Bonjour à toutes et à tous !

Je commence ici une nouvelle fiction revenant sur la base de ma culture manga : Dragon Ball +Z + GT (oui, même GT...)

L'histoire se passe dans un univers alternatif, donc il y a des chances que les caractères des personnages que nous adorons subissent quelques modifications au fur et à mesure des chapitres.

L'histoire sera assez mature, avec des moments trop proches de notre réalité pour être agréable à lire voire même parfois à écrire, alors courage !

Les personnages ne m'appartiennent évidemment pas, ils sont la propriété du grand Akira Toriyama !

J'espère que vous l'apprécierez !

PS : Avec le temps, je suis devenue une puriste de la VO avec les animes au fil des ans. Mais mon éducation DBZ a tout de même commencé avec la VF et son "magnifique" générique. Les noms dans cette fic sont par conséquent un mélange étrange dont j'espère que vous ne vous en formaliserez pas trop. ^^'

**V2**


Son Goku n'est pas un habitué des cérémonies d'adieux. Il a déjà pleuré la perte d'êtres chers. Mais c'est pour ainsi dire la première fois de sa vie qu'il a l'occasion de dire convenablement au revoir à quelqu'un. Qu'il peut offrir à l'être aimé un adieu décent.

A côté de lui, Bulma lutte. Elle fait tous les efforts du monde pour ne pas craquer, pour refouler ses larmes.

Discrètement, l'homme à la tenue de combat orange et bleu foncé bien voyante prend la main de son amie dans l'une des siennes, la serrant avec douceur et empathie. Elle serre ses doigts en retour, remerciement muet parfaitement inutile aux yeux de Goku.

Après tout, c'est elle qui souffre le plus.

C'est son propre père, ce petit homme à moustache traînant derrière lui une éternelle odeur de cigarette, qui effectue son ultime voyage dans la fournaise colorée du crématorium.

Lorsque le corps de Monsieur Brief, dissimulé sous une sommaire bâche en plastique, prend finalement feu, Goku sent les doigts de Bulma serrer davantage sa main.

Il voudrait lui dire de s'abandonner à la douleur. Il voudrait qu'elle puisse librement pleurer ce père tant aimé et respecté. Mais elle ne peut pas se permettre cette faiblesse. Pas devant les personnes rassemblées à leurs côtés et dont l'émotion varie en fonction des visages. Pas devant le Conseil.

Goku sait que toutes ces personnes surveillent la femme à ses côtés. Que la moindre trace de faiblesse de sa part peut sonner le glas de son autorité.

Elle est l'un des leaders de la Résistance.

Elle ne peut pas se permettre de craquer.

Alors Goku ne fait rien, hormis serrer encore plus fort la main de son amie habillée en noir.

"- Tu peux y aller Bulma. Personne ne nous espionne."

Remerciant Goku du regard, Bulma entre dans la chambre de sa mère. Le brun à la coupe improbable referme la porte derrière elle pour lui laisser de l'intimité. Mais Bulma est sûre qu'il ne quittera pas le pas de la porte avant qu'elle ne ressorte.

"- Hey maman."

Seul un « bip-bip » lui répond. L'odeur aseptisée de la pièce blanche ne la gêne plus depuis belle lurette. En revanche, Bulma n'arrive toujours pas à se faire à l'éclairage de la pièce, lumière blanche désagréable qui reste cependant trop faible au goût de la trentenaire.

Devant elle repose madame Brief, son masque respiratoire demeurant tout ce qui la raccroche à la vie.

"- On a incinéré papa, comme prévu."

Les cheveux de sa mère n'ont pas bénéficié d'un lavage et d'un brushing depuis longtemps. Les boucles blondes de la quinquagénaire s'étalent en auréole autour de sa tête. Tellement négligé… Tellement loin de l'image que sa fille se fait d'elle.

- Il aurait détesté ça. Lui, ce qu'il voulait, c'était se faire enterrer à la maison, au milieu de son stupide parc animalier.

Bunny Brief est maigre et a perdu toute sa masse musculaire. Elle occupe cette chambre et ce matériel depuis trop longtemps. Si elle n'avait pas été la mère de Bulma et l'épouse du plus grand scientifique de la Résistance, cela ferait longtemps qu'elle aurait été débranchée.

