à la torture de dîner avec eux. Je tentai pourtant l'explication que je devais me tenir à une diète stricte, ce qui était vrai, mais Charlie insista.
Je mâchouillai la nourriture sans conviction, puis aidai à la vaisselle.
Après une douche très chaude, je m'écroulai épuisée dans mon lit, priant pour que cette nuit, enfin, je puisse dormir sans être hantée par mes cauchemars.
Hélas, je divaguai longtemps à propos d'un superbe masque blanc grimaçant aux yeux fait d'or liquide fondu me hurlant «Tueuse !», pendant que le hurlement d'un loup se faisait entendre, avant de réussir à glisser dans le sommeil.
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Le prochain chapitre sera d'Edward PV…
N'hésitez pas à vous manifestez !
