NA: Voilà, voilà, la prèmière histoire que j'écris.

Plus l'histoire progresse, plus ça va devenir bizarre, alors soyez prevenus. Il y aura du crime, des trucs pas nets, dans tous les sens du terme, de l'amour un peu, du n'importe quoi beaucoup.

Disclaimer: les personnages ne sont pas les miens.


Chapitre 1: Suivons les journalistes.

Rhadamanthe Smith, ou Mr. Smith, comme il préfère se faire appeler pour avoir l'air plus sophistiqué que hippie (car oui, ses parents étaient des hippies pour lui refiler un prénom pareil, et oui, il est lui-même un peu hippie), est un journaliste anglais.

Il travaille pour un magazine bimensuel, populaire mais non vulgaire, qui comporte plusieurs rubriques: les découvertes scientifiques, les analyses psychologiques et comportementales, l'archéologie, les critiques littéraires, quelques pages dédiées à l'art visuel et les lettres des lecteurs. Bref, le magazine est orienté principalement vers les sciences et complété par quelques autres rubriques plus accessibles au grand public.

Rhadamanthe Smith, 23 ans, se croit responsable, allant même jusqu'à se penser respectable. La vérité est qu'il n'en a pas trop l'air, avec ses chaussures en faux cuir de crocodile, son pull sombre orné d'arabesques se courbant dans tous les sens, qui ne va pas du tout avec son pantalon gris de costume trois pièces (dont il a perdu les autres pièces). Mais ne lui en voulons pas trop, le pauvre, il n'a aucun style vestimentaire autre que celui qu'on appelle: "Toxicomane SDF daltonien".

C'est ainsi habillé qu'il se rend à une interview pour son prochain article.

Sortant de son appartement, situé dans un coin paumé de Londres où il habite au 8ème étage avec un ascenceur en panne, il embarque sur son vélo pour arriver, après seulement dix minutes de route, à sa destination:

L'hôpital psychiatrique de St-Patrick.

L'hôpital est situé dans un quartier tout aussi louche que celui où il habite. Malheureusement, le ciel est bleu et le soleil brille, ruinant un peu l'effet lugubre qu'il espérait avoir en prenant une photo du bâtiment. Tant pis, il changera tout ça sur photoshop. L'interview qu'il doit faire avec un des psychiatres de l'hôpital est tout ce qu'il y a de plus banal pour notre journaliste, car il s'agit du troisième interview de ce type, qui sera suivi d'une enquête chez les patients schizophrènes de St-Patrick. C'est juste une question de rassembler assez de données pour pouvoir publier les résultats d'une enquête chez un assez grand nombre de patients, et donc, statistiquement parlant, correcte et significative.

C'est seulement vers cinq heures de l'après-midi, après avoir fini son enquête, que l'événement qui changera la vie de Rhadamanthe a lieu.

L'événement débute ainsi: perdu dans ses reflexions sur ce qu'il mangerait bien ce soir et assomé par la longue journée de travail qu'il a derrière lui, où il a du faire preuve de beaucoup plus de patience avec les schizophrènes qu'il ne s'en croyait capable, le journaliste blond se met à marcher dans les couloirs, sans vraiment regarder où il va.

Ce n'est qu'en ratant de justesse de se planter contre un mur qu'il se réveille de sa torpeur et essaye de repérer où il est.

Le couloir dans lequel il se trouve n'est pas comme ceux ou il a dirigé l'enquête auparavant. Les portes ici sont faites d'acier, au lieu de bois léger, et les serrures des portes ont l'air lourdement renforcées. Aucun bruit ne parvient de derrière les portes, contrairement au chuchotements et au bruitages qu'il entendait ailleurs dans l'hôpital. Ces portes ne sont pas faites pour les patients qui viennent de leur plein gré, ou en accord avec leur famille ou leurs amis. Elles sont faites pour garder les patients qui y sont, enfermés à l'interieur. Elles sont faites pour tenir le monde à l'abri de fous dangereux. Par pur réflexe, Rhadamanthe sort son appareil photo, se disant qu'il ne peut pas rater cette opportunité: le couloir sombre et sinistre, les portes renforcées, le mauvais éclairage des néons, … C'est pour ces endroits lugubres et pour les histoires de folie pure et dangereuse qu'il est devenu journaliste psychologique. Pas pour les articles comme: "types de relations", "comment savoir si c'est l'homme de ma vie" ou encore "les choses qui nous poussent à raconter des potins" que son éditeur-en-chef le force à écrire de temps en temps pour plaire à d'autres publics.

