Hey les gens ! Petit OS que j'avais en tête. A dire vrai, des OS, j'en avais des tonnes et des tonnes à coucher sur papier mais le temps, la motivation et surtout la manière d'aborder certains morceaux m'ont découragé... donc je ne vous en livre qu'un seul. J'espère qu'il vous plaira ! =)


— Salut, Dean.

Dean se retourna sans vraiment y croire, mais l'illusion de son miroir se révéla être bel et bien présente derrière lui et cette fois-ci, elle ne semblait pas vouloir disparaître. Le Castiel qu'il avait laissé dans l'enfer des monstres, celui qui hantait ses cauchemars et prenait l'image de ses remords était juste à quelques centimètres.

Et si ses yeux pouvaient le tromper, les senteurs musquées du purgatoire qui commençaient à emplir la salle de bain, elles, ne mentaient pas. Castiel se tenait près… trop près. Dean ne sut pas à ce moment si c'était le choc de le revoir, la promiscuité de l'ange où toutes ses odeurs lourdes de cicatrices qui lui firent remonter son souvenir le plus douloureux, mais le flash-back le heurta de plein fouet.


Personne ne dormait jamais vraiment dans cet endroit. C'est peut-être pour ça que Dean se réveilla en entendant le simple bruissement de l'herbe sèche se froisser sous des chaussures.

Il ouvrit les yeux, reconnaissant dans la pénombre le dos de Benny qui s'élevait au rythme de sa respiration. Les dernières vapes de sommeil quittèrent le chasseur au bénéfice de ses sens qui s'éveillèrent rapidement. Benny se trouvant à côté de lui, il n'y avait maintenant plus qu'à espérer que celui qui marchait près d'eux soit Castiel, seule option qui ne déboucherait pas sur un bain de sang.

Dean délia le bras qu'il avait mis sous sa tête pour se rehausser sur son coude, serrant le poing autour du couteau qu'il avait toujours dans la main avant de regarder par-dessus son épaule. Lorsqu'il vit les formes d'un trench-coat surligné par les éclats de lune, ses muscles se détendirent légèrement.

Le fait que Castiel soit debout à une heure si tardive ne fut pas ce qui inquiéta Dean, après tout, l'ange n'avait besoin que d'une nuit de sommeil sur six ou sept jours pour garder la forme. Ce qui était par contre plus préoccupant était ce qu'il faisait.

Castiel tenait une petite branche dans la main et s'appliquait à dessiner il ne savait quoi dans la terre aride de leur campement. Benny avait pourtant été très clair là-dessus : pas de symboles anti-monstres ou anti quoi que ce soit. Cela traçait plus un chemin de miettes de pain aux monstres pour les conduire à eux plutôt que de réellement les protéger. De plus, Castiel était censé monter la garde. Or l'ange semblait bien plus absorbé à compter ses pas pour aligner correctement ses gravures sur poussière plutôt que de s'enquérir sur la présence d'entités potentiellement avide de chair fraiche.

Dean regarda Castiel se relever de sur son ouvrage pour s'écarter de quelques pas, rester immobile un instant pour contempler ce qu'il avait dû marquer dans la terre avant de jeter sa branche au loin. Il détourna précipitamment la tête en voyant le regard de Castiel se braquer soudain sur lui, essayant de réguler sa respiration pour donner l'air de toujours être pris dans un profond sommeil.

Il entendit les pas se rapprocher de lui avant de s'arrêter dans son dos. Quelques secondes de silence passèrent avant que Dean entende un chuchotement à peine prononcé qu'il ne comprit pas. Les pas s'éloignèrent alors, Dean tentant un nouveau coup d'œil discret par-dessus son épaule juste à temps pour voir Castiel disparaître entre les troncs d'arbres. Dean fronça ses sourcils : si ça, ce n'était pas louche, il voulait bien croire en la bonté sur terre !

Le chasseur s'assied en récupérant le manteau qu'il avait calé sur son bras pour se faire un coussin de fortune, regardant Benny du coin de l'œil en se demandant si cela valait le coup de le réveiller. Au vu de ce que pensait le vampire de l'ange, Dean se dit finalement que s'il lui annonçait que Cas venait de partir Benny se rendormirait en grognant un "tant mieux", ce qui ne l'avancerait pas dans son problème.

