Me revoici, cette fois avec un two-shots ! \o

Je suis une énorme fan de la série Sherlock BBC. Et sous les conseils d'une amie -qui m'a pratiquement harcelée, je tiens à le dire, mais je ne la remercierai jamais assez-, j'ai récemment regardé toutes les vidéos traitant de la TJLC, soit The Johnlock Conspiracy. J'étais stupéfaite de découvrir tous ces détails qui m'avaient échappé en regardant la série, et je remercie Rebeka d'avoir fait un travail aussi monstrueux.

Si vous aimez la série, je vous conseille d'aller y jeter un coup d'oeil ! C'est assez long, mais quand on a commencé, on ne peut plus s'arrêter !

Bref, ces vidéos ainsi que la saison 4 m'ont inspiré ce petit -de qui je me moque- two-shots. Je tenais à rectifier une des scènes qui m'a le plus marquée dans Le Problème Final -mon kokoro n'a pas survécu, appelez une ambulance, s'il vous plaît.

J'espère en tout cas que cela vous plaira ! Le posterai le deuxième et dernier chapitre dans... quelques jours, quand l'envie m'en prendra C: Je vous souhaite une bonne lecture, et préparez les mouchoirs :33 Je vous aime !

P.S : Je sais que certains attendent la suite de Brothers in Arms, mais je fais de mon mieux en ce moment. J'ai énormément de choses à faire entre mes cours et mon boulot. Mais pas d'inquiétude, la fic est toujours d'actualité ! Je dois juste trouver le temps d'écrire tout ça. Merci de votre patience, je vous adore !


Un soldat à cœur ouvert

" Il y a une autre chambre à l'étage, si vous souhaitez faire chambre à part "

" Bien sûr, que nous le ferons "

" Je vous apporte des bougies. Ce sera plus romantique "

"Je ne suis pas son rencard ! "

" Vous êtes jaloux ? "

" Si cela intéresse encore quelqu'un... Je ne suis pas gay. "

C'était ce que John avait affirmé, toutes ces années. Quiconque le croisait en compagnie de Sherlock supposait immédiatement qu'ils étaient un couple, et il ne cessait de le réfuter, bêtement. Oui, Sherlock était un grand homme, il l'admettait. Dès leur première rencontre, il l'avait senti, malgré lui. À l'instant où il l'avait vu, dans cette salle de l'hôpital St Bart's. Lorsqu'il avait pris son téléphone. Et lorsqu'il avait simplement demandé " Afghanistan, ou Irak ? ". Depuis, John l'avait suivi partout, sans poser de questions. Cela signifiait-il qu'ils se bécotaient dès qu'ils étaient à l'abri des regards indiscrets ? Beaucoup le supposaient.

Enquêtes, dîners, jeux stupides, il aimait tout partager avec lui. Sherlock était arrogant, antipathique, et mauvais perdant, de surcroit. Mais la nature avait trouvé drôle de le doter d'une intelligence hors norme. Ainsi, lorsqu'ils étaient ensemble, John passait souvent de l'humeur " Tu es extraordinaire " à " Je vais te casser la gueule, prépare-toi ".

Pourtant, le détective avait beau le faire sortir de ses gonds, l'emmerder bien comme il fallait, et avec un soin tout particulier, le médecin ne lui en voulait jamais longtemps. Il finissait toujours par lui pardonner et leur duo était de nouveau soudé. Et puis Sherlock était tellement incroyable, tellement irréel qu'il ne pouvait s'empêcher d'écouter ses déductions avec la bouche grande ouverte, comme un poisson hors de l'eau. Il ne lui manquait que l'humilité, et Sherlock aurait été parfait.

