Note de l'auteur : Cette fic a été inspirée par un échange de mails avec ma meilleure amie Isabelle (alias anarwen2 : veuillez lire ses fics je vous prie), qui m'a fait découvrir Merlin. Dans un de ces mails je lui faisais remarquer qu'il n'y avait jamais d'archers à Camelot, peut-être parce qu'ils tournaient à Pierrefonds, donc en France, et que du coup, les archers étaient en grève ! Ce qui m'a donné des idées.

Bref. Je tiens à préciser que je n'ai rien contre les grévistes et autres manifestants. Le seul but de cette fic est de faire de l'humour.

Disclaimer : Rien ne m'appartient, à part mon humour douteux.

Chapitre One : Où il se passe des choses étranges mais pas plus que d'habitude à Camelot.

Camelot était attaqué. Un évènement qui se reproduisait environ tous les deux jours, probablement à cause du fait qu'il n'y avait jamais personne dans les couloirs ou dans les rues pour empêcher les méchants de comploter ou de s'introduire en douce dans la chambre du roi pour tenter de l'assassiner. Ce jour-là, le roi d'un royaume voisin s'était mis en tête de détruire Camelot. Il avait de l'espoir, et une immense armée, qui attendait présentement au pied du château, sous une pluie battante, qu'on leur donne l'ordre d'attaquer. Ils s'ennuyaient ferme, et certains se demandaient pourquoi, à chaque fois qu'une armée assiégeait un château, c'était sous une pluie battante. Les scénaristes haussèrent les épaules et invoquèrent l' « effet dramatique ».

Dans la cour de la citadelle, le prince Arthur organisait ses troupes. Il savait que les méchants n'attaqueraient pas tant qu'ils ne seraient pas tous à leur poste, parce que c'était toujours comme ça que ça se passait ( « l'effet dramatique », dirent les scénaristes). Tout à coup, il remarqua que quelque chose n'allait pas du tout. Déjà, la pluie, mais ce n'était pas ça. Il manquait du monde.

Les chevaliers étaient là, en train d'affûter leurs épées d'un air très chevaleresque (effet dramatique, effet dramatique !).

Les arbalétriers affûtaient leurs arbalètes. Enfin, si tant est qu'on puisse affûter une arbalète, ce dont Arthur se fichait royalement. Après tout, il était prince. Tout ce qu'il faisait était royal, même son désintérêt pour les questions subsidiaires.

Les simples soldats (Arthur était tenté de les appeler « la chair à canon », mais il songea que le canon n'étant pas encore inventé, ce serait peut-être royalement présomptueux de sa part) attendaient en tremblant derrière les portes de la citadelle. Evidemment, ils seraient les premiers à être écrasés si l'ennemi enfonçait la porte. Après tout, leur rôle était de « ralentir l'ennemi », et personne ne se préoccupait de savoir s'il fallait qu'ils soient vivants ou morts pour ça. Trébucher sur un cadavre ralentissait autant l'ennemi que de se faire passer au fil de l'épée, de toute façon.

Merlin était là. Arthur se demandait bien pourquoi, vu que son serviteur ne servait pas à grand-chose. Mais il pouvait faire un bouclier intéressant en cas de problème, donc le prince ne dit rien.

Il manquait quelqu'un.

Soudain, une petite ampoule s'alluma dans l'esprit du prince. Il l'observa un moment avec curiosité. Encore une facétie des scénaristes. Comment une ampoule pouvait-elle s'allumer alors que Benjamin Franklin n'allait pas naître avant plusieurs siècles et que par conséquent, personne ne connaissait l'électricité à Camelot ?

Les scénaristes le prièrent de bien vouloir cesser de se poser des questions idiotes et de s'intéresser, s'il vous plaît, à l'idée représentée par l'ampoule.

Il manquait…. Les archers !

Arthur se félicita de sa royale déduction et partit de ce pas à la recherche des déserteurs.

