Cette histoire est en fait un recueil d'histoires courtes et, selon le point de vue, pas spécialement intéressantes voire carrément futiles... Des anecdotes, quoi. J'ai juste choisi une présentation un peu particulière, expliquée dans cette préface. Le narrateur est un personnage tout à fait fictif, sorti de mon imagination. Vous pouvez le voir comme quelqu'un – en plus d'être doté d'une petite particularité – de relativement proche d'Harry, qui était à Poudlard en même temps que lui et a connu la plupart des événements qui l'entourèrent durant sa scolarité, mais aussi ceux qui eurent lieu dans les années qui suivirent. C'est à ceux-là que ces histoires font, en majeure partie, référence. Et comme Rowling nous laisse un "trou temporel" de dix-neuf ans à combler, il y a de quoi inventer tout et n'importe quoi !
Préface
À l'heure où j'écris ces lignes, trente ans déjà se sont écoulés depuis la fin de Lord Voldemort. Trente ans, et pourtant ma plume tremble encore légèrement. Ceux qui, comme moi, se sont trouvés au cœur des évènements de cette terrible époque, ceux qui ont vécu l'apogée de son règne et sa chute, savent que le temps ne leur épargnera pas les souvenirs douloureux.
Cependant, s'il m'a été impossible d'effacer ces images, gravées à jamais dans ma mémoire, il était hors de question que je laisse mes cauchemars poursuivre la lente destruction du corps et de l'esprit qu'avait commencée le Seigneur des Ténèbres. J'ai alors accompli la seule chose qu'il me restait à faire : me créer d'autres souvenirs. Ces trois dernières décennies m'ont beaucoup aidé dans cette tâche, et pas une seconde ne s'est écoulée sans que je ne mesure la chance d'avoir encore mes jambes, mes bras et toute ma tête. Après avoir connu le Mal à son paroxysme, vous découvrez avec étonnement que le bonheur a un goût merveilleux en bouche et qu'une simple journée ensoleillée parvient à vous rendre heureux.
Car la douleur, quand on en ressort vivant, a au moins le mérite de nous enseigner l'une des plus importantes leçons de vie. Soyez heureux tant que vous en avez l'occasion, profitez de chaque jour, savourez chaque seconde comme un répit éphémère. Le malheur ne prévient pas avant de frapper à votre porte. Pour vous dire, pas plus tard qu'il y a un mois, j'ai été admis à Ste Mangouste pour une sévère intoxication alimentaire aux potirons des bois. Les infirmières ont dit que j'avais été à deux doigts d'y passer – mais je les soupçonne d'avoir un tantinet exagéré pour me faire plaisir. Cet exemple personnel pour simplement illustrer le fait qu'on ne sait jamais ce que nous réserve l'avenir. Un jour, vous cueillez des potirons en vue d'une savoureuse soupe, et le lendemain vous vous réveillez avec d'atroces crampes intestinales.
Aujourd'hui, après trente ans de douceurs et de délices, je me prends à espérer qu'il en sera ainsi jusqu'à ce que mes mains soient incapables de dérouler un parchemin. Si je ne suis pas ressorti indemne de toutes les épreuves que j'ai traversées, si je ne peux toujours pas m'empêcher de jeter un œil derrière moi sur ce chemin de prospérité, je marche néanmoins d'un bon pas. Au fil du temps, mes nouveaux souvenirs ont commencé à remplacer les autres. Lentement mais sûrement, ils ont agi – et agissent encore – comme un baume sur des blessures invisibles. Ils ont rallongé mes heures de sommeil et rendu mes rêves moins sombres, étouffant le passé avant qu'il ne resurgisse. Ils m'ont rassuré et ont apaisé mes craintes les soirs où le ciel me paraissait trop noir. Je leur suis tellement redevable.
Pour tout ce qu'ils ont fait pour moi, ce n'est que justice de vouloir leur rendre la pareille. Mais comment remercier des souvenirs ? En leur offrant le plus beau des cadeaux, bien sûr : l'immortalité. La promesse de les fixer pour toujours, au-delà de ma mémoire qui devient de moins en moins sûre et qui s'éteindra en même temps que moi. Pour qu'ils ne disparaissent pas, qu'on ne les oublie pas. Bien peu de choses, en somme.
Mais je vois déjà la surprise se peindre sur votre visage, le front plissé par la question qui vous brûle les lèvres. Bien sûr, je connais l'existence des Pensines, je ne suis pas un ignare tout de même. Toutefois, lorsque l'idée de garder mes souvenirs intacts s'est formée dans mon esprit, j'ai ressenti l'inexplicable envie de les partager. J'ai voulu les rendre accessibles à tous, que vous soyez un simple curieux qui se demande à quoi peuvent bien ressembler les souvenirs d'un vieux fou comme moi, ou un invétéré des questions inassouvies en quête de réponses qui ne satisferont jamais votre soif de savoir.
Les faits relatés dans ces pages ont bien évidemment eu lieu. Mais si certaines histoires viennent de ma propre mémoire un peu usée, d'autres m'ont été racontées par de vieux amis voire d'étranges inconnus, bien souvent autour d'un bon verre de Potirhum. Aussi, à ceux qui ont connu ces récits dans des versions différentes de la mienne, je les prie de faire preuve d'indulgence et de me pardonner, obligé que je suis à devoir parfois faire confiance à des images floues et des langues calomnieuses. Croyez bien que j'ai fait de mon mieux pour retranscrire ces souvenirs avec la plus grande véracité. Mais il va de soi que l'exactitude de certains faits n'a pu être entièrement vérifiée. Et c'est peut-être mieux ainsi…
Branchefeu