À ses yeux, son compagnon avait toutes les qualités dont on puisse rêver - si l'on oubliait celle précédemment nommée, très loin, au fond d'un puits. Bel homme, déjà - bien que ce soit une question de goût, mais John pouvait affirmer sans craindre de se tromper que Sherlock plaisait aux femmes, et sans doute aussi aux hommes. Malin, plus sensible qu'il ne le laissait entendre, mais pas pleurnichard pour autant. Il avait ce sourire satisfait lorsqu'il dégotait un indice, cette moue dépitée quand il contemplait un crétin fini qui mettait en doute son jugement, et cette agitation chronique lorsqu'il était en manque de sensations fortes, et qui vous rendait tout autant fébrile que lui. C'était un calvaire d'être dans la même pièce que lui dans ces moments-là, mais John avait appris à vivre avec.

Oui, il avait appris à vivre avec Sherlock Holmes. Il s'était habitué aux coups de feu qui résonnaient soudain dans l'appartement, témoignant de l'ennui de son locataire et de la raclée prise par le mur. Il s'était habitué au violon joué à des heures impossibles la nuit, que ce soit des balades déprimantes ou des symphonies endiablées qui l'obligeaient sûrement à remplacer ses cordes toutes les semaines. Il s'était habitué aux nuits sans sommeil à plancher sur une affaire, aux diners où il était le seul à manger alors que son acolyte déblatérait ses dernières découvertes, aux courses éreintantes dans les étroites rues de Londres. Il s'était habitué à une vie dangereuse, et cela lui convenait très bien. Il avait besoin d'action, pas d'une vie de civil paisible et sans soucis.

Il avait essayé, pourtant. Il était passé par un nombre incalculable de copines, que Sherlock confondait toujours, et qu'il confondait, lui aussi. Mais elles ne restaient jamais longtemps. Qui le feraient, après avoir été la cible indirecte d'un attentat ou la victime d'une réunion de gang de la mafia ? Aucune femme n'accepterait de vivre la vie qu'ils vivaient eux. Il n'y avait qu'eux pour en être satisfait. Et après des mois de recherches inutiles et plus oubliables que douloureuses, John avait décidé de s'en tenir au plan de base : vivre avec Sherlock. Car un quotidien banal et une vie de famille n'étaient tout simplement pas compatibles avec ses enquêtes en compagnie de Sherlock. Il avait fait un choix, et ne l'avait jamais regretté.

Sauf après la chute.

Sherlock sur les pavés, la tête éclatée au sol, le sang s'infiltrant dans les interstices des dalles. Du rouge sur ses joues, sur son front, du rouge dans ses yeux bleus et dans ses cheveux bouclés. Il ne voulait pas y croire, et pourtant c'était vrai : son ami s'était suicidé. Comment avait-il pu ne pas voir, ne pas comprendre, ne pas être là pour lui ? Au delà de tout, au delà de la mort même de Sherlock, ce qui rongeait le plus John, ce qui le tuait le plus, c'était de n'avoir rien pu faire pour empêcher ça. La rédemption n'était pas possible pour lui après ça, et tout ce qu'il pouvait faire, c'était demander à son meilleur ami d'arrêter. D'arrêter ce cirque, d'arrêter d'être mort, ou la culpabilité le tuerait, lui aussi.

Il n'avait reçu aucune réponse à ses appels pendant deux ans. Il avait survécu, plus mort que vivant, mortifié. Il se sentait incapable de passer à autre chose, et pourtant il le fallait bien. S'il mourrait, lui aussi, qui continuerait de raconter l'histoire de Sherlock Holmes, le brillant détective ? Qui continuerait de raconter leur histoire ? Celle de ces deux hommes qui avaient toujours vécu seuls, qui s'étaient toujours sentis incompris, anormaux, et s'étaient trouvés pour ne plus se quitter. L'histoire de Sherlock et de son fidèle Watson.

Il avait finalement trouvé Mary. Il l'avait rencontrée par hasard, dans un bar, et même si ce soir-là, il n'était clairement pas d'humeur à sympathiser, la jeune femme avait compris. Elle l'avait laissé prendre son temps, aller à son rythme. Mais elle n'avait pas lâché l'affaire. Et sa compagnie lui avait été étrangement apaisante. Elle avait cette malice, cette ironie qui lui faisait du bien. Depuis la mort de son ami, tout le monde le contemplait avec cette tristesse, non, cette pitié dans le regard. Pauvre John, disait-on. Cela devait être terrible pour lui. On ne le regardait même plus comme un être humain, juste comme un de ces survivants de la guerre, ces gueules cassées que l'on garde dans un coin de la maison, dans un vieux fauteuil où ils pourraient repenser seuls à ce qu'ils avaient vécu, aux combats qu'ils avaient traversées, aux camarades qu'ils avaient perdus.