Il les trouva réunis dans une grande pièce quelque part dans les sous-sols du château. Une centaine d'hommes en écoutaient religieusement un autre, qui était grimpé sur un tonneau histoire de bien se faire voir des autres. Arthur trouva l'idée intéressante, mais se demanda comment diable il pourrait bien trimballer un tonneau à chaque fois qu'il avait besoin d'exhorter ses hommes. Puis il se rappela que Merlin servait justement à ça. Il s'efforça d'écouter ce que l'homme racontait, mais les autres archers passaient leur temps à hurler leur accord (à quoi ? mystère !), à applaudir et à souffler dans des cornes de brume.

Arthur fit remarquer aux scénaristes que les cornes de brume n'existaient peut-être pas encore, et qu'il serait judicieux d'arrêter les anachronismes. Les scénaristes répondirent par un geste vulgaire, et lui firent remarquer que le héros de la série était censé être Merlin, à la base, alors il avait intérêt à ne pas trop la ramener s'il ne voulait pas finir complètement rayé du scénario. Arthur, craignant pour sa royale image, préféra s'approcher du tonneau pour entendre ce qui se disait. Au passage, il remarqua des banderoles proclamant « Uther : ver de terre » et « Kilgharrah président ! ». Il déplora le manque d'imagination des écrivains en banderoles, tout en se demandant qui pouvait bien être ce Kilgharrah. Et d'abord, c'était quoi, un président ? Ce qui l'amena à envisager un bon sandwich au camembert pour son repas de midi. A ce moment-là, un scénariste lui tapa sur le crâne pour lui rappeler qu'il avait un rôle à jouer.

Enfin, il pouvait entendre les paroles de l'individu sur le tonneau.

« On nous ment ! On nous oppresse ! Nos conditions de travail sont INTOLERABLES ! On passe des heures à tirer des flèches du haut des murs, et on n'a même pas une prime de risque ! On n'a même pas droit aux Réductions du Temps de Tir ! Et puis…. Oh, Sire, bonjour !

L'orateur venait d'apercevoir Arthur, qui essayait de comprendre de quoi il retournait.

_ Salut. (Le vocable n'était pas très princier, mais Arthur était troublé, et par conséquent, le langage soutenu lui échappait quelque peu). Euh…. Vous faîtes quoi, là ?

L'homme au tonneau (appelons-le Diogène, ça ira plus vite, et bravo à ceux qui saisiront l'allusion), Diogène, donc, regarda le prince avec bienveillance (Arthur ne put s'empêcher de penser qu'il le prenait peut-être légèrement pour un con, mais dans le doute, il ne fit pas cette remarque à haute voix) :

_ Mes amis et moi venons d'inventer le concept de grève, Sire.

_ De…. Grève ?

Diogène hocha la tête.

_ Oui Nous définissons notre grève comme un mouvement de protestation à priori pacifique mais qui pourrait ne pas le rester si nos demandes ne sont pas satisfaites.

Arthur ne put s'empêcher de noter qu'un certain ton de menace s'était insinué dans la voix de son interlocuteur.

_ Et euh…. C'est quoi le but ? interrogea-t-il. Nan parce que, je sais pas si vous avez remarqué, mais il y a une grande armée dehors qui n'attend qu'une seule chose : nous réduire en poussière, alors en fait ça m'arrangerait bien d'avoir mes archers sur le mur !

Une certaine dose d'hystérie semblait vouloir se faire remarquer dans sa voix. Le prince toussota pour la dissimuler.

Diogène croisa les bras dans un geste qui se voulait autoritaire mais qui aurait pu changer radicalement de sens s'il s'était mis à taper du pied en même temps.

_ Nous refusons de nous battre tant que nous n'aurons pas eu une augmentation, le droit aux congés payés, les RTT, et des arcs qui répondent aux normes européennes !

Personne ne s'avisa de lui faire remarquer que les normes européennes n'existaient pas encore. Le fait que les scénaristes soient en train de jouer très ostensiblement avec des couteaux très pointus et très affûtés y était sans doute pour quelque chose.

Arthur se redressa fièrement et fit de son mieux pour paraître royalement outragé.

_ Vous allez immédiatement rejoindre vos postes sur le mur et tirer des flèches dans les fesses de l'ennemi ! SUR LE CHAMP !

Diogène le regarda et lâcha un tout petit mot très lourd de sens.

_ Non.

A suivre…..