"- Comme ça, à chaque fois qu'on aurait voulu lui rendre hommage, il aurait fallu qu'on se fraye un chemin au milieu de sa ménagerie de monstres pleine de tigres et de dinosaures."

Non… Les monstres ne sont pas ces animaux-là. Les monstres, les vrais, Bulma les affronte inlassablement chaque jour.

L'être en deuil se laisse aller tout contre le corps inerte de sa mère, libérant les sanglots qu'elle refoule depuis des heures.

"- Je t'en prie maman… Je ne peux pas faire cela sans toi. Nous avons déjà trop perdu. Je viens… nous venons de perdre papa. J'ai besoin de toi."

Cette guerre s'éternise et devient chaque jour de plus en plus dure.

Tout ce que Bulma veut, c'est retrouver la présence niaise de sa mère. Elle veut s'énerver à nouveau sur son sens lunaire des priorités. Sentir, ne serait-ce qu'une fois, la main parfaitement manucurée de la blonde sans âge lui caresser le visage et les cheveux en lui chantonnant d'une voix aiguë à quel point elle est intelligente, belle, forte et qu'il n'existe aucun être au monde dont elle pourrait être plus fière.

"- Réveilles-toi maman !"

La main que Bulma tient demeure inerte entre la sienne. Bunny Brief ne réagit à rien depuis trois ans. Pas même aux suppliques et aux larmes de sa fille adorée. Elle n'a pas réagi lorsque sa fille est venue lui annoncer, détruite, que la maladie de son mari était en train de remporter la partie et que le docteur Brief n'en avait plus que pour quelques semaines. Elle n'a pas non plus réagi lorsque Bulma lui annoncé qu'il ne passerait pas la nuit. Aucune réaction non plus à l'annonce de sa mort.

Pas plus de succès aujourd'hui.

Madame Brief est et reste un corps qui respire, mais ne vit pas véritablement. Un morceau de plafond lui est tombé sur la tête. Seul un miracle l'a fait survivre au choc. Le miracle n'est pas allé jusqu'à faire de ce choc un accident bénin sans grandes conséquences.

Bulma se laisse complètement aller tout contre le corps décharné de sa mère.

Le conflit contre les saiyans leur a trop pris.


Le scientifique humain sait qu'il vit ses dernières secondes. Le roi Vegeta joue de ses jambes pour faire tanguer vers l'arrière la lourde chaise de bois sur laquelle il est assis. Mais personne n'est dupe. Il déteste qu'on lui apporte des mauvaises nouvelles. Et celle que l'humain lui amène va certainement le contrarier.

"- Nous… n'avons pas réussi à contourner le brouillage…"

Une boule d'énergie lancée par le roi le pulvérise sur place, ne laissant qu'un corps fumant sur le plancher de bois. La trace de calcination va sûrement rester incrustée au sol. Tant pis. Ce n'est pas ce qui va gêner le saiyan.

Vegeta grogne, autant par satisfaction que mécontentement. Observer la carcasse de l'oiseau de mauvais augure le calme, mais la nouvelle demeure inchangée.

"- Pas envie de savoir s'ils ont pu détecter la source du signal ?"

Le soldat chauve à fine moustache brune parle d'un ton impertinent, mais la façon qu'il a de courber l'échine en parlant ne prête guère à confusion. Il sait où est sa place, qu'importe que le roi en question fasse trois têtes de moins que lui.

"- Nappa, s'ils avaient réussi à le faire, c'est la première chose que l'humain m'aurait dit."

Le soldat saiyan d'une cinquantaine d'années ricane, tout en mordant dans la cuisse de sanglier rôtie qu'il a en main. La bouche pleine, il appelle les serviteurs pour qu'on les débarrasse du cadavre calciné. Sur n'importe quelle autre planète, ce corps cuit à point aurait constitué un met de choix pour le glouton de saiyan qu'il était.

Pas ici. La Terre est spéciale.

Après plus de vingt années passées à dériver au hasard à travers l'univers, les fiers guerriers de l'espace ont finalement réussis à s'installer quelque part. Et ce quelque part a été la Terre.

Au lieu de faire comme ils ont toujours procédé, à savoir purger la planète de ses habitants, les saiyans ont laissé vivre une partie de la population autochtone. La nouvelle espèce dominante de la planète a asservi ceux qui leur ressemblent étrangement : les humains.

Une décision quasi inédite dans la grande et glorieuse histoire des guerriers de l'espace à queue de singe. Mais qui devient logique au regard des évènements de ces deux dernières décennies.