Mary était différente. Elle ne le ménageait pas, elle le charriait ouvertement, sans pour autant être blessante. Elle était agréable, joviale, souriante, d'un sourire sincère et éclatant, celui d'une femme qui est heureuse de vivre, fière d'être celle qu'elle est. Et à la fin de la soirée, ils avaient échangé leurs numéros. Il ne savait pas trop à quoi s'attendre. Il se disait juste que ce serait une distraction de plus. Et sans qu'il y pense vraiment, c'était exactement ce qu'était Mary. Une distraction. Il s'en voulait, mais si la jeune femme l'avait aidé à afficher une risette ce soir-là, c'était avant tout un soulagement pour lui que d'oublier la véritable raison de ses tourments : la disparition de Sherlock.

Petit à petit, il commençait à rêver d'une nouvelle vie. Une nouvelle vie avec Mary. Un quotidien banal et sans risque, sans surprise, mais c'était mieux que rien. Si la femme avait été une casse-cou, une agent secrète ou il ne savait quoi, il n'aurait pas été sûr de pouvoir la suivre, elle. Une fois, mais pas deux. Mais même s'il essayait de s'y habituer, même s'il souriait de plus en plus par moments, tout était fade, toujours si fade. Tant de choses lui manquaient. Il essayait de repousser l'image du détective, son regard embrasé, son sourire taquin, alors qu'il lui murmurait "Le jeu est lancé". Mais elle revenait le hanter chaque nuit, avec ses souvenirs de la guerre. Son épaule de lançait et il se réveillait souvent en sueur dans son lit.

Après deux ans, il décida qu'il était définitivement temps de passer à autre chose. Peut-être qu'une demande en mariage serait suffisante ? Peut-être serait-ce le déclic qui le ramènerait enfin à une vie normale et paisible ? C'était sa seule issue. Il avait tout prévu, la bague, le restaurant, le costume, et sa moustache soigneusement peignée. Il avait tout prévu, oui.

Tout sauf ça.

Ce visage connu qui se révélait sous des lunettes et une moustache grossièrement dessinée. Ce regard de braise pourtant si bleu, qui hantait ses nuits. Cette bouche amusée et arrogante, qu'il avait envie de frapper, mais aussi d'embrasser. Sherlock. Le jour où il pensait pouvoir enfin passer à autre chose, son ami revenait d'entre les morts et se pointait au milieu de sa demande en mariage, déguisé en serveur.

Il aurait ri s'il n'avait pas été aussi furieux. Il avait souri, mais c'était un rictus contenu, un rictus crispé qui annonçait "Je vais te casser la gueule, prépare-toi". Et c'était ce qu'il avait fait, ou du moins il avait essayé. Mais la poigne autour de son cou avait été trop faible, et sa grimace de fureur s'étaient changé en une atroce tristesse. Et une incroyable joie. Il le détestait, en cet instant. Mais en même temps, il était terriblement heureux de le retrouver, de le savoir en vie. Sherlock allait pouvoir l'arracher à sa nouvelle existence monotone.

Tout n'avait malheureusement pas été si simple. Il ne pouvait tout simplement pas laisser tomber Mary tout à coup, et repartir vivre de grandes aventures avec son ami sociopathe. Pourtant, chaque jour, ses mimiques se faisaient plus lumineuses, son humeur s'améliorait, et ses sourires étaient plus sincères. Son regard vivait de nouveau. Cela ne manqua pas d'être remarqué, alors il fallait conserver les apparences. Son bonheur était d'avoir Sherlock et Mary à ses côtés, après tout. Le retour du détective ne changeait rien : il allait tout de même se marier...

