Bonjour/Bonsoir! Ayant commencé à écrire cette histoire à minuit passé en semaine, je ne posterai pas la suite tout de suite, désolée! Peut-être le weekend prochain! \o/ une histoire assez longue je pense cette fois, j'ai plein d'idée mais elle vont prendre du temps à se développer. Envoyez-moi vos impressions sur le début même s'il ne se passe pas grand-chose pour le moment! Et pourquoi pas vos idée pour la suite, j'adore les suppositions! ;) pour ma part la suite est toute tracée, plus qu'à l'introduire. Bonne lecture! :)

Surprends-moi !

Je m'arrêtais soudainement d'écrire en me sentant observé, sensation se traduisant par un point de fourmillements entre les omoplates, comme si le regard insistant essayait de traverser mon corps.

Alors que mon geste suspendu maintenait le stylo dans ma main gauche à quelques millimètres de ma feuille, je levais discrètement les yeux alentour, sans relever la tête davantage, pour tenter de surprendre cet importun espion. Rien. Pourtant, c'était loin d'être la première fois que cette sensation me traversait, ce qui avait prodigieusement le don de m'agacer.

Je soupirais, me redressais carrément et, m'étirant, frustré de ne pas avoir trouvé l'origine de ce regard, je me relevais subitement et regroupais d'un geste ample toutes mes affaires pour quitter la bibliothèque au plus vite.

Alors que je fourrais toutes mes feuilles, stylos et autre matériel pêle-mêle dans ma besace, je relevais la tête en fronçant les sourcils une dernière fois, une expression peu amène sur le visage.

Et je le vis.

Là, au fond de la salle, à moitié courbé derrière son ordinateur pour que je ne le repère pas, IL me fixait. J'en oubliais mon sac sur la table et m'avançais vers lui, d'un pas lourd et menaçant, sous le regard réprobateur des personnes présentes en réponse à ce soudain remue-ménage.

Alors que je m'avançais vers lui, je vis son visage se décomposer. Ce qui ressemblait à de la curiosité pure quelques secondes auparavant se changea vite en surprise, puis en gêne et enfin en panique sur ses traits juvéniles.

« - Hey, gamin, ça ne te dit pas d'aller voir ailleurs si j'y suis ? » dis-je, m'asseyant lourdement sur la chaise à coté de lui.

Quelques « chuuut! » agacés se firent entendre, et le regard assassin que je lançais en réponse à leurs auteurs suffirent à les dissuader d'émettre de nouveau le moindre bruit.

Je posais le bras sur le dossier de sa chaise, et me penchait au raz de son visage, le forçant à se reculer et à tourner la tête vers moi.

La teinte de sa peau vira au rouge soutenu, ce qui m'aurait plutôt donné envie de rire si j'avais été moins énervé.

Il se mit à bredouiller grotesquement, cherchant sans doute à s'expliquer mais butant sur les mots. Je le coupais d'un doigt posé sur ses lèvres, en lui chuchotant « Tu vas m'écouter avec la plus grande attention. Tu dois savoir qui je suis pour autant t'intéresser à moi, cependant, en ce qui me concerne, je ne connais ni ton nom ni ton visage, et les deux m'indiffèrent. La prochaine fois que tu me fixes ou m'interromps dans mon travail, je me ferai une joie de t'apprendre ce qui a fait cette réputation qui te rend curieux, mais crois-moi, tu risques de moins m'apprécier… Allez, fous-moi le camp, et que surtout je ne te recroise pas ! »

Les yeux du jeunot s'agrandissent tandis que les mots coulent de ma bouche, et au terme de ces paroles, il attrape son ordinateur et sort presque en courant de la salle, s'excusant au passage auprès des étudiants qui le regardent de travers. Pfff, pathétique. J'aimerais bien passer une journée tranquille sans qu'on me les brise…

Je retourne à ma table prendre mes affaires, et fais en sorte de faire le plus de bruit possible en récupérant mon sac, qui râcle contre le bois verni de la table avant de tomber lourdement par terre, puis de cogner la chaise quand je le remets sur mon épaule. Quelques personnes relèvent la tête de l'ouvrage sur lequel ils étaient penchés avant de me regarder en fronçant les sourcils. Je leur adresse un sourire carnassier, et constate satisfait que ceux qui croisent mon regard d'acier baissent immédiatement de nouveau la tête sur leur travail.

