Les promesses de l'océan


Bonjour à tous !

Voici une nouvelle fiction qui sera assez longue, je prévois au moins une quarantaine de chapitres. Elle sera ensuite suivie d'une autre fiction qui reprendra les personnages principaux de celle-ci mais avec un saut dans le temps.

Pour ceux qui s'attendent à de la romance, il y en aura mais il faudra attendre quelques chapitres (une quinzaine au moins) comme ça vous êtes prévenus !

Le début de l'histoire se passe pendant l'ère de Roger, lorsque Shanks et Buggy sont mousses. J'essaye de respecter au maximum la trame originale avec le peu d'informations que l'on a sur l'ère de Roger et j'ai pris le loisir d'inventer pas mal de choses, vous vous en doutez.

Mon idéal serait de poster un chapitre par semaine, voire toutes les deux semaines en cas de pépin mais honnêtement, j'ai besoin d'énormément de temps pour écrire un chapitre. Je pars avec une avance de dix chapitres que je vais essayer de maintenir telle quelle.

Si vous avez des questions ou si quelque chose n'est pas clair, n'hésitez pas à demander !


CHAPITRE 1 : NOUVELLE RECRUE


« Il fait plus froid au pôle Sud !

_ Non ! Au pôle Nord !

Le roux et le clown se faisaient face, plus qu'énervés de ne pas convaincre l'autre. Ils étaient tellement persuadés d'avoir raison. Ils parlaient maintenant en grognant depuis au moins cinq bonnes minutes. Et ils en avaient assez. Au même moment, ils se reculèrent, mettant quelques pas entre eux et sortirent leur épée. Mais c'était sans compter sur le Seigneur des Ténèbres qui les stoppa dans leur élan d'un coup de poing sur la tête.

_ Ça suffit ! On arrive sur une île !

Il n'en fallut pas plus pour les deux petits monstres qui accoururent au bastingage pour s'émerveiller de leur prochaine aventure. L'île était tout juste visible mais plus ils se rapprochaient, plus les détails s'affinaient. Buggy se retourna et croisa le regard du navigateur.

_ C'est quelle île ?

_ Elle s'appelle Myrialle. On n'en sait pas beaucoup plus, elle a l'air assez paisible, mais il n'y a pas âme qui vive. »

Au plus grand bonheur du mousse au nez rouge qui ne voulait pas trop risquer sa vie. Il s'imaginait déjà dans le sable, se prélassant au soleil, un cocktail à la main, avec Shanks pour serviteur. À cette pensé, ses yeux se plissèrent et un sourire étira ses lèvres. À côté de lui, l'autre mousse le regardait sans trop comprendre mais c'était Buggy, il ne fallait pas aller chercher plus loin se dit-il en haussant les épaules, son regard retournant se perdre sur les côtes de Myrialle.

L'île semblait relativement petite, on distinguait nettement une forêt dense qui recouvrait toute l'île. Ça n'avait pas l'air très joyeux, au plus grand malheur du roux. Mais il y aurait peut être de quoi s'amuser un peut dans cette forêt. À cette pensée, il se retourna vers son ami qui semblait encore plongé dans son rêve.

« _ Ça me revient maintenant, j'avais lu dans un livre qu'il y avait un fabuleux trésor caché dans la forêt dense remplie de monstres. »

Sa petite phrase eu son effet puisqu'à l'entente du mot « trésor », les yeux de Buggy s'étaient illuminés. Il souriait à présent, en regardant cette mystérieuse forêt, tout en se frottant les mains, réfléchissant déjà à ce qu'il pourrait faire d'une telle fortune. De son côté, Shanks s'amusait déjà de faire tourner en bourrique le clown, l'imaginant retourner chaque parcelle de la forêt pour trouver un trésor inexistant. Derrière eux, Rayleigh se disait qu'il n'y en avait vraiment pas un pour rattraper l'autre. À cette pensé, il poussa un soupire, retombant dans son enfance insouciante.


La bête était tout près, elle entendait sa respiration. L'air expiré fouettait les feuilles mortes au sol. Elle s'approcha d'un pas, veillant à ne faire aucun bruit. Encore un autre pas, elle pouvait la voir. Son pelage tacheté se démarquait légèrement des feuilles vertes. Elle devait être à cinq mètres tout au plus, le vent cachant son odeur. Elle n'avait jamais été aussi près. Si elle parvenait à tuer la bête, tout le monde la respecterait au village. Elle fit un pas de plus, bandant son arc. Sa respiration s'accéléra, elle avait peur. Peur de rater, peur de rester à sa condition de femme. Elle avait aussi peur de la bête, mais elle ne le ressentait pas de la même façon. Il fallait qu'elle se reprenne, qu'elle se concentre. Elle ferma les yeux, juste le temps d'inspirer un bon coup. Ses muscles se relâchèrent mais tout son être se raffermit. Elle ouvrit les yeux, croisant le regard doré de la bête. Elle se rapetissa, prête à bondir ou à fuir au moindre mouvement de l'humaine. Celle-ci ne bougea pas d'un pouce, sachant pertinemment que sa fin ne tenait qu'à un fil.

Pouvait-elle se résoudre à tuer un animal aussi magnifique ? Aussi athlétique ? Oui, elle le devait. Pour elle, pour changer de vie. Et puis le village se servirait jusqu'aux os de cette bête. Elle n'avait pas à hésiter. Son visage se durcit, son regard s'assombrit, ses doigts étaient prêts à décocher la flèche qui transpercerait le pelage tacheté. Les deux êtres se regardèrent une dernière fois, comme attendant le déclic de l'autre qui leur permettrait de bouger. Puis un bruit surgit de nul part. La bête et la fille en sursautèrent presque. Une sorte de miaulement. L'animal reconnaissant l'appel de son petit se tendit. Il n'était plus question de fuir mais d'anéantir la nuisance.