Dean se leva, le couteau à la main, prenant le temps d'aller se tordre le cou sur les inscriptions que Cas avait gravées par terre. C'était bien des sigles de protection. Tout du moins, c'est ce que Dean supposait étant donné que le cercle qui faisait le tour de leur campement était blindé de signes énochiens. Dean les enjamba avant de se mettre à la poursuite de Castiel, bien décidé à savoir dans quel pétrin l'ange s'était encore fourré.

Il lui fallut courir en faisant de grandes enjambées pour enfin retrouver la piste de Castiel et apercevoir son trench-coat au détour d'un arbre. Dean le suivit à quelques mètres de distance, essayant de se faire le plus discret possible. Il voulait savoir où l'ange se rendait, et surtout, avec qui il avait rendez-vous. La filature dura de longues minutes avant que Castiel ne se fige soudain au milieu des arbres, Dean se cachant immédiatement derrière un tronc. Castiel se retourna en plissant les yeux, scrutant les bois.

— Dean ?

Celui-ci retint son souffle, se plaquant plus encore contre son tronc d'arbre.

— Dean, je sais que tu es là.

Castiel n'eut pour seule réponse que les échos de cris lointains ainsi que les bruissements typiques à toute agglomération de végétation. Mais il le sentait. Il ne savait pas exactement où, mais il savait que Dean se cachait tout près.

— Dean, répéta-t-il sur un ton lasse. Je t'en prie, montres-toi.

Dean s'appliquait à demeurer le plus silencieux possible et c'est en voulant se compresser plus encore contre l'arbre que son pied brisa des feuilles mortes en un crissement de fin du monde. Il eut une brève inspiration qu'il bloqua dans ses poumons. La mâchoire crispée, il attendit de savoir si Castiel avait entendu ce léger froissement ou si l'ange le confondrait avec les bruits naturels de la forêt. Le battement d'ailes suivit de l'apparition soudaine d'un ange mécontent devant lui répondit à sa question.

Dean sursauta en étouffant son cri dans sa gorge, conscient que parler trop fort dans le silence de la nuit était un véritable signal d'alarme pour donner à toutes les monstruosités du coin leurs positions.

— Qu'est-ce que tu fais là ? Lui demanda furieusement Castiel.

Dean attendit que son cœur lui redescende dans la poitrine avant de répondre. Ce n'était pas à monsieur l'angelot de prendre ce ton !

— Et toi, alors ? Qu'est-ce que tu fais si loin du camp en pleine nuit ? Je te signale que tu es sensé monter la garde et que sans toi, on est à la merci de toutes les monstruosités du coin !

Castiel eu la politesse de paraître gêné en détournant les yeux sous le regard accusateur de Dean.

— J'ai dessiné un cercle de protection autour de vous, normalement, il…

— Tu n'étais pas sensé tracé de jolis dessins mais veiller sur nous ! Et je ne te lâcherais pas avant de savoir où est-ce que tu allais.

Dean était en colère. Clairement. Mais Castiel pouvait aussi distinguer autre chose derrière la courbe de ses sourcils : de l'inquiétude. Comme toujours. Cas retint un soupir.

— Cela ne te regarde pas, Dean.

— Au contraire, je crois que si je veux nous sortir tous les trois vivants de cet endroit, ce que tu fais me concerne. Et de très près.

Castiel fronça ses sourcils devant le ton papa poule qu'avait pris Dean.

— Tu n'as pas l'obligation de veiller sur moi !

— Non, peut-être. Mais ça ne t'a jamais traversé l'esprit que peut-être, c'est ce que font des amis ? Ils veillent les uns sur les autres ?

Le ton tranchant qu'avait utilisé Dean fit vaciller Castiel dans ses convictions l'espace d'une seconde.

— Dean, je… tu n'as pas besoin d'un ami comme moi.

Les sourcils de Dean se froncèrent lentement, le cerveau du chasseur ayant du mal à pleinement assimiler cette dernière phrase.

— Comment ça ?

Le regard de Castiel évita le sien, préférant s'intéresser au parterre de feuilles mortes.

— Hé, Cas ! Comment ça je n'ai pas besoin de toi ? Qu'est-ce que tu comptais faire, là, au juste ?

Castiel reporta alors son regard dans les yeux de Dean, un air profondément désolé de dépeint sur le visage. Dean n'eut pas besoin de mot pour deviner ce qui se tramait derrière ses pupilles bleues, ses yeux s'agrandissant sous le choc tandis que sa bouche s'ouvrait, voulant dire des choses que sa gorge ne laissa pas passer.

— Tu…

Dean s'arrêta là en voyant que sa voix n'était plus qu'un souffle rauque, pinçant douloureusement ses lèvres.

— Tu voulais… partir ?

Castiel avait toujours ses yeux de chiens battus.

— Dean…

Celui-ci leva une main qui l'arrêta.

— Tu voulais nous laisser ? Nous abandonner ? ...Moi et Benny ?

— Tu as entendu ton ami vampire. Je suis un aimant à monstre ! Et pas de petite catégorie. Si je fais le reste du voyage avec vous, vous n'atteindrez jamais ce portail.

— Oh, arrête avec ces conneries ! On a réussi à repousser tout ce qui nous tombait dessus jusqu'à maintenant, je ne vois pas pourquoi ça changerait ! De plus, je te signale qu'on est plus efficace à trois… et il est parfaitement hors de question que je te laisse moisir ici !

Castiel eut un sourire chaud rempli d'une compassion désolé.

— Dean… tu ne peux pas sauver tout le monde.

Le visage de Dean se ferma, ses yeux se faisant ombrageux.

— S'il y'a bien une personne au monde que je me dois de sauver, Cas… c'est toi.

Castiel laissa les secondes s'égrener, son regard toujours fiché dans celui de son vis-à-vis.

— Je n'en ai peut-être pas envie, Dean.

Castiel n'eut pas le temps de réagir que Dean l'agrippa violemment par le col de son trench-coat pour se retourner et le plaquer sur le tronc d'arbre contre lequel il se tenait deux minutes plus tôt.

— Je t'interdis de dire ça ! Lui cracha Dean à trois centimètres de son visage, fulminant de rage. Je t'interdis de baisser les bras ! A quoi ça peut servir de sortir de ce cauchemar si je te laisse derrière ?

Castiel sentait le souffle haché de Dean qui lui balayait les joues. Il n'osait pas bouger de peur de faire un geste qui aurait pu être mal interprété et se contentait de regarder le faciès crispé de rage de son ami en se demandant si ce silence lui était dévoué pour qu'il puisse dire quelque chose.

Il était à peu près sûr qu'il ne sortirait pas de cette situation sans au moins s'en manger une, mais vouloir l'éviter ne ferait qu'envenimer les choses. Aussi il se détendit sous l'étreinte de fer qui le retenait contre le tronc et attendit.

Dean le sentit s'abandonner sous sa poigne et ne put que regarder les yeux toujours aussi désolés de l'ange de fixés sur lui, attendant le prochain coup. Même maintenant, Castiel était prêt à accueillir sa colère et à tout prendre sur lui. Pourquoi fallait-il que cet ange veuille porter à lui seul toute la misère du monde ?

— Je ne te laisserais pas tomber, lui dit Dean sur un ton ferme qui s'était néanmoins adouci. Jamais.

Castiel avait déjà entrouvert la bouche pour murmurer un "je sais, Dean" quand deux lèvres se pressèrent soudain fermement contre les siennes, appuyant sa nuque contre l'écorce. Dean sentit l'ange remonter ses épaules contre son visage tandis que tout son corps se crispait et que ses mains cherchaient fébrilement un endroit où pousser pour rompre l'étreinte.

Un gémissement traître avait échappé à Castiel dans la surprise, ce qui encouragea le chasseur à bouger la tête en mouvant indécemment ses lèvres sur celle de l'ange, le forçant à suivre son rythme. Castiel avait le souffle qui s'était considérablement accéléré et Dean y répondit en se mouvant contre lui, remontant le visage de l'ange qui s'était ramassé contre l'arbre en lui apposant un doigt sous le menton, lui tirant un nouveau gémissement, plus gêné.

L'ange cherchait toujours une prise pour se dégager tandis que Dean appuyait de plus en plus, son souffle puissant s'écrasant contre son nez. Castiel eut un nouveau gémissement plaintif dans lequel un fourbe éclat de plaisir fit vaciller sa dernière note, ses doigts poussant avec beaucoup moins d'ardeur. Le baiser prit fin au moment où Castiel commençait à y répondre, les lèvres disparaissant aussi subitement qu'elles étaient apparues.