Déjà, les terriens humains, malgré leur absence de queue de singe, ressemblent de façon dérangeante aux saiyans. D'où le fait qu'ils ne soient pas mangés par les guerriers de l'espace. Les saiyans ne s'adonnent au cannibalisme qu'en dernier recours et la Terre est suffisamment riche pour leur éviter cette alternative.

Bien sûre, cette sommaire protection ne concerne que les terriens humanoïdes. Des êtres aux caractéristiques physiologiques différentes se sont également revendiqués "terriens". Ils parlent la même langue que les terriens humanoïdes, semblent posséder le même degré d'intelligence et vivent en harmonie avec eux, sur un même pied d'égalité. Le roi de ce monde lui-même était un terrien de moins d'un mètre de haut, avec une tête de chien bleu et une moustache blanche.

Cela n'a pas empêché les saiyans de juger ces êtres sur leurs uniques caractéristiques physiologiques.

Les êtres non humanoïdes aux physiques éloignés de celui des saiyans n'ont pas à être appelés "terriens". Ce sont des proies bonnes à servir de victuailles, tout simplement.

Tous les êtres aux physiques de félins, de canidés, de cochons et autres animaux sont donc chassés par les saiyans. Ils sont capturés et ingurgités au même titre que les animaux dénués d'alphabet qui peuplent également la Terre.

Les terriens humanoïdes - les humains - ont bien tenté d'intervenir durant un premier temps pour protéger ceux qu'ils considèrent comme des compatriotes, mais tout acte de rébellion est sévèrement puni. Les "terriens-animaux" se sont rapidement retrouvés seuls à tenter de préserver leur peau, se terrant dans les endroits les plus improbables et sécurisants que leur morphologie puisse leur permettre.

Nappa est interrompu dans ses pensées par son roi.

Ce dernier se lève d'un coup de sa chaise et rejette la cape qu'il porte sur le dos, la laissant choir sur le sol. Elle est en fourrure, celle de l'animal le plus rare et le plus précieux que cette planète ait porté jusqu'à leur arrivée. Nappa ne se souvient plus du nom de l'animal. Il sait que le jeune roi Végéta a tué la bête d'un seul coup et l'a dépecée dans la minute qui a suivi, confiant la tâche d'en faire un habit décent à un serviteur humain.

Pas que cette fourrure, ou même cette cape, plaisent particulièrement à Vegeta. C'est juste que le roi conquérant aime les objets dignes de son rang. Et parce qu'aux yeux des terriens, cette peau est un objet précieux, il se doit de la posséder. Sur cette planète, ce vêtement constitue la crème de la crème. Donc le meilleur de ce le monde puisse lui offrir.

Le roi Vegeta exige ce minimum.

Mais il n'en reste pas moins un véritable saiyan à cheval sur certaines pratiques. En dessous de cette cape se trouve la tenue de combat traditionnelle des guerriers de l'espace.

Une combinaison élastique bleu marine recouvre l'intégralité d'un corps musclé au possible, laissant juste apparaître la jonction entre les clavicules. Une armure d'apparat blanche la recouvre au dessus des hanches, rehaussée d'une couleur cuivre au niveau du torse. Cette armure bicolore dessine les imposants abdominaux et pectoraux des guerriers de l'espace.

L'armure pectorale, dont le bas est délimité par la position de leur queue de singe, n'a pas grande utilité au combat. Elle est trop peu solide pour résister aux batailles dans lesquelles s'engagent habituellement les saiyans. Qu'importe, les saiyans ont toujours porté cette armure par esprit d'appartenance à une communauté. Rien ne les fera la quitter. Des épaulettes souples de couleur cuivre viennent s'ajouter à l'ensemble, donnant aux saiyans bodybuildés une stature encore plus démesurée.

Le tout est complété par des bottes blanches pointues et des gants de la même couleur, ce qui rend ces accessoires extrêmement salissants. Il faut systématiquement les faire nettoyer à l'issue de chacune utilisation.

Vegeta déteste qu'on se présente à lui avec des affaires souillées et crasseuses. Lui et les siens ont trop longtemps vécu enfermé dans un vaisseau spatial. L'eau y était rationnée et ne servait certainement pas à nettoyer les uniformes.

