Une promesse. « Je ne vais pas tirer »
« Moi non plus » souffla le Patron, abasourdi. Puis reprenant ses esprits « Pas avant que tu ne m'embrasses en tout cas » précisa t'il d'un air narquois et ironique.
« Connard » répondit le Geek. « Tu m'as détruit comme tu as détruit tous les autres avant moi. Je n'étais qu'un jeu, un divertissement dépourvu de sentiments » lâcha-t-il, les yeux pleins de rage et de larmes.
« Je... c'était pas ce que je voulais. Je t'aimais tu le sais très bien. »
« Tu m'as juste menti. Pour mieux m'écraser. Pour mieux me détruire, me brûler le cœur. Quand je pense que j'ai été assez naïf pour te croire... Tu crois que tu pouvais tout effacer comme ça ? Tu l'aurais fait, je le sais, tu aurais appuyé sur la détente. Je ne sais même pas pourquoi je suis encore en vie. » Il pleurait, maintenant. De rage, de désespoir.
Alors le Patron s'approcha du Geek, et il fit une chose qu'il n'avait jamais fait auparavant, devant personne. Il retira ses lunettes noires et plongea son regard dans celui du Geek. « Je t'aime. Dis moi que tu m'aimes aussi. On pourra tout recommencer. Sinon on va mourir tous les deux, d'un meurtre mutuel. Si je te tue, je me tue. Je ne vais pas tirer. Promis.» et doucement, il posa ses lèvres sur les siennes. Un baiser doux mais passionné. Un baiser sincère.
Mais le Geek n'y croyait plus. Ou ne voulait plus y croire. Il regarda le Patron, avec un mélange de haine et de passion, ces deux sentiments qui s'étaient emmêlés et qui l'avaient détruit. Il répondit « Je t'aime aussi ». Il embrassa le Patron. Et il tira. La balle de plomb vint percuter son crâne et rompre toutes ses connections nerveuses. Il ferma les yeux et tomba à terre. Il était mort, il s'était assassiné lui-même plutôt que de tuer l'unique cause de sa souffrance, cet homme qu'il avait tant aimé. Cet même homme s'écroula à terre et tomba à ses côtés. Il hurla de douleur, de sa douleur, cette perte. «Gamin... Je t'aimais putain, si tu savais comme je t'aimais. Tu ne comprends pas. Je ne voulais pas te détruire toi, je voulais me détruire moi. J'étais tellement dans mon auto-destruction, j'ai été aveugle. Tu es la seule personne au monde que je ne voulais pas détruire. Mais je t'ai détruit, parce que je détruis toujours tout. Je t'aime. Pardonne moi. »
Et il tira aussi, se joignant à l'homme qu'il avait aimé et tué. Lui et lui pour toujours. Et il ferma les yeux.
