Bon, je ne sais pas trop quoi penser de cet OS, il est assez particulier. J'espère qu'il vous plaira quand même :)


L'éclat des illusions

OoOo

Orion et Walburga Black, avant même ma naissance ils avaient déjà choisi ma destinée.

Ils m'appelleraient Regulus. Comme l'enfant roi, comme l'enfant parfait, celui que je deviendrais.

Un astre, une étoile brillante, façonnée par leurs doigts habiles et qui étincèlerait dans le monde sorcier à la vue de toutes et de tous. Tel un trophée.

Dès mon plus jeune âge, mes parents m'inculquèrent leurs valeurs, diluants sans compter leur noirceur. Mois après mois, année après année, voulant faire de moi leur idéal.

Du haut de mes sept ans, je me sentais l'âme d'un conquérant, à qui tout était possible.

Du haut de mes sept ans, j'étais fier d'être un Black, fier et tellement malléable…

Quelques années après, englouti sous un vieux chapeau, deux voix résonnaient dans mon esprit. Deux voix qui se contredisaient nettement et me faisaient perdre pied.

D'un côté, il y avait le Choixpeau qui hésitait longuement avec la maison Gryffondor, j'y aurais des amis, un avenir, une seconde chance et surtout, surtout j'y retrouverais un frère.

De l'autre, il y avait Walburga Black, orgueilleuse, autoritaire et Serpentard jusqu'au bout des ongles…

Nul ne pouvait rivaliser avec elle, même absente, ma mère était omniprésente. Son ombre planait partout autour de moi, dans ma chaire, dans mon sang, jusque dans mes pensées. Elle avait choisi mon nom, ma maison, ma vie. C'était pour mon bien. Je le savais et me devais de l'écouter.

Alors, du haut de mes onze ans, je rejoignis la noble maison de mes parents, le sourire aux lèvres, ravi d'avoir rétabli ainsi l'honneur des Black mais ne doutant pas un seul instant que je venais de perdre une partie de moi-même.

Quatre ans après, j'observais sans broncher le départ de mon ainé.

De Sirius, le fils prodige, il était devenu en quelques années le Maudit, puis le Banni.

Et moi, derrière mon masque d'impassibilité, j'étais comblé.

De second, j'étais passé premier.

De l'ombre j'étais passé à la lumière.

Du moins c'est ce que je croyais.

L'été de mes dix-sept ans, je jurais fidélité et allégeance au plus puissant des mages noirs. Il me promettait gloire, pouvoir et puissance, j'étais prêt à le suivre jusqu'au bout.

Rien ne comptait plus pour moi que de faire honneur à mes pairs.

Rien ne compter plus, pas même de vendre mon âme au diable…

Au fil des mois, mes illusions s'effritèrent puis volèrent en éclat. La chute fut rude, très rude.

Moi qui rêvais d'être un prince, un roi, je n'étais même plus un homme. A peine un pion posé sur un échiquier, tout juste bon à rester dans l'ombre, tout juste bon à exécuter des ordres.

Et quels ordres. Terrifier, torturer, tuer. Trois mots qui gouvernaient désormais mon existence.

Combien j'enviais Sirius d'avoir sauvé sa dignité, combien j'enviais mon frère d'avoir discerné la réalité de cette sinistre mascarade, combien je regrettais qu'il m'ait abandonné…

Et aujourd'hui, les yeux rivés sur le corps tremblant de Kreattur, je me dis qu'il n'est peut-être pas trop tard pour me racheter.

J'y perdrais sans doute ma vie, mais je n'y perdrais jamais autant que durant ces dix-huit années. Dix-huit années à errer de désillusions en désillusions…