Qu'importe que l'on soit un simple soldat, un général ou un roi, chacun possède la même tenue. Si ce n'est la dimension des épaulettes. Cette unique particularité est laissée au bon vouloir de chacun.

La force brute et le talent font la différence entre les saiyans faibles et les saiyans forts. Pas la tenue. Auparavant, il était facile de constater cette différence de force. Nul besoin d'en passer par un combat. Les capteurs des scouters servaient à ça. Aujourd'hui, évaluer cette force requiert des tests. Bref, une perte de temps.

"- Je vais rendre des visites surprises à des camps avancés. Je te laisse la charge du palais. Et passes donc au vaisseau pour motiver ces bons à rien de scientifiques humains !"

Sans plus de cérémonie, le roi foule de ses bottes le sol en bois et se dirige vers le balcon sculpté donnant sur un magnifique paysage montagneux. Là, il saute dans le vide pour immédiatement réapparaître dans le ciel terrien, disparaissant en un clin d'oeil dans les hauteurs nuageuses.

Nappa sait que cette soudaine décision d'inspecter les camps avancés n'est en rien gratuite. Le dirigeant des saiyans a besoin de se changer les idées. L'échec des scientifiques humains lui renvoie en pleine face ses échecs personnels : son incapacité à mettre la main sur ses deux némésis de guerre, le traître Kakarotto et la terrienne Bulma Brief.

Ces deux-là empoisonnent la vie du roi depuis trois longues années et ralentissent considérablement la progression de la conquête terrestre. Sans eux, la Terre aurait été complètement conquise et asservie en moins de deux mois.

Véritables anguilles fourbes, Kakarotto et Bulma Brief continuent de se terrer sous terre, conspirant et concevant des plans audacieux visant à mettre à mal la domination saiyan sur la Terre.

Rien n'a jamais réussi à les faire plier. Ni les prises d'otages, ni les exécutions de masse. Et cette politique de la menace a fini par se retourner contre les saiyans.

Les deux camps savent que les saiyans ont besoin de main-d'œuvre pour vivre durablement sur Terre. Ils ont besoin des humains, ou du moins ce qui en reste suite à leur génocide volontairement non mené à termes. A partir du moment où les envahisseurs ne peuvent plus se permettre d'organiser des massacres, nul besoin d'en faire un argument pour du chantage.

Décidé à lui aussi se changer les idées, car les problèmes du roi sont aussi les siens, Nappa quitte les appartements de ce dernier pour se diriger vers le harem du palais.

Il y a une nouvelle humaine là-bas qui pourrait très bien convenir pour porter l'un de ses héritiers...

Voici l'autre argument pour expliquer l'approche des saiyans vis-à-vis des humains, et surtout des humaines. Une incongruité de l'univers. Bien que la planète d'origine des saiyans, Vegetasai, et la Terre n'aient rien en commun, le code génétique des habitants des deux mondes est extrêmement semblable.

A tel point que la reproduction est possible entre eux.

C'est inédit pour les saiyans. Et cela change la donne quant à cette planète et son peuple principal. Bien que les terriens restent une race physiquement fragile et à l'espérance de vie ridiculement courte, le fait que les terriennes humanoïdes puissent porter la progéniture des saiyans rend cette espèce presque… précieuse.

Le coïte interespèces n'a jamais posé problème aux guerriers de l'espace. Beaucoup de races à travers la galaxie peuvent pratiquer l'acte sexuel entre elles, d'une façon ou d'une autre. Les saiyans ont pour habitude de s'amuser ainsi, puis de directement se remplir le ventre avec la même entité.

En revanche, le fait que deux races différentes puissent engendrer une descendance ensemble, c'est extrêmement rare. Pour l'espèce en voie de disparition que sont les saiyans, c'est même tout bonnement inespéré.

Bien sûr, tous ces arguments ne font pas des terriens une espèce intouchable qu'il faut choyer au delà du raisonnable. Ils étaient le peuple dominant, ils sont maintenant les dominés. Les saiyans ont bien pris possession de la Terre et ils vont vivre sous le joug des saiyans. Ce n'est pas une cohabitation, mais bien une invasion et un asservissement.

C'est pour cela que plus de 90% des habitants de la Terre ont été tués.

Lorsque les guerriers de l'espace sont arrivés sur Terre presque trois ans plus tôt, en septembre 761, il y avait trop d'êtres vivants, humains compris.

Les exterminer aurait été facile, une dizaine de guerriers auraient suffi pour effectuer le boulot en moins de deux semaines.