Lorsque je sors, je me dirige vers le parking se trouvant derrière la bibliothèque universitaire, et entre dans la troisième allée, où ma voiture est garée. Je fouille un instant dans ma besace à la recherche de mon trousseau de clés, et le bazar dû à mon agacement plus tôt finit de m'énerver en camouflant mes clés parmi les feuilles et stylos tombés au fond de mon sac. Je m'appuie un instant contre le capot de la voiture pour fouiller plus à mon aise, et aperçoit enfin le porte-clé horrible qui accompagne mes clés de voiture depuis que j'en ai fait l'acquisition auprès de son précédent propriétaire. Vraiment hideux. Il faudra que je pense à en acheter un nouveau. Ou juste jeter l'ancien, je ne vois pas l'intérêt d'accrocher un truc à ses clés…D'ailleurs, une poubelle se trouvant de l'autre coté de ma voiture, je détache l'espèce de pompon rougeâtre et délavé avant de viser la poubelle et le lancer. Râté. Tant pis, ça fera plus de boulot pour les agents d'entretien.

Je m'engouffre dans ma voiture, commence à reculer… Et quelqu'un frappe à ma vitre. Sur le coup, cela me surprend tellement que j'écrase la pédale de frein. Cela surprend également la personne qui se tient derrière ma portière, et qui fait un pas en arrière. Je préfère me dire que mon freinage l'a plus surpris que la tête que j'ai dû faire…

Je baisse ma vitre, m'attendant à une remarque sur mon manque de civisme après mon panier raté avec le porte-clés, mais au lieu de ça, la personne se penche à hauteur de mon visage, appuyant ses deux mains sur le rebord de la vitre, et dégage sa bouche de l'immonde écharpe tricotée lui couvrant le cou et la moitié du visage. Encore lui!

Non seulement il fait gamin à l'air niais mais en plus il s'habille comme tel… Tu as tout bon, toi, abruti !

« Je suis désolé de vous déranger de nouveau, je dois être la dernière personne à qui vous voudriez vous adresser… Mais il se trouve que ma voiture est en panne, et à cette heure il n'y aplus aucun bus… Le dépanneur ne peut venir que demain. Est-ce que vous accepteriez de me déposer pas loin de chez moi ? Même quelque part sur votre trajet, ce sera toujours mieux que de faire tout le retour à pied... S'il vous plaît ? »

Il m'adresse un sourire enfantin. Tout son être exhale la bonne humeur, et il semble tellement innocent…

« - J'ai une gueule de taxi ?

- Non, je suis vraiment désolé de vous ennuyer avec ça! Cela fait vingt minutes que j'attends, je me suis dit "autant tenter le coup" ! Bien sûr, je vous dédommagerai pour le dérangement… J'ai promis à ma sœur de ne pas rentrer tard, et elle est plutôt du genre à s'inquiéter, si elle ne me voit pas rentrer elle est capable de…

- C'est bon, ferme-la ! Tu me casses les oreilles ! Monte, mais si tu l'ouvres, je t'assome et je t'abandonne sur le bas-coté, c'est compris ? » Il hoche la tête, contourne la voiture et s'assied sur le siège passager. J'en profite pour l'observer alors qu'il déroule son écharpe et enlève son bonnet. Il est plutôt mignon, il faut l'avouer, pour un gamin… Il n'a pas une carrure très impressionnante, mais ses grands yeux et ses lèvres pleines sont attirantes, il doit faire fureur auprès des filles, surtout avec ces cheveux couleur châtaigne en désordre. Il est tout de même parfaitement banal.

« - Bon, t'habites où exactement ?

- Oh, je vous indiquerai le chemin, ou bien si vous préférez je vous dirai où vous arrêter sur votre trajet pour me déposer, ne vous inquiétez pas !