Mais pour la fille, il n'était plus question de tuer. Elle ne pouvait se résoudre à tuer une mère. Mais il fallait qu'elle agisse vite. Elle décocha la flèche, la plantant aux pied de la mère, se retourna et couru. Il y avait peu de chance que l'animal la suive puisque le danger était partit mais elle ne s'arrêta pas pour autant. Ce ne fut que cinq cent mètres plus loin qu'elle s'effondra contre un arbre. Elle n'en pouvait plus. Heureusement, la mère ne l'avait pas suivie.

Elle était déçue, personne ne verrait ce qu'elle valait. Elle voulait leur montrer qu'elle pouvait faire autant de choses qu'un homme. Mais après tout, elle n'avait pas été capable de tuer ce jaguar. Était-ce ses instincts de mère ? Ou son côté humain ? Elle n'en savait rien, elle savait juste qu'elle avait échoué.

Elle arriva à son village une petite heure plus tard, ramenant avec elle une tortue. C'était l'un de ses mets favori. Elle la rapporta à un vieil homme qui s'occupait de réunir la nourriture pour ensuite la redistribuer.

« Shiley ! Où étais-tu ?, demanda un homme d'un trentaine d'années.

_ Je chassais, j'ai faillit avoir un jaguar !

_ Je t'ai déjà dit que c'était dangereux. Les femmes n'ont pas à faire ça !

_ Mais père ! Je peux le faire, j'en suis capable ! Et je m'ennuie sinon.

_ Je sais bien Shiley, mais ce sont les règles, il faut que tu les respectes ! »

La dénommé Shiley n'écouta pas son père plus longtemps, s'élançant vers trois jeunes garçons. Elle les aimait bien, ils étaient un peu plus vieux qu'elle mais ne la jugeaient pas pour ce qu'elle faisait.

Le soir commençait à tomber, c'était l'heure des rapports. Et une chose que Shiley adorait faire était d'écouter les rapports. Se cachant dans la pénombre tel un petit félin, elle tendit les oreilles, prête à décortiquer chaque syllabe prononcée.

« Ary, Louan, Chin, Pelsi, bonsoir.

_ Bonsoir Chef, répondirent-ils à l'unisson. Un bateau à accosté à l'ouest de l'île. Ils sont nombreux, presque une trentaine, aucun n'est allé plus loin que la plage pour l'instant, continua l'un d'eux sans perdre une minute.

Le chef prit l'air grave, se grattant le menton.

_ Savez vous qui ils sont ?

_ Ils ont un drapeau pirate.

_ Bien il faut les surveiller de près, je veux six hommes qui les observent jour et nuit et dix hommes prêts à attaquer en cas de besoin. »

Les cinq hommes continuèrent à parler mais Shiley avait décroché. Des pirates ! Sur l'île ! Ça faisait longtemps. La dernière fois était peut être cinq mois auparavant et ils étaient vite repartis. Après un court instant de réflexion, elle arriva à la conclusion que son père ne la laisserait jamais sortir avec ces pirates dehors. Elle ne perdit pas une seconde de plus, prenant un poignard qu'elle attacha à sa ceinture, elle s'élança dans la forêt sombre, en direction de l'ouest. Cette forêt, elle la connaissait par cœur, c'est pourquoi elle fut vite arrivée à la plage. La jeune fille s'accroupit dans les fourrés, à l'abri des regards. Elle distinguait un grand navire, un trois mâts aux voiles blanches dont l'une était ornée d'un jolly roger. Un crâne avec ce qui pouvait s'apparenter à une moustache. Néanmoins, elle ne vit personne à bord. Cela pouvait s'expliquer par l'heure tardive. Cela ne servait donc à rien de rester planté là, elle reviendrait le lendemain matin, avant le levé de son paternel.


Les premières lueurs de l'astre solaire réveillèrent presque en sursaut la jeune Shiley. Elle ne prit pas la peine de dire le bonjour à qui que ce soit, prenant un petit morceau de viande qui restait de la veille et repartait déjà en courant.

Elle savait pertinemment qu'elle avait interdiction formelle de quitter le village, ordre de son père. Les pirates seraient trop dangereux d'après lui. Mais il n'était pas encore réveillé, et elle n'était pas censée être au courant de la venue de ces fameux pirates, elle n'avait donc rien à craindre. Elle arriva assez rapidement aux alentours de la plage. Il y avait du mouvement de tous les côtés. Des caisses étaient déchargées, et quelques personnes faisaient des allés retours pour les remplir de fruits et de viande. Elle repéra un groupe de deux qui semblaient se préparer à la chasse. L'un était brun, les cheveux bouclés, faisant ressortir ses yeux qu'elle devinait être bleus, la distance et le soleil ne lui permettait pas de voir nettement. L'autre était chauve, une cicatrice lui balafrant la joue. Il lui faisait peur. Ce n'est pas pour autant qu'elle changea sa décision de les suivre.

Shiley les suivait d'assez loin mais elle remarqua qu'ils étaient doués, très doués. Ils prenaient soin de ne faire aucun bruit et étaient toujours en alerte. Sans compter qu'ils avaient une communication visuelle et mimique impressionnante. Après quelques temps, ils finirent par s'arrêter, se faisant des signes de main. Qu'avaient-ils vu ? La curiosité était un vilain défaut et Shiley, comme bon nombre de personnes, ne pu résister d'avantage et se rapprocha des deux hommes. Il ne lui fallu pas longtemps pour comprendre qu'ils avaient l'intention de nourrir leur équipage avec la chaire de la mère jaguar qu'elle avait vu la veille. Et ça il n'en était hors de question.

Mais comment leur faire comprendre ? Elle ne pouvait pas aller les voir où l'existence de son village serait révélée. Il fallait qu'elle effraye l'animal. Mais les deux pirates n'étaient pas bêtes, si bien qu'ils avaient pris soin d'avoir le vent en leur faveur. Elle ne pouvait donc pas attirer l'attention du jaguar sans se faire repérer. À moins qu'elle ne rampe, comme si elle était un serpent. Mais les serpents ne faisaient pas de bruit. Son cerveau commençait à atteindre sa capacité maximale au niveau de la réflexion et du stress, il fallait qu'elle prenne une décision et vite. Elle se rapprocha un peu plus.

L'homme brun arma son fusil, visant le jaguar qui ne se doutait de rien. Il était trop tard pour réfléchir. Shiley banda son arc et décocha une flèche. Et une fois encore, elle vint se planter à quelques centimètres, faisant fuir l'animal. L'homme voyant que son gibier s'échappait, appuya sur la détente. De là où elle était, elle ne pu dire s'il l'avait touchée. Mais la mère était partie, c'était déjà ça. Les deux pirates, qui avaient vu la flèches se retournèrent vivement, pour en chercher l'auteur. Shiley avait juste eu le temps de se dissimuler derrière un arbre. Elle ne pouvait aller nulle part sans se faire repérer. Elle entendait les pas se rapprocher, faisant craquer les feuilles mortes. Les deux hommes n'étaient plus à la chasse aux gibier mais à la chasse à l'homme. Shiley sentait son cœur battre de manière hérétique dans sa poitrine et sa respiration ne faisait que s'accélérer. En fait elle n'entendait plus rien à part son cœur, sa respiration et les pas des deux chasseurs.

Elle était faite comme un rat. Non seulement elle allait se faire tuer mais en plus elle allait mettre en péril la sécurité de son village. La seule solution était de les tuer, tous les deux. Pas de témoins, l'odeur du sang attirerait sûrement les bêtes sauvages et il ne resterait rien des deux pirates à part leurs os. Le problème serait réglé. Elle banda son arc, discrètement, prête à sortir de sa cachette pour abattre ses poursuivants mais se ressaisit. Comment pouvait-elle tuer des Hommes alors qu'elle n'était même pas capable de tuer un jaguar ? Elle ferma ses yeux, essuya son front d'un revers de main, mettant quelques gouttes de sueur dans ses yeux bleus au passage. Ça piquait mais elle n'en tint pas rigueur, elle avait un plus gros problème.

Si elle ne pouvait pas les tuer, elle pouvait au moins les blesser. Shiley rebanda son arc, prit une longue inspiration, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire pour tout le monde. Elle sortit de sa cachette. Elle avait l'impression qu'elle ne contrôlait plus son cerveau tellement tout se passa rapidement. Elle identifia très vite les deux hommes qui étaient à une dizaine de mètres, dos à dos. Celui face à elle la repéra immédiatement, donnant l'alerte à son compagnon mais elle avait déjà tiré une flèche dans une de ses cuisses, lui mettant un pied à terre. Tandis que le second se retournait, elle prenait une autre flèche dans son carquois et la mettait en position sur son arc. Elle la décocha mais elle effleura seulement la jambe de l'homme brun. Lui avait tiré et avait fait mouche.

Shiley ne sentit pas à proprement dit la douleur tant elle avait d'adrénaline mais sentit que le choc de la balle l'avait mise à terre. Mais il fallait qu'elle se relève, il fallait qu'elle sauve sa peau. Elle prit une autre flèche, elle n'était plus dans l'optique de blesser, mais dans celle de tuer ou d'être tué, c'était la peur et son instinct de survie qui avaient prit le relais. Il lui fallut une volonté d'acier et une peur sans fin pour pour brandir son arme. Malgré sa dose d'adrénaline, elle sentait que quelque chose clochait avec son bras, mais ça attendrait. La sueur brouillait sa vue, sa peur la faisait trembler et sa respiration lui tournait la tête. Puis une nouvelle douleur apparut, vers son ventre, la faisant gémir et basculer en arrière mais elle lâcha la corde, envoyant sa flèche dans le corps de l'homme.

Elle le vit se plier en deux. Cette information lui suffit pour prendre la sage décision de fuir le plus loin possible et le plus vite possible. Elle était désorientée et ne savait pas où aller. Il fallait qu'elle s'arrête, qu'elle se repose, sans s'en rendre compte, elle ralentit jusqu'à s'arrêter, s'appuyant contre un arbre. L'adrénaline était redescendue, et elle sentait à présent une douleur épouvantable dans son épaule mais surtout sur le côté de son ventre. Même reprendre sa respiration lui faisait un mal de chien. Des larmes de douleur se mêlèrent alors à la sueur, dévalant ses joues rougies par l'effort pour finir leur course folle sur le sol. Elle posa sa main sur son flanc droit puis l'écarta pour voir du sang, partout, sur sa main, dégoulinant de son bras gauche et inondant son t-shirt. Il ne fallait pas être médecin pour savoir qu'elle perdait trop de sang.

Elle ne savait pas quoi faire, elle avait peur, elle était seule et il lui fallait de l'aide. Elle pensa alors à son village. Les pirates étaient sûrement déjà au courant de son existence. Il fallait qu'elle prévienne son père. Elle tenta de faire un pas, mais se fut sans succès, elle avait bien trop mal. Elle s'assit alors au sol, son dos contre le tronc d'arbre et compressa son flanc en espérant que quelqu'un lui vienne en aide. Elle était assez loin du village mais assez proche de la plage, il y avait six hommes qui observaient les pirates normalement. Il était donc tout à fait possible qu'elle s'en sorte. Néanmoins, par précaution, elle posa son arc et une flèche à côté d'elle, prête à se défendre en cas de danger.

Le temps s'écoulait et il n'y avait toujours personne, seulement des mouches qu'elle devait sans cesse chasser pour ne pas qu'elles pondent leurs œufs sous sa peau. Elle se sentait faiblir, elle avait froid. Puis elle entendit des pas, elle eut un espoir. Un homme s'avança, il était brun, grand, imposant, charismatique mais elle ne le connaissait pas. Il s'avança vers elle. Shiley, lâcha sa compression pour prendre son arc et sa flèche, les souillant de sang. Cela ne fit pas reculer l'homme pour autant. Il s'accroupit devant elle et avança sa main vers son flanc.

« N..Ne m'a..pprochez….pas. » Sa voix était rauque et chaque mot la vidait de ses forces. Pour illustrer ses paroles, la brunette tendit son arc et sa flèche face à l'homme mais elle n'avait pas la force de tirer sur la corde. Elle abandonna alors son arc, reposant une main sur son flanc et menaçait l'homme avec une simple flèche au bout du bras.

L'homme sourit, pour essayer de la rassurer, ou bien pour se moquer de sa faiblesse. Shiley n'en savait rien et s'en fichait, il était son ennemi. Le brun ne tint pas compte de la flèche tendue vers lui, il l'attrapa pour lui enlever des mains. La brune résista un peu si bien que l'homme tira un peu plus fort. Shiley profita de cet élan et mis ses dernières forces pour accompagner la flèche afin qu'elle se plante dans le ventre de son adversaire. Cette action eu pour effet d'étirer le sourire de l'homme. Il se décala aisément, évitant ainsi la flèche et retint le petit brin de fille qui était entraînée par son propre élan. Il la retourna délicatement pour se préparer à la porter mais la fillette gigota pour se dégager, augmentant sa douleur.

Elle finit par s'épuiser et l'homme en profita pour la prendre dans ses bras. Avec l'énergie du désespoir, la brunette tenta de le repousser, argumentant ses gestes par des « lâchez .. moi ». Après cinq minutes de torture par elle même, elle finit par perdre espoir et se laissa faire. Shiley regarda de sa vision trouble son tortionnaire, il était brun, les cheveux mi longs et ondulés, des yeux noirs sans fin et surtout une énorme moustache. Son regard descendit sur son cou où elle pouvait voir le col d'un manteau rouge, elle revint ensuite sur le visage de l'homme. Il lui fit un sourire radieux, redressant sa moustache sur les côtés et lui montrant toutes ses dents. Le relèvement des pommettes lui fit plisser les yeux, si bien qu'il les ferma. Ce fut la dernière chose qu'elle vit avant de sombrer dans l'inconscience.

« Ah ! Roger !, s'écria Rayleigh, deux de nos hommes sont blessés ! Apparemment, ce serait… Qu'est ce que tu nous ramènes encore ?

_ Oh ça ? Fit Roger en regardant la fillette qui était dans ses bras, elle était blessée par balle alors je voulais savoir ce qu'il s'était passé.

Le Capitaine continua son chemin pour monter dans une chaloupe qui l'emmènerait jusqu'à son navire, accompagné de son second. À peine mit-il les pied sur le bois de l'Estranda qu'un homme s'élança sur lui.

_ Ah ! C'est elle Capitaine ! C'est elle qui nous a attaqué !, s'écria un homme chauve avec une cicatrice sur la joue.

_ Eh bien vous vous êtes bien défendus apparemment !

L'homme ne sut quoi répondre. Ce fut donc son compère qui prit la relève.

_ Elle a voulu m'abattre, je n'ai fait que me défendre, dit l'homme brun, un bandage autour du buste.

_ Nous verrons ça une fois qu'elle sera sur pied. »

Le Capitaine venait de couper court à la conversation. Il voulait avoir tous les éléments en main pour pouvoir trancher. Avec tout ce raffut sur le pont, le reste de l'équipage était venu assister à la scène. Deux pirates se démarquaient du lot par leur jeunesse, ils écoutèrent la conversation avant de partir sur l'île, à la recherche d'un trésor.


« Chef ! Équipe de l'ouest au rapport !

_ Je t'écoute Ary.

_ Nous avons entendu des coups de feu, mais rien à craindre, ils ne faisaient que chasser, nous n'avons pas été vu.

_ Bien. J'ai une nouvelle mission à te confier, je veux que tu préviennes toutes les personnes de garde à l'ouest que dorénavant vous cherchez Shiley, elle est introuvable. Je vais envoyer d'autres personnes prévenir les autres équipes.

_ Oui Chef ! Nous la trouverons n'ayez crainte ! »

Après le rapport des trois autres équipes, le chef du village confia le contrôle à son second. Il fallait qu'il retrouve sa fille par tous les moyens. Il irait donc lui aussi à sa recherche de son côté.

« Kakui, Aruba ! T'as entendu ? Shiley a disparu !, dit un adolescent aux cheveux noirs courts.

_ Oui. Il faut qu'on aille la retrouver avant que les pirates ne le fasse !, répliqua un autre adolescent qui lui avait de longs cheveux tressés.

_ Ces pirates l'ont peut être déjà trouvée, d'où le fait qu'elle ne revienne pas, dit le dernier de la bande. »

Les deux autres le regardèrent avec effarement, puis d'un commun accord ils s'élancèrent hors du village, en direction de la plage puisque connaissant leur amie, elle était forcément allée voir les pirates. Les trois adolescents arrivèrent à la plage. Après plusieurs minutes de recherches et de cris de reconnaissances secrets, ils en vinrent à la conclusion que les pirates l'avait capturée. Ils se cachèrent alors le temps d'échafauder un plan puis sortirent de leur trou pour s'élancer vers leur futur otage. Il immobilisèrent un homme dont les mains étaient pleines de fruits. Deux flèches pointées sur la gorge de l'homme, ils réussirent à s'accaparer une chaloupe pour rejoindre le voilier.

Lorsqu'ils arrivèrent sur le pont, ce fut une douzaine de fusils et revolvers qui les accueillirent. Le Capitaine sortit du lot, pour se placer devant les agresseurs et l'agressé qui était tout à fait calme. Sans doute pouvait-il se débarrasser des adolescents en un tour de bras.

« Où est notre amie ? S'exclama Kakui. Répondez ou je le tue. Il argumenta ses paroles par un rapprochement de la flèche sur la gorge du pirate sous les yeux parfaitement calme de l'équipage.

_ Venez par ici les enfants, répondit le Capitaine en leur faisant signe de le suivre.

Les trois ado avancèrent tout en gardant leur assurance vie près d'eux.

_ Vous pouvez le lâcher, dit simplement Roger. »

Les trois jeunes répliquèrent négativement de la tête. Il en était hors de question. Sauf que ce n'était pas une proposition mais un ordre. Et ça, le prisonnier l'avait bien compris. D'une main il attrapa une flèche, se décala pour ne pas se prendre l'autre puis finit par récupérer les deux armes. Il s'en alla vers la chaloupe, sûrement pour continuer sa récolte de fruits sans un regard pour les jeunes. Les trois compères n'avaient pas suivit ce qu'il venait de se passer mais comprirent bien qu'ils étaient des mouches inoffensives pour cet équipage. Ils finirent tout de même par suivre le Capitaine vers l'infirmerie. Après tout, s'ils leur voulaient du mal, ce serait déjà fait. Du moins ils l'espéraient. Lorsqu'ils entrèrent dans la salle, ils se jetèrent sur la fillette qui dormait. Ils s'arrêtèrent net lorsqu'ils virent les bandages qui la couvrait.


Le chef parcourait les bois à la recherche de sa fille. Jusqu'à ce qu'il tombe sur une flèche plantée dans le sol. Il concentra alors ses recherches sur la zone et finit par voir deux petites flaques de sang. L'inclinaison de la flèche et le sang correspondait. Ce ne pouvait être que le sang de sa fille. Puis à quelques mètres il vit une autre flaque, plus étendue, qui elle aussi correspondait à l'inclinaison de la flèche. Dans tous les cas, sa fille avait eu à faire aux pirates. Environ 500 mètres plus loin, il retrouva d'autres tâches plus espacées, elles allaient en direction de la plage. Il les suivit, l'idée que les pirates avaient sa fille se faufilait dans sa tête comme une évidence.

Afin de monter sur le navire, il prit en otage un homme dont les mains étaient pleines de fruits, et ils allèrent sur le navire. Sur les flots, il devait avouer qu'il avait une affreuse envie de vomir. Mais il n'y pensa plus en se disant qu'il aurait dû prévenir au moins une équipe avant de se jeter dans la gueule du loup. Lorsqu'ils mirent un pied sur le pont, le chef ne put s'empêcher de lâcher un petit soupir, ce bateau-ci tanguait beaucoup moins que leur vieille barque. Il ne comprit pas pourquoi la plupart des hommes étaient pliés de rire.

« Ben alors Al ! T'es l'otage du jour ? Cette simple phrase eu pour effet d'augmenter les rires des autres.

_ J'aimerais bien vous y voir !, répliqua le dit Al en se dégageant vivement du chef pour repartir à sa chaloupe. »

Le chef resta donc planté sur le pont, son otage étant partit, et le reste de l'équipage était plié de rire. Puis le Capitaine arriva, ne comprenant pas vraiment non plus la situation mais il fit signe au chef de venir le voir. Ce dernier, qui était tellement désemparé, ne se posa pas plus de questions et le suivit à l'infirmerie. Il y trouva sa fille blessée, ce à quoi il s'attendait mais fut surpris de trouver les trois garnements avec elle.

« Que s'est-il passé ? Et qu'est-ce que vous faites ici vous trois ?

Kakui ouvrit la bouche pour répondre mais fut vite coupé.

_ Je ne veux pas vous entendre.

Les trois ados fermèrent leur bouche et se firent tout petits.

_ Cette jeune fille a été attaquée, nous attendons qu'elle se réveille pour avoir sa version des faits, répondit calmement Roger.

_ Sa version des faits ? Qu'elle est la version actuelle ?, répliqua le chef. »

_ Elle a empêché deux de mes hommes d'abattre une bête puis les a blessé. »

Le chef semblait surpris et peu convaincu. Sa fille aurait donc mis la sécurité du village en péril ou une bête ? Il la pensait incapable de faire ça, mais au fond il n'en savait rien. Il ne savait rien d'elle d'ailleurs se rendit-il compte. Il ne savait ce qu'elle faisait à longueur de journée, ni pourquoi elle ne restait pas à sa condition de femme et de fille du chef. Il ne comprenait pas.


Ce ne fut qu'une bonne heure plus tard que la brunette daigna ouvrir un œil. Elle fut aveuglée par la lumière et le referma aussitôt. Puis papillonna des yeux pour s'y habituer. Elle remarqua très vite son tortionnaire mais aussi que son père était avec lui. Elle ne voyait pas comment elle pourrait s'en sortir. Peut être qu'elle ferait mieux de faire semblant de dormir. Non, elle devait prendre le taureau par les cornes et assumer les conséquences de ses actes. Mais quels actes ? Après un instant de réflexion elle se souvint du jaguar et des deux hommes. Elle eu à peine le temps de se redresser qu'on la bouscula de questions.

« Shiley ! Que s'est-il passé ?

Elle tourna la tête pour lui répondre mais n'en eu pas le temps, une main la poussait pour qu'elle se rallonge.

_ Doucement jeune fille, prends ton temps.

La brunette hocha la tête mais ne se recoucha pas pour autant.

_ Il y avait deux pirates qui voulaient tuer une mère jaguar. Je l'ai donc fait fuir puis les deux hommes me cherchaient et voulaient sûrement se venger alors je suis sortie de ma cachette pour les blesser.

Le Capitaine semblait pensif tandis que le chef avait l'air furibond.

_ Mais que faisais-tu dehors ?

_ Eh bien … je … euh … me baladais de bon matin.

_ Tu as encore écouté aux portes, tu savais très bien que des pirates étaient là et tu y es allée !

Oui elle y était allé et alors ? Elle en avait marre qu'on lui dicte ce qu'elle devait faire ou non. C'était sa vie, pas celle de son père. En plus c'était sa chance, elle aurait peut être le soutien des pirates et de ses trois amis.

_ Oui j'y suis allé. Je ne veux pas rester au village pour laver du linge !

_ Mais tu n'as pas le choix Shiley ! Tu es une fille, ma fille ! C'est toi qui doit montrer l'exemple aux autres et obéir sinon ce sera la fin du village !

_ Très bien. Pour moi je montre l'exemple, je vous montre que les femmes peuvent chasser, peuvent se battre et ne veulent pas faire la cuisine !

_ Vu ton état, tu as plutôt du progrès à faire ! Un homme aurait battu ces deux pirates en un rien de temps !

Le Capitaine qui juste là était resté silencieux, ne pouvait le rester plus longtemps. Sa voix grave et calme s'imposa dans la pièce.

_ Ces pirates sont mes hommes. Ils sont forts et auraient pu blesser n'importe qui de votre village, ils auraient aussi pu tuer cette jeune fille mais ne l'ont pas fait.

Le chef compris très bien le message subtil : ne t'occupes pas de mes hommes, nous pouvons vous écraser comme des mouches comme l'avait prouvé son otage auparavant. Mais le message fut sûrement trop subtil pour Shiley.

_ Pourtant j'ai bien eu l'impression qu'ils essayaient de me tuer. D'ailleurs si vous n'étiez pas arrivé, je serais sans doute morte. Comment vont-ils d'ailleurs ?

Roger esquissa un sourire, en fait il l'aimait bien cette petite. Elle avait l'âme d'une pirate. Elle se battait pour ses idées en faisant face à son père et était franche.

_ Crois moi, si Karl voulait te tuer, il l'aurait fait. Les personnes en face de lui lui lancèrent un regard interrogateur. C'est l'homme brun, précisa-t-il. Et ils vont très bien, dans deux jours ils seront remis sur pieds.

Les épaules de Shiley s'affaissèrent de soulagement.

_ Contente de n'avoir tué personne, je ne savais pas trop ce que je faisais, j'ai vraiment cru qu'ils me cherchaient pour me tuer.

Le futur roi des pirates sourit. C'était quelque chose qui était indispensable pour entrer dans son équipage : il ne fallait pas tuer sauf par nécessité extrême. Cette petite lui plaisait de plus en plus, il avait déjà décider de l'intégrer en fait.

_ Je les ferais venir pour que vous puissiez vous expliquer.

Voyant que le Capitaine avait fini de parler, le chef pu prendre la parole.

_ Très bien. Ils viendront puis ensuite tu rentreras au village.

Shiley ne savait pourquoi mais cette rencontre avec cet homme si charismatique lui avait donné confiance. Elle avait l'impression qu'elle pouvait soulever des montagnes et réaliser ses rêves les plus fous.

_ Non. Je ne rentrerais pas au village. Elle s'adressa ensuite à Roger. Vous pourriez peut être me déposer à la prochaine île, je me ferais toute petite, vous ne me remarquerez même pas.

En plus elle ne manquait pas de culot. Elle aurait pu attendre ne serait-ce que 15 secondes, il lui aurait proposé. Mais non, elle avait pris les devants. Pour Roger c'était sûr, elle intégrerait son équipage.

_ Nous levons l'ancre dans deux jours à l'aube.

_ Il en est hors de question. Tu es ma fille, mon seul enfant, ce sera le rôle de ton mari de prendre la tête du village.

La brune savait qu'elle pouvait partir. Elle pouvait tout se permettre maintenant. Elle regarda son père dans les yeux puis l'ignora pour reporter ses yeux bleus sur l'homme à la moustache.

_ Comptez sur moi. »

Roger lui répondit par un sourire éblouissant puis sortit de la cabine. Il ferait bientôt venir ses deux blessés puis le médecin. Elle pourra ensuite partir rejoindre son village pour y faire ses adieux.


Un peu plus loin dans la forêt, deux jeunes garçons marchaient côte à côte. Celui aux cheveux bleus avait une carte approximative de l'île dans la main. Le papier semblait jaunis et déchiré par endroits. On pouvait clairement voir que la carte avait été arrachée sans grande précaution d'un livre.

Le bleu avait beau tourner la carte dans tous les sens, il ne voyait pas où ils étaient. Il n'y avait que des arbres, pas un seul point de repère. De plus, la plage était la même sur toute la côte. Il n'y comprenait rien. Pendant ce temps, son compère observait les arbres, regardant les rayons du Soleil passer à travers les feuilles. Il jetait de temps en temps un petit coup d'œil à son compagnon. Un sourire moqueur apparaissait alors sur ses lèvres.

« Hé Baggy, t'as entendu, tout à l'heure sur le pont, apparemment y'a une indigène qui a blessé deux de nos compagnons.

_ Hum, répondit le bleu, plus intéressé par sa carte.

_ J'espère ne jamais la croiser, parce que je la déteste déjà.

_ Hum. »

Le roux n'insista pas plus et replongea dans ses pensées et ses arbres lumineux. Quelle garce cette gamine tout de même.


L'aube venait de se pointer, et Shiley était déjà à bord pourtant l'Estranda ne bougeait pas d'un pouce. En effet, l'équipage ne pouvait se résoudre à laisser ses deux mousses à terre. Le Capitaine était donc allé les chercher. Il ne mit pas longtemps à les repérer grâce à son haki.

« Le trésor est à l'est !

_ Mais puisque je te dis qu'il est au centre de la forêt !

_ Abruti ! L'est de cette île est l'endroit le plus inaccessible !

_ C'est toi l'abruti ! C'est le barman qui m'a dit que le trésor était là ! »

Les deux mousses étaient visage contre visage, prêts à s'étriper. Ils ne remarquèrent même pas la présence de leur capitaine à quelques pas d'eux qui les observait. À cause de son observation, il avait perdu le fil de la dispute mais les entendait à présent débattre assez activement sur un concours d'alcool qui avait mal tourné sur leur dernière île. Roger se souvenait assez bien de ce moment là, si bien qu'en y repensant, un large sourire s'étira sur ses lèvres.

« C'est de ta faute si j'ai presque dû rester toute ma vie avec l'autre folle ! Non mais t'imagines si Rayleigh était pas intervenu ?!

_ T'avais qu'à pas m'insulter ! Tu peux t'en prendre qu'à toi même !

_ T'insulter ? Je ne faisais que te dire la vérité en face ! T'as un gros pif !

_ Quoi ?! Comment oses-tu ?! C'en est trop, on va en finir !

_ J'attends que ça gros pif !

Les deux mousses sortirent alors leur sabre, prêts à se découper en rondelles. Malheureusement pour eux, le Capitaine intervint avant que ça ne dégénère trop.

_ Eh bien ! Que s'est-il passé ? Je suis sûr que vous ne vous rappelez même la raison de votre dispute !

_ Ah ! Cap'tain ! Shanks ne veut pas me croire quand je lui dis que le trésor est à l'est !

_ Certes mais je l'ai entendu dire que c'est lui qui a eu les informations, n'est ce pas Shanks ?

_ Oui c'est ça ! Le trésor est au centre de la forêt.

_ Eh bien ! Allons le débusquer alors !, clama le Capitaine, heureux de trouver un trésor. Ils pourraient bien attendre un peu pour partir.

À l'entente de la phrase, Buggy, parut fou de joie à l'idée de se remplir les poches d'or. Quant à Shanks, il pâlit un peu, ne se doutant pas que son capitaine voudrait s'ajouter à la pseudo chasse au trésor.

_ Euh... en fait, il n'y a pas de trésor. Je l'ai inventé pour faire tourner Buggy en bourrique.

À ces mots, le Capitaine rit de bon cœur, se doutant que cela avait dû marcher jusque là puisqu'ils étaient tous les deux dans la forêt. La face de Buggy se décomposa littéralement pour personnifier, d'abord le désespoir puis la colère noire.

_ QUOI ?!, hurla-t-il, furieux.

Le roux se tourna vers lui, des larmes aux yeux tellement il riait de la réaction de son ami.

_ Tu verrais ta tête Buggy ! »

Voyant que même le Capitaine s'y était mis, le mousse décida de rejoindre la bateau le plus vite possible pour s'éloigner au maximum de ces monstres sans cœur. Puis, quelques minutes plus tard, les rires se calmèrent, laissant les deux pirates reprendre leur souffle. Ils arrivèrent vite au navire où tout l'équipage les attendait sur le pont. Il rejoignit son compagnon de toujours au nez rouge. Il y avait une nouvelle apparemment, il ne l'avait jamais vu auparavant. Il la détailla un peu.

Il la trouvait bien jeune, même lui était rentré dans l'équipage à l'âge de huit ans alors qu'elle devait en avoir quoi ? Allez, Shanks lui donnait neufs ans tout au plus. En plus elle n'avait pas l'air de savoir se battre, elle était assez maigre et n'avait aucune arme. Et il ne pensait pas qu'elle en transportait dans son baluchon. Après tout, quand on avait de quoi se battre, on le gardait toujours à portée de main. Mais le roux savait qu'il ne fallait pas se fier aux apparences alors il ne se posa pas plus de questions, attendant juste une démonstration qui arriverait bientôt vu le nombre effroyable d'ennemis qu'ils avaient.

De son côté, Shiley détaillait tout le monde pour se familiariser aux visages. Elle tomba alors sur deux jeunes, ils étaient tout de même plus vieux qu'elle. Celui de gauche avait le bras pointé vers les montagnes à l'est et avait l'air de parler à son compagnon. Il avait des cheveux bleus dissimulés par un bonnet à pompon noir et à bordure jaune parsemé de taches marron. Elle remarqua ensuite son énorme nez rouge, tel un clown. Ses yeux quittèrent difficilement l'étrangeté pour tomber sur une chemise violette sur le haut. Elle devenait ensuite beige et une tête de chat était au milieu, rendant l'habit assez enfantin. Le tissu n'étant pas fermé, on pouvait voir les quelques muscles de l'adolescent. Il portait aussi un pantalon vert kaki assez large qui semblait tenir à sa taille grâce à un foulard bleu. Elle qualifia mentalement sa tenue comme étant déplorablement assortie, ce qui raffermit son idée que ce jeune homme était un clown.

