Chapitre 1 : Un très mauvais anniversaire
Harry Potter avait peur. Le début de l'été s'était pourtant très bien passé dans la belle maison des Black. Harry avait pu s'y reposer de la fin bouleversée de sa première année à Poudlard, choyé par Emma, divertit par Altair qui avait reçu sa lettre de l'école de sorcellerie. Son parrain avait été souvent absent car il préparait le procès de l'un de ses anciens meilleurs amis, mais Harry n'avait pas eu à s'en plaindre : dès que Sirius était disponible, il passait le plus clair de son temps avec son fils et son filleul, s'efforçant de rester léger en leur présence. Le jeune brun et son presque frère n'étaient cependant pas dupes et ressentaient l'inquiétude de Sirius, son appréhension face à ce procès qui marquerait un tournant dans sa vie après toutes ces années passées à essayer de retrouver Pettigrow.
Et c'était justement ce procès qui terrifiait Harry, procès où il allait devoir témoigner face à l'une des personnes responsables de la mort de James et Lily Potter, ses parents biologiques. Allait-il y apprendre pour quelle raison il était orphelin ? Pour quel trésor, quelle promesse, Peter Pettigrow avait vendu ceux qui le considéraient comme un ami digne de confiance ? Du haut de ses « onze ans et demi, bientôt douze » le jeune garçon se sentait tout petit, tout perdu, face à l'épreuve qui l'attendait. Emma avait d'ailleurs tempêté, trouvant inadmissible que la justice magique puisse demander à un enfant de faire face à l'un des assassins de ses parents. Augusta Londubat, la grand-mère de Neville, un ami de Harry rejoignait Emma sur ce point. Son petit fils aurait dû témoigner lui aussi, ainsi que deux autres amies d'Harry, mais Albus Dumbledore, l'un des plus grands sorciers vivants en avait décidé autrement et en avait informé Harry et les Black peu de temps auparavant :
- Voyez-vous, je pense qu'il est inutile que ces jeunes témoignent : personne hormis vous, Sirius et Harry, ainsi que Severus, n'est au courant de leur présence. Pour leur tranquillité, il est préférable que personne n'en ait connaissance.
- Cela ne risque-t-il pas d'affaiblir l'accusation, Albus ? questionna Sirius
- Je ne pense pas mon ami, l'accusation se basant sur vous, auror confirmé, sur Severus, maître des potions et professeur reconnu et sur Harry, qui même s'il est un enfant, est auréolé de l'image du Survivant. De plus, le Magenmagot sera présidé pour l'occasion par Griselda Marchebank qui est, vous en conviendrez, au dessus de tout soupçon de corruption. Lucius Malefoy lui-même ne pourrait en venir à bout, et Merlin sait qu'il est redoutable comme avocat. D'ailleurs, j'ai appris de source sûre qu'il a refusé de défendre Peter, ne voulant pas se compromettre avec un mangemort avéré.
- Vous avez raison, Albus, intervint Emma, mieux vaut protéger l'innocence de ces enfants au maximum, c'est déjà bien assez qu'Harry doive témoigner.
A l'occasion de cette visite du directeur de Poudlard, Harry avait aussi apprit que le procès se déroulerait à huis clos, ce qui était une bonne nouvelle. Une nouvelle bien moins agréable était que le procès se tiendrait le 31 Juillet, soit le jour de son anniversaire. Il avait donc été décidé qu'il le fêterait la veille, chez les Londubat, en même tant que Neville qui était du 30. Leurs amies Hermione et Daphné seraient présentes, ainsi que Terry Boot, un camarade de Serdaigle d'Harry, de même que Ernie Macmillan, Hannah Abbot et Susan Bones, avec qui Neville avait sympathisé.
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La fête d'anniversaire s'était bien déroulée et avait permis à Harry d'oublier pour quelques heures le procès qui s'annonçait mais en s'éveillant au matin du 31 Juillet, la réalité le rattrapa et le frappa de plein fouet : on y était. Il prit son petit déjeuner après que sa famille lui ait souhaité un bon anniversaire, puis monta se préparer. Emma lui avait sortit une robe de sorcier stricte et peut être un petit peu sévère pour un enfant mais qui serait sûrement appréciée du Magenmagot avec sa couleur gris anthracite relevée d'une discrète broderie s'accordant avec ses yeux émeraudes. Après avoir sans succès tenté de discipliner ses épis, Harry descendit dans le salon où l'attendait Sirius sanglé dans son uniforme bleu nuit caractéristique des aurors en service. C'est en effet en qualité de membre du prestigieux corps des chasseurs de mages noirs qu'il témoignerait. Ils prirent la cheminée pour se rendre au Ministère de la Magie, Severus devant les attendre dans le hall.
Le maître des potions y était effectivement, un masque impassible sur son visage, ce qui fit sourire Harry : on aurait dit que Severus se préparait à aller en cours pour terroriser des premières années. L'atrium était toujours aussi impressionnant que dans les souvenirs d'Harry, avec ses nombreuses cheminées de transport, son plafond où naviguaient des signes cabbalistiques et sa fontaine monumentale. Le jeune garçon avait déjà eu l'occasion d'observer cet ornement lors de visites au ministère quand il était plus jeune et avait tout de suite remarqué qu'elle était surtout représentative de l'orgueil des sorciers, de leur arrogance envers les autres espèces magiques.
Ils traversèrent l'atrium pour atteindre les ascenseurs menant aux différents niveaux du ministère de la magie et descendirent au niveau 9, celui du Département des Mystères. De là, ils prirent un escalier qui s'enfonçait encore plus dans les profondeurs du Ministère et les amena jusqu'au niveau 10, où se trouvaient les salles d'audiences. Sirius avait expliqué à Harry que nul ascenseur ne descendait jusque là, par sécurité. En effet, un suspect s'échappant de la salle d'audience avait ainsi moins de chance de quitter le ministère, les escaliers étant sur le modèle de ceux des dortoirs des filles à Poudlard : aisés à descendre, bien moins à monter. Un suspect s'y précipitant serait ramené en bas, l'escalier devenant alors toboggan.
Arrivés au niveau 10, ils poursuivirent rapidement leur chemin jusqu'à la salle d'audience numéro 2, où se tiendrait le procès de Peter Pettigrow. Harry remarqua les murs sombres, semblant suinter d'humidité auxquels étaient accrochés des torches dégageant une lumière tremblotante. De tout l'étage se dégageait une ambiance lourde, pesante, comme si l'air avait gardé en souvenir les atrocités commises par les criminels ayant été jugés ici. Les trois sorciers ne marchèrent que quelques minutes mais il sembla au plus jeune qu'il y avait des heures qu'ils étaient là quand ils s'arrêtèrent devant une haute porte en bois pourvue de verrous et serrures en fer forgé. Au dessus de la porte, un grand « 2 » ouvragé indiquait qu'ils étaient arrivés à destination. Sirius, suivit de Harry puis de Severus pénétra dans la salle. Les deux adultes, impassibles allèrent s'asseoir dans les gradins en pierre bordant l'un des murs de la salle. Harry resta entre eux deux mais était loin de paraître aussi serein. La salle était en effet impressionnante pour quiconque y entrait pour la première fois (ce qui n'était le cas, ni de Sirius, ni du maître des potions) mais pour un enfant de l'âge d'Harry, elle était plus que cela, avec ses murs en pierres noires, l'estrade où commençaient à prendre place les membres de la cour, et surtout, la place centrale au centre de laquelle se trouvait un solide fauteuil de bois brut muni de chaînes. Son parrain lui prit la main, ce qui rassura instantanément le jeune garçon, qui pût observer plus calmement les membres du Magenmagot s'installer. Il fût sidéré de voir le nombre de personnes réunies par ce procès : il n'y avait pas moins d'une cinquantaine de personnes, hommes et femmes, vêtues de la robe prune ornée d'un M stylisé, des représentants de la Justice Magique. La présidente, la vieille Mrs Marchebank prit place, encadrée de ses deux assesseurs. Severus murmura à l'oreille d'Harry :
- L'homme à droite de Marchebank est Tiberius Ogden. La femme aux cheveux gris qui se trouve à la gauche de la présidente est Amelia Bones. Sa nièce est à Poudlard, à Poufsouffle. Tu la connais un peu il me semble.
- Oui, c'est une amie de Nev. Ils sont toujours aussi nombreux ?
- Non, dit Sirius, nous avons le droit à l'Assemblée Plénière, composée des plus hauts magistrats du Département de la Justice Magique. Cela montre l'importance que le ministère accorde à la capture de Peter…Le ministre Fudge, lui-même est venu !
La voix de Mrs Marchebank, qui bien qu'éraillée débordait d'autorité, traversa alors la salle :
- Veuillez faire silence. Le prévenu va maintenant être amené devant la cour.
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Pettigrow fit son entrée, encadré par quatre aurors parmi lesquels Harry reconnut Kingsley Shacklebolt, un ami de Sirius. Il fût assis sur le fauteuil et les chaînes magiques se dressèrent, menaçantes, et lui enserrèrent bras et jambes. La présidente du Magenmagot déclara la séance ouverte et rappela les faits, de la mort des Potter à la tentative de vol de la pierre philosophale, puis appela Sirius à la barre.
Celui-ci déclina son identité, puis raconta la mort des Potter, n'omettant pas ce qu'il pensait être sa culpabilité dans l'affaire : son idée de changer de gardien du secret et de prendre Peter pour jouer ce rôle. Il passa ensuite à sa traque du traître pendant les années qui suivirent, puis à l'abandon des recherches en 1984. Il leur dit toute sa rage et sa frustration de l'époque, compensée seulement par le bonheur de pouvoir se consacrer plus à sa famille. Enfin, il expliqua les événements de Poudlard, n'omettant que la présence des amis d'Harry. Il fut interrompu par une petite toux sèche tandis qu'une petite sorcière grassouillette prenait la parole pour le questionner :
- Ainsi donc, vous prétendez que vous-savez-qui était à Poudlard en Mai dernier pour dérober la pierre philosophale ?
