Lundi 1er septembre 2014 - Quelque part en Angleterre
- "Elisa, il est temps de se mettre en route. Tu es prête?
- Je le suis, je n'ai jamais été aussi prête de toute ma vie.
- Tu vas risquer ta vie, tu veux vraiment le faire? Tu n'es pas obligée tu sais, un mot de toi et on arrête tout, il est encore temps.
- Tu es folle, depuis le temps que l'on se prépare, que l'on récolte des informations et que l'on se met dans les bonnes grâces des deux camps, il n'est plus question d'arrêter.
- Bien sûr, je veux juste dire que personne ne t'en voudrais si tu voulais arrêter.
- Je me prépare depuis deux ans pour çà. Je n'ai jamais atteint le niveau de contrôle de mon corps que pour le but que nous nous sommes fixés. Je n'ai même pas été aussi bien préparé pour les JO.
- Tu compares l'aventure dans laquelle nous nous lançons aux JO? Je ne pense pas personnellement qu'il y ait matière à comparer, même en terme de préparation.
- C'est vrai que le maniement des armes n'est pas inclus dans les JO, enfin dans ma discipline.
- Elisa, une fois que nous aurons commencé, il ne sera plus question d'arrêter.
- Je sais, mais il faut que nous le fassions. Stanley Moriarty, qui veut venger la mort de son fils, a repris les rênes de son organisation. Je ne pensais pas qu'il pourrait y avoir pire que Jim Moriarty, mais on peut constater où le fils avait appris ainsi à manipuler. Depuis deux ans, il fait régner la terreur dans toute l'Angletterre, et Sherlock Holmes n'est plus là pour aider les forces de l'ordre à à stopper çà. Quant à Mycroft Holmes et au gouvernement britannique, ils ne savent plus ou donner de la tête.
- Quand Sherlock va-t-il réapparaître? Je n'en peux plus de voir John Watson déprimer. Je ne le connaît que depuis un an, mais je sais que depuis deux ans qu'il croît que celui-ci est mort, il ressemble plus à un fantôme qu'à un être humain. Il faudrait que tu le dises à Sherlock.
- Je sais, je l'ais vu. Et Sherlock me demande souvent de ses nouvelles. Sherlock réapparaîtra quand il le jugera bon. Il a encore des choses à faire, tu le sais aussi bien que moi, il ne peut pas revenir maintenant. Nous l'avons aidé à disparaître, à simuler sa mort, ce n'est pas pour l'exposer à un danger encore plus grand. Déjà qu'il prend des grands risques en collectant des informations.
- Quand doit-il revenir?
- Je ne sais pas exactement. Je pense que d'ici une semaine ou deux, il aura ce qu'il cherche, il faut qu'il procède avec prudence, je lui ais dit de prendre son temps. J'espère juste à chaque fois que son caractère ne casse pas ses couvertures. Mais j'ai confiance, il connaît les enjeux de ses missions.
- Ok, je te fais confiance, tu le sais. Nous te faisons tous confiance.
- Je sais. Allez, en route.
- Bien Mademoiselle, c'est partit!
Londres, une semaine plus tard.
Depuis deux ans, la vie de John était devenue une morne et triste routine. Cette vie allait bien avec l'humeur de celui-ci, d'ailleurs.
Depuis la mort de Sherlock, John était passé par diverses phases. La tristesse, en voyant le corps de Sherlock sur la civière, la désespoir quand il en parla avec sa psy, l'espoir quand il pensait que Sherlock ne pouvait pas mourir et qu'il réapparaîtrait, la colère quand il constatait que le temps passait et que Sherlock ne revenait pas, et enfin la résignation depuis quelques temps, où il essayait de penser à autre chose qu'à son ancien colocataire. La méthode de se noyer dans le travail et ne revenir à l'appartement que pour manger vite fait, se laver et dormir marchait d'ailleurs pas trop mal. Bien sûr, il ne se passait pas une journée sans qu'il ait envie de pleurer, mais il n'était plus constamment obnubilé par Sherlock.