Seulement, l'histoire en a décidé autrement. Les saiyans sont restés sur Terre et il fallait, pour mettre fin à leur extinction annoncée, conserver des humains en vie. Gérer la vie de plusieurs milliards d'être vivants et pensants est tout bonnement inenvisageable pour l'espèce guerrière. Pour se faciliter la vie, les saiyans ont donc réduit le nombre de terriens, humanoïdes ou non, de plusieurs milliards. Ainsi, leurs nouveaux serviteurs sont plus facilement contrôlables et gérables.

La Terre constitue véritablement la conquête parfaite.

Sa faune et sa flore y sont riches, le climat y est agréable tout en offrant une diversité attrayante. Sa gravité est faible, renforçant d'autant plus les pouvoirs des conquérants.

Son ancienne race dominante, les humains, reste limitée physiquement, mais sa psyché ne semble pas si éloignée de la façon de penser saiyan : il y a des ambitieux, des fortes têtes, des soumis, des personnes prêtes à n'importe quoi pour survivre, des gens possédant un sens de l'honneur et d'autres non… Bref, ils sont cernables, du moins dans les grosses lignes.

Le fait que leurs femelles puissent se substituer aux femmes saiyans pour assurer la naissance de nouvelles générations de guerriers représente juste l'apothéose.


"- Veux-tu que je te raccompagne à tes quartiers Bulma ?

- Pas la peine Goku. Je vais plutôt aller vérifier que le réseau de brouilleurs tient toujours bon.

- Tu devrais te reposer… Prends ta journée Bulma ! Te surmener ainsi n'amène rien de bon!

- Tu sais bien que le Con…

- Au diable le Conseil ! Ton père est mort ! Tu lui as dit adieu ce matin même. Le Conseil peut bien tolérer un instant de faiblesse !

- Tu sais bien que Peterson n'attend qu'une chose Goku : me virer de mon siège et faire de moi une simple scientifique sans poids politique. Tu ne crois pas qu'il est en ce moment même en train d'essayer de convaincre d'autres membres de le soutenir dans sa vendetta personnelle ?

- Peterson est un idiot, mais tous ne sont pas comme ça."

Bulma s'arrête au milieu du couloir rocheux mal éclairé et regarde de ses yeux fatigués son plus vieil ami. Mi-taquine, mi-épuisée, elle tapote l'un de ses bras aux muscles de béton.

"- Doux agneau de Goku. C'est bien pour cela que j'ai refusé que tu entres au Conseil. Malgré cette guerre, tu restes naïf. Tu n'aurais pas tenu un mois en politique.

- Ahah, tu crois ? C'est toi qui connais le mieux ce milieu Bulma, je te fais confiance", lui répond le jeune saiyan en se frottant machinalement la nuque, geste qu'il fait à chaque fois qu'il est embarrassé.

Qu'importe les années qui passent, il fait toujours ce geste si précieux et insouciant... Bulma prie le ciel chaque jour pour que personne ne le fasse jamais disparaître.

"- Tu ne devrais pas rejoindre Son Gohan ? Cela fait longtemps qu'il est dans la salle d'entraînement.

- Cela ne te dérange pas ?

- Je peux continuer tout de seule. J'ai suffisamment versé de larmes pour la journée."

Son Goku la prend brièvement dans ses bras, lui adressant l'un de ses sourires réconfortant dont il a le secret. Puis il s'éclipse à la vitesse de la lumière, la laissant seule dans le couloir rocheux.

La trentenaire reste quelques instants immobile, avant de reprendre sa route sur le sol en béton pour rejoindre le centre de contrôle de la base. Ou plutôt le centre névralgique et technologique de la Résistance.

Un dédale de roche passe devant ses yeux absents.

L'esprit ailleurs, Bulma Brief ne voit rien durant son avancée. Ni la roche grise et sèche mal éclairée par un système d'éclairage jaunâtre à bout de souffle, ni les portes coulissantes fermées dont la couleur blanche détonne avec l'environnement caverneux. Elle ne remarque pas non plus ses compatriotes qui lui adressent des saluts respectueux.

Heureusement, personne ne le prend mal. Ils savent qu'ils ont perdu le meilleur scientifique de leur mouvement et qu'elle a perdu un père.

Son corps en mode automatique lui fait prendre les bons embranchements pour la mener jusqu'à sa destination.

