Disclaimer :La série et ses personnages appartiennent à Eric Kripke, The CW et la Warner. Toute cette histoire est écrite par plaisir.

N/A : je ne sais pas combien de fois encore il faudra que je me prenne les pieds dans le tapis avant de comprendre que les séries, c'est pas pour moi ! Je suis nulle dans cette exercice, au bout de six chapitres j'ai envie de trucider tout le monde (personnages, lecteurs et moi-même) ! Mais je continue malgré tout ! Je suis sacrément maso, je crois que c'est la seule explication ! Donc bonne lecture !


Malebolgia

"Our dads were in California, Devil's Gate Reservoir. They were setting a trap for some kind of Hellspawn. John was hiding, waiting, and my dad was bait."

Jo, Born Under a Bad Sign (2x14)

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La Cañada Flintridge, Californie, 14 mai 1995.

L'homme but cul sec son verre de whisky. Le barmaid, Syd, comme l'appelait amicalement les habitués, le regarda à peine lorsqu'il lui remplit à nouveau son verre. Tant que les clients n'étaient pas soûls, avaient de quoi payer et ne cherchaient pas la bagarre, il servait ! Son établissement ne brillait pas par sa faune, avant tout composée des poivraux du coin qui avaient été refusés par tout ailleurs, quelques routiers taciturnes de passage, et parfois s'échouaient quelques voyageurs égarés -l'inconnu ne rentrant dans aucune de ces trois catégories. C'était le genre d'endroit où tant qu'on pose pas de questions, tout va bien.

L'inconnu traînait ici depuis une petite semaine. Il s'installait toujours au bout du comptoir, là il faisait le plus sombre et où il pouvait observer les autres clients. Il restait là, buvant deux verres coup sur coup, puis savourait un troisième en prenant des notes. Syd lui donnait la quarantaine -plutôt bien conservé-, avec une stature athlétique, marié à en croire son alliance, peut-être un ancien militaire à sa façon d'être et à sa capacité à tenir l'alcool.

"C'est mauvais de boire seul" fit soudain une voix juste derrière l'inconnu.

Celui-ci ne bougea pas comme s'il n'avait rien entendu. Puis très lentement, il fit signe au maître des lieux de servir la même chose au nouvel arrivant. Syd dévisagea l'homme. Il semblait être un peu plus jeune que l'inconnu, mais tout aussi sportif, et ses lunettes lui donnant un petit côté professeur. Mais la différence la plus notable était que lui souriait, alors que 'trois verres' -comme l'avait baptisé Syd- n'avait jamais décroché un sourire.

"Tu es en retard" remarqua 'trois verres', et le barmaid se rendit compte que ce n'était que la deuxième fois qu'il l'entendait parler, la première fois étant pour commander son premier verre.

"Ah, John ! Je te rappelle que j'ai une femme et une fille. Je ne peux pas tout quitter juste pour tes beaux yeux, puis Ellen serait jalouse" se défendit l'accusé sans se laisser impressionner.

Syd en conclut qu'ils devaient se connaître depuis suffisamment longtemps pour se permettre de telles familiarités, 'trois verres' ne semblant pas être le genre de personne à apprécier ce genre de réflexion.

"Et quelle est donc cette urgence ?" finit par demander l'homme au sourire.

John -vu que c'était son nom- leva alors les yeux vers Syd et lui fit comprendre qu'il était de trop. Le barmaid ne s'offusqua pas plus que cela, il avait l'habitude de ce genre de réaction. Et quelque part, même s'il était curieux de savoir ce qui avait mené ces deux hommes dans son bouge le long de la Foothill higway, entre Pasadena et San Fernando, il savait aussi que, parfois, il fallait mieux rester dans l'ignorance. Il s'éloigna, décidant que c'était le moment d'expliquer à ce vieux Greg qu'il était grand temps de rentrer chez lui.

"Un gamin a disparu" répondit enfin John, une fois sûr que personne ne les écoutait.

"Et ? Des gamins qui disparaissent, aussi terrible que cela soit, cela arrive tous les jours dans notre beau pays" remarqua Bill Harvelle.

"Ce n'est pas le premier môme qui disparaît sans laisser de trace dans le coin" continua John, sans se préoccuper de la réflexion de l'autre chasseur.

