Le soleil noir, le ciel sombre, la lune d'argent, les arbres morts...
Le Hueco Mundo était une terre désolée, dépourvue d'humanité...
Les barreaux de sa cellule semblaient se resserrer, le retenant à jamais dans cet enfer.
La porte s'ouvrit doucement, laissant filtrer un faible faisceau lumