1ère Consultation : Un bien étrange médecin...

-Zoé ?

-Oui monsieur ?

-Qu'est que vous avez à la gorge ?

-Un léger rhume monsieur, mais ce n'est rien.

-Prenez du sirop.

-Mais...

-Prenez du sirop vous dis-je ! Depuis quand discutez vous mes ordres ?

-C'est un ordre ?

-Zoé, je ne me répéterait pas ! Prenez du sirop, en tant que docteur et supérieur hiérarchique, je vous ordonne de vous saisir d'une petite cuillère et de cette bouteille de sirop et d'en avalez !

-Ne vous énervez pas, je vais prendre du sirop.

Un léger sourire aux lèvres, Zoé se dirigea vers l'armoire où était rangé tout ce qui tenait en bouteille dans ce cabinet.

Le Docteur Kermann regarda sa jeune assistante déboucher la bouteille avec précaution. Lui-même n'était pas spécialement vieux, mais Zoé lui paraissait à peine sortie de l'adolescence, avec son corps mince et sa petite taille, ses longs cheveux ondulés et ses gestes délicats. Et sa capacité incroyable à arriver en retard.

Cré nom ! L'heure, c'est l'heure nom d'un chien ! Et à force de ne pas prendre soin de sa santé, elle avait attrapé un rhume.

C'était toujours comme sa, avec la jeunesse ! Vous leur dites de mettre une écharpe, un manteau chaud, de se couvrir, mais c'est tout le temps la même chose. Ils n'en font qu'à leur tête et ce qui doit arriver arrive, ils tombent malade !

Surtout qu'il fait froid dans les non-lieux... A la croisée des univers, la météo a tendance à ne pas changer, ce qui était diablement énervant lorsqu'il faisait 13°C à toute heure.

Kallister Kermann songeait avec une pointe de jalousie au temps ensoleillé de début d'été dont jouissait un de ses collègues Eternels, Greg Garmorik, qui tenait l'Auberge du Temps.

Il faudrait d'ailleurs songer à lui commander un petit fût d'hydromel, un de ces jours... C'est que, il avait beau exercer le métier de ses rêves, et ce, pour toujours et à jamais, il demeurait pas moins un homme qui ne se refuse pas un petit verre de temps en temps.

-Monsieur ?

-Oui, Zoé ?

-Votre premier patient de la journée est là. Je le fais entrer ?

-Oui, oui...

Kermann la regarda s'éloigner avec un léger sourire. Il était l'un des rares Éternels à avoir un compagnon, surtout aussi délicieux que l'était Zoé.

Il n'était pas simple pour les Astres d'assigner des aides aux Éternels. Les non-lieux n'était pas franchement accueillant : un terre sans âge, sans changement ni saison, à la croisée des temps et des univers.

Mais Zoé avait accepté la proposition avec joie, faisant celle de Kermann. Son univers ne lui convenant plus, les Astres étaient apparus à la jeune fille en lui révélant l'existence des non-lieux et en lui proposant de travailler avec un Éternels. Attirée par le domaine médicale, elle s'était retrouvée assistante officielle du Docteur Kallister Kermann (ce qui avait entre-autre causé l'hilarité de Greg, plaignant la jeune fille de devoir supporter le mauvais caractère de Kermann. Il va sans dire que son hydromel fut rapidement remplacé par du chloroforme).

-Bonjour Docteur...

Un jeune homme aux cheveux noirs, avec le bras maladroitement bandé ramené sur sa poitrine, venait d'entrer dans la pièce avec un petit sourire gêné.

-Oh. Bonjour Harry. Qu'est ce qu'il y a, cette fois ?

-Bah...Je me suis méchamment écorché, dit le jeune homme en levant difficilement son bras enveloppé dans le bandage ensanglanté.

Très professionnelle, Zoé s'assit sans manifester la moindre émotion et commença à prendre des notes, tandis que Kermann de pinçait l'arête du nez en fronçant les sourcils.

-Et l'infirmerie de ton collège, elle a disparu dans la nature ?

L'étudiant eut un air contrit. Ses lunettes rondes étaient cassés et ses cheveux noirs semblaient encore plus en bataille que d'habitude.

-Bah en fait... Je voudrais pas que Mme Pomfresh sache que...

