Fragment d'instant idiot

-Putain de merde de connerie de bordel, rugit Dean, ce qui résuma la situation.

Il était entouré d'une dizaine de vampires armés de haches à double lames très pointues. Et ils n'avaient pas l'air content.

-Putain, répéta Dean, ce qui n'était pas très utile.

L'un des vampires s'avança et leva sa hache. Dean le frappa au ventre et lui donna un coup de genoux avant de lui écraser la main pour prendre l'arme. Il savait pourtant qu'il avait peu de chances de s'en sortir. Personne ne savait qu'il était ici. Il était sensé retrouver un vampire vagabond, pas un nid entier. Sam était resté à l'hôtel pour faire des recherches sur Jessica Hopkins, une jeune femme qui avait disparu il y a une semaine et qui depuis avait laissé une trainée de corps vidés de leur sang qui les avaient amenés à cet immeuble abandonné. Mais Dean avait voulu trouver des indices de son côté sans en parler à Sam. Ce qui était exceptionnellement rare et potentiellement plus dangereux que quoi que ce soit d'autre.

Mais plus rien n'importait maintenant, ni la raison pour laquelle Dean avait voulu être seul, ni Jessica Hopkins, ni ce putain de miroir que Dean avait fracassé hier soir sous les yeux éberlués de Sam non, tout ce qui comptait c'était qu'il y avait une faille dans le cercle des vampires et que Dean en profita pour se frayer un chemin pour sortir de ce merdier.

Il se précipita dans les escaliers les plus proches et grimpa les marches quatre à quatre. Les vampires le poursuivaient en hurlants. Dean atteint le premier étage, continua jusqu'au deuxième, fracassa le crâne d'un des vampires qui l'avait rattrapé, ne s'arrêta qu'au quatrième, prit un couloir à gauche puis un autre à droite et finalement ouvrit une porte au hasard et se cacha dans un des appartements.

Puis il se rendit compte que son portable avait glissé de sa poche durant sa course.

-Et merde, jura-t-il tout en regardant autour de lui.

Il devait être minuit. Il n'y avait personne ni dans l'immeuble, ni dans les 15 kilomètres aux alentours. Il était complètement seul.

Enfin, presque.

Les vampires continuaient de brailler plus loin.

Dean se dit qu'il était temps de la jouer fine.

Il s'ouvrit les veines et arrosa les murs de son sang. Il en mit partout et le plus possible. Puis il arracha sa chemise et enveloppa son bras blessé et sortit de l'appartement.

Les vampires, attirés par la nouvelle odeur, se précipitèrent dans la direction de Dean. Il se glissa dans le couloir d'à côté et se plaqua contre le mur. Il pouvait entendre leurs pas dans les escaliers. Pendant un instant, il douta de la logique de son plan – la douleur qu'il ressentait le faisait trembler et les larmes qui ruisselaient sur ses joues l'empêcher de voir clairement- mais il était déjà trop tard.

Cinq vampires entrèrent dans l'appartement, trois arrivèrent en retard. Dean se jeta sur ceux-là et en décapita deux sur trois. L'effet de surprise, le meilleur effet lorsqu'on est mauvaise position.

Et Dean était en mauvaise position.

Le troisième vampire lui planta un couteau dans l'épaule et ouvrit sa gueule, prêt à dévorer le bras ensanglanté. Dean lui donna un coup de boule et lui trancha la gorge. Le mouvement de son épaule le fit hurler de douleur et il sentit un déchirement atroce. Mais il était dans une telle transe qu'il réussit à avancer, donner un coup de pied le corps maintenant sans vie et le bloquer contre la porte. De l'autre côté, le reste de la bande des joyeux suceurs de sang se déchainaient. Dean supposa que cela faisait des mois qu'ils n'avaient pas eu de sang frais et qu'ils étaient partagés entre l'idée de le dévorer, l'envie de venger leurs frères et la possibilité de lécher les murs.

La distraction. Deuxième meilleur effet lorsqu'on est en mauvaise position.

Dean savait qu'il ne lui restait pas beaucoup de temps, alors il tituba jusqu'à l'escalier et continua à monter. Lorsqu'il arriva tout en haut il ouvrit la porte de secours et alla sur le toit. Les étoiles brillaient et s'il avait eu le temps de les observer il aurait remarqué que Mars n'était pas si loin mais malheureusement, il n'en avait pas le temps.

Il s'effondra.

« Cas » appela-t-il faiblement.

Mais aucun ange ne vint à son secours.

« Qu'est-ce qu'il m'a prit ? » Pensa Dean, complètement sous le choc de la douleur.

Le temps n'existait plus. Il avait l'impression d'être la personne la plus seule au monde. Mais qu'est-ce qui lui arrivait, bordel ?

Les vampires débarquèrent sur le toit.

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-Tout va bien, Dean ? Demanda Sam pour la millionième fois.

-Pour la dernière fois, je pète la forme.