Arrivée devant une double porte coulissante aussi blanche que les autres, elle tapote un code sur un boitier installé dans la roche et présente au scanner sa carte d'accès tordue par le temps et l'usage. La porte s'ouvre. Un bip positif aurait dû se faire entendre, mais cela fait bien longtemps que cette composante du mécanisme est tombé en panne. La Résistance n'a pas de ressources à mettre au service de ce bonus inutile.

Bulma passe devant ses confrères sans leur parler.

Elle se dirige directement vers le fond de la salle pour inspecter les serveurs. Cette zone, climatisée au possible, est actuellement leur meilleure défense contre les saiyans. Elle permet de coordonner un réseau de brouilleurs à longue portée qui rend obsolètes les radars des singes de l'espace, "scouters" comme ils les appellent.

Ce brouillage rend les envahisseurs aveugles aux énergies émises par chaque forme de vie sur Terre. De fait, les envahisseurs, dépendants de leur technologie en matière de détection d'aura, sont aveugles. Ils ne peuvent pas dénicher les positions des divers centres de réfugiés terriens à travers le globe.

Bien sûr, tous les centres ne sont pas aussi sécurisants les uns que les autres. Si certains lieux sont enfouis plusieurs kilomètres sous terre, d'autres camps moins importants sont installés dans des forêts épaisses qui les rendent plus vulnérables à l'ouïe ou l'odorat saiyan.

Le fait que plusieurs guerriers du camp de Bulma puissent eux-mêmes détecter les énergies de chaque forme de vie sur Terre donne à la Résistance un avantage considérable.

Cette technologie de brouillage, une invention de Bulma Brief, constitue une véritable épine dans le pied des saiyans.

Par conséquent, ce brouilleur est la plus grande fierté de la terrienne, dont le premier tour de force a été de mettre la main sur un radar saiyan, aussi appelé "scouter". Entrée en possession de l'objet moins de quinze jours après le début de l'invasion, Bulma l'a analysé, disséqué, mais surtout, elle a compris et maîtrisé sa technologie. Une fois la fréquence des ondes utilisée par l'engin pour détecter les formes de vie identifiée, il a suffi à Bulma de construire une machine dont les ondes annulent ces fameuses fréquences. Le brouilleur était prêt.

Il ne restait plus qu'à produire des relais de poche pour en couvrir l'intégralité de la planète. Une fois cela fait, impossible pour les macaques de repérer les énergies vitales des terriens.

Bulma s'était attendue à ce que les singes meurtriers de l'espace répliquent en changeant la fréquence du fameux radar, mais ils ne l'avaient jamais fait. C'est à croire qu'ils ne maîtrisent pas leur propre technologie.

Qu'importe, la famille Brief s'est jetée sur les possibilités qu'offrait cette technologie extraterrestre nouvellement acquise et maîtrisée.

Munie du nouveau savoir acquis par la découverte de la technologie alien, Bulma avait optimisé les capacités des radars terriens. Les envahis possèdent une chaleur corporelle légèrement plus élevée que celle des terriens. Les détecter est devenu un jeu d'enfant. Cela permet aux camps de réfugiés de s'adapter en cas d'approche de l'ennemi.

Cela fait maintenant plus de deux ans et demi que le brouilleur à l'échelle planétaire mène la vie dure aux saiyans dépendants de leur technologie.

Et il tient bon. La scientifique sait pertinemment que Vegeta a réuni autour de lui un maximum de ses confrères terriens pour mettre un terme à cette nuisance. En vain pour le moment.

Un point pour la trentenaire aux cheveux bleus.

"- On va avoir besoin de trois nouveaux relais d'ici demain. Je vais bosser sur les exosquelettes. Veillez à ce qu'on ne me dérange pas pour rien."

Sur ces mots, Bulma quitte le centre de contrôle pour se rendre dans l'un des blocs voisins : leur laboratoire. Ou plutôt son laboratoire. Son père est mort après tout.

Il n'y a personne. Normalement, il y a toujours quelqu'un pour bosser sur les fameux exosquelettes. C'est le projet phare de la Résistance après tout, celui sur lequel la majeure partie des gens mise pour faire face aux saiyans dans un avenir pas si lointain.

Aujourd'hui, personne. Les camarades de Bulma ont compris. Ils ont fait preuve de délicatesse, de tact, et ont quitté les lieux pour la journée afin qu'elle puisse rester seule avec le fantôme de son père.