- Tais-toi et mets ta ceinture, indique-moi juste où se trouve ta baraque, qu'on en finisse »

Je finis ma manœuvre et m'engage sur le chemin pour sortir de l'université, puis sur la route principale qui passe devant la fac.

Le garçon recommence à me fixer, et cette sensation devient familière, je n'y prête plus attention. Ses indications sont très précises, et je trouve sans difficulté sa maison parmi les rues étroites du petit lotissement qui la renferme. Je me gare sur le trottoir juste devant, et après de chaleureux et –trop- longs remerciements de sa part, il claque enfin ma portière et se dirige vers le petit portail jouxtant le jardin. Je le regarde le refermer derrière lui sans rien dire, sans un sourire en réponse à son geste de la main.

Je redémarre. Mais qu'est-ce qui m'a pris de rendre service à cet énergumène ? Je suis sûr qu'il est du genre collant, et après ça je ne vais plus pouvoir m'en débarrasser… Non, j'ai fait ça justement pour m'en débarrasser, qu'il me foute la paix en se sentant redevable. Du moins, j'essaye de m'en persuader alors que je rejoins de nouveau la route en direction de mon propre appartement.

Enfin bref, chaque chose en son temps. En arrivant dans le parking souterrain, et après un créneau parfait, je rejoins les portes de l'ascenseur. Le noir et le silence pesant des lieux m'effraient, même si je tente de me convaincre du contraire… Dans les ténèbres peuvent se cacher toutes sortes de monstres, et des souvenirs désagréables remontent de mon passé tandis que l'ascenseur bourdonne pour enfin s'ouvrir à mon niveau.

Avec un dernier regard derrière moi, je me précipite presque dans l'habitacle entrouvert avant d'appuyer comme un forcené sur le bouton de fermeture des portes. Mon souffle est heurté, et mon cœur cogne contre mes côtes. Mes jambes semblent vouloir se dérober sous moi, et je m'appuie de toutes mes forces contre la barre fixée au miroir, qui renvoie mon pâle reflet à mes yeux cernés et désapprobateurs de me voir si vulnérable.

J'en arrive presque à me détester quand les portes s'ouvrent de nouveau : 8ème étage. Mon appartement n'est plus loin.

Je me déchausse après avoir ouvert puis refermé ma porte à clé derrière moi, et allume les lumières dans chaque pièce avant de me diriger vers ma salle de bain pour me faire couler un bain chaud. Je vais devoir rattraper mon retard de boulot dès ce soir, pour ne pas décaler tout mon planning, un bon bain sera donc plus que nécessaire pour me délasser avant la longue soirée qui m'attend.

Je pose mes affaires près de mon bureau, pose mon thermos dans l'évier et commence à enlever mes vêtements lentement, savourant par avance ce moment de détente que je suis sur le point de m'offrir.

Je passe sans un regard face au miroir en pied qui orne un pan de mur et à la piètre image qu'il me renvoie, et plonge ce corps que je déteste tant dans l'eau brûlante. Des fourmillements s'installent dans mes membres, l'eau est trop chaude et mon corps proteste. C'est la température idéale. Alors que mon sang bouillonne dans mes veines, tous mes muscles semblent fondre, et je me sens flotter à quelques millimètres du fond de ma baignoire. Cette sensation est si apaisante que je manque m'endormir à au moins trois reprises. Je me redresse avant de me savonner avec vigueur chaque centimètre carré de peau. Je me lave les cheveux, frotte avec un gant de crin chaque recoin de ma peau si blême et ressors, enroulant une première serviette autour de mes hanches, utilisant une seconde serviette pour me frictionner les me recoiffe aussitôt avec un peigne, je déteste avoir l'air négligé.

Je passe dans mon salon, enfile un bas de jogging gris et un grand tee-shirt blanc avant de me diriger vers l'évier, pour laver mon thermos. Je me prépare de nouveau un grand café, dans l'optique de tenir le plus longtemps possible éveillé ce soir, comme tous les soirs…

Oui, encore une longue nuit qui se présente à moi, et je redoute par-dessus tout le moment où je devrai fermer les yeux, et lâcher prise…