Bonjour et bienvenue dans cette fanfiction Harry Potter ! Ici Sirius est en vie (le pourquoi du comment sera expliqué) et on reprend directement après la fin de la bataille de Poudlard. C'est un Sirius x OC, mais attendez-vous à des surprises. J'espère que ça vous plaira !
PS : Les personnages de JK Rowling ne m'appartiennent pas, je ne fais que les lui emprunter.
Tout commença par un hommage. Poudlard tombait en ruine autour des sorciers restés debout, les forts soutenant les faibles, les parents réconfortant les enfants. Les heures avaient servi à faire le décompte des tombés, à noyer l'infirmerie sous l'afflux des blessés, à laisser l'adrénaline redescendre et à étouffer les sanglots, les supplications, les cris de désespoir parfois de ceux qui avaient encore la chance d'être vaillants.
La fin d'une guerre était peut-être ce qu'on pouvait voir de plus terrible au monde ; cet instant de vide innommable pendant lequel on ne peut que se répéter « Tout ça pour ça ? ». Les morts, vains. Les mutilés, vains. Les blessés, vains. Pendant cet instant au-delà de toute imagination, on se retrouvait face à soi-même, à réaliser que tout qui avait été accompli ne nous rendrait jamais ceux qu'on avait perdus.
Cet instant de perdition était passé et, alors que la nuit achevait de tomber sur le parc de Poudlard, on pouvait voir des petits groupes de sorciers serrés les uns contre les autre, qui pour pleurer, qui pour consoler. Pour la première fois depuis des temps immémoriaux, les barrières étaient tombées. Toutes les barrières. Les plus dures, celles qui séparaient les différentes maisons, avaient volé en éclats. On pouvait voir Astoria Greengrass, fervente élève de Serpentard, soutenir une Parvati Patil effondrée.
Le rouge, le vert, le bleu, le jaune, plus rien n'avait d'importance, pas plus que l'autre barrière, celle que les adultes de l'Ordre avaient toujours dressée entre eux-même et les élèves de l'Armée, tombée alors que les deux générations se retrouvaient sur l'herbe humide pour panser, après les plaies du corps, celles du coeur. Après avoir été à l'horreur, l'heure était au réconfort et à la mémoire.
C'était pour cela qu'ils étaient tous présents : la mémoire. Pour une dernière pensée collective à ceux qui ne verraient pas la prochaine aube, ceux qui ne partageraient plus jamais leur vie. Car chacun avait perdu un être cher, certes à des degrés divers, mais qu'importait ? La souffrance de celui qui avait perdu un enfant était tout aussi légitime que celle de la personne devant faire le deuil d'un ami.
Malgré le deuil, on pouvait parfois apercevoir un visage éclairé d'un bref éclat de joie soulagée, car ils étaient de retour, les disparus, ceux qui avaient été retenus captifs dans les geôles du manoir Malefoy. Luna Lovegood, qui avait été tant moquée ces dernières années, avait bien du mal à faire un pas pour rejoindre son père, tant ils étaient nombreux à l'arrêter pour l'étreindre ou lui exprimer leur bonheur de la voir là, certes pâle mais debout, vaillante. Comme tous les autres rescapés, elle était restée jusque là cloîtrée dans la Chaumière aux Coquillages, puisqu'en sortir signifiait prendre le risque d'être capturée à nouveau.
Elle n'était pas la seule de retour. Ollivanders avait été trop faible pour participer à la bataille, mais Sirius Black, lui, était là. Plus hâve et émacillé encore qu'il ne l'avait été du temps de sa captivité à Azkaban, il devait avancer en s'appuyant sur une béquille de fortune, sa jambe droite disparaissant à partir de la mi-mollet dans un bandage qui, déjà, se tachait de sang. Madame Pomfresh ne faisait pas de miracle, et devin aurait été celui capable d'affirmer qu'il remarcherait un jour normalement. Le regard sombre était hanté par l'horreur de l'affrontement et la nervosité de se retrouver soudain en si nombreuse compagnie. Le fringant et sociable Sirius Black qui avait été à l'aise en toute circonstances n'existait plus : les tortures de Bellatrix, sa propre cousine, avaient fini de le briser. Il se tenait là, seul parmi les groupes, agrippé comme un naufragé à son bout de bois branlant, frémissant de faiblesse et d'épuisement, sans personne pour lui porter secours. Son dernier ami d'enfance était mort, son filleul trop concentré sur les choses qu'il lui restait à régler - avec les Weasley, et ses amis, et ses professeurs, et... - pour remarquer que son vieux parrain décrépi se sentait seul et malheureux.