Ce laboratoire, ils y ont passé la quasi-totalité de leur vie de père et de fille depuis presque trois ans. Il y avait les autres avec eux certes, mais c'était surtout le laboratoire des Brief.

Une journée de mauvaise productivité ne va pas tuer le projet des exosquelettes. L'équipe scientifique de la Résistance doit bien ce répit à Bulma Brief et son défunt père.

Bulma distingue l'un des paquets de cigarettes de son paternel sur l'une des tables de travail en aluminium du labo. D'un geste légèrement fébrile, elle tire une clope du paquet et la porte à sa bouche. Avisant le Zippo de son père, elle l'allume et tire une longue taffe.

"- Nous survivrons papa, je te le promets. Moi et maman verrons la fin de ce conflit. Les saiyans quitteront notre planète avant que l'on te rejoigne."

Le père de Bulma est mort d'un cancer du poumon, non traité faute des médicaments adéquats. Mais cela n'empêche pas l'ancienne fumeuse de s'enfiler tout le paquet en l'espace de quelques heures. Juste histoire d'avoir l'impression, l'espace d'un instant, que Monsieur Brief est toujours vivant à ses côtés, à passer ses journées et ses nuits dans le labo à oeuvrer pour le bien de ce qu'il reste du peuple terrien.


Son Goku s'enfonce encore et encore dans les profondeurs de la Terre.

La chaleur est telle qu'un être humain normal se serait évanoui depuis longtemps. Tout le monde dans la base sait qu'au plus profond de leur refuge se trouve une bâtisse blanche et dorée servant de terrain d'entraînement aux surhommes qui les protègent.

Très peu en revanche savent que cette structure souterraine est d'origine divine et que trois années plus tôt, elle se trouvait aux abords de la stratosphère terrestre.

Le jeune saiyan pousse une lourde porte et entre dans le palais du Tout-Puissant. Une silhouette est immobile à côté de l'entrée. Son Goku salue le gardien à turban des lieux, Mister Popo. Toujours fidèle au poste. Prêt à tout pour protéger le corps détruit de Piccolo-Dieu. Qui a d'ailleurs bien plus l'apparence de Piccolo que du Tout-Puissant.

Comme à chaque fois qu'il passe devant l'être allongé sur une dalle sobre, Goku sonde son aura. Aucune amélioration ou fluctuation.

Dieu et Piccolo ont fusionné dès le début de l'invasion saiyan afin de contrer les envahisseurs. Dieu a accepté de laisser Piccolo prendre le contrôle, car ce dernier était le guerrier sans coeur dont la Terre avait cruellement besoin à ce moment-là.

Mais cela n'a rien changé.

Si le résultat de cette fusion est parvenu à venir à bout de quelques soldats saiyans de Troisième classe, Piccolo est resté impuissant face à la forme monstrueuse que les guerriers de l'espace appellent "Oozaru".

Lassé par sa résistance, le guerrier nommé Nappa a lancé une boule d'énergie étrange dans le ciel et s'est transformé en singe géant. Ses compatriotes ont eux aussi réagi à cette boule d'énergie et lui ont emboîté le pas.

Les conséquences pour la Terre ont été terribles.

Près de cent-vingt saiyans se sont tout à coup transformés en singes géants simultanément.

La majeure partie d'entre eux a complètement perdu toute lucidité. Tout n'a alors été qu'un massacre aveugle et gratuit étendu à travers l'ensemble du globe.

Un massacre qui a duré moins d'un quart d'heure.

Juste le temps que le roi Vegeta, transformé et bien lucide, décide de détruire la sphère d'énergie et de faire retourner les membres de son armée à leur forme d'origine.

Mais ce quart d'heure a été suffisant pour causer plus de treize millions de victimes.

Piccolo n'a évidemment rien pu faire contre une demi-douzaine de singes géants hauts de plus de vingt mètres et tirant des rayons d'énergie. Un massacre. Son salut, il le doit au sacrifice de la sorcière Baba. L'intermédiaire entre le monde des morts et celui des vivants a choisi de faire le sacrifice ultime en offrant son immortalité à l'univers pour téléporter Piccolo, ainsi que la maison du Tout-Puissant, à l'abri sous terre. L'être vert a dès lors été plongé dans un sommeil profond et réparateur.

