Disclamer : L'univers d'Harry potter, ses personnages et ses lieux appartiennent à J.K.R
Résumé : Quand Parvati tient la main de son amie blessée, elle ne sent que le froid, mais elle la berce sans arrêt, car elle sait qu'elle se battra. Quand Seamus embrasse le visage de son amante, il devine, à travers les cicatrices et les crevasses qui ornent son visage, la douceur de sa peau. Et quand Lily la regarde danser, elle ne voit qu'une femme à la vie heureuse et brillante, aux jours filés d'or et de soie, pas le monstre que certains croient voir s'agiter.
Note : Huit heures de train, Love Actually en arrière plan et une review qui me trottait dans la tête m'ont inspiré cette petite histoire. J'espère que vous apprécierez.
Bonne lecture.
D'or et de soie
Parvati Patil était ce que l'on pouvait appeler une personne courageuse. À cinq ans, elle courrait derrière les araignées vivant dans la cave pour les attraper, à quinze elle s'engageait dans l'armée de Dumbledore aux côtés de ses amis et à dix-huit elle prenait part à la bataille de Poudlard. Elle ne s'était jamais posé la question des risques qu'elle courait, même si ses parents n'avaient de cesse de lui rappeler, parce que c'est ce qu'elle se devait de faire.
Elle s'était vu mourir plusieurs fois ce soir, quand ses jambes l'avaient lâchée en pleine course dans les escaliers, ou quand ce Mangemort lui avait lancé un sortilège mortel à la figure, mais elle était toujours là presque inconsciente de la chance qui était sienne. Elle était choquée, un peu, même si elle s'était faite à l'idée qu'elle risquait sa vie dans cette guerre. Elle avait juste oublié que ses amis risquaient la leur aussi, et c'est cela qui faisait le plus mal.
Ses doigts caressaient doucement les cheveux de Lavande qui était étendue sur un lit de fortune. Depuis combien de temps son amie était-elle inconsciente ? Parvati ne le savait plus très bien, mais qu'importe Lavande était en vie. Elle observait sa poitrine se soulever à rythme régulier et restait là, immobile, malgré les cris qui résonnaient sans cesse dans la Grande Salle. Comme s'il ne servait à rien qu'elle retourne se battre quand son amie était ici.
Elle serra délicatement la main de Lavande dans la sienne, même si elle ne le sentait probablement pas, simplement car Parvati savait à quel point son amie détestait la solitude. Elle était l'une de ces personnes qui avaient besoin d'exister dans les yeux des autres pour se sentir vivante. Certains la trouvaient superficielle, mais ils ne la connaissaient pas et Parvati savait qu'ils se trompaient. Elles avaient passé tellement de temps ensemble au cours des sept dernières années, qu'elles se connaissaient sur le bout des doigts.
Et les gens pouvaient toujours parler, Lavande savait que Parvati n'était pas Padma tout comme Parvati savait que Lavande n'était pas qu'une coquille vide. Elle était bien plus que ça. Ce que les autres prenaient pour de la frivolité n'était qu'un vide qu'elle cherchait à combler, elle avait ce besoin d'être vue et remarquée, elle voulait juste qu'on s'intéresse un peu à elle qui avait été si souvent seule dans son enfance.
Oh bien sûr, elle n'était pas un modèle de sérieux ou d'importance et qui pouvait l'en blâmer ? Elle n'avait pas vingt ans et sortait à peine de l'enfance, personne n'aurait dû attendre d'elle qu'elle se comporte déjà comme une adulte. Elle montait au front et gaspillait l'insouciance de sa jeunesse, les plus belles années de la vie parait-il, alors elle avait tendance à croire qu'un peu de futilité ne ferait de mal à personne. Lavande réclamait juste le droit d'être une adolescente ordinaire, avec ses forces et ses faiblesses, et si on le lui refusait elle le prenait néanmoins.
« Parvati, murmura une voix à côté d'elle, est-ce que ça va ? »
La jeune fille esquissa un sourire fatigué et répondit que cela allait et qu'après tout elle n'avait pas à se plaindre. Seamus posa une main compatissante sur son épaule comme s'il savait pertinemment que rien n'allait désormais.
« Tout ira bien, tu verras. Elle est forte Lavande.
― Je sais, répondit-elle la voix tremblante, c'est juste que… que je ne veux pas la perdre. »
Seamus ne répondit rien. Il aurait voulu lui jurer que tout irait bien, mais il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas lui promettre que tout s'arrangerait, que tout ne serait bientôt plus qu'un mauvais rêve et qu'elle irait vite mieux. Il ne pouvait pas, car quand ils voyaient les ombres noires se rapprocher malgré la trêve, il avait du mal à croire qu'ils puissent être encore en vie dans quelques heures. Alors il crispa un peu plus ses doigts sur son épaule, car c'était la seule manière de lui montrer qu'il était là et qu'il comprenait ce qu'elle ressentait.
« Tu restes ici ? demanda-t-il après un long silence.
― Pourquoi me poses-tu cette question, Seamus ? C'est la trêve dehors, où veux-tu qu'on aille ?
― Il y a encore des combats dans le château, ils ont besoin de nous ! s'énerva-t-il doucement avant de poursuivre. Il y a des blessés et des morts, il faut qu'on les ramène. Regarde autour de nous Parvati, trop de personnes sont manquantes, il faut qu'on les retrouve. Il le faut vraiment.
― Je peux pas… je peux pas la laisser, balbutia-t-elle.
