Hey tout le monde !

Me revoilà pour un OS qui m'était venu en tête il y a un temps.

En vérité c'est un petit cadeau pour l'anniversaire de Ryopini. Parce qu'elle le mérite bien. Et que dans le fond je sais que ça va l'embêter et que j'adore ça. (Saches par ailleurs que c'est un de mes gros petits bébés qui m'a bien amusé et auquel je tiens que je t'offre)

Pour ce qui est des propos pseudo-antireligieux de ce texte, ils ne sont que le reflet de la pensée d'un personnage qui, soit dit en passant, ne chasse pas pour autant la religion de son monde. Je ne tiens en rien à blâmer la religion, ce qu'il y est dit n'est que le cheminement d'une pensée et le résultat d'une étude, rien de plus.

Sur ce, bonne lecture !


Castiel est très tolérant bien qu'il ne se voit pas comme tel. Il préfère simplement penser qu'il a une vision normale des choses.

Il ne voit aucun mal à ce que des personnes du même sexe s'aiment, ni même de différentes religions ou couleurs. Il est bien entendu, contre le racisme et toute autre forme de discrimination, que ça soit raciale, idéologique, sociale, physique ou même sexuelle.

Et Castiel adore sa famille, vraiment. Ses parents sont son centre d'univers, eux et leur église. Mais s'il a compris une chose au fil des ans, c'est qu'ils sont extrêmement conservateurs et surtout, très traditionalistes à un point où ils sont intransigeants sur leurs idées.

Ainsi ils respectent le Pape et son statut au sein de l'Église mais ils ne peuvent écouter ses mots, ses abominations, notamment lorsqu'il demande de pardonner aux personnes homosexuelles. Ils ne tolèrent personne d'autre que ceux qui croient en leur religion et à aucune autre, de même qu'ils n'admettent aucun écart de sexualité. Si des personnes veulent se connaître, elles doivent le faire uniquement une fois qu'elles sont mariées et surtout, le plus important : elles doivent être de sexe opposé. Quant à la couleur de peau, ses parents n'en tiennent pas rigueur si tant est que cette personne ait les mêmes idéaux qu'eux.

En somme Castiel se fait systématiquement violence lorsqu'une discussion sur terrain pentu s'insinue entre eux, ayant appris depuis sa plus petite enfance à ne pas intervenir et à garder ses idées pour les faire jouer en dehors du cercle familial, de peur qu'on le pense possédé par le Diable lui-même.

Alors, sachant cela, quelle n'est pas la surprise de Dean lorsqu'il voit la voiture de Castiel Novak arriver au garage de son père, lui et sa famille étant considérés par les parents Novak comme de viles personnes avides d'alcool et de débauche.

Il faut dire qu'ici nous sommes dans une petite ville où tout se sait et où tout le monde se connaît. Et bien sûr que Dean connaît Castiel. Ils ont même parfois eu l'occasion d'échanger quelques mots étant enfant lors de fêtes du village ou encore à leur adolescence bien que Castiel ait été contraint de sans cesse rester auprès de ses parents. Il a été obligé de fréquenter des écoles protestantes dès son plus jeune âge et, par conséquent, Dean et lui n'ont jamais pu se retrouver dans le même établissement, d'où le fait qu'ils ne soient pas amis, pas véritablement.

Et maintenant, alors que la voiture tombe à hauteur de Dean qui s'est avancé pour aller à la rencontre de son propriétaire, la vitre conducteur se baisse.

Et comme à chaque fois Dean déglutit d'une étrange manière en voyant ses cheveux noirs éternellement décoiffés, en bataille comme si Castiel venait d'accomplir un incroyable coït -ce qui est foncièrement impossible au vu de ses préceptes religieux.

Son cœur frappe avec violence contre sa cage thoracique face à ses magnifiques yeux bleus perçants et ce sourire… Ce magnifique sourire qui est plaqué sur ses lèvres pour lui et rien que pour lui… Dean ne peut que fondre encore et toujours face à ça, face à cet homme incroyable qu'est Castiel Novak.

« -Hello Dean. » fait-il de sa voix rauque.

Le susnommé fait, comme à son habitude, tout son possible pour tenter de rester de marbre, pour maîtriser son corps, réprimant une pulsion connue, bien trop connue qui veut se former dans son pantalon rien qu'à l'entendre prononcer son nom de cette voix si particulière.

« -S-Salut Cas. » articule-t-il à son tour « T'as une panne ? »

Il se gifle intérieurement en songeant aux sous-entendus que sa bouche laisse glisser malgré lui.

« -Un problème technique je veux dire. »

Nouvelle gifle.

« -Qu'est-ce qui t'amène ? » se reprend-il finalement en se pinçant l'arrête du nez.

Castiel sourit en voyant la gêne de Dean, bien qu'il ne réussisse pas à en saisir la raison, bien trop innocent pour se douter de quoique ce soit du haut de ses 21 ans.

« -Ce voyant. » indique-t-il d'un doigt vers son tableau de bord.

Dean se penche alors vers l'intérieur de l'habitacle pour constater que le voyant du frein à main est allumé.

Et il sent durant un bref instant le souffle du jeune homme contre sa nuque de même qu'un courant électrique qui le parcoure à ce contact.

Bon sang… Qu'il aimerait sentir ce souffle sur lui durant toute sa vie si tant est que ça soit possible… Mais il ne peut pas, ça ne peut réellement pas se produire.

Et s'il reste la tête dans la voiture une seconde de plus il sent qu'il va craquer et se ruer sur ses lèvres sans demander son reste. Alors, pour sauver ses apparences, il se recule rapidement.

« -Ouais… » réussit-il à bafouiller « Je crains bien avoir une future rupture de frein… »

Et il sent une vague de chaleur envahir totalement son visage. Bon sang, sa bouche est-elle obligée de le trahir de la sorte ?

« -Du frein dans la main, je veux dire. Enfin non ! Du frein à main. »

Dean baisse les yeux, ne sachant plus où se mettre. Il aimerait disparaître loin, bien loin de Castiel pour que sa langue ne fourche plus, que ses pensées inconscientes -bien conscientes- et enfouies ne refassent pas surface, pas devant lui. Mais il ne peut pas s'enfuir, il aurait l'air d'un bel idiot. Et quand bien même, son corps, lui, veut qu'il reste à ses côtés aussi longtemps que possible.

« -Tout va bien Dean ? » tique le brun.

« -Oui. Oui ça va, Cas. Juste… Il va falloir que je vérifie si c'est bien le dysfonctionnement que je crois et si c'est bien ça tu pourras venir la chercher demain. »

« -D'accord. » avec un mince sourire, descendant de son véhicule pour lui faire face.

« -Tu me donnes ton numéro ? »

Et BIM. Encore une gifle bien placée pour ce grand manque de tact.

« -Pour que je te recontacte… Quand elle sera prête. » se rattrape-t-il.

« -Oui bien sûr. Tu as de quoi noter ? »

Dean sort maladroitement de la poche de son pantalon de travail une de ses propres cartes de visite et un stylo. Castiel y note simplement son numéro avant de lui redonner.

« -Merci. » prononce-t-il, économisant ses mots pour contrôler ses lapsus.

« -De rien. » toujours un sourire sur les lèvres.

« -Et… » en sortant une autre feuille de sa poche « Il faudrait que tu signes notre contrat de mariage. » en lui tendant un papier.

Castiel reste incrédule quelques secondes, clignant des yeux, de ses yeux bleus qui sondent Dean d'une bien étrange manière.

Et alors Dean comprend qu'une fois de plus sa langue a fourché et d'une façon bien déloyale. Son cœur fait une embardée dans sa poitrine, songeant à ce que le jeune homme va bien pouvoir penser de lui après cette bourde monumentale.

« -Notre contrat de maintenance ! » se rattrape-t-il après un long temps de latence « Ben ouais… On n'est pas encore mariés. »

Le sourire de gêne qu'arborait Dean chute lorsqu'il se rend compte de sa nouvelle erreur.

« -Et on ne le sera jamais ! Ça serait bizarre franchement. Toi et moi ? Pff… Faudrait être dingue pour imaginer ça… » ricane-t-il, sentant ses nerfs craquer.

« -Dean, serais-tu mal à l'aise en ma présence ? » tique le brun en penchant sa tête sur le côté.

« -M-Mal à l'aise ? Moi ? Nooon. » d'un ample geste de la main « Non Cas, je ne serai jamais mal à l'aise avec toi. » en tentant de le rassurer d'un sourire.

Souffle un bon coup Winchester, ça va passer. Ce n'est que Castiel Novak, le premier garçon sur qui tu as fantasmé et dont tu as amoureux depuis vos sept ans. Et c'est d'ailleurs bien le seul qui réussit à te mettre dans des états pareils. Mais ce n'est rien, respire, tout va bien se passer.

« -Tu sais que je n'ai rien contre ta sexualité ? Il ne faut pas que tu penses que je crois aux mêmes idioties de mes parents. » tente-t-il de le rasséréner.

« -Oui, je le sais tout ça, ne t'inquiète pas. » en passant nerveusement une main dans ses cheveux.

« -Très bien. » lui offrant une risette en prenant le papier que Dean lui tendait toujours.

Il le parcours des yeux quelques secondes, semblant en lire les grandes lignes avant de s'appuyer sur le toit de la voiture pour le signer et le redonner à Dean.

« -Merci. » souffle-t-il soulagé que cette rencontre touche à sa fin.

« -De rien. » avec un léger sourire.

« -Tu… T'es venu seul, tu veux que je te ramène chez tes parents ? »

« -Non ça ira merci. Tu sais, je n'habite qu'à cinq minute de marche d'ici. » en haussant les épaules.

« -Ah oui, c'est vrai… » réalise-t-il, se sentant idiot.

« -A demain Dean. »

« -A demain. » en tentant de ne pas laisser paraître sa déception à l'idée qu'ils se quittent déjà.

Castiel se retourne et commence à faire un pas. Puis deux. Et Dean se rend compte d'à quel point il aimerait que tout ça cesse, qu'il n'ait pas à rester caché toute sa vie dans l'ombre de la personne qu'il désire plus que tout au monde, loin de lui, loin d'une vie ensemble.

« -Cas ! » dans un mouvement de voix incontrôlé.

« -Qu'y a-t-il ? » en revenant sur ses pas, un mince sourire sur les lèvres.

« -Ça te dirait de sortir avec moi ? »

Nouvelle baffe mentale en plein face.

Dean ne croyait réellement pas prononcer ces mots-là. Il croyait qu'il allait dire tout et n'importe quoi comme lui faire remarquer à quel point il fait beau aujourd'hui ou une tout autre stupide banalité du genre, tout sauf ça.

« -Dean, tu sais que je ne suis pas gay ? » dubitatif.

« -O-oui, bien sûr que je le sais ! Comment tu pourrais ? » en songeant aux mœurs avec lesquelles il a été élevé « Mais c'est… En toute amitié, est-ce que tu voudrais bien sortir boire un verre un de ces quatre ? »

Les traits de Castiel se détendent pour que ce petit sourire si particulier s'installe sur ses lèvres.

« -Ça me semble acceptable oui. »

« -Génial ! » bien trop enthousiaste « Enfin c'est bien. » se reprend-il plus calmement « Parce que ça fait longtemps qu'on se connaît alors qu'on ne se connaît pas vraiment et… » en recommençant à s'empêtrer dans ses mots.

« -Dean. » le somme-t-il doucement « Ça va aller, tu peux te calmer, j'ai compris. » d'un air rassurant, posant sa main sur son bras pour appuyer ses mots.

Dean doit penser à tout sauf au fait que Castiel le touche actuellement. Sa main touche son bras et c'est absolument incroyable, jamais il n'aurait pu s'imaginer que ce simple contact s'établirait entre eux en dehors de sa propre imagination. Et ça réveille des sensations en lui, un mécanisme qu'il devrait contrôler du haut de ses 21 ans, étant un grand garçon, mais non. Non, ses hormones en décident autrement alors il tente au mieux de réprimer cette bosse qui tend à se former dans son pantalon.

« -On fait ça où et quand ? » subitement, ne voulant même plus songer aux sous-entendus que son inconscient glisse dans ses phrases, voyant que Castiel ne saisit pas ses bourdes lorsqu'il parle de sexe sans le vouloir.

« -Demain soir, après que j'ai récupéré ma voiture, non ? Quant au lieu… Je t'avoue que je ne connais pas grand-chose aux endroits pour sortir… » en faisant une moue, totalement perdu.

« -Le Roadhouse, ça sera très bien. »

« -Parfait. Le Roadhouse disons. »

« -Nickel… » souffle-t-il, soulagé.

« -Alors à demain Dean. »

« -A demain. »

Il le regarde partir, ses cheveux toujours magnifiquement en bataille sur sa tête et son trench-coat totalement démodé qui lui va si bien volant dans les airs derrière lui.

Et Dean soupire comme une midinette.

Bon sang, ce que Castiel Novak est à tomber…

.

Dans son lit, Castiel ne trouve toujours pas le sommeil. Il pense trop, cogite trop.

D'un côté il revoit Dean, ce garçon qu'il connaît depuis son plus jeune âge, ce garçon aux taches de rousseur que le temps a quelque peu gommé, ce garçon qui est maintenant adulte, tout comme lui.

Dean qui s'embourbe toujours dans ses propres mots, rougissant adorablement, détournant parfois les yeux, faisant des gestes emphatiques pour masquer sa gêne grandissante à chaque fois qu'ils se parlent.

Et pourtant Castiel sait que Dean est une personne qui a pleinement confiance en lui habituellement, que c'est quelqu'un de sûr de lui et qui n'a jamais de mal à s'exprimer en présence d'autres gens. Il le sait puisqu'il le voit et l'observe depuis des années. Il l'a regardé grandir au même rythme que lui, il le connaît dans le fond, il sait parfaitement comment il est. Et Dean n'est pas le genre de personne à rougir ou même buter sur ses propres mots face aux gens, bien au contraire. Et dans le fond ça amuse Castiel qu'il soit ainsi avec lui parce qu'il le trouve adorable, qu'il est tout bonnement magnifique avec ses rougissements à répétition et sa gêne exagérée qu'il peine à masquer face à lui.

Mais ce que Castiel admire le plus chez Dean, c'est bien le fait qu'il est habile de ses mains et aide son père au garage depuis ses dix premières années. Il est certain qu'il doit être doté d'une intelligence hors norme pour être capable de ça, de tant d'adresse depuis son plus jeune âge. Puis en conséquence de ce travail manuel, il est finement musclé, ce qui est on ne peut plus agréable à voir. Certes ses vêtements de travail n'y laissent rien paraître mais Castiel le voit bien en été, lorsqu'il met ses t-shirts que la sueur colle à sa peau, laissant distinctement ses précieux muscles ressortir.

Il ne peut que se l'avouer, Dean est beau garçon. Vraiment beau. Absolument couper le souffle avec ses mimiques embarrassées.

Castiel n'y a jamais été hermétique, jamais insensible, bien loin de là, à son plus grand dam.

Parce qu'il entend systématiquement la parole divine raisonner dans sa tête, les obligations que lui imposent ses parents depuis son plus jeune âge.

Le Lévitique le dis et le clame bien haut et fort : « Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. C'est une abomination. »

Il sait que les Textes n'interdisent pas l'amour entre deux personnes du même sexe. Mais le désir, si.

Et Dieu qu'il tente au mieux de réprimer ce que ce garçon provoque en lui.

Dieu qu'il aimerait rester docilement dans les lignes déjà tracées que ses parents ont composées pour lui, cette vie de mariage avec une femme, cette vie de procréation et repentance.

Mais il y a Dean Winchester et ses taches de rousseur. Dean et ses rougissements. Dean et son attitude adorablement maladroite.

Alors il prie pour son salut, encore et toujours, comme à chaque fois.

Jésus, je suis pécheur. Pardonne-moi mes péchés. Purifie-moi maintenant par ton précieux sang.

Mais ce soir, lorsque le Amen vient enfin, Castiel ne se sent pas mieux. Il ne se sent pas purifié de ses péchés, de ses pensées. Peut-être même que cela fait un moment déjà qu'il ne se sent pas exempté de ses péchés, il n'en sait rien, mais il ne le remarque que maintenant, en ce moment précis.

Et c'est alors qu'il comprend enfin les mots de Jésus qui lui reviennent en tête, ces mots-là même qu'il a appris par cœur : « Je vous le dis en vérité, tous les péchés seront pardonnés aux fils des hommes, et les blasphèmes qu'ils auront proférés ; mais quiconque blasphémera contre le Saint-Esprit n'obtiendra jamais de pardon : il est coupable d'un péché éternel. »

Et Castiel n'a-t-il pas blasphémé contre Lui dès son plus jeune âge ? N'a-t-il jamais seulement voulu envoyer balader ses idiotes paroles qui tolèrent mais n'acceptent pas, qui accordent des choses sans toutefois les approuver ?

Mais surtout, a-t-il seulement jamais été honnête lui-même envers Lui lorsqu'il disait être sincèrement désolé et qu'il se repentait du péché ?

Non.

Castiel n'a jamais cru aux Dix Commandements et il n'a jamais voulu s'en excuser. Il les trouve justes, certes, mais vils. Le pire de tous ? Le neuvième qui bafoue la liberté de pensée, celle-là même qui permet aux hommes de raisonner par eux-mêmes.

Il dit : « En pensées et en désirs, tu veilleras à rester pur entièrement. »

Castiel sait que Dieu est bon, qu'il a établit des règles pour que les Hommes réussissent à s'entendre en société. Mais si Dieu est bon, Il n'est pourtant pas parfait.

Preuve en est, l'évangile de Mathieu dit : « Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

Personne n'est parfait, personne. Alors Dieu lui-même ne peut atteindre cette perfection. Dieu a laissé le Mal gangrener la Terre tout comme il a laissé la tentation du péché pourchasser les Hommes et il ose vouloir que les gens soient parfait à son image alors que le Mal avili les hommes ?

Dieu est stupide et déraisonnable.

Nouveau blasphème qui frise sa pensée.

Et c'est tant pis parce que quand bien même ses actes restent purs et qu'il continuera d'être hétérosexuel pour le bien de ses parents et leur volonté, jamais il ne restera pur en pensé.

Dieu l'a crée ainsi, avec ses doutes et sa capacité à raisonner.

Alors tant pis pour Lui. Il continuera de penser et de pécher. Il continuera de laisser ses yeux glisser le long de Dean et de ses t-shirts trop serrés en été et il laissera ses lèvres sourires lorsqu'il verra ses joues s'empourprer.

Parce que c'est ainsi, parce qu'il est amoureux de cet homme depuis son plus jeune âge, quand bien même il n'est pas prêt de l'avouer à sa communauté.

.

Dean relit une fois encore le texto qu'il s'apprête à envoyer.

« Salut c'est Dean. Ta voiture est prête. Tu comptes passer à quelle heure ? »

Fichu cœur qui se demande si ce message est bien écrit, s'il ne doit pas rajouter autre chose ou encore si rien d'indiscret ne s'y est glissé par inadvertance.

Il se sent réellement ballot, stupide et niais. Pire qu'un ado. Et pourtant il a 21 ans, il devrait pouvoir faire face à tout ça…

Mais non, c'est Castiel, le garçon dont il est mordu depuis ses sept ans si ce n'est depuis plus longtemps encore.

Il appuie sur « envoyer » et retourne dans le garage rejoindre son père.

Le bip de notification retentit quelques secondes plus tard.

« 18 heures, ça te convient ? »

Putain que oui ça lui convient.

« C'est parfait. »

« -Toi, mon fils, vu le sourire que tu me fais, t'as un rencard ce soir. » déclare John un sourire aux lèvres.

John Winchester a toujours été un homme macho et viril qui pense qu'un homme véritable trouve sa place auprès d'une femme pour lui faire des enfants. Mais il aime ses fils, il aime Dean. Et surtout, il aimait sa mère, il aimait Mary Winchester. Et à Mary il a fait une promesse un jour, juste avant qu'elle ne disparaisse. Elle lui a fait promettre de s'assurer du bonheur de ses fils quoiqu'il arrive et quels que soient leurs choix parce que l'important est qu'ils soient heureux.

Alors John se moque du fait que son aîné soit homosexuel et ne lui en tient pas rigueur, prenant même plaisir à balancer nonchalamment son poing dans la figure de quiconque ose se moquer de lui à cause de son penchant pour les hommes.

Parce qu'on ne ridiculise pas un Winchester, on le respecte.

« -Pas un rancard papa, un rendez-vous. » précise-t-il.

« -C'est avec le petit Novak ? » s'intéresse John.

« -Il n'est pas si petit. » le défend simplement Dean, l'air boudeur.

« -J'ai toujours su que ça serait lui et lui seul… » dans un léger sourire.

.

La respiration de Dean se coupe lorsqu'il le voit lui, Castiel Novak, arriver affublé de son éternel trench-coat beige, une chemise blanche maculée aux deux premiers boutons ouverts sur un jean foncé.

Bon sang il est réellement à tomber. Ses yeux… Ses magnifiques yeux bleus que sa tignasse noire fait ressortir et ce sourire énigmatique qui pend à ses lèvres auront raison de lui.

Véritablement, Dean est entiché de Castiel, aujourd'hui bien plus encore que les autres jours.

Et il a chaud, terriblement chaud alors qu'il ne fait que 15 degrés. Il sent son cœur pomper dangereusement son sang qui pulse dans ses veines et ses tempes, faisant raisonner ses battements dans son crâne. Ses joues chauffent déjà légèrement tout comme sa respiration s'accélère et ses tripes se nouent en boule.

« -Hey Cas… » mal assuré.

« -Hello Dean. »

Il sait qu'il serait à présent incapable de se lasser de ce doux et grave son que produit Castiel lorsqu'il prononce son nom. C'est dit avec bien trop de tendresse et de considération, bien plus qu'il ne l'aurait cru capable de lui accorder.

« -Ta voiture est prête et j'ai ton devis et ta facture et j'adore ta chemise et… C'est moi où il fait chaud ? » baragouine-t-il.

« -Il fait peut-être bien chaud oui. » sourit-il pour le rassurer, ne notant pas qu'ils sont bientôt en automne et que les températures sont basses « Et merci, j'aime aussi beaucoup ta chemise. » le complimente-t-il.