- Je ne le prétends pas je l'affirme Mrs… ?
- Ombrage, Dolorès Ombrage. Y a-t-il des preuves pour étayer cette absurdité ?
- Rien que ma parole, celle de mon filleul Harry Potter et celle de Severus Rogue, maître des potions à Poudlard.
Severus se leva à ce moment là, demandant la parole :
- Il y a aussi le rapport des experts du Départements des Mystères qu'Albus Dumbledore a fait aussitôt venir pour examiner la scène et les restes du professeur Quirrell. Si vous aviez lu ce rapport, que nous avions versé au dossier, vous vous seriez aperçu qu'il concorde avec la déclaration de M. Black.
- Ce point étant éclairci, pouvons-nous reprendre, Dolorès ? questionna Mrs Marchebank.
La petite sorcière acquiesça, et Severus fût alors appelé à témoigner. Le passage à la barre du maître des potions fût bref, n'ayant rien à ajouter à ce que Sirius avait dit auparavant. Puis se fût le tour d'Harry.
Le jeune garçon traversa la salle sur ses jambes flageolantes et prit place dans l'espace réservé aux témoins. Le lieu n'était pas adapté à un enfant et il dépassait à peine de l'entourage de bois sombre. Souriant avec attendrissement, la vieille Mrs Marchebank agita négligemment sa baguette et Harry fût soulevé de terre et déposé sur un coussin moelleux. Il commença à raconter ce qui s'était passé à Poudlard mais fût bientôt interrompu par le Ministre de la Magie :
- M. Potter pourrait peut être commencer par le début, la mort de ses parents.
- Je ne m'en souviens pas Monsieur le Ministre, je-j'étais un bébé et…
- Vous voulez me faire croire que vous n'avez aucune idée de la manière dont vous avez fait disparaître vous-savez-qui et que comment vous avez survécu ?
- C'est donc cela qui vous intéresse Monsieur le Ministre ? intervint Sirius. Pourtant je ne vois pas le rapport avec l'affaire du jour. De plus, Harry dit vrai ! Vous-même vous rappelez-vous de ce qui se passait lorsque vous n'aviez même pas un an et demi ?
- Le débat à ce sujet est clos, déclara Mrs Marchebank. Si nous poursuivions avec ce qui nous intéresse aujourd'hui, à savoir les évènements de Mai dernier à Poudlard, et les retrouvailles de Mr Pettigrow avec le monde magique ?
Sans plus de heurts, Harry poursuivit son témoignage, jusqu'au moment, encore très difficile pour lui à évoquer, où il avait, bien involontairement, tué Quirrell par le biais de « l'allergie à l'amour » de Voldemort qui le possédait. Il put ensuite retourner à sa place mais il était épuisé par tant d'émotions.
Pettigrow fût interrogé sous véritasérum et débita d'une voix monocorde toutes les exactions qu'il avait commises pour le compte du seigneur des ténèbres. Harry, déjà très éprouvé, se mit à sangloter dans les bras de Sirius quand le rat arriva au sort des Potter. Visiblement, il ne regrettait rien, sinon de s'être fait prendre et entendre cette voix, où ne perçait nulle émotion, lui raconter que la mort de ses parents était inévitable dans la quête de grandeur de Voldemort fût de trop pour le jeune garçon. Il passa le reste du procès dans un état second, prostré contre son parrain et entendit à peine le verdict condamnant Pettigrow à l'enfermement à vie dans la prison d'Azkaban. Sirius, Harry toujours dans ses bras et suivit par Severus, sortit bien vite de la salle d'où s'élevaient les hurlements de détresse de Pettigrow face à sa sentence :
- Sirius, mon ami, tu ne peux pas les laisser m'enfermer comme cela ! Harry, petit Harry, ton père n'aurait pas voulu cela, ta mère, la douce Lily encore moins… Ne me laissez pas, ne me laissez pas !
Les lourdes portes furent enfin fermées sur ses cris et ils trouvèrent de l'autre côté un Rémus très pâle qui était venu aux nouvelles. Lui aussi avait entendu les supplications de Pettigrow et en était tout retourné. Tous ensemble, ils retournèrent chez les Black où Sirius déposa Harry dans sa chambre : sous le coup des pleurs, de la tristesse, de la tension, de la colère aussi peut être, le jeune garçon s'était endormi, terminant ainsi la journée qui resterait sûrement son pire anniversaire.
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Moui... les statistiques de ffnet ayant pas mal de problème en ce moment, je ne sais absolument pas si vous me lisez ou pas... c'est assez frustrant, je dois dire : me rendre compte que certains d'entre vous ont mis mon histoire en favoris tout en n'ayant ni "hints" (clics) ni reviews (ce qui par contre est courant) est assez déstabilisant...