― J'comprends, occupe-toi bien d'elle » finit-il en s'éloignant.
Parvati le regarda partir, la main de Lavande toujours fermement accrochée à la sienne, avant de l'interpeller à nouveau.
« Padma ! Padma n'est pas là, cela fait des heures qu'on a été séparées et je… »
Elle s'interrompit incapable de poursuivre sa phrase. Seamus secoua la tête et, même si aucun son ne sortit de sa bouche, elle était sure qu'il ferait son maximum pour la retrouver. C'était quelqu'un de bien Seamus, un de ces gars droits et loyaux en toutes circonstances. D'autres le suivirent à l'extérieur de la Grande Salle, mais la plupart restaient immobiles assis sur des bancs ou à même le sol, les corps serrés les uns contre les autres, les mains entrelacées pour se donner un peu de force et de courage, un peu de chaleur humaine. Mais la peau de Lavande était froide et cela lui faisait peur.
Parvati reprit ses gestes mécaniques en ignorant toujours les plaintes et les lamentations tout autour. Elle devait être forte, pour les autres dehors et pour Lavande qui se battait encore. Elle essuya délicatement le sang qui avait encore coulé sur le visage de son amie et tenta à nouveau de refermer les plaies avec un maléfice. Mais madame Pomfresh l'avait prévenue, les blessures faites par un loup-garou sont magiques et ne peuvent être soignées par un quelconque remède. L'infirmière avait pu soigner les blessures liées à sa chute du balcon grâce à une potion, mais elle ne pouvait défaire les dégâts que les griffes de Greyback avaient faits sur le corps de Lavande. Il n'y avait plus rien à faire, juste attendre que le sang cesse de couler et que les plaies se referment d'elles-mêmes, attendre qu'elle se réveille.
Parvati posa son front sur celui de Lavande et commença à murmurer quelques paroles réconfortantes à son oreille. Beaucoup lui avaient déjà dit que c'était stupide et qu'une personne inconsciente n'entendait pas lorsqu'on leur parlait, mais Parvati n'arrivait pas à s'arrêter, parce que c'est comme ça qu'elles avaient toujours fonctionné. Elles se parlaient, de tout et de rien, sans cesse. Des petits mots, des grandes phrases ce n'était pas tant ça qui comptait que d'entendre la voix de l'autre et sentir sa présence. Elles étaient bavardes, on leur reprochait souvent d'ailleurs, et passaient souvent des heures à parler sans plus se soucier de rien. Elles discutaient de choses insignifiantes comme graves, de qui elles étaient comme de qui elles voulaient être, elles refaisaient le monde sans jamais se lasser.
Ses parents lui avaient souvent dit que les gens changent et se perdent de vue avec le temps, qu'il suffit d'une séparation pour se perdre de vue et ne plus marcher dans le même sens, que les conversations se répètent et se perdent d'elles-mêmes au fil des ans. Ça leur arrivait parfois, de ne plus savoir quoi se dire et de tourner en rond, pourtant Parvati était persuadée que leur amitié était plus forte que cela. Elle ne pourrait expliquer pourquoi elle avait cette impression, c'est juste que tout ce qu'elles avaient partagé faisait de leur amitié quelque chose d'unique et de précieux. Elle avait le goût des années passées et de l'herbe fraîche dans laquelle elles s'étaient si souvent allongées.
« Faut que tu sois forte et que tu te battes. Ce n'est pas un stupide loup-garou qui va t'avoir, hein Lavande ? chuchota Parvati avant de marquer une pause et de reprendre. Tu dois tenir encore un peu, le temps que Harry fasse quelque chose. Je t'avais bien dit qu'il reviendrait, tu t'en souviens n'est-ce pas ? »
Elle laissa passer un silence et murmura à son amie que tout irait bien désormais. Elle appuya sa tête un long moment contre la sienne comme si elle pouvait lui donner un peu de sa force à cet instant et déposa un baiser sur son front ensanglanté. Elle avait la peau douce, malgré le sang qui y avait coulé et les blessures qui s'y étendaient. Parvati épongea un peu le liquide rouge sur les lésions qui barraient son visage. Quoi qu'on en dise, elle était belle Lavande avec ses pommettes rosées et son petit nez. Mais il y avait autre chose, un mélange de gentillesse et de délicatesse qui se dégageait d'elle quand seulement on prenait la peine de la connaitre.
Parvati avait souvent envié son amie, juste parce qu'elle ne trouvait rien à lui reprocher et qu'elle aurait souvent voulu être comme elle. Elle aurait aimé être aussi belle, avoir le même caractère exempt de tout défaut, la même famille. Ce n'était que la petite jalousie d'une adolescente insatisfaite de ce qu'elle avait déjà, rien qu'une constatation amère. Lavande avait été son modèle quand elle se sentait indécise et imparfaite, elle qui semblait toujours si forte et résolue malgré ces mots qu'on lui lançait à la figure. Et Parvati se plaisait à croire que Lavande avait ressenti la même chose à son égard, simplement car elles s'étaient nourries l'une de l'autre et avaient grandi ensemble.
« Dis Lavande, tu te rappelles le jour où l'on s'était promis d'être toujours là l'une pour l'autre ? Je pensais que ça durerait toujours et là, je ne me suis jamais senti si près de te perdre et… et ça me fait peur. Alors s'il te plait bats-toi, je t'en prie. »
Et Parvati resta prostrée là, à attendre, sa main dans celle de Lavande.