Dean détourne les yeux, le feu aux joues.

« -On… On prend ta voiture ? »

Castiel hoche la tête et ils embarquent pour quelques minutes de trajet, le village n'étant que très petit et les itinéraires étant par conséquent courts.

Ils entrent dans le Roadhouse et s'installent à une table, en retrait des autres pour être plus tranquilles. Certains yeux se braquent avec curiosité sur eux, songeant que le fils Winchester a enfin réussi à retirer le balai que les parents du petit Novak lui ont mis dans le cul, le traînant dans un bar.

Ellen, la gérante, arrive vers eux, un sourire maternel sur les lèvres en considérant les deux hommes.

« -Salut les garçons. Qu'est-ce que vous prendrez ? »

« -Une bière pour moi. » répond Dean.

« -Un verre de… » il vacille un instant entre ses préceptes religieux et la licence, l'eau ou la bière, voulant imiter son nouvel ami.

« -Deux bières. » conclut Dean à l'égard d'Ellen, sans réfléchir.

« -Ça marche, deux bières. » sourit doucement la barmaid en s'éloignant.

Dean reporte ses yeux sur le brun qui semble regarder amèrement les lames du bois de la table. Et aussitôt il regrette son geste, il s'en veut d'avoir commandé cette bière pour lui, sachant qu'il ne boit pas d'alcool, les principes qu'on lui a inculqué le lui interdisant.

« -Je n'aurais pas dû te prendre de bière c'est ça… ? » d'une petite voix.

« -Si ! Si tu as bien fait. » le rassure-t-il en relevant ses yeux vers lui « C'est juste que je n'ai jamais bu d'alcool avant et que je n'aimerai pas finir ivre… »

Et toutes les barrières de Dean sont chassées en un instant lorsqu'il explose de rire quelques secondes face à l'incrédulité la plus totale de Castiel face à cette phrase totalement innocente.

« -Oh bon sang Cas… » en s'essuyant une larme de joie du bout doigt « T'es unique… » soupire-t-il « Sache qu'à moins de t'appeler Garth Fitzgerald, tu ne finiras pas bourré avec une bière. » sourit-il en dodelinant de la tête.

« -Tu… Viens-tu seulement de te moquer de moi Dean ? » note-t-il, une pointe d'amusement masquée dans la voix.

« -Non… Non, tu es juste très drôle quand tu le veux. Ou plutôt sans le vouloir. » sourit-il.

Ellen arrive avec deux verres mousseux et les pose devant eux.

« -Merci Ellen. » en levant les yeux vers elle.

« -Bonne bière les garçons. »

Elle laisse couler un un clin d'œil complice vers Dean avant de s'en aller, ricanant doucement en constatant qu'elle l'a fait rougir.

Bien sûr qu'Ellen n'est pas dupe, elle est comme une seconde mère pour lui, alors évidemment qu'elle sait. Elle a toujours su sans que Dean ne lui dise rien.

« -Tu rougis souvent. » relève simplement Castiel.

Dean manque de s'étouffer avec sa propre salive tant cette remarque est inattendue et surprenante, son visage devenant instantanément cramoisi.

« -Je… Peut-être, oui… » bafouille-t-il.

« -Tu n'as pas à en avoir honte. » sourit pleinement le brun « J'aime bien, c'est assez mignon. »

Et Dean croit mourir tant ses paroles le font fondre, que son visage bouillonne d'autant plus et que ces mots sont dit avec une simple et consternante innocence.

Mignons. Il trouve ses rougissements mignons. C'est bien plus que tout ce qu'il aurait espéré entendre de sa bouche dans toute sa vie. S'il ne devait pas continuer de se contenir pour ne pas paraître affecté, Dean ferait sans nul doute une danse de la joie.

« -Merci… » murmure-t-il.

Il tente de masquer son visage en prenant sa bière et en boit quelques longues lampée, espérant que l'alcool le détende un peu parce que, bordel de Dieu, il est juste en face de Castiel Novak, l'homme le plus beau et merveilleux qu'il ait été donné à la Terre de connaître, en train de prendre un putain de verre avec lui.

Le brun l'imite avant de reposer sa pinte.

« -Alors… ? » s'enquiert Dean pour changer de sujet.

« -Alors c'est très bon. » conclut-t-il.

Dean sourit et opine du chef.

Et Castiel sourit lui aussi, parce qu'il ne peut pas s'en empêcher, parce que Dean est magnifique sous toutes les coutures. Que ça soit ses cheveux impeccablement coiffés, ses yeux verts pétillants de ce certain éclat qui lui est propre, ses dizaines de tache de rousseur qui parsèment son nez, ses joues toujours rosies en sa présence, sa mâchoire carrée finement dessinée ou encore ses lèvres terriblement charnues qui incitent à la luxure, Dean est véritablement la plus belle création de Dieu, Castiel en est certain.

« -Tu sais, je n'en reviendrai jamais de la vie que tu mènes… » finit par prononcer distraitement Dean.

« -De la vie que je mène… ? » reprend le brun.

« -Ouais… Parce que c'est ta première bière non ? » en la pointant du doigt.

Il acquiesce.

« -Et tu n'as jamais… Tu n'a jamais vraiment fréquenté de filles si ce n'est Meg. »

« -Meg ne comptait pas. » s'empresse-t-il de rajouter.

C'était impulsif. Il ne saurait trop dire pourquoi il a eu ce besoin soudain de prouver à Dean que Meg ne comptait pas, qu'elle n'était rien pour lui, mais il le devait.

Parce que Meg avait été une amourette et bien sûr, que Dieu l'en garde, ils n'avaient jamais été plus loin que quelques petits bisous innocents parce que leur relation étaient impossible, ils l'ont vite compris. Les parents de Castiel étaient contre le fait qu'elle soit catholique et s'ils s'entendaient à merveille, Meg le trouvait trop parfait pour elle. Puis elle a déménagé et ils se sont perdus de vue.

Alors non, Meg n'a jamais compté et Castiel doit le faire savoir à Dean. Parce qu'il a l'étrange sensation de devoir lui prouver quelque chose sans toutefois comprendre quoi.

Dean, quant à lui, regarde Castiel, hébété durant quelques secondes.

« -Tu en es sûr… ? » semblant étonné.

« -Oui. » lui confirme-t-il.

Dean a pourtant toujours été jaloux de cette fille depuis son plus jeune âge. Elle entretenait avec Castiel une bien étrange relation, toujours à le coller depuis qu'ils étaient en âge de marcher.

« -Et April ? » tique à nouveau Dean.

April… Belle, forte, rousse, sauvage mais surtout enjôleuse à souhait. Combien de fois Castiel a-t-il dû se repentir d'avoir fantasmé sur la jeune femme qui semblait avoir pour but dans la vie de lui faire abandonner ses vœux auprès de l'Église, se jouant de lui avec des mots aguicheurs ou des mains bien trop baladeuses… ? Non, April n'était qu'une femme qui l'incitait au péché, rien de plus.

« -April encore moins. »

Une fois encore Dean est soulagé. Parce que ces femmes qui ont osé tourner autour de son Castiel l'ont toujours rendu dingue, lui donnant parfois des envies massacrantes, de véritables envies de meurtre tant il les enviait.

« -Oh… »

« -Mais sinon, tu disais… ? » reprend Castiel.

