Alors... Ceci est un projet quelque peu expérimental. Histoire de voir si je suis capable d'écrire un UA, et aussi parce que j'avais envie d'écrire sur Annie et Armin, tout simplement. Donc, attention, voici mon premier UA, qui est aussi une réincarnation!fic, c'est-à-dire que certains personnages ont des souvenirs de leur vie passée.

N'hésitez pas à me signaler le moindre défaut sur ce texte, je pense avoir encore beaucoup à faire pour écrire un UA digne de ce nom.

J'en profite aussi pour faire un petit coucou à vava et lamebris83 auxquels je n'avais pas pu répondre. Si jamais vous passez par ici, sachez que vos reviews m'ont vraiment fait plaisir ! :)


Quand Armin lui avait pour la première fois parlé de Roméo et Juliette, Annie s'était contentée de l'ignorer, comme d'habitude. Quand il avait recommencé deux jours plus tard en lui disant qu'elle devrait lire la pièce, elle l'avait regardé comme s'il était devenu fou. Et une semaine après, il réitéra en murmurant qu'il trouvait la relation entre les deux personnages très belle, et Annie dut se retenir pour ne pas lui dire d'aller voir ailleurs. Même si elle finit par le faire.

Mais le pire, c'est que ça ne l'avait pas découragé. Tous les jours, il lui lançait des regards mystérieux, et paraissait toujours attendre de croiser ses yeux furieux pour se concentrer sur autre chose, détournant la tête avec pudeur. Annie était hors d'elle. Qu'avait-il donc ? Ils ne s'étaient jamais parlés depuis le début de l'année, mais depuis la première fois qu'elle l'avait vu, il lui semblait bien que cet idiot fini la regardait étrangement. Et ça l'insupportait. Qu'est-ce qu'elle avait donc pour qu'il soit aussi insistant ? Pourquoi faisait-il autant de mystères ? Et puis d'abord, que voulait-il ?

Oui, que voulait-il ? Car jamais il ne s'était risqué à lui parler sans détours, et elle était persuadée que cette histoire de Roméo et Juliette n'était destinée qu'à lui faire passer un message. Mais quel message, elle n'en savait rien. Alors un jour, un jour où son regard s'était fait trop gênant, elle avait craqué.

La froide Annie Leonhardt avait cédé, et était allée acheter Roméo et Juliette. Après tout, si elle lisait le livre, elle serait sans doute apte à comprendre les signes qu'il lui envoyait en vain depuis le début de l'année. Elle avait donc acheté le fameux livre, et avait découvert avec horreur en lisant la quatrième de couverture que c'était une pièce de théâtre qui parlait d'amour. Pas qu'elle ne s'en fût pas doutée, mais le voir écrit noir sur blanc lui fit un choc, et elle eut la pensée qu'elle refusait d'avoir jusque-là :

« Il ne serait quand même pas amoureux de moi ?! »

Ne pouvant se résoudre à accepter ça, elle prit son courage à deux mains et lut la pièce. Elle qui détestait lire, elle lut la pièce avec une attention incroyable, allant à chaque fois chercher dans un dictionnaire les mots dont elle ignorait le sens. Elle se persuada que le message était dans le livre. Mais quand elle le referma, elle avait la désagréable sensation de ne pas être plus avancée.

Les jours d'après, elle fit tout son possible pour ne jamais croiser les yeux d'Armin. La sensation de son regard posé sur elle devenait trop pesante. Et à part un message d'amour, elle ne voyait toujours rien d'autre comme explication à ses signaux silencieux, et ses allusions -pas si subtiles que ça en fin de compte. Mais les jours passaient, et elle ne réussissait qu'à détourner le regard. Même les deux meilleurs amis d'Armin, Eren et Mikasa, semblaient surpris devant l'insistance du jeune homme à vouloir se rapprocher d'elle.

Alors elle décida de s'accoutumer aux regards posés sur sa nuque, car cet imbécile trouvait toujours le moyen de se mettre juste derrière elle dans tous les cours, ne cachant même plus ses regards. Et Annie, ulcérée, serrait son stylo avec force pour ne pas lui hurler d'arrêter ce manège qui ne faisait rire personne.

Mais au bout d'un autre long mois, elle comprit qu'elle ne pourrait pas tenir jusqu'à la fin de l'année, et aborda Armin à la fin d'un cours, à la surprise générale, en lui disant seulement qu'elle l'attendrait à la fin de la journée car elle avait quelque chose à lui dire. Le blond hocha simplement la tête, rougissant, et Annie eut peur que cette réaction vînt confirmer ses doutes.

A la fin de la journée, qui était passée à la fois trop vite et trop lentement, Annie attendit Armin devant le lycée. Quand il arriva, elle lui demanda de but en blanc pourquoi il passait ses cours à la regarder, et pourquoi diable quand il se décidait enfin à lui parler, c'était pour dire des banalités sur une pièce de théâtre.

« Tu l'as lu ? Demanda-t-il pour toute réponse.

-Quoi ? Oui. Et je ne vois pas le rapport. Hormis le fait que ça soit une histoire d'amour, se retint-elle d'ajouter.

-Est-ce que ça t'as plu ?

-Non. Dis-moi juste pourquoi tu as fait tout ça. »

Son ton glacial n'aidait pas Armin à trouver une réponse, et elle se rendit enfin compte de l'intensité de son regard. Elle n'avait jamais vu des yeux aussi expressifs que ceux d'Armin. On pouvait y lire tant de choses qu'elle ne remarqua pas tout de suite la lueur étrange qui brillait au fond des pupilles du blond.

« C'est... c'est vraiment stupide mais... je trouvais que les personnages... enfin, que Roméo et Juliette... Enfin... j'avais l'impression qu'entre nous... à l'époque... c'était un peu comme ça. »

A l'époque ? Qu'est-ce que c'était censé vouloir dire ? Annie resta interdite, fixant Armin avec inquiétude. Elle éprouvait une sensation de déjà-vu. Et au fond des yeux d'Armin... Était-ce... de la crainte qu'elle lisait ?

« Laisse tomber. C'était stupide. »

Avant qu'elle ne puisse réagir, le garçon était parti. Annie se sentit soulagée. Tout ça était enfin fini. Elle avait compris qu'il renonçait. Au fond d'elle cependant, une petite voix soufflait, pour la deuxième fois :

« Quand as-tu commencé à me regarder avec ces yeux, Armin ? »

Et des larmes coulèrent de ses yeux bleus, alors qu'elle avait l'impression que son entrevue avec le blond avait ouvert -rouvert- un gouffre béant au milieu de sa poitrine. Car finalement, ce n'était pas de la crainte qu'elle avait vu dans ses yeux, c'était de la tristesse.


Une suite ?