Bien qu'au fond, il le regrettait peut-être un peu. Ou pas. Il ne savait plus trop. Parfois, il avait juste envie de suivre Sherlock jusqu'au bout du monde, et d'autres il voulait effacer son petit sourire goguenard à coups de poing dans la tronche. Son ami le faisait passer par toute la palette d'émotions possibles, par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Et il se sentait bien. Si bien.

Si bien que parfois, il voulait juste lui dire. Lui dire ces choses qu'il n'avait jamais dites. Ni lorsqu'il parcourait les rues de Londres avec lui, ni quand ils se fixaient sans rien dire, ni après la chute, lorsqu'il parlait à sa psy. Il n'avait pas pu les dire, et ne pouvait pas maintenant. C'était trop tard. Car il n'était pas gay, pas vrai ? Il n'y avait rien de plus entre lui et Sherlock que cette joyeuse camaraderie... pas vrai ? Même si mille fois, il avait rêvé de bien plus. Ces yeux penseurs, ces lèvres froides, il avait envie de les capturer, qu'ils ne lui appartiennent qu'à lui. Mais Sherlock ne le regarderait jamais. Car il n'était pas comme ça, car il n'aimait pas comme les gens normaux pouvaient aimer. Car il était Sherlock. Et car maintenant, il y avait Mary.

Si je t'avais attendu juste un peu plus longtemps... se disait-il. Si j'avais attendu, j'aurais pu... Mais il savait que c'était faux. Il avait toujours repoussé le moment, et le ferait toujours, même si ces mots étaient sincères, dans sa tête. Je t'aime, ce n'était pourtant pas si compliqué. Il le disait chaque jour à Mary, pourtant...

Dire "Je t'aime", ce n'était pas si dur. Ce n'était rien, même, juste des mots, comme ça. Alors pourquoi cela lui faisait-il si mal ? Pourquoi sentait-il cette étau dans sa poitrine, alors que Sherlock embrassait Janine ? Alors qu'il lui présentait un magnifique bague dans un écrin ?

Alors que Molly allait mourir, s'il ne le disait pas ? Si Sherlock ne prononçait pas ces simples mots, tout serait fini. Pourtant, dans sa tête, il ne voulait pas. Ce n'est pas ainsi que ça doit se passer. Ce n'est pas à elle que tu dois le dire. Il s'en rendait compte, maintenant, mais il aurait aimé être le premier. Le premier à entendre ça de Sherlock. Le premier qu'il regarderait en le disant. En le disait comme s'il le pensait. Ne le dis pas.

Oui, il disait toujours ne pas être gay, mais qu'était-il alors ? Comment nier ? Comment nier l'irrésistible attirance qu'il avait pour le détective ? Comment oublier chacun des sourires qu'il lui avait arrachés malgré lui, alors qu'il aurait dû être furieux ? Comment oublier le tourbillon infernal, le puits de désespoir dans lequel il avait été jeté après la chute ? Sherlock avait sauté, et John était tombé avec lui. Mais lui n'avait jamais atterri. La chute ne tue pas, c'est l'atterrissage qui tue. Et pourtant, John aurait préféré mourir aussi. Il aurait préféré se poser, s'écraser, exploser, plutôt que de subir cette chute continuelle, qui le tirait toujours plus loin vers l'Enfer. Un Enfer où Sherlock était mort.

Alors lorsqu'il était revenu... Même si c'était trop tard, même s'il y avait Mary, même s'ils étaient mariés, il ne pouvait qu'espérer entendre ces mots prononcés. Et il allait les entendre. Seulement, Sherlock ne le regarderait pas en les prononçant. Il lui tournerait le dos, fixerait l'écran où la victime d'Eurus apparaissant, inconsciente du danger qu'elle risquait. Eurus qui se jouait d'eux, encore et toujours.