-Tu n'as pas regardé dans le soutif de cette serveuse qui te draguait. Tu n'a pas ris à ma blague sur le plat préféré des vampires, et pire que tout, tu n'as pas commandé de tarte.

-C'est tes critères de santé me concernant ?

-Si seulement tu pouvais me dire ce qui ne va pas…

Dean ignora Sam et jeta un regard autour de lui. Ce bar était trop bruyant à son goût. Un groupe de filles riaient en regardant dans leur direction et un groupe d'alcooliques fixaient le groupe de filles. Ca devait être la chaine alimentaire des tavernes, ou une connerie du genre.

-Dean…si il y a quoi que soit que je puisse faire…appeler Cas peut-être ? Vous réserver une chambre ? Suggéra Sam.

Dean eut un sourire. Sourire qui s'effaça dès la seconde où il s'aperçut que Sam était sérieux.

-Sammy, pour la dernière fois, je ne sais pas ce que tu t'imagines avec Cas et moi…

-Mais enfin Dean…

-Mais gardes ton imagination débauchée gay pour toi, coupa Dean avec mauvaise humeur.

Sam soupira et se pencha en arrière sur sa chaise.

-D'accord. Tu ne veux pas en parler ? On n'en parle pas. Mais s'il t'arrive quoi que ce soit, je te jure….

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Et Dean se rappela de la blague de Sam et se mit à se marrer.

-Je savais que ça arriverait un jour, dit une voix doucereuse, sexy et légèrement cassée. Que la folie finirait par vous rattraper, je savais que ça arriverait.

Dean ouvrit les yeux. Il s'était évanoui pendant un quart de seconde. Et il était apparemment entre deux feux. D'un côté des vampires assoiffés de sang alors qu'il se vidait de son liquide vital de l'autre, Crowley, roi des enfers, etc etc, qui n'avait rien à faire là.

-C'est notre proie, Crowley, gronda l'un des suceurs de sang. Laisse-le-nous.

-Fermez-là les moustiques. Je suis le roi des enfers, et seul moi décide de qui meurt et quand.

Crowley s'agenouilla près de Dean. Ce dernier s'était remis de son moment d'égarement. Il retrouvait son envie de vivre, de rire, de manger des tartes, de revoir Sammy et Cas, bref, il redevenait lui-même. Il analysa la situation et se dit qu'il était toujours dans la merde, mais qu'au moins, il était de nouveau d'attaque.

-Dean…Tu ne sais pas combien ça me ferait plaisir de te voir te faire déchiqueter là tout de suite…Mais je suis un peu déçu. La façon dont tu vas mourir, seul, à cause d'une affaire de minuscule envergure…C'est tellement minable par rapport à tout ce que tu as a pu accomplir…

Dean ravala sa salive. Crowley –cet enfoiré de première- avait raison, il était hors de question qu'il meure ainsi ! Le problème était qu'il perdait les pédales de temps en temps depuis un mois, et qu'il n'arrivait plus à se contrôler. Et il avait tenté d'éviter le problème le plus possible, mais il était incontestable qu'il devait l'affronter s'il ne voulait plus se retrouver dans ce genre de situation.

-Je peux encore me battre, répliqua Dean.

-Et revoilà l'idiot que je connais ! Allez, montre moi ce dont Dean Winchester est capable, s'exclama Crowley avec un enthousiasme plus que louche.

Dean se releva et se jeta sur la bande de vampires en face de lui.

Il se fit évidemment mettre à terre en moins d'une seconde. Qu'est-ce qu'il croyait, dans son état ?

Mais il réussit quand même à décapiter le premier qu'il avait visé – ce qui était un miracle en soi. Les autres vampires ne s'énervèrent même pas, voyant à quel point Dean était en mauvais état et que d'un moment à l'autre, il allait s'écrouler et ils pourraient enfin diner.

-Dean ? Je te propose un deal, dit Crowley gentiment, observant l'homme se défendre contre les vampires sans bouger d'un pouce. Je te sauve la vie et en échange, tu acceptes d'être mon esclave.

-Vas te faire, balbutia Dean en évitant un coup de crocs mortel.

-Alors je te sauve la vie et tu acceptes qu'on puisse discuter en gens civilisés à chaque fois que j'en aurais l'envie. En d'autres termes, je veux être sûr que tu n'essayeras pas de me tuer à chaque fois que tu me verras.

Dean recula en agitant sa hache. Les vampires gagnaient du terrain.

« Je ne vais plus tenir longtemps. Et même si je réussissais à les tuer, je me ferais exécuter par Crowley. Il faut que je négocie, je n'ai plus le choix… »

-Ca devra être réciproque. Je ne te tue pas, tu ne me tues pas, ordonna Dean, avant de reculer encore de quelques pas, se rapprochant de Crowley.

-Ce n'est pas équitable, l'écureuil. Tu me devras une faveur en plus.

-Laquelle ?

-Aucune idée pour l'instant.