Après avoir pris ses photos, il se dit qu'il a quand même faim et qu'il devrait rentrer chez lui. Il se retourne pour chercher la sortie et repère un garde vingt mètres plus loin.

"Hé, vous là! Le garde!" crie le blond.

Le garde fait un petit bond de surprise et se retourne vers lui avec un regard affolé.

"Ho, pardon, je vous ai fait peur." reprit Rhadamanthe. "Je suis journaliste et malheureusement, je me suis perdu. Est-ce que vous pourriez m'indiquer la sortie?"

"Euh... Oui." lui dit le garde, qui le regardait toujours avec un air bizarre. "Je vais vous accompagner. Je crois que c'est par là, je suis nouveau, je ne connais pas encore très bien le chemin."

Et ils se mettent en route pour la sortie, Rhadamanthe étant tellement absorbé par la superbe couleur azur des longs cheveux du garde, qu'il ne remarque même pas le corps endormi et ligoté d'un homme en sous-vêtements, ni les habits blancs typiques d'un patient de l'hôpital, abandonnés par terre près de l'homme inconscient.


De son côté, Camus Durand, Français d'origine et journaliste et collègue de Rhadamanthe, est lui aussi en route pour une interview. Il s'occupe des critique littéraires du magazine.

Arrivé à l'appartement où il avait rendez-vous, dans un coin agréable d'une rue piétonnière. Il sonne à la porte et attend. Après une minute, quelqu'un crie au-dessus de lui. Camus lève la tête et voit un homme aux longs cheveux blonds bouclés lui crier dessus.

"Hé! T'es qui toi?" lui demanda le blond.

"Camus Durand, journaliste. On s'est parlé au téléphone et on-"

"Ah ouais! C'est vrai! Ha, j'avais oublié que c'était aujourd'hui!" continua l'homme qui lui explosait presque les tympans.

Petit moment de silence inconfortable.

"Bon, je pourrais peut-être-" essaya de dire Camus.

"Ouais! Ouais, allez, je vais t'ouvrir! On vas pas rester là à crier dans la rue!"

Camus se retient de préciser que lui-même n'a pas haussé la voix et attend. La porte s'ouvre sur le visage rayonnant de l'écrivain blond. 'Quel sourire incroyable' ne put se retenir de penser le journaliste.

"Le bouton pour ouvrir est cassé, alors je viens t'ouvrir. Allez, hop, c'est au deuxième!" lui lance l'écrivain.

Camus le suit dans les escaliers, les yeux rivés au sol dans un effort de ne pas trop reluquer le blond décidemment trop éblouissant. Il est tout à fait différent de l'image qu'il s'était fait de l'écrivain en lisant son livre.

Arrivés au deuxième, le blond le fait entrer et le dirige vers un fauteuil dans une chambre trop chaotique à son goût. Il préfére l'ordre, l'organisation. Mais, bien qu'on aurait pu croire sans mal qu'une tornade était passé par ici, on ne peut pas dire que c'était sale. Il n'y a pas de restes de nourriture, pas trop de poussière et pas d'odeur de vieux habits. Ca sent même plutôt bon, se dit Camus.

"Bon, je t'offre une bière, du café, du thé, de l'eau, du jus de fruits?" lui demande l'écrivain.

"De l'eau, s'il vous plaît."

Camus enlève son manteau, attache ses longs cheveux rouges/bruns foncés et remonte les manches de sa chemise dans un effort de thermorégulation. C'est qu'il fait chaud à crever ici.

Le blond revient avec un verre d'eau et une bière.

"J'ai rajouté des glaçons dans ton verre parce que le chauffage est foutu. C'est température ambiante ou forêt tropicale. Et comme on est début novembre et qu'il fait moins cinq dehors..."