-Que tu es allé là où tu ne devais pas aller ?

-Oui, répondit Harry Potter en baissant honteusement la tête.

-Harry ?

-Oui Doc ?

-Tu es une catastrophe ambulante. Répète.

L'air affreusement gêné, Harry s'exécuta :

-Je suis une catastrophe ambulante. Ça fait vraiment mal, vous ne voudriez pas faire quelque chose ?

-Bon, bon, bon. Zoé, allez chercher des bandages propres. Nous allons soigner la catastrophe ambulante.

-Oui monsieur, répondit-elle, amusée.

Elle sortit dans la pièce à côté, chercher le matériel nécessaire.

-Harry. Qu'est ce que t'as encore foutu ?

-Ben euh...En fait, c'était... euh...

-Dis-le maintenant genre tout de suite dans les 3 secondes qui vont suivre la fin de cette phrase.

-Jesuisallédanslaforêtinterditepourmemarrer.

-Clairement.

-Je... je suis allé dans la forêt interdite pour me marrer.

Les sourcils du Docteur Kermann se froncèrent jusqu'à un point jusque là inimaginable. Paniqué devant l'air plus que réprobateur du docteur, Harry s'empressa d'ajouter :

-Nan, mais ! C'était un pari avec Ron, et... ! Vous voyez, on voulait faire un peu comme Sirius et... et mon père ! Vous voyez ! Pour... pour le fun !

-Donc tu t'es fait déchiré la masse musculaire de l'avant-bras pour... le fun ?

Harry, ne trouvant rien à répondre, baissant les yeux.

-En tant que médecin, reprit le Docteur, je ne peux pas décemment te dire à quel point j'ai envie de s'enfoncer mon stéthoscope dans le cul tellement t'es pénible, aussi je te demanderais juste...

Il marqua un petit silence.

-POURQUOI TU N'ÉCOUTES PAS HERMIONE PLUS SOUVENT !? explosa-t-il. C'est sans doute la seule personne de ton entourage prenant un tout petit peu au sérieux les dangers qu'offre Poudlard ! Un calamar dans le lac, des trolls dans la forêt, des gargouilles vivantes, nan mais franchement, à quoi ils pensaient les personnes qui l'ont construite ?! Y'a vraiment un jour, quatre sorciers qui se sont dit : "Allez les mecs ! On va construire un école, avec des enfants dedans, dans un endroit qui va puer la magie à des kilomètres et attirer les créatures les plus dangereuses dans le coin ! " Alors, ils sont bien gentils, tes profs, de l'appeler "Forêt interdite" en espérant que vous n'allez pas y fourrer le nez, mais en attendant, j'vais leur offrir un bouquin sur l'adolescence, parce qu'à mon avis, ils ont pas compris le principe de l'envie d'émancipation passant par la rébellion et l'envie de désobéir à l'ordre le plus élémentaire, à savoir : "N'allez pas dans la forêt renfermant les pires créatures du comté. !" Mais enfin, franchement Harry ! T'es pas complètement stupide ! Alors, pour l'amour du ciel, la prochaine fois que tu fais un pari idiot avec un copain aussi avisé que toi sur les questions de sécurité, tu tends l'oreille pour écouter la petite voix mélodieuse de ta charmante amie qui te dit : "Non, Harry, ce n'est pas une bonne idée, à moins que ton but dans la vie soit de te faire dévorer sans moutarde ni petits oignons par un ogre au fin fond de la Forêt si bien nommé INTERDITE "!

Kermann s'interrompit pour reprendre son souffle.

Harry le regardait avec un mélange de crainte, de respect et de honte.

-T'as compris tête d'épingle ?

-Oui monsieur.

-Bien. Montre-moi ça, t'es en train de mettre du sang sur ma moquette.

-Monsieur ! J'ai les bandages, le fil et le matériel pour recoudre, le désinfectant et...

-Oui, oui, posez-moi ça là.

Zoé accepta sans broncher. Elle s'était habitué à son caractère de cochon. Elle savait bien, qu'au fond, si le docteur s'énervait autant, c'était simplement parce qu'il s'inquiétait pour ses patients, même s'il ne l'avouerait jamais.

Oui, le docteur Kallister Kermann aimait plus ses patients et son métier qu'il n'oserait jamais l'avouer.

-Bon, enlèves-moi ces bandages. A tous les coups, tu l'as fait en vitesse avec tes draps de lit avant de prendre le premier passage vers ici, j'me trompe ?

-C'était les draps de Malfoy !

-Ah bah de mieux en mieux ! Tu voles les draps de tes camarades pour cacher le résultat de tes conneries ?

-Malfoy n'est pas un camarade. C'est au mieux une petite fouine arrogante, mais en aucun cas un être humain normalement constitué.

-Tu te rends compte de l'absurdité de tes propos ?

-Oui.

-C'est bien. Malfoy n'est peut-être pas un ange...

-Ça c'est sûr !

-Ne m'interromps pas tête d'épingle à lunettes ! Je disais donc, ce n'est sans doute pas un ange, mais c'est un petit garçon qui, comme toi, traverse la difficile période de l'adolescence. Si ça se trouve, il est si désagréable parce qu'il n'arrive pas à accepter ses sentiments envers toi.

-Quoi ? D'où vous sortez une stupidité pareille ?

-Je lis des fanfictions.

-Hein ?

-Laisse tomber. T'es courageux ?

-J'suis un Griffondor.

-Tant mieux, parce que je vais recoudre et que j'ai plus d'anesthésique.

-MOUAAAAAAAAAAAAAAAAH !

-Pas bien solide le Griffondor... Arrête de bouger, je vais finir par te coudre le coude avec l'épaule !

-Ça fait un mal de chien !

-D'une, si t'arrêtais de te tortiller comme une anguille sous extasie t'aurais moins mal, de deux, ça t'apprendras à aller dans la forêt sans une autorisation en trois exemplaires signé du Professeur McGonagall.

-Vous avez une étrange conception de la pédagogie, Docteur, intervint doucement Zoé.

-Zoé, le jour où je te demanderais la couleurs de votre petite culotte, je t'autoriserais à donner votre avis sur la façon dont je traite les mômes. En attendant, tu me passez un lingette mouillée, il a du sang jusqu'à Stockholm.

-Oui monsieur, obéit Zoé amusée comme jamais.

Des ses mains habiles, le Docteur eut tôt fait de finir de recoudre Harry et de lui nettoyer le bras.

-Change de chemise gamin, on dirait que tu viens d'échapper à une attaque de zombie enragés.

-Je me changerai à Poudlard. Doc ?

-Quoi ?

-Vous allez leur dire ? A Dumbledore, Mme Pomfresh et McGonagall ?

-Quoi ? Que t'as encore fait le con ?

-On peut dire ça comme ça, oui.

Kermann observa un petit silence, en jouant avec son stéthoscope.

-Non. Allez, dégage gamin.

Le visage d'Harry rayonna et ses yeux verts semblèrent briller plus fort.

-Merci Doc !

Il adressa un salut poli à Zoé, qui trouva le geste très bien élevé. Une fois l'étudiant sorti, elle se tourna vers le Docteur, qui fixait la porte d'un air pensif.

-Vous n'allez vraiment rien dire ?

-Le secret professionnel, Zoé, le secret professionnel...

Elle eut un sourire.

-Bon ! Ranges-moi tout ça, dit-il en désignant tout le matériel médical qu'il avait utilisé et qui encombrait à présent son bureau. Et nettoies-les.

-Mais... ça ne rentre pas dans mes...

-Je m'en fiche. On m'a attribué un esclave, je m'en sert, discute pas.

-Je suis votre assistante Docteur, pas votre esclave.

Il lui jeta un regard en biais.

-C'est la même chose.

Zoé eut un petit rire et commença à ranger, sous l'œil attentif de Kermann.

-Alors ? Ron bondit sur Harry. Il t'as dit quoi ?

-Que j'étais une catastrophe ambulante.

-Ce qui, somme toute, dit Hermione, est vrai.

-Ooh, Hermione, il s'est suffisamment fait crier dessus, n'en rajoute pas...

-N'empêche, j'avais raison. C'était stupide et dangereux.

-Oui, et puis il m'a aussi demander de te vouer un culte 'Mione, dit Harry en riant.

-Pourquoi pas, répondit-elle en souriant.

-Fais attention Hermione, tu te Malfoynise...

-Je lui ai piqué des sucettes à la fraise sinon...