Elle était intelligente, alors savait-elle ? Savait-elle ce qu'elle s'apprêtait à détruire, en plus de l'appartement et sa propriétaire ? Avait-elle compris, d'un seul coup d'œil, en les observant, ce qui unissait les deux colocataires ? Avait-elle perçu cette lueur dans leurs yeux, cette lueur qui veut tout dire ? Je t'aime, j'ai peur, on va s'en sortir, on le fait ensemble. Car chez eux, c'était le regard qui disait toujours tout. Toutes ces paroles à jamais enfouies, ces mots qu'ils retenaient toujours du bout des lèvres, orientant la conversation sur autre chose que la couleur des iris de l'autre, ou sur son air débraillé, ou sur sa moue renfrognée. Est-ce que ça se voyait, tout ce qu'ils ne se disaient pas ?

Après tout, Eurus avait toujours eu une longueur d'avance. Elle savait tout d'eux et s'en servait contre eux. Le jour où elle avait approché John dans le bus, elle savait ce qu'elle faisait. Une perruque, des lentilles et un doux sourire avait suffi à le capturer. Il n'y avait vu que du feu. Et maintenant, il se demandait, qu'avait-il vu sous cette apparence ? Eurus s'était-elle tant cachée que ça ? N'avait-elle pas laissé des détails apparents, comme ces traits si uniques dans la famille Holmes, ce regard franc et pétillant, ce rictus connaisseur, cette attitude décontractée mais étrangement élégante... Elle avait su reproduire ce qu'il aimait le plus. Car sous ce déguisement, c'était Sherlock qu'il avait vu. Sherlock qui lui était à présent accessible, qui venait volontairement vers lui.

Pas étonnant qu'il ait eu une aventure avec elle - même si ce n'était que des messages. Ça aussi, cela l'interpellait. Eurus savait-elle que son frère préférait les textos ? Cela n'avait fait que le pousser davantage dans ses bras. Inconsciemment, il imaginait parfois que c'était son meilleur ami qui lui envoyait ces mots attentionnés, si rares chez lui. De simples compliments pouvaient suffire, un simple "Tu me manques"...

Un simple "Je t'aime" aurait suffi. Un "Je t'aime" qui allait lui échapper, là, tout de suite.

Sans y réfléchir, il ferma les yeux. Il voulait l'entendre, en imaginant que c'était à lui que ces mots étaient adressés. Serrant le poing, il attendit, fébrile. S'il ne voulait pas devenir dingue, il préférait se voiler la face. Il préférait mille fois y croire, y croire de tout son cœur. Ce cœur fissuré, malmené, brisé, recollé vainement, couverts de cicatrices qui ne s'en iront jamais. Peut-être pourrait-il enfin guérir, ainsi.

" Je-... je t'aime- "

La voix de Sherlock parvint enfin à ses oreilles, hésitante, tremblante. Il n'y avait rien de naturel dans son ton : la moindre inflexion, les syllabes, tout se bousculait en piétinant le sens, censé être inoubliable. Ça n'était pas encore vrai, ça n'était pas sincère. Et il fallait que cela le soit, pour lui comme pour Molly, pour pouvoir y répondre avec tout autant d'amour. Il attendit encore, priant au fond. S'il te plaît, dis-le comme si tu le pensais-

"... Je t'aime. "

Cette fois, il sentit des frissons le parcourir. La voix avait atteint son cœur de plein fouet, résonnant dans la salle bétonnée. Elle recelait tant de tendresse, tant d'honnêteté douloureuse... Ce n'était pas pour lui, et pourtant- Pourtant, il se prenait à rêver que Sherlock était face à lui, qu'il l'avait prononcé avec ce sourire d'amour pur, celui qu'il n'avait jamais adressé à personne, avec ce timbre et ces yeux emplis d'émotion. Il garderait cette image mentale jusqu'à la tombe. Il la verrait avant de s'endormir le soir, en se réveillant le matin, en lisant, en courant à ses côtés dans les rues de Londres, dès qu'ils seraient un peu trop proches. Il entendrait de nouveau sa voix lui dire qu'il l'aimait. Lui dire comme s'il le pensait.

Après quelques secondes d'un silence insupportable, brisé par les suppliques paniquées du détective, Molly finit enfin par répondre, sa voix étouffée contre le combiné. Et John répondit lui aussi en écho, dans un souffle. Il répondit, car il le pensait.

" Je t'aime... "