Sa vie se résumait à : Se lever le matin, prendre un frugal petit-déjeuner, passer par la salle de bain, aller au travail très tôt, en revenir très tard, parfois en ne mangeant pas le midi, manger un petit quelque chose le soir, et aller se coucher. Au début, il avait essayé d'avoir de nouvelles conquêtes pour passer le temps, mais il s'était vite rendu compte que les présences féminines ne l'intéressaient plus. Il voulait Sherlock, et uniquement Sherlock. Son comportement lui manquait, ses expériences, même cette manie qu'il avait de traiter le monde entier de stupide, d'idiot, et de regarder John avec cet air condescendant quand il considérait qu'il était trop lent à comprendre quelque chose, c'est-à-dire tout le temps.
John, que toutes ces manies agaçaient quand il en faisait les frais, lui manquaient terriblement maintenant que Sherlock n'était plus là. Il voyait quasiment chaque nuit la chute de Sherlock, et ses mots revenaient sans cesse dans sa tête. "Toutes ces affaires, John, je les ais inventées, c'est moi qui les ais préparées." John n'y croyait pas une seconde. Il n'avait que trop vu la peur de Sherlock pendant l'affaire des Chiens de Baskerville, et il y avait d'autres exemples comme çà. John était sûr que dans ces moments là, il n'avait pas pu simuler. C'était un excellent acteur, mais pas au point d'avoir cette lueur dans les yeux quand il avait eu peur.
John, depuis la mort de Sherlock, ne s'intéressait plus aux infos, aux crimes qui se passaient dans les rues de Londres, ne répondait plus au téléphone, ni à Lestrade, ni à Mycroft Holmes, qui avait finalement laissé tomber et ne cherchait plus à le joindre à présent. De toute façon, John rendait Mycroft responsable en grande partie de la mort de Sherlock. En revanche, depuis deux ans, absolument tous les jours, Greg essayait de le contacter. Et bien que depuis deux ans, il s'obstine à ne pas répondre, apparemment çà n'empêchait pas Lestrade de tenter de le joindre, encore et toujours. D'un certain côté, John admirait la ténacité de Lestrade, et s'en voulait de ne pas lui répondre car il l'aimait bien, mais il ne voulait plus avoir à faire à quoi que ce soit ayant un rapport avec Sherlock, et Lestrade faisait partit des personnes que John avait connu par l'intermédiaire de Sherlock.
John avait déménagé. Au début, il voulait rester dans l'appartement, au cas où Sherlock reviendrait, mais finalement, il se rendit compte qu'être dans l'appartement le gênait, maintenant que son ancien colocataire n'était plus là. Quand il arpentait le salon, il revoyait sans cesse son ami étendu dans le canapé, les moins jointes sous son menton, et il cherchait les instruments sur la table de la cuisine, et les bouts de cadavre dans le frigo ou le micro-ondes. Bref, tout lui rappelait le détective consultant. Il avait donc décidé de chercher un appartement plus petit, plus dans ses moyens, et aux abords de Londres, non plus dans le centre-ville.
D'ailleurs, son nouvel appartement était très joli. Il avait emmené Sarah avec lui lors des visites d'appartements, pour qu'elle lui donne son avis, et ils étaient tombés d'accord sur ce petit appartement, qui comportait un salon, une cuisine, une salle de bain et une chambre. Il n'avait rien d'extraordinaire, mais c'était suffisant pour lui.
Par ailleurs, il avait appris récemment que peu de temps après qu'il soit parti du 221b BakerStreet, l'appartement avait été reloué. John se sentait mal en pensant que dorénavant, une ou plusieurs personnes faisaient leurs vies en foulant les lieux ou ils avaient vécus, Sherlock et lui.
Mais c'était mieux pour lui, il en était certain.