Une estrade avait été fabriquée à la va-vite sur un petit surplomb au milieu du parc. La magie était bien pratique pour ce genre de chose : même si personne n'avait été épargné par les blessures, même si tout le monde avait mal, on pouvait encore créer. Sirius avait regardé les trois sorciers unir leurs forces et leurs sorts pour faire sortir des planches du néant et les contraindre à arborer la disposition désirée. C'était beau, cette magie où les volontés se joignaient pour mieux accomplir leurs objectifs. C'était ce que Sirius avait aimé dans l'Ordre. Se battre pour un objectif commun et ne jamais se retrouver tout à fait vulnérable ou solitaire.
C'était ce qu'il avait aimé, mais aujourd'hui il ne se sentait plus capable de lutter. À quoi bon ? Tous étaient morts, les uns après les autres. Regulus, James, Peter - qu'il n'aurait jamais cru regretter un jour - et maintenant Remus... Circé, même ce beau diable de Severus lui manquait ! Sirius s'était surpris à verser quelques larmes en découvrant sa mort, et la culpabilité de l'avoir harcelé pendant leurs années d'école l'avait mordu plus fort que jamais.
Sirius, au fond, n'était pas comme James. Il admirait James, ça oui, mais était incapable de cette absence de regrets qui l'avaient rendu, à ses yeux, invincible. Jusqu'à ce que la réalité les rattrape, une nuit d'Halloween. C'était là que Sirius avait commencé à regretter, vraiment regretter le mal qu'il avait pu causer, et ces regrets avaient été responsable du geste de folie et de douleur mêlées qui lui avait valu douze ans à Azkaban.
Lorsque Sirius releva la tête, il vit Minerva McGonagall grimper sur l'estrade. Elle qui avait toujours été pleine d'ampleur et de force lui semblait fatiguée, presque frêle, soutenue par une Aurora Sinistra - professeur d'astronomie dont personne n'avait semblé vraiment se souvenir avant qu'elle sauve la vie d'une vingtaine de combattants dans le feu de la bataille - tout aussi épuisée. Dans les yeux des deux femmes on pouvait lire la détresse d'avoir survécu quand d'autres étaient morts, la crainte d'être celles qui devaient à présent diriger les autres, plus perdus et plus vulnérables qu'elles. Et pour elles, Sirius fut triste.
La voix de Minerva, forte et coupante, parvenait aux oreilles de Sirius. Il comprit vaguement qu'elle parlait de la vaillance des morts, du devoir des vivants d'aller de l'avant afin qu'aucun n'ait perdu la vie en vain. Il aurait aimé écouter, écouter vraiment, mais il n'y parvenait pas. Seules lui revenaient les images des cadavres de Remus et Severus, derniers de ses proches à être tombés, la détresse l'étouffant comme s'il avait été coincé sous une chape de plomb. Seules ses blessures cuisantes - il avait refusé la potion de Madame Pomfresh, arguant que d'autres en auraient plus besoin que lui, ce qui était vrai - lui permettaient encore de rester lucide. Sans elles et l'instinct de survie qu'elles réveillaient, il se serait effondré, il le savait.
« Je vous demande donc de rendre un dernier hommage à nos morts. Sorciers, vos baguettes ! »
Et tous les autres obéirent. Sirius sortit la sienne de l'étui fixé à son avant-bras et tenta de la lever, sans succès. Il s'était blessé à l'épaule gauche, chaque mouvement était un supplice. Il méritait cette douleur, d'avoir survécu alors que tous les autres avaient péri, mais là, juste en cet instant, il aurait aimé connaître assez de répit pour rendre hommage, lui aussi. Les larmes qu'il avait retenues des heures durant lui montèrent aux yeux, dévalant ses joues pour s'enfouir dans les poils emmêlés de sa barbe. Il se sentait perdu. Désespérément perdu.
Le contact d'une main sur son poignet nu le surprit. Il se raidit, jeta un oeil en arrière, puis se détendit. Il avait déjà vu cette jeune femme au quartier de l'Ordre. Son prénom... Anthéa ? Oui, c'était ça. Une sorcière française expatriée en Angleterre depuis des années, qui avait été leurs yeux et leurs oreilles au Département de la Justice Magique jusqu'à ce que ça devienne trop risqué. Elle était petite, une incroyable masse de cheveux noirs et brillants, la peau si pâle que certaines veines ressortaient presque comme des blessures, mais ce qui avait marqué Sirius lors de leur première rencontre, c'était ses yeux d'un vert incroyablement vif, et la tendresse de son sourire.
Et cette fille avec qui il avait à peine échangé quelques mots, tout en levant sa propre baguette, soutenait le bras de l'homme brisé, l'aidant à se porter haut et droit pour rendre son propre hommage. Elle ne dit rien, ne le regarda même pas, se contentant de réchauffer l'endroit où leurs corps se touchaient et de le soutenir. Sirius non plus ne prononça pas un mot, tout tourné vers la pensée de ses disparus, mais son regard chargé de reconnaissance était assez éloquent.
Et le parc de Poudlard s'illumina de centaines de petites lueurs, comme si l'objectif avait été de concurrencer le ciel nocturne et son infinité.
