Si tu savais comme je me hais, si tu savais à quel point je regrette. Te regarder est déjà une torture pour moi. Je regrette tellement d'avoir été un connard pareil. Ta voix me donne envie de m'arracher la peau des bras, de tout lâcher. Je t'aime. Je t'aime et je me hais. Mon esprit me hurle de venir m'excuser, demander pardon. Seulement je sais que tu n'accepteras pas ces excuses, et que je risque de le prendre mal, tellement mal. Alors que ce serait mérité. Je ne peux pas vivre avec ça, c'est trop dur, tu faisais bien trop partie de ma vie. Je regrette, je regrette, je regrette. Te voir simplement quelques temples plus bas,simple silhouette, me noue les entrailles, me donne la nausée. Je m'en tords les mains, m'en mords les lèvres, cette fatale erreur me fait regretter l'entièreté de ma vie. Je nage dans une mare de regrets, j'y suis plongé jusqu'au torse, je risque de perdre pied à chaque instant. Je sens mon coeur s'affoler quand ta voix résonne, toi qui a su le dégeler petit à petit, au fil du temps.

Mon monde était ton sourire, je l'ai détruit. Nous nous étions promis une éternité que la vie n'a pas permis, une éternité que j'ai brisée. C'était à toi que se résumait cette éternité qui s'est écroulée.

J'ai bien trop de remords. Tu viens de traverser le onzième sans m'accorder un regard, en restant silencieux, ce qui ne te ressemble pas. Le simple bruit de tes pas sur le parvis fait monter cette mare de regrets, j'en ai jusqu'aux épaules. Ou plus haut, je ne sais pas en fait. Je te hais. Non, je t'aime. Je t'aime toujours malgré les horreurs proférées ce soir là. Je ne le pensais pas, mais c'est trop tard. Je ne voulais pas te faire de mal. Oui c'est sûr, je t'aime, et c'est ma propre personne que je hais. Je m'enfonce de plus en plus dans ces regrets, la culpabilité me ronge le ventre.

Ma vie est maudite. Elle est tachée de rouge, elle ne tient qu'à un fil que cette violente séparation a considérablement aminci. Il a une odeur de sang, de larmes, de neige et de feu. Et il porte ton odeur aussi d'ailleurs. Peut-être même de trop. Un fil tissé de haine, de colère, d'amour, d'espoir et de tristesse, que la mare de regrets qu'est devenue mon coeur risque de faire lâcher. Et quand le fil finira par se rompre... Je sombrerai. Je tomberai et tout sera fini. C'est rassurant, quelque part, de savoir que ce fil, je peux le couper, savoir que j'ai le droit de vie et de mort sur moi-même.

Le néant qui entoure ce fil me tend les bras, tel un vieil ami... Tentant, tellement tentant de s'y laisser tomber... Au lieu de nager péniblement dans toute cette mélasse accumulée autour de moi. Tomber. Je veux tomber et tout arrêter. J'ai trop mal pour avancer encore. Et je ne mérite pas de continuer, de toutes façons. Je me suis détruit. Je nous ai détruit. Et je regrette.

Allez, penche-toi...

Encore un peu...

Rien qu'un peu... Et ce sera fini...

Voilà...

Demain au matin, quand vous passerez dans mon Temple, vous m'y trouverez. Sans vie, sans souffle. J'aurai quitté ce monde, en laissant en bas, dans mon coeur de glace à demi-fondu, tous ces regrets, ce chagrin et cette tristesse qui m'enserrait la poitrine.

J'aurai quitté ce monde, sans m'excuser auprès de toi.

Je serai parti en lâche.

Car mon éternité s'est écroulée.