« -Ah oui… » se rendant compte de son léger égarement obsessionnel pour celles qui ont osé partager la salive de Castiel « Je ne sais pas comment tu fais pour vivre dans cette vie de vertu. Très franchement, je te respecte pour ça. »

Le brun reporte ses yeux sur sa bière avec une certaine mélancolie avant d'en avaler quelques lampées et de retrouver le regard de son ami.

« -Ça ne veut pas dire que j'ai raison de faire ce que je fais… Ou même que ça me plaît. C'est juste comme ça, je suis né avec… » en haussant les épaules « Et tu sais, je fais bien une entorse ce soir… » en pointant son verre déjà à moitié vide.

Les yeux de Dean s'arrondissent pour laisser place à l'effroi.

« -Oh putain mec… J'suis désolé pour ça, j'aurais pas dû te demandé de bière… »

« -Non, non. Ne t'excuse pas pour ça. » reprend-il tranquillement « J'en avais envie de toute façon et je l'aurais prise sans que tu n'interviennes. »

« -Mais… Pourquoi ? » étonné tout autant que curieux.

« -Parce que j'en ai marre de tout ça. » d'un geste vague de la main « De toutes ces conneries bibliques. » blasphémant par habitude.

« -Ne dis pas ça Cas, ce ne sont pas des conneries. » se surprend-il lui-même à dire.

« -Je te l'accorde, ce ne sont pas vraiment des conneries, pas entièrement du moins. Je suis croyant et je crois en Dieu et même en la plupart des valeurs des textes religieux. Mais on va dire qu'il y a quand même une bonne dose de conneries monumentales dans la Bible. »

« -Cas, tu… Tu ne peux pas dire ça, pas toi… » murmure Dean, presque effaré de ses mots.

« -Pourquoi ça ? Parce que je suis un Novak ? Dean, la Bible, chacun l'interprète comme il le souhaite mais elle laisse de sacrés part d'ombre qui créent de la discorde entre les hommes. D'où est-ce que tu crois que l'homophobie vient ? A l'époque des anciennes religion polythéistes ça n'existait pas. C'est en partie à cause de la condamnation de l'acte sexuel entre des personnes du même sexe par les religions abrahamiques qu'elle s'est inscrite dans notre société. »

« -Tu en es sûr ? » demande Dean, dubitatif « Évidemment que tu en es sûr. » se reprend-il lui-même « Tu étudies la sociologie c'est bien ça ? » plus comme une affirmation qu'une question.

Un mince sourire point sur les lèvres de Castiel.

« -Tu sembles bien me connaître, oui. » acquiesce-t-il.

Les joues de Dean virent au rouge, encore. Cela faisait plusieurs minutes qu'il avait réussi à maîtriser son rougissement mais cette foutu gueule d'ange a un incroyable don pour ça.

« -Je plaisante. » reprend-il avec un grand sourire, heureux d'avoir réussi à déclencher cette légère coloration de joues.

« -Et donc, pourquoi la bière ? » relance-t-il en tentant de reprendre contenance.

« -Je suis croyant Dean et je pense que je le serai toute ma vie. Mais les préceptes, les Textes pris au mot, la pratique de la religion… Je crois que ça n'a jamais été pour moi, c'est bien trop strict, trop endoctrinant. J'aime être libre de penser et de faire ce que je veux, or la religion telle qu'on me l'a enseignée ne se prête pas à ce que je veux réellement… » soutenant son regard en songeant à ses réels désirs « Mais assez parlé de moi, je n'aime pas être le centre de l'attention. » dans un léger sourire navré.

« -Et moi j'adore ça. Que tu sois mon centre d'attention. » croit-il bon de préciser avant de se rendre compte cette précision est, une fois encore, totalement déplacée « Enfin j'aime quand tu parles de toi. »

Dean recommence à se gifler mentalement, trouvant sa réponse tout autant insatisfaisante que la précédente mais pensant ne jamais réussir à faire mieux que ça.

« -Ah oui ? »

« -O-Oui… » bafouille-t-il.

Castiel s'amuse beaucoup du manque d'assurance de Dean qu'il trouve réellement merveilleux à voir. Parce qu'il voit bien Dean lorsque celui-ci ne sait pas qu'il est là à l'épier… Il le voit régulièrement en compagnie de ses amis et de sa famille et il sait qu'en réalité il est quelqu'un de sûr de lui-même et confiant. Dean Winchester n'est pas du genre à rougir ou à mâcher adorablement ses mots devant d'autres personnes et ça, Castiel le sait bien. Il le sait tout comme il sait que Dean n'est pas comme ça parce qu'il est mal à l'aise en sa présence, bien au contraire il semble heureux d'être à ses côtés. Alors tout de même, ce comportement reste bien étrange et inexpliqué pour lui, quand bien même il ne s'en lasse pas.

« -C'est vraiment curieux cette façon que tu as de perdre tes moyens face à moi… » remarque-t-il à voix haute « Je sais que tu n'es pas comme ça avec ton frère ou encore ton ami Benny. »

Dean fronce les sourcils tant ces mots l'interpellent. Il connaît assez Castiel pour savoir que, bien qu'il étudie la sociologie, il a toujours du mal à savoir ce qu'il est convenable de dire à une personne ou non et que son filtre de parole en est par conséquent très réduit. Alors ce n'est pas réellement le fait qu'il parle ouvertement qui retient l'attention de Dean mais bien autre chose qu'il semble admettre sans aucun scrupule.

« -Parce que tu… Tu m'observes ? » questionne-t-il, dubitatif.

Les yeux de Castiel chutent sur son verre de bière durant quelques petites secondes avant de retrouver ceux de Dean.

« -Est-ce que c'est mal ? » sans répondre à sa question.

« -Non. Non, ce n'est pas mal, c'est… Assez inattendu en fait. » admet-il « Je veux dire, je n'ai rien d'intéressant et ça a beau être une petite ville, je n'aurais pas pensé que… »

« -Je t'arrête tout de suite, tu es intéressant Dean. » le coupe-t-il

Le Winchester pense bien que l'oxygène lui manque, que ses poumons refusent de lui apporter à nouveau de l'air et qu'il suffoque sur place, instantanément.

Vient-il réellement de dire ça ? Quand bien même il sait que c'est le genre de phrase que Castiel peut laisser échapper en toute innocence, tous ses sens se mettent en alerte et rêvent de pouvoir interpréter sincèrement ces mots.

« -Qu'est-ce que tu veux dire par là ? »

Il ne se serait pas cru capable de poser cette question, vraiment pas. Parce que c'est un peu comme jouer avec le feu, comme alimenter ses attentes tout en se doutant que rien ne lui reviendra jamais en retour et que toutes les illusions qu'il a pu se créer au cours de ces dernières minutes vont totalement disparaître.

Et Castiel ne bronche pas, bien au contraire, il semble enclin à répondre.

« -Je veux dire ce que j'ai dit Dean. Tu es intéressant, tu es même une des personnes les plus intéressantes que je connaisse. Je sais que tu es drôle parce que je te vois faire rire tes proches. Je sais aussi que tu es à l'écoute des autres, je le vois souvent. Tu as aidé ton père a supporter le deuil de ta mère alors que tu n'avais que quatre ans et ça, c'est réellement incroyable et ça n'a pu être accompli que par un être incroyable. Tout le monde t'aime bien en ville et tu es serviable pour tout. Tu es très habile de tes mains et est très doué pour tous les travaux manuels qui existent. Alors sincèrement Dean Winchester, tu es quelqu'un de très intéressant. »

Dean sent que sa tête va exploser tant tout le sang contenu dans son corps y est remonté. Ça ne peut pas être ses mots, ça ne peut pas être Castiel qui parle, c'est insensé et irréel, il ne peut pas dire tout ça sur lui, il ne peut pas autant le connaître alors qu'ils se sont si peu parlé.