-Sûrement pas.

Puis le corps de Dean décida qu'il n'arrivait plus à rester debout, alors Dean faillit s'effondrer –Crowley le rattrapa à temps.

-Tu n'as pas le choix, susurra le démon.

-Sammy peut toujours arriver…

-On attend ensemble ?

-On y va ! Cria finalement le vampire le plus proche d'eux, et tous les suceurs de sang coururent pour une attaque finale sur Dean et Crowley.

Dean ne voulait vraiment pas mourir.

-Putain, c'est d'accord, cria-t-il avec rage.

Crowley ne perdit pas de temps et embrassa Dean.

Etrangement, le baiser ne fut pas si désagréable que ça.

Mais il ne dura pas.

Crowley lâcha définitivement Dean et s'occupa des vampires. Dean s'évanouit définitivement.

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-Dean ? DEAN !

Castiel, Bobby et Sam secouèrent le chasseur.

-De quoiiii, balbutia le concerné.

Une chambre d'hôpital. Il reconnaissait l'odeur et le bip-bip des machineries qui le faisaient chier mais qui le maintenait en vie.

-Bordel, Dean, ne refait plus jamais ça ! Hurla Bobby.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pressa Sam en lui tenant la main.

-Dean, je n'apprécie pas le fait que tu approches de la mort sans m'en parler, dit tranquillement Cas.

Dean referma les yeux. Il en avait déjà marre.

-Fermez-là, tous. Cas, vas te faire, quand je t'ai appelé, tu n'étais pas là.

-J'étais occupé. Ce n'est pas une raison pour te jeter dans un piège aussi grossier…

-Je suis désolé, maïs je m'en suis sorti non ? J'ai atterri…Dean se rendit compte qu'il n'avait aucune idée de comment il était arrivé là et se mordit les lèvres. Je...J'ai massacré le nid de vampires…

-Tout seul ? Demanda Bobby, suspicieux.

-Evidemment ! Et après…

-Et après, tu t'es conduit tout seul à l'hôpital, avec tes blessures ? Suggéra Sam, avec un petit rire sans joie.

-Exactement.

Les trois hommes debout soupirèrent. Dean fronça des sourcils.

-J'en ai rien à foutre de ce que vous pensez. Vous pourriez au moins vous réjouir ! Je suis en vie, pleins de vampires sont morts, je ne vois pas le problème…

Bobby haussa les épaules en signe d'impuissance. Sam lui jeta un regard qui signifiait quelque chose comme « il faudra qu'on discute. » Cas le fixa sans rien dire, avant de s'évaporer en un battement d'aile.

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-Dean.

-Mmmm.

-Il y a quelques jours, en Californie du Sud, un homme a juré voir un démon s'emparer de sa femme. Hier, le corps d'un jeune adolescent a été retrouvé. Dean ? C'est notre terrain.

Dean été occupé à manger une tarte aux noix de pécan, et rien au monde ne l'empêcherait de la terminer. Sam referma son laptot.

-Quoi ? Gémit Dean, la bouche remplie. Quand je suis de mauvaise humeur, tu t'inquiètes. Quand je suis de bonne humeur, tu t'inquiètes. C'est fatiguant, à la longue.

-C'est le problème. Tu es…lunatique, en ce moment.

-J'ai pas le droit d'exprimer plus d'une émotion sur mon visage?

-Si, mais…je ne sais pas. Avant l'affaire des vampires, tu étais dans une sorte de dépression. Et après t'avoir fait tabasser, tu pètes la forme. Alors…

Dean fixa Sam, et quand il comprit où il voulait en venir, il se leva de table.

-Sam…Dean faillit s'étrangler, avala le reste de la tarte et reprit. Je ne suis pas masochiste.

-Ce n'est pas du tout ce que je voulais dire ! Je pensais juste que le fait que tu revois Cas…

Dean leva les bras et s'éloigna en ruminant.

-Tu sais, il y a aucun problème avec ça, lui cria Sam, sans s'empêcher de sourire.

Dean plongea sa tête dans son oreiller.

-Mmprtdmdinjdfvnq.

-Quoi ?

-On part demain et d'ici là ne me parle plus.

Sam sourit encore plus et se releva. Il éteint les lumières, se changea et se coucha dans le lit d'à côté de celui de son frère. Il était déjà en train d'imaginer le mariage prochain d'un ange et d'un humain.

Dean pensait à toute autre chose.

Il pensait aux vampires, à lui et Castiel –au secours, qui pouvait les voir ensemble ?- et à Crowley.

« Qu'est-ce que ce crétin foutait sur le toit cette nuit-là ? » Pensa Dean. « Il me surveillait ou il surveillait les vampires ? Et pourquoi il ne m'a pas tué directement ? »

Il continua de ruminer sans trouver de réponse.

« Au moins, il embrasse bien » pensa-t-il avant de s'endormir.

Il se donna une gifle mentale pour avoir pensé ça et sombra définitivement.