"Merci."

"Quel temps foutu. C'est mieux le beau temps en Grèce."

"C'est vrai, vous êtes Grec. Vous avez vécu longtemps en Grèce, Mr. Gatakis?"

"Appelle-moi Milo. Et arrête de me vouvoyer, ça me rend fou!" dit Milo, le sourire éclatant. "J'ai vécu en Grèce avec ma famille jusqu'à mes 12 ans, quand je suis venu en Angleterre pour aller dans une école privée. Mes parents trouvaient ça important que j'apprenne l'anglais." Milo chope un gros chat noir qui passe par là et l'installe sur ses genoux.

"Et vous avez, enfin, je veux dire, tu as continué tes études après l'école supérieure?"

"Non, j'ai arrêté tout quand j'avais fini l'école secondaire. Je n'aime pas étudier, rester assis tout le temps devant un mec qui te dit ce que tu dois penser."

"Mais tu dois quand même beaucoup rester assis pour écrire, non?"

"Ouais, mais écrire c'est différent, c'est... enfin, c'est comme créer son propre univers, c'est comme vivre tout ce qu'on pourrait vivre dans une autre vie ou même des vies qui ne peuvent pas être vecues logiquement, c'est... y a pas de limites. Personne pour te dire: non, c'est faux ça, tu racontes n'importe quoi."

"Et tu n'essayes pas d'écrire pour un groupe spécifique de personnes? Tu ne régules pas ce que tu écris par rapport à tes lecteurs?"

"Non."

"Ah."

"Je n'écris pas pour l'argent, pas pour la gloire. J'écris parce que j'aime écrire. D'ailleurs, je me fous totalement de ce que vont penser les gens qui lisent cette interview. Je n'ai pas de comptes à rendre. Si mes idées ne leur plaisent pas, qu'ils ne me lisent pas. S'il trouvent mon comportement abominable, qu'ils ne se soucient pas de moi."

Camus ne peut s'empêcher de sourire.

"Tu penses vraiment ça?"

"Oui. Si je n'aime pas la façon dont se comportent les gens que je rencontre dans la rue, je ne vais pas m'en plaindre aux journaux. Je trouve qu'on devrait faire la même chose pour les auteurs. Ils écrivent souvent parce que ça les amuse ou pour se débarasser d'émotions envahissantes. Ils ne déclarent pas tous leur filosofies à travers leurs livres et on ne devrait pas traiter leur livres comme tels. Enfin, je parle surtout de moi-même quand je dis "les écrivains" parce que je ne lis pas beaucoup de critiques de livres ou d'interviews. Ce que je veux dire, c'est que mon livre ne reflète pas mon âme, elle ne montre pas mon passé ou mes désirs pervers et reprimés, il est juste écrit, voilà tout. Je ne trouve pas que je dois me justifier pour ce que j'écris. Et je vous ai aussi dit au téléphone que si je n'ai pas envie de répondre à une de vos questions, je ne me sentirai pas obligé de le faire."

"Tu ne semble pas beaucoup aimer les interviews. Pourquoi accepter de me voir, dans ce cas?"

"Ben, en fait, c'est la première fois que je fais une interview. Je suis un peu appréhensif. Les journalistes tirent si facilement les mots hors du contexte et transforment ce qu'on essaie de dire que... voilà."

"On essaye de ne pas trop faire ça dans notre magazine. En tout cas, je ne fais pas ça, personnellement, et mes collègues ne sont pas très adeptes de potins et d'exploitage de personnes célèbres. On est plus spécialisé dans la science et la psychologie."

"Je sais, j'ai vérifié avant d'accepter l'invitation de votre magazine."

"Si tu veux, je peux te laisser relire l'interview avant que je ne la publie."

"Oh, ouais, ce serait génial!" son sourire revient. "Merci!"

'C'est presque comme s'il varie entre un enfant et un écrivain sophistiqué...' se dit Camus. 'Et il n'est pas du tout conscient de ce qu'il dit'.

"Bon, alors, je suis heureux que tu sois moins appréhensif. Je peux te poser quelques questions au sujet de ton livre?"