Ainsi, tant que Piccolo sera toujours en vie, les boules de cristal du dragon ne disparaîtront pas. Shenron reste certes impossible à invoquer tant que l'être vert reste dans un sommeil profond. Mais au moins, Son Goku est prêt. Les boules étant toujours en partie actives, il a pu les rassembler grâce au radar de Bulma. Le jour où Piccolo se réveillera, ils pourront enfin invoquer Shenron et changer le cours de la guerre.

Goku dépasse le corps au repos de Piccolo et descend de nouveaux escaliers.

Arrivé en bas, il pousse la porte d'entrée de la salle d'entraînement. Cette dernière a été construite en dessous du palais et fait plus de vingt fois sa taille. Si l'énergie vitale de Baba a été complètement aspiré au point de causer sa mort, c'est bien à cause de cette salle d'entrainement souterraine et démesurée. Pas à cause du palais au-dessus ou le sauvetage du démon-dieu vert.

Goku passe devant des caisses de nourriture, des vêtements en piteux état éparpillés au sol et un lit géant aux draps défaits. Là, il atteint trois marches d'escalier. Dès la première marche, son corps se fait plus lourd. La gravité à l'intérieur de la zone d'entraînement est plus importante que sur Terre.

Mais après plus de deux années d'entraînement, le jeune père est habitué. Tout comme Krilin et Son Gohan.

Krilin a rejoint la salle directement après l'adieu à Monsieur Brief. Le meilleur ami de Son Goku a beau s'entraîner autant que lui et son fils, il ne parvient pas à rejoindre leur niveau. Cela attriste Goku. Il semble que dans cette guerre, seul un saiyan puisse combattre de front un autre saiyan. L'extraterrestre qui a accepté la Terre comme foyer regrette que les humains ne puissent pas se défendre complètement par eux-même. Cela aurait paru… plus juste.

Goku sait que sa présence, ainsi que celle de son fils, mettent mal à l'aise une partie des habitants de la base, ainsi que le Conseil, cette fameuse table ronde se substituant à un gouvernement terrien.

Il a accès à l'intégralité de la base, à l'ensemble des structures de la résistance. Il est un ami personnel de la figure qu'est Bulma Brief. Beaucoup de choses dépendent de lui. Il est l'arme principale des terriens.

Et cela ne plaît guère à un bon nombre de gens.

Qu'importe tout ce qu'il a pu faire pour sauver la Terre par le passé. Il reste un "non-terrien" aux yeux de tous. Pire, il est originaire du même peuple que les envahisseurs.

Le fait qu'il ait eu un enfant avec une terrienne inquiète également pas mal de monde. Beaucoup se demandent si Son Goku a semé d'autres enfants métis à travers le monde.

Du haut de ses sept ans, Son Gohan a montré que le métissage entre les saiyans et les terriens peut donner des enfants en bonne santé qui héritent bien plus du gène saiyan que du gène humain. Qui plus est, cette puissance n'est en rien diminuée par ce mélange incongru, au contraire. Goku n'a aucune honte à se l'avouer, son fils possède un potentiel bien plus important que lui.

Le jeune père comprend bien les inquiétudes des terriens à leur égard.

Ils sont de la même race que leurs bourreaux après tout. Mais il comprend aussi que ces rumeurs, ces bruits de couloir et cette ambiance négative constante sont un calvaire pour Son Gohan.

Le pauvre garçon n'a pas encore dix ans et déjà est-il coupé de tout, empêtré dans une vie d'entraînements et de combats sans fin.

Aucun enfant ne mérite cela. Certes, au même âge, Goku vivait lui aussi coupé des humains. Mais à cette époque, il avait la nature, les animaux, son grand-père…

Personne ne le détestait.

Il ne savait même pas ce qu'étaient la colère, le mépris ou la haine.

Son Gohan, lui, est voué à tuer. Ce petit garçon si doux et si peureux, à la tignasse tout aussi indomptable que son géniteur, a dès son plus jeune âge été voué à la guerre et les sentiments négatifs. Que cela émane des saiyans ou ce qui reste des terriens. Un enfant sacrifié pour le bien du plus grand nombre.

Goku n'est pas fier du père qu'il est devenu.

Chichi n'aurait pas été fier de lui et de l'éducation qu'il prodigue à Son Gohan.

Sa femme manque cruellement à Son Goku.


Voilà voilà...

Verdict ?