Puis son regard dériva sur son compagnon, un roux avec un pull blanc rayé. Elle fut néanmoins surprise de voir un chapeau de paille sur sa tête, il n'y avait pas spécialement beaucoup de soleil aujourd'hui. Il portait aussi un bermuda brun qui était retenu par une ceinture où un sabre était accroché. Elle préférait déjà son style vestimentaire même si le chapeau de paille lui faisait penser que le roux devait être une énergumène. Mais au fond, elle s'en fichait pas mal de leur tenue, elle-même portait un vieux pantalon noir avec une chemise blanche déchirée au niveau de la manche droite. On pouvait d'ailleurs y trouver son repas de la semaine et de la terre, le tout ré-haussé de quelques taches de sang séché.

Avec l'arrivée du Capitaine, tout le monde alla à son poste pour lever l'ancre. Shiley ne savait pas exactement où se mettre alors elle s'accouda à la rambarde, regardant son île s'éloigner. Elle n'était pas si triste finalement, elle était même heureuse. Le vent dans ses cheveux bruns lui faisait un bien fou. Elle écarta les bras, ferma les yeux et inspira profondément l'air iodé. Elle sut alors qu'elle ne s'en lasserait jamais. Un sourire sans fin prit place sur son visage enfantin. Une fois le bateau mis en route, tout le monde revint sur le pont. Le Capitaine se plaça devant et prit la parole.

« Nous avons une nouvelle à bord ! Shiley, viens par ici s'il-te-plaît.

La brunette s'avança timidement, n'étant pas très à l'aise devant tant de monde.

_ Vous savez sûrement pour la plupart qu'elle a eu un petit différend avec Karl et Sam. Mais ils se sont expliqués et tout est réglé maintenant, n'est-ce pas ?

_ Oui c'était juste un malentendu rien de plus, confirma Karl.

_ Et bien sûr on va devoir fêter ça ce soir ! »

Pendant que l'équipage hurlait de joie, Shanks n'en croyait pas ses yeux. Pourquoi son Capitaine avait recruté cette gamine qui avait blessé ses compagnons ? Dans tous les cas, il était hors de question de faire ami-ami avec elle.

La fête battait son plein. Shiley faisait la connaissance de l'équipage, et, contre toute attente, elle s'entendait assez bien avec Karl même si ils s'étaient mutuellement blessés. Ils en rigolaient bien d'ailleurs. Après un bout de temps, elle vit les deux autres mousses, elle alla les voir, heureuse de pouvoir avoir des amis de son âge. À peine fut elle à quelques pas d'eux, qu'elle se fit percuter par le regard assassin du roux. Que lui voulait-il ? Elle le fixa alors et lui fit un large sourire, ce qui eu pour effet de tordre le visage du rouquin pour en faire une grimace. En voyant qu'elle s'approchait, il se leva et partit rejoindre d'autres de ses compagnons.

« Ben qu'est-ce qu'il lui prend ?

_ Je pense qu'il t'en veut pour avoir blessé nos compagnons, répondit le bleu. Je suis Buggy.

Le brunette lui rendit son sourire et lui serra la main.

_ Shiley, heureuse de faire ta connaissance. »

Ils continuèrent à discuter un peu jusqu'à ce que Rayleigh vienne la voir pour lui donner une cabine. Cabine qui se résumait à un placard aménagé. Il y avait tout juste de quoi dormir mais elle n'allait pas se plaindre. Le lendemain, elle retenta sa chance auprès de Shanks. Il était sur le pont, la tête dans les vapes. Il n'avait pas l'air au meilleur de sa forme, comme le reste de l'équipage d'ailleurs.

« Salut ! Je suis Shiley.

Il lui lança juste un regard mauvais. Il allait partir juste au moment où le Capitaine arriva, les interrompant dans leur passionnante discussion.

_ Tiens vous avez l'air de bien vous entendre tous les deux, tu lui fais visiter Shanks ? »

Le Capitaine ne remarqua pas les regards noirs que lui lancèrent les deux mousses ni les grognements du roux suite à sa question rhétorique. Voyant que son capitaine se fichait éperdument qu'il soit d'accord ou non, Shanks partit vers l'avant du bateau suivit de Shiley. Ils marchaient côte à côte, ne s'adressant pas la parole. Seul le nom du lieu qu'ils voyaient passait la barrière que formaient les lèvres du roux. Alors qu'ils descendaient dans le ventre du bateau pour se diriger vers la cuisine, les deux mousses croisèrent un dénommé Marc.

« Ah Shanks ! Viens donc m'aider à descendre les réserves de saké à la cale ! Toi aussi gamine tant qu'à faire.

_ Je suis pas une gamine ! »

Mais le pirate s'en fichait éperdument et repartit vers les profondeurs du navire. Les lèvres du rouquin se tordirent dans un sourire moqueur mais il ne se fit pas prier, trop heureux de pouvoir se débarrasser du fardeau que représentait la fillette. Elle le suivit néanmoins pour retourner au niveau du pont afin de prendre les tonneaux. Décidément, ce rouquin n'avait vraiment pas l'air de l'apprécier. Et cela commençait à être réciproque. Il pourrait au moins lui dire les choses en face.


Voilà pour ce premier chapitre qui était très axé sur Shiley puisque c'est mon oc principal. Dans la plupart des chapitres, j'essaye au maximum de mettre des points de vue pour plusieurs personnages pour ne pas avoir l'impression que l'on ne suit que l'aventure de Shiley même si c'est le cas en fait.