"On commence officiellement l'interview, alors?"

"Oui. On peut oublier ce que tu as dis avant si tu veux. Dire que tu n'as aucun compte à rendre est franchement le meilleur moyen pour inciter les gens à te demander d'en rendre. Surtout avec un livre comme le tien."

"Oh, je m'en était pas rendu compte. Tu sais, je n'aimes pas trop quand les gens me posent des questions, j'ai toujours l'impression de raconter des conneries."

"Il faut juste apprendre à filtrer tes paroles. Pense à l'effet que tu veux provoquer chez les gens, pas au contenu propre de tes paroles."

"Mais pourquoi je ne devrais pas essayer d'expliquer aux gens ce que je pense?"

"Parce que les gens n'écoutent pas ce que tu dis. Ils entendent quelques morceaux, par-ci, par-là, et s'ils tombent sur un mot ou une phrase qui ne les plaît pas, qui va contre la norme, ils s'y accrochent et essayent de la détruire. Tout ce qui sort de l'acceptable ne l'est forcément pas et doit être supprimé, quelles que soient les conséquences. Les gens sentent le danger dans ce que tu dis, ils savent que si tout le monde penserait ça sérieusement, ils seraient foutus, alors ils ne prennent pas de chances."

'Mais pourquoi je lui raconte tout ça, moi?'

"Donc," poursuivit Camus. "pense à ce que tu veux avoir comme effet sur les lecteurs de l'interview, ne réfléchis pas simplement tout haut."

"Heureusement que je suis tombé sur toi." dit Milo chaleureusement. "Je crois qu'un autre journaliste aurait profité des conneries que je dis pour faire de moi un psychopathe ou un fou, et avoir le scoop du mois."

"C'est très probable, Milo, les interviews ne sont pas ton talent naturel." dit Camus en se sentant rougir du compliment.

"Alors, on commence?"


Dans un quartier plus chic de Londres, Shura Lavdërim, Albanais d'origine (et oui, Londres est une ville réputée pour sa diversité culturelle), collègue de Rhadamanthe et de Camus, et donc journaliste, attendait aussi de commencer son interview, bien que plus focalisé sur la science que les deux autres.

Il attendait dans la cour d'une grande maison aux murs blancs et propres, une rareté dans cette ville polluée par les gaz d'échappements. A sa droite, il peut regarder à travers les fenêtres de la maison et a sa gauche s'ouvrent les murs pour donner un chemin vers une oase de verdure, remplie d'arbres rouges et orangés par l'automne. Le soleil de l'après-midi perce à travers les nuages pour raviver les couleurs enflammées des feuilles.

Shura se lève du petit banc de la cour, en face de la fontaine. Il s'impatiente. Il n'a jamais été très patient. Pas pour la perte de temps, pas pour les idioties que racontent les gens, pas pour les tournures de la vérité et surtout pas pour le mal et tout ce qu'il entraîne. Soyons clairs: le mal n'a aucune place ici, il doit être éliminé le plus vite possible pour laisser le reste fleurir en paix et sans encombres.

Il n'y a que pour la science qu'il a du temps en abondance. Il ne s'ennuie jamais avec la science. Et il se sent utile. Au moins, aider les gens à guérir, aider le progrès, découvrir toujours plus de la réalité, en espérant qu'un jour, avec la collaboration de tous les scientifiques, on pourra l'expliquer et la comprendre.

Tournant un peu en rond par ennui et perdu dans ses pensées, Shura est surprit quand il voit l'homme qu'il attendait. Un rayon de soleil tombe sur ses longs cheveux blonds et le parcourt de haut en bas pour finir par s'installer sur son front en couronne lumineuse. L'homme s'avance vers lui d'un pas serein. La couronne reste en place malgré son déplacement.

Shura se frotte les yeux discretement, se disant que l'homme aux yeux clos ne pourrait pas le remarquer. Ça doit être une illusion d'optique. Arrivé près de lui, l'homme blond lui adresse un sourire.