Castiel avait des yeux perdus, voilés par un plaisir nouvellement découvert de levés sur Dean, celui-ci le fixant d'un regard dur. Ses yeux verts sondaient le visage de son ami, comme essayant de chercher une réponse à ce qu'il venait de se passer. Les secondes passèrent, les deux hommes ayant encore les yeux mis-clos, leurs souffles se répondant dans le silence de la nuit.

— Dean…

La voix était rauque, et Dean savait que c'était l'intonation que prenait Castiel quand il voulait la vérité.

A la place, Dean préféra s'éloigner de lui en essuyant le coin de sa bouche d'un revers de main, regardant l'ange vaciller en manquant de tomber avant de prendre tout son appui contre l'arbre. Dean n'osait pas relever les yeux sur l'ange qui avait toujours ce regard perdu de fixer sur lui, cherchant des réponses qu'il ne pouvait lui donner.

— Désolé, lâcha Dean. Je ne sais pas ce qui m'a pris, je… ça va ?

Castiel resta encore figé de longues secondes avant de se redresser sur son tronc, son souffle peinant toujours à retrouver un rythme correct.

— Qu'est-ce que c'était ?

— Rien, s'empressa de répondre Dean. Rien du tout. Je… juste… écoute, on oublie, d'accord ? Je ne tolèrerais pas que tu te barres en me laissant seul dans cet enfer, donc tu viens avec moi, on retourne au camp.

Vu l'état de choc dans lequel se trouvait encore Castiel, Dean n'eut pas le moindre mal à lui attraper le poignet pour le trainer à sa suite, l'ange se laissant faire en regardant toujours Dean avec des yeux consternés.

— Pourquoi est-ce que tu m'as embrassé ?

Dean ignora la question en accélérant le pas, furetant du regard entre les troncs d'arbres. Il était pressé de retrouver Benny. Il était pressé de ne plus être seul avec Castiel. Une attaque de monstre ne lui aurait même pas franchement déplu.

— Je croyais que c'était quelque chose que ne faisaient que les personnes qui tombaient amoureuses l'une de l'autre… est-ce que… cela signifie autre chose pour toi ?

Dean enjamba un tronc et Castiel dû jouer sur une seule jambe pour éviter l'obstacle sans se ramasser au sol.

— Dean, je t'apprécie beaucoup, vraiment, mais je ne sais pas si…

Dean s'arrêta brusquement en se retournant pour agripper fermement l'ange aux épaules.

— Castiel, arrête de parler ! Je t'ai dit qu'on oubliait ce qu'il venait de se passer. Alors oublie.

— Ce n'est pas si simple, Dean.

— Si ça l'est. Il te suffit de faire comme si rien ne s'était passé.

— Je veux comprendre.

— Moi pas.

— Dean…

— Je suis sérieux. Je ne veux plus parler de ça.

Dean laissa son regard marquer sa dernière phrase dans les yeux froncés de contrariété de Cas, ne laissant pas le temps à ce lien si particulier qu'ils partageaient de faire passer plus qu'il ne le voulait. Il se détourna, laissant cette fois le choix à l'ange de le suivre ou non.

Castiel resta immobile à le regarder disparaître derrière les arbres, ses yeux toujours plissés d'une pernicieuse incompréhension. Il ne mit que quelques secondes à se décider, et se fut dans un soupir à peine audible qu'il emprunta le chemin tracé dans le feuillage que Dean venait de dégager.


Castiel se tenait toujours immobile devant lui, rien ne bougeait. Dean avait l'impression que s'il faisait un geste, Castiel se dissiperait en nuage de fumée.

Le flash-back était toujours gravé derrière sa rétine, ce souvenir qu'il voulait à tout prix bannir de sa mémoire… pourquoi maintenant ? C'est alors que Castiel lui eut un léger sourire, chaleureux, compréhensif, juste avant que Sam ne brise cet instant irréel en reconnaissant le trench-coat couvert de crasse dans l'ouverture de la salle de bain.

Dean ne sut jamais quelle signification donner à ce sourire, mais d'une manière ou d'une autre, il avait sentis un poids au fond de lui s'envoler.