« -T-T'es… T'es sérieux là ? » bredouille-t-il.

« -Très sérieux. » acquiesce-t-il.

« -Et tu disais que je semblais bien te connaître… » ricane-t-il de gêne.

« -Disons que je t'observe tout comme tu m'observes. » répond-il imperturbable en haussant les épaules.

Et bordel, Dean n'ose pas imaginer que Castiel puisse saisir la portée de ses mots. Parce que Dean tente de capter les moindres faits de la vie de Castiel pour une seule et unique raison. Il est réellement obsédé par lui, ses fichus yeux bleus et sa bouille angélique. Simplement parce qu'il est dingue, totalement raide dingue de lui. Il l'aime comme il n'est pas permis d'aimer une personne, il l'aime bien plus qu'un être humain peut en aimer un autre, il l'aime réellement à en crever. Alors non, Dean ne peut pas penser que Castiel l'observe tout comme lui l'observe parce que ça ne peut pas être la même chose, ça ne peut pas être les mêmes ressentis ni même les mêmes intentions, ça ne peut vraiment pas.

Mais surtout parce que Castiel est hétérosexuel, qu'il a été enlisé dans les préceptes de ses parents depuis son plus jeune âge et que par conséquent il ne peut pas désirer un homme. D'autant plus que ça ne peut pas être la même chose qui les touche parce que lui, Dean Winchester, n'est tout bonnement pas assez bien pour un être aussi merveilleux que Castiel Novak, la huitième merveille du monde incarnée. Il ne peut pas l'observer tout comme lui le fait, ça serait insensé, il est bien trop parfait pour lui.

« -Je ne crois pas non… » répond-il en dodelinant nerveusement de la tête, le regard fuyard.

Castiel ne peut pas savoir exactement ce que cachent ces mots, il ne peut pas se glisser dans la tête de Dean. Mais il s'est toujours senti irrémédiablement attiré par lui, par cet homme qu'il a vu grandir tout en même temps que lui.

Il l'a vu draguer son premier garçon, il l'a vu se faire des amis et apprendre à faire du vélo dans les rues de leur ville, il l'a vu réparer la précieuse voiture de son père sous le soleil brûlant de juillet, retirant même parfois son t-shirt sous la chaleur écrasante. Il a vu Dean à chaque étape de sa vie sans même le côtoyer, il l'a honteusement épié pour mieux s'approprier sa vie et son histoire à défaut d'oser l'approcher et d'être à ses côtés, de peur de se faire réprimander par ses parents et de ne pas se faire accepté auprès de lui.

Mais aujourd'hui il est là, dans ce bar, avec lui. Et aujourd'hui il sent qu'il ne doit pas laisser passer sa chance. Aujourd'hui il sent que c'est le jour où tout va changer, qu'il est réellement temps qu'il apprenne à vivre sa vie par lui-même et non par une Bible à laquelle il ne croit pas.

Aujourd'hui il va jouer au jeu de la chance en espérant gagner. Et il va y jouer subtilement, en prenant des précautions.

Au Diable la religion bancale et fanatique telle qu'on la lui a enseignée, au Diable les soit disant péchés de la chair, du désir et de l'homosexualité et surtout, au Diable ses parents et leur endiguement soigneusement posé qui lui interdisent la seule véritable voie vers le bonheur qu'il perçoit.

« -Dean, pourquoi ne m'inviter que maintenant ? »

Le susnommé relève les yeux dans les siens, interpellé par la question.

Toute sa vie il a crevé d'envie d'avoir Castiel à ses côtés, de venir ne serait-ce lui parler et peut-être même de devenir son ami. Mais jamais il n'avait osé. Parce que ça ne se fait pas, parce que Castiel a -ou plutôt avait- sa ligne de conduite dictée par ses parents et surtout qu'il ne voulait pas l'avilir de sa personne, lui qui n'atteindra jamais sa perfection.

Et il semble réellement attendre une réponse, il aspire son regard et l'hypnotise du sien. Dean sent même qu'une sorte de décharge électrique passe entre eux, qu'il n'est plus en train de rêver de ses illusions mais qu'il est bel et bien possible que tout ceci soit véritable, que Castiel cherche un réel intérêt auprès de lui.

« -Je… Je ne sais pas Cas, l'occasion était là et… Je n'ai… Je n'ai jamais osé parce que… Tes parents. » répond-il simplement, pris au dépourvu.

« -Mes parents… ? » l'interroge-t-il, l'air suspicieux.

« -Ouais… Ils… Ils n'apprécient pas vraiment ma famille, ce n'est un secret pour personne. » en haussant les épaules « D'ailleurs, tu ne vas pas trop avoir de problèmes pour être resté avec moi ici ? » s'inquiète-t-il « Tu sais, les gens vont parler de ça, de nous et de la bière… »

Ici tout ce dit et tout ce sait, c'est comme ça. Mais Castiel paraît détaché quand à cette remarque, haussant seulement les épaules.

« -Et si je te disais que j'emmerde mes parents ? » un sourire narquois au bord des lèvres

Dean écarquille les yeux, peu habitué à l'entendre jurer bien qu'il semble être beaucoup plus déluré que d'accoutumé en sa présence.

« -Tu… Woaw… » siffle-t-il d'admiration en ricanant nerveusement « Serais-tu en train de jouer au rebelle Castiel Novak ? » s'enquiert-il l'air joueur.

« -Je ne dirais pas rebelle non. Je décide seulement d'enfin vivre ma propre vie composée de mes propres choix. Je crois que c'est ce qu'on appelle devenir adulte. » en plissant les yeux.

Dean sourit à cette réflexion qui se veut vraie et dans le fond, même si ça le peine un peu de voir le Castiel vertueux qu'il connaît chasser tous les préceptes qui l'ont accompagné tout au long de sa vie, il n'en est pas moins heureux de le voir s'en libérer, bien au contraire, ça le soulage même. Il sait qu'il a toujours pensé à l'inverse de ses parents, que là où ils sont intolérants, Castiel a toujours été indulgent voire laxiste alors ce changement ne change en rien celui qu'il était, bien au contraire, il ne fait que poursuivre la voie qu'il a toujours empruntée.

« -C'est bien. C'est très bien même. » adjuge Dean « Et… Tu m'as dit que même si tu croyais en Dieu, tu ne croyais pas à la religion telle qu'on te l'a inculquée… Alors qu'est-ce que tu fais de ça ? »

« -Je renonce à mes vœux. » annonce-t-il comme si cette décision était dérisoire « Tu sais, je pense que dans le fond Dieu n'en a rien à faire de la religion. »

Dean avale durement sa salive, ayant du mal à croire en ses mots.

« -T-Tous tes vœux ? » songeant à la débauche qui s'ouvre enfin à Castiel, quand bien même il le sait hétérosexuel.

« -Tous mes vœux. » acquiesce-t-il.

« -C'est… Assez fou je dois dire. » souffle Dean, stupéfait.

Le brun hausse à nouveau les épaules en le jaugeant de ses yeux bien trop bleus.

« -Ce n'est pas plus fou que de rester cantonné à des préceptes auxquels on ne croit pas ou que l'on trouve injuste. »

Dean admire réellement l'homme qui lui fait face. Castiel fait preuve d'une sagesse incroyable qui pourrait même passer pour de la folie aux yeux de certains, notamment à ceux des parents Novak et de leur communauté mais ça n'en est pas moins censé et juste.

Un léger silence confortable s'en suit durant lequel Dean considère avec envie Castiel qui reste dans la contemplation du fond de son verre de bière. Et bon sang ce qu'il est magnifique même lorsqu'il baisse les yeux, semblant regarder d'un air méprisant le monde dans lequel il a été élevé.

« -Tu sais Dean, je t'ai toujours beaucoup admiré… Parce que tu t'assumes tel que tu es. Tu n'as pas du tout honte de ta sexualité et tu as bien raison, il n'y a aucune honte à aimer les hommes… » prononce-t-il distraitement en ne détachant pas son regard de son verre.

Dean ouvre grand les yeux, étonné. Quand bien même il savait Castiel tolérant sur ce sujet, jamais il n'aurait pensé qu'il pouvait l'admirer seulement pour ça, simplement pour accepter d'être différent à sa manière.

« -Et… Moi aussi tu sais. » conclut finalement Castiel après un temps.

« -Toi aussi quoi ? » totalement incrédule.

« -Moi aussi. Je trouve les femmes très belles mais… Il se trouve que je suis amoureux d'un homme. »

Et là, il pense réellement que ses yeux vont sortir de ses orbites et que sa bouche est grande ouverte jusqu'au sol comme dans un cartoon tant ces mots, ces fichus mots étaient totalement inattendus mais surtout qu'il les révèle à lui et rien qu'à lui en premier lieu.

Il sait qu'il est le seul à qui Castiel l'a confié parce que sinon, si jamais il en avait parlé à quelqu'un d'autre, toute la ville serait déjà au courant et ses parents l'auraient déjà renié dès qu'ils en auraient eu des échos.

« -Je n'ai… Je n'ai jamais pu l'avouer avant mais c'est le cas, je l'ai toujours su. » admet le brun.

« -Je… C'est… Cas… Pourquoi… Pourquoi tu me dis ça à moi ? » bredouille-t-il tout en continuant de l'observer.

Castiel relève enfin les yeux vers lui, de ses yeux qui brillent d'une magnifique lueur que Dean ne leur connaissait pas encore. Une étincelle d'espoir et de considération s'y reflètent et le harponnent fermement du regard, comme pour ne pas qu'il s'y dérobe.

« -Parce que… C'est toujours délicat à dire mais… Je ne m'attends à rien en retour tu sais, si ce n'est pas ton cas, ce n'est pas grave, de toute manière je pense que je vais devoir quitter cette ville après tout ce que je viens de dire et de réaliser sur ma vie… Et en fait ça va sûrement te paraître absurde puisqu'on ne se connaît pas réellement mais je voulais que tu saches que j'ai déjà pensé que toi et moi… Toi et moi on pourrait… »

« -Autre chose les garçons ? » résonne la voix d'Ellen, coupant nettement Castiel dans son élan.

Dean sursaute tandis que Castiel a l'impression de prendre une douche froide tout d'un coup.

Le Winchester adore Ellen, vraiment. Mais il était littéralement pendu aux lèvres de Castiel, il n'attendait plus qu'il achève cette phrase pour être certain du message qu'il était en train de lui faire passer. Il se sent con d'oser l'imaginer mais ce qu'il allai dire avait réellement l'air important, son amoureux secret semblait prêt à lui révéler quelque chose de crucial sur l'homosexualité qu'il vient de lui avouer et sur leur relation à tous les deux.

Et Dean n'est pas idiot, quand bien même il n'ose pas y croire, qu'il n'ose pas se dire que tout ceci est réel, il serait presque prêt à jurer que Castiel allait lui suggérer de tenter quelque chose à eux deux, de poser un nous dans leur relation.

« -Non merci Ellen. » répond Dean d'une voix assommante.

« -Très bien, ça marche. » l'air de rien, repartant aussi subitement qu'elle est arrivée.

« -Tu disais… ? » tente de reprendre Dean.

Castiel pince les lèvres avant de balancer sa tête de droite à gauche, réprimant ses idées.

« -Non rien… »

« -Ça… Ça n'avait pas l'air de rien… » note Dean.

Castiel était prêt. Dix secondes plus tôt il était prêt à tout avouer à Dean, à lui dire qu'il est amoureux de lui, qu'il l'a dans la peau depuis des années, qu'il aimerait même se marier avec lui et peut-être même avoir des enfants, quand bien même tout ça peut paraître absurde et stupide au vu du peu de fois où ils se sont adressés la parole dans leur vie. Et il était prêt à lui dire tout ça, à achever ses aveux mais à présent tous ses moyens lui semblent s'être envolés, lui qui n'a pourtant habituellement aucun mal à parler librement.

« -Je crois que je devrais y aller. » prononce-t-il simplement.

Il laisse un billet de cinq dollars sur la table et se lève brusquement, se sentant bêtement idiot d'avoir osé commencé à s'ouvrir pour se rétracter aussitôt.

Bien sûr qu'il a réussi à envoyer balader tous ses préceptes devant Dean, ce n'était pas compliqué puisqu'il le pensait vraiment et que ça ne le concerne que lui. Mais lui avouer ses sentiments, c'est trop, beaucoup trop. Il n'a aucune certitude sur le fait qu'ils soient réciproques et il ne veut pas perdre l'estime que le Winchester doit avoir pour lui alors tout simplement, il préfère partir. Quand bien même il veut devenir libre et s'affranchir de ses parents, il préfère le faire dans la dignité et ne pas se prendre un râteau auprès de celui qu'il aime.

Dean le regarde se lever, abasourdi. Il le voit franchir la porte sans rien dire, sous le choc. Tout semblait pourtant bien se passer entre eux, ils s'entendaient à merveille, bien mieux que dans toutes les conversations imaginaires qu'il avait eu avec lui, bien mieux qu'il ne l'aurait pensé.

Puis il repense à toutes ses paroles mais surtout au fait que Castiel lui ait dit qu'il comptait quitter la ville afin de pouvoir mieux s'assumer ailleurs. Alors il n'a rien à perdre à tenter de le garder auprès de lui, absolument rien, d'autant plus qu'il veut y croire, il veut oser croire que quelques secondes plus tôt Castiel allait lui avouer qu'il lui plaisait un temps soit peu.

Alors d'un bond il se lève et franchit la porte du bar, se retrouvant dehors.

Castiel est dos à lui, prêt à ouvrir la portière de sa voiture.

« -Cas ! » en courant jusqu'à sa hauteur « Cas, attends… Je veux être sûr d'une chose… » s'arrêtant devant lui qui le regarde d'un air stupéfait « Tu dis renoncer à tes vœux… Mais redis-moi bien que c'est à tous tes vœux… » demande-t-il, ayant besoin de s'assurer de la véracité de ses pensées.

Il le regarde, étonné de sa démarche, du fait qu'il ait accouru jusqu'ici pour le retrouver.

« -Je renonce à tous mes vœux. » confirme-t-il, dubitatif.

« -Et tu… Tu comptes quitter la ville ? Tu veux partir, réellement ? »

« -A moins que quelqu'un ou quelque chose m'y retienne subitement, oui. » répond-il, perplexe « De toute manière si je veux vivre ma vie comme je l'entends mes parents ne voudront plus de moi… »

Alors Dean sent qu'il doit oser, qu'il peut avouer ses sentiments, qu'il n'a pas grand-chose à y perdre et tout à gagner.

Il sent ses joues rougir affreusement à l'idée de ce qu'il s'apprête à dire, rougir bien plus qu'elles ne l'ont fait depuis ces dernières minutes.