"Bienvenue chez moi, Shura Lavdërim. J'espère pouvoir calmer ton impatience. Voudrais-tu m'accompagner pour boire le thé dans le salon?" lui communique la voix mélodieuse de l'hindou.

"C'est-à dire que... Voyez-vous, je pensais pouvoir commencer plus tôt. Il est déjà quatre heures de l'après-midi, et notre rendez-vous à été retardé et déplacé tant de fois que..."

"Ne crains pas pour tes recherches. Nous avons tous deux décidé qu'elles auront lieu et nous n'avons pas de réticence à participer. Les recherches se feront, sans aucun doute. Qu'elles se fassent maintenant, demain, ou le mois prochain ne change rien au fait."

"Mais-"

"Rien ne changera au fait, Shura. Surtout pas le thé. Maintenant, viens avec moi."

Desespéré du comportement de l'hindou, Shura abandonne la bataille et laisse le blond passer son bras dans le sien et se laisse guider vers le salon. Passant par des couloirs ou des femmes de ménage indiennes souriantes marchaient avec des draps propres ou du linge en main, ils arrivent au salon. L'odeur de l'encens frappe ses narines avant même que la porte soit ouverte.

Le salon est énorme et remplit de coussins ornés de perles et de bordures en fils dorés, de petites tables de salons ou sont déposés des hautes théières ornementées et accompagnées de petits bols. Les rideaux sont de la même étoffe que les coussins et tout aussi décorés. Ils sont fermés presqu'entièrement, et laissent passer un fin fil de lumière, qui, en plus des bougies éparpillées, rend la chambre plus petite et plus chaleureuse. Et la chaleur et l'air sont tellement oppressants que le journaliste scientifique enlève vite son long manteau et déserre sa cravate et déboutonne les deux premiers boutons de sa chemise.

Le manque d'oxygène le prend par surprise, et il commence a vasciller. Des femmes et des hommes en saris de couleurs explosives, et tellement plus vibrantes que celui que Shaka portait blanc, viennent vite le débarasser de son manteau et de son pull. On est en automne, après tout, il n'aurait jamais pensé à être confronté à de telles températures. Shaka le guide vers un amas de coussins et lui dit de s'assoir. Des gouttes de sueur commencent à perler sur son front et ses mains deviennent moites. L'homme blond enlève sa cravate, la replie et la dépose à côté de lui. Il fait de même pour sa chemise, puis lui enlève les chaussures, le chaussettes. Il verse deux tasses de thé.

Torse nu, déchaussé, ayant presque tombé par terre de déséquilibre, Shura se sent plus qu'un peu humilié. Il accepte quand même le thé, fort et sucré. Il se redresse brusquement, 'un peu trop vite' lui dit sa pression sanguine. Son équilibre trouvé, il s'adresse à son hôte.

"Mais, enfin, pourquoi m'amener ici, pourquoi me faire attendre dehors puis me laisser déséquilibré dans ce salon étouffant?"

"Parce que tu dois comprendre ce que je vais t'expliquer. Et tu ne comprendras pas en te fiant uniquement à tes principes scientifiques. Tu dois ouvrir ton esprit et croire ce que tu verras, et non ce qu'on te dit de voir."

"Vous êtes complètement fou."

"Tu peux m'appeler Shaka, si tu veux."


Allons jeter un dernier coup d'oeuil par une fenêtre. Il s'agit d'une fenêtre propre, mais opaque, au rez-de chaussée d'un bâtiment construit en briques rouges. Elle donnerait vue sur une rue bruyante de Londres si elle serait transparente. Une ensigne indique le nom de l'endroit, standardisé pour tous ces types de bâtiments. À l'intérieur, des tas de paperasse s'accumulent sur un bureau, autrement occuppé par un sachet rempli de patisseries et une tasse de café. Un géant brazilien y est assis. En face de lui, derrière un bureau moins envahi par les spécialités de la boulangerie d'à côté, mais tout aussi lourd en paquets de documents officiels, se trouve un homme calme au long cheveux pâles et roux. Il est dépourvu de sourcils et sourit à son collègue.

Ils sont loin de le savoir mais ils auront bientôt beaucoup de boulot, les gens qui travaillent au commissariat de police...