"Je sais... Le réservoir de la Porte du Diable ! Mais John, cela remonte aux débuts des années soixante, non ?"

"Fin des années cinquante" rectifia John, en finissant son verre, et en sortant de quoi payer ses consommations.

Bill soupira. John n'avait pas prévu de finir leur conversation autour d'une bonne bouteille. Mais dés qu'il s'agissait affaire, John pouvait être aussi sobre qu'un moine ! C'était ce qui faisait sa réputation dans le petit monde de la chasse : son professionnalisme, ainsi que de ne jamais abandonner une chasse aussi dure et éprouvante soit-elle.

"Les garçons sont avec toi ?" lui demanda Bill, alors qu'ils se dirigeaient vers le petit motel, à quelques mètres du bar. La nuit était tombée depuis un moment et seules quelques ampoules nues éclairées faiblement le parking en partie désert. Bill ne vit pas l'Impala, pourtant membre à part entière de la famille Winchester ! Il savait que John en avait fait cadeau à Dean pour son dernier anniversaire, prétextant que l'adolescent avait besoin de son autonomie. Et vu qu'il vouait un véritable culte pour cette voiture, cela n'était pas la peine de lui en acheter une.

"Non" répondit John sans aucune précision.

"Et où sont-il ?" persévéra Bill. Il ne connaissait pas vraiment les fils de John, il ne les avait aperçus qu'une ou deux fois, et ils n'avaient jamais été présentés. Mais il arrivait à John d'en parler, de temps en temps.

"En quoi cela te concerne ?" grogna John, en indiquant clairement qu'il ne voulait pas parler de ça.

"En rien. Juste que je suis aussi père et que je crois que je deviendrais fou si je savais ma petite Joanna-Beth seule !"

"Dean a seize ans. Il tout a fait capable de s'occuper de son frère !"

"Mais qui s'occupe de Dean ?" Car une chose était sûre, à seize ans, on n'a pas franchement envie d'avoir un morveux de douze ans collé à ses basques !

Cette fois, John fusilla Bill du regard. "J'élève mes garçons comme bon me semble, et je n'ai pas de leçon de moral à recevoir, ni de conseil parental !" s'énerva le chasseur. "Et si tu te crois tellement meilleur père, je peux savoir ce que tu fais ici ?!"

John et Bill restèrent un moment à se dévisager devant la porte de la chambre.

"Ok, désolé" s'excusa Bill, en espérant calmer son ami. "On peut rentrer ou tu attends que je me mette à genoux en plus ?"

John n'ajouta rien et ouvrit enfin la porte. Bill pénétra dans la petite chambre en prenant bien soin de ne pas briser le ligne de sel au sol. Après un premier examen rapide des lieux, aucune femme de ménage n'avait du y pénétrer depuis une éternité. Des restes de nourriture traînés sur un coin de table, accompagnés d'une tasse de café sale, le lit n'était pas tiré, et couvertures et draps formaient une boule informe. Mais ce n'était pas l'aspect négligé de la pièce qui inquiéta le plus Bill, mais toutes les coupures de journaux, avis de recherches et autres documents qui ornaient les murs. Il n'était pas sûr qu'il restait un seul endroit vide qui lui aurait permis de deviner la couleur de la tapisserie.

"John ?" questionna-t-il. Bill ne connaissait qu'une chose qui pouvait mettre le chasseur dans cet état quasi obsessionnel : le Démon, celui qui avait tué sa femme. Et soudain, Bill pensa que c'était peut-être une bonne chose que les garçons ne soient pas là.

Le chasseur déblaya une chaise pleine de papiers et indiqua à Bill qu'il pouvait la prendre, tandis que lui se laissait tomber sur le lit.

"Ce n'est pas une simple chasse ?"

John ne répondit pas tout de suite, comme s'il cherchait la meilleure réponse.

"Patrick Monger, pas tout à fait douze ans, a disparu il y a maintenant trois semaines. Aucun indice depuis" résuma au plus court John.

Depuis qu'il était père, Bfill avait du mal avec les affaires qui touchaient les enfants. Peut-être était-ce aussi le cas pour John avec celle-ci ? L'enfant disparu avait quasi le même âge que Sam. Mais Will ne comprenait pas l'urgence de la situation.

"Et en quoi puis-je t'aider ?" lâcha enfin Bill.