Je me suis décidée à publier cette fiction qui dort depuis un bon moment sur mon ordinateur... Remaniement de quelque chose que j'ai écrit à seize ans, c'est une histoire qui compte pour moi et j'espère qu'elle vous plaira.
Pour ceux qui ont lu le prologue lorsqu'il était encore publié, je m'excuse : c'est une grossière erreur de manipulation et d'intitulation de mes documents... Mea culpa, vraiment. Il faisait partie de l'ancienne version !
Bon... Les mythes arthuriens ne m'appartiennent en rien, bien sûr, et le film d'Antoine Fuqua non plus, malgré toute l'affection que je lui porte. Rien ne m'appartient là-dedans en fait...
Sur ce, je vous laisse découvrir.
Chapitre 1
Avant Yseult
Isaura a treize ans, et elle vient de comprendre à quel point le monde est injuste. Toujours, son père l'a traitée comme une reine, sa mère comme la chose la plus précieuse du monde. Mais désormais, tout cela est fini, et elle n'a plus beaucoup d'importance. Depuis qu'elle est devenue femme, ses parents ont cessé de l'aimer, elle en est sûre.
Elle aurait aimé rester pour toujours une enfant, d'autant que les adultes ont une manière de voir les choses qu'elle ne comprend pas toujours. Presque jamais, en fait. Mais la nature est venu lui faucher le bonheur sous le pied, comme si elle avait eu assez d'amour pour le restant de sa vie. A-t-on jamais vu plus grande injustice ?
Elle a bien vu comme le regard de son père sur elle a changé. Et cela, elle ne le comprend pas, car son cœur à elle n'a pas changé. Elle aime toujours autant son père, elle veut toujours autant lui plaire, mais lui, il ne veut plus la voir comme auparavant.
Pire encore, sa mère semble lui en vouloir. Pourtant, il lui semble bien que ce n'est pas sa faute, qu'elle n'a rien fait pour cesser d'être une enfant. Sa mère doit le savoir, non ? N'a-t-elle pas vécu la même chose, à son âge ? Pourquoi la regarde-t-elle avec tant de déception dans le regard ? Pourquoi ne l'appelle-t-elle plus Yseult comme avant, lorsqu'elles ne sont que toutes les deux ?
Est-elle condamnée à lire pour toujours autant de froideur dans les yeux de ceux qui l'ont mise au monde ? Les parents n'aiment-ils leurs enfants seulement le temps qu'ils sont petits ?
XXXX
Isaura a quinze ans, et elle a appris à vivre avec cette injustice qui l'avait tant révoltée. De toute manière, elle n'a pas le choix. Comme lui dit si souvent son père, si elle veut être heureuse, elle doit obéir.
Son père l'aime encore, quoique différemment. Il la traite encore comme une reine, les démonstrations de tendresse en moins. Il lui refuse rarement quelque chose, la complimente souvent sur sa beauté. Jamais sur son esprit. Curieusement, il fait de même avec sa mère. Lorsqu'elle met ses plus jolies robes, il applaudit, dit qu'il est content d'elle, parce qu'elle fera un beau mariage et que c'est important pour ses affaires. Alors Isaura sourit, parce qu'elle est heureuse de faire plaisir à son père. C'est ce qu'une fille doit faire, rendre heureux celui qui la fait vivre. Angus est sans doute un bon père, soucieux de son avenir. Elle préférait l'époque où elle pouvait encore l'embrasser sans raisons, mais puisque cette distance est dans l'ordre des choses, son père n'y peut rien non plus. Au moins, il l'aime encore. Sinon, il ne s'inquièterait pas tant pour son avenir, ne se démènerait pas tant pour lui trouver un bon mari.
Il y a longtemps que sa mère ne lui parle plus, hormis par nécessité. Elle ne parle pas beaucoup plus à son mari, d'ailleurs. Aussi loin qu'elle s'en souvienne, sa mère a toujours eu froid, éternellement enveloppée de son châle, même assise au plus près du feu. Pourtant, près du feu, il fait chaud. Et maintenant, Isaura trouve sa mère aussi froide que sa peau. C'est bien dommage, parce qu'elle est toujours aussi belle. Tout le monde le dit, qu'elle est belle. Une drôle de beauté, un peu farouche, mais dérangeante : en regardant sa mère, Isaura a parfois l'impression de voir une proie piégée, un animal captif. Et elle a du mal à comprendre : Angus l'aime, elle le sait. Son père aime sa mère. Les années passent, mais il est toujours aussi heureux de présenter sa femme à ses amis, continuant de vanter sa beauté à qui veut bien l'entendre. Elle non plus, ne manque de rien... Son père la couvre de bijoux et de fourrures, comme pour mettre en valeur sa beauté sauvage. Il l'aime, c'est certain...
XXXX
Isaura a dix-sept ans, et elle ne sait plus quoi penser du monde. Du moins, elle ne sait plus très bien s'il est injuste ou non.
Son père n'a pas changé. Ses décisions en ce qui la concerne sont conformes à ce qu'il a toujours dit prévoir pour elle. Bientôt, elle sera mariée, à un beau parti, à un homme qui saura prendre soin d'elle. Et elle lui en est reconnaissante, parce qu'il tient son rôle de père. A elle de l'en remercier en devenant une bonne épouse, pour que son honneur soit encore plus grand. Pourtant... Oui, pourtant... Elle ne devrait pas douter, mais elle a la désagréable impression que son père n'a pas tant cherché son bonheur. Pourquoi veut-il la marier à un homme qui pourrait être son père, justement ? N'est-ce pas un peu curieux ? Et puis, elle ne se souvient presque plus de Marcus... Comment peut-il désirer l'épouser sans l'avoir revue depuis ses dix ans ?
Sa mère ne dit rien. C'est sans doute qu'elle approuve ce mariage. Cela veut-il pour autant dire qu'elle doit en être heureuse, elle aussi ? Est-elle un fille ingrate en doutant des choix que son père fait pour elle ? Sa mère est encore plus froide qu'avant, si c'est possible. Isaura ne la trouve plus aussi belle qu'avant. Elle lui semble éteinte. Ses cheveux blonds sont ternes, ses yeux ne reflètent plus la joie depuis longtemps, même lorsqu'il lui arrive de rire. C'est tout de même étrange, de rire sans joie.
Voilà... Je ne sais pas quoi vous dire... Peut-être avez-vous remarqué que plusieurs éléments sont empruntés au mythe de Tristan et Yseult. Ce sera le cas dans les prochains chapitres également... Prochains chapitres dans lesquels des dialogues feront leur apparition, c'est promis. Et les chevaliers aussi, oui... XD
J'espère qu'Isaura/Yseult saura vous toucher... C'est mon but, en tout cas.
N'hésitez pas à donner votre avis si l'envie vous en prend... A tout bientôt, j'espère !