Et à cette vue, l'absence totale de filtre de parole de Castiel revient au galop, ne pouvant s'empêcher d'exprimer à voix haute ce qu'il pense tout bas.

« -Tu es vraiment adorable quand tu rougis… » sourit-il.

Dean relève les yeux vers lui, tout aussi surpris que la première fois, peut-être même plus, comprenant enfin le sens et la portée réelle de ses mots. Et les papillons se battent dans son ventre, sa tête brûle de ces rougissements trop répétitifs de même que son cœur s'épuise encore et toujours de frapper fort, bien trop fort contre sa cage thoracique.

« -Et toi tu me rends vraiment dingue à me dire des choses pareilles… »

C'est sorti tout seul, il n'a rien voulu dire de tout ça. Ce sont simplement ses pensées qui se sont exprimées à haute voix, ce qu'il tentait au mieux de réprimer tout au fond de lui qui n'a pu s'empêcher de jaillir ici et maintenant, face à lui.

Castiel sourit largement à l'entente de cette réponse, semblant soulagé d'un énorme poids. Et bon sang qu'il est magnifique lorsqu'il sourit, d'autant plus lorsque ce sourire est aussi sincère et chaleureux que présentement, lorsqu'il semble plus heureux encore qu'il ne l'a jamais été.

Alors Dean comprend réellement la cause du bonheur de Castiel et ne contrôle rien, vraiment plus rien de ses gestes. Il ne répond plus de ses pensées mais de ses pulsions qu'il a toujours dû étouffer jusqu'alors, les laissant devenir maître de lui.

Il se rue sur les lèvres de Castiel, le repoussant violemment contre sa voiture. Ses lèvres pressent les siennes en les dévorant encore et encore, les prenant et reprenant avec appétit.

Et l'homme dont il est amoureux répond ardemment à ses dépôts d'amour, ces traces de passion trop longtemps cachées. Ses mains se saisissent de la taille de Dean pour mieux le rapprocher de lui dans un réflexe qu'il n'avait jusque là jamais connu ni même expérimenté. Parce que sans même comprendre comment, Castiel sent que son corps sait parfaitement ce qu'il veut et qu'il attire son désir à lui, colle Dean contre lui pour mieux le posséder et le faire enfin sien. Il sent sa peau se consumer et sa chair lancer un appel à l'amour comme il n'en avait jamais encore donné, livrant à Dean tous les sentiments qu'il lui avait jusque là cachés.

Les mains se battent vainement contre les vêtements trop chauds qui les couvrent, sachant parfaitement qu'il est inconvenable de les laisser chuter ici, en pleine rue. Leur corps se frottent et se collent tout comme le tissu de leur jean qui devient étroit, bien trop étroit pour eux, les laissant pousser des plaintes de frustration tout autant que de libération.

Ce n'est qu'après plusieurs minutes de lutte infernale que leurs bouches se séparent, trop épuisées pour continuer leurs ébats entre elles.

Les bras de Dean restent fermement accrochés autour du cou de Castiel tandis que celui-ci laisse ses mains plantés sur la taille de son soupirant, l'attirant même encore plus à lui pour que leurs intimités restent en contact.

Dean ne parvient réellement pas à croire à ce qu'il vient de se produire. Tous ses rêves, tout ce à quoi il a aspiré durant toute sa vie vient de se réaliser sans même qu'il s'y attende réellement ou qu'il ait eu le temps de le voir venir.

Putain de merde, Castiel Novak vient de l'embrasser comme jamais personne ne l'avait fait auparavant. Et putain de bordel de merde, il a son érection contre lui, contre la sienne et rien que pour lui.

« -Je crois que je viens de commettre plusieurs pêchés. » remarque simplement le brun à voix haute.

Et Dean ne peut s'empêcher d'exploser de rire quant à cette remarque assez étonnante dans ce moment qui lui semble encore irréel.

Castiel le regarde rire quelques longue secondes, un sourire plaqué au bord des lèvres.

« -Je suis si drôle que ça ? » lui demande-t-il.

« -Tu n'en as pas idée. » sourit-il.

Puis il réalise qu'ils sont encore devant le Roadhouse et qu'une bonne partie des alcooliques de la ville les observe depuis la fenêtre, des tendres sourires aux lèvres.

« -Je… Je crois que toute la ville va être au courant pour… Pour ça… » balbutie Dean.

« -Et alors ? »

« -Tu vas vraiment partir d'ici… ? » à regret.

« -J'ai dit que je partirai si rien ne me retenait et il me semble que… Que nos corps sont quelque peu retenus l'un contre l'autre. » plaisante-t-il « Alors non, bien sûr que non je ne pars pas. Pas sans toi. »

« -Parce que… ? » s'enquiert doucement Dean, peinant à croire à la véracité des derniers événements.

« -Parce que… Je pense qu'il est à présent inutile de le nier… Je suis secrètement amoureux de toi Dean Winchester. » admet-il, une légère risette pendue à la bouche.

Dean ferme les yeux deux petites secondes, le temps d'imprégner ces paroles en lui. Puis il les rouvre, un sourire plein sur son visage.

« -Castiel Novak, je crois qu'il est temps de t'avouer que je suis moi aussi secrètement amoureux de toi. »

« -Peut-être plus si secrètement. » en pointant le bar du menton.

Dean ricane à cette remarque, étant certain que d'ici demain, tout le village sera au courant pour eux deux.

Mais il est rapidement sorti de son rire par Castiel qui presse son bas-ventre plus fortement contre le sien.

« -Comme je te l'ai dit, je renonce à mes vœux. Tous mes vœux. » un sourire narquois aux lèvres.

« -Moi qui te croyais innocent… » faussement outré.

« -Tu n'as pas idée de l'effet que tu me fais depuis des années… » très sérieusement « Et je crois qu'on ferait mieux d'aller rapidement chez toi. Dans ta chambre même. Parce que mes parents vont me mettre à la rue alors… C'est une bonne raison de profiter de ton lit non ? »

« -Eh bien… Disons que tu ne seras pas à la rue puisque tu vas résider officiellement dans mon lit. »

« -L'idée me plaît assez. » sourit Castiel « Et merci. » reprend-il plus sérieusement « Je n'ai maintenant réellement plus aucun endroit où aller… »

« -Si rester avec moi te convient… »

« -Ça me convient. » lui assure-t-il aussitôt « Ça me me comblerai même. »

Dean est plus heureux qu'il ne l'a jamais été et se moque bien des regards du Roadhouse qui sont braqués sur eux puisqu'il le sait, ils sont bienveillants.

Alors il sourit doucement avant de prendre totalement Castiel dans une étreinte, logeant son nez au creux de son cou à la peau brûlante pour mieux le respirer. Il pourrait rester là pendant des heures, serré contre lui, contre ce corps qu'il désire et qui le désire, traînant lascivement l'un contre l'autre.

Et il compte bien y rester et conserver Castiel pour lui et rien que pour lui durant le reste de sa vie. Parce qu'il sait enfin que son amour secret pour lui est en réalité partagé et que rien ne semble pouvoir les séparer. Ni même la famille de Castiel, son église ou encore le jugement de autres.

« -Tu crois que c'est fou si je te dis que je pense qu'on va terminer nos jours ensemble ? » murmure-t-il contre son cou. »

« -Je crois en la même chose. Mais peut-être que nous sommes tous les deux fous. » répond simplement Castiel.

Dean étouffe un rire avant d'embrasser sa peau.

« -Je t'aime. » répète-t-il inlassablement.

« -Je t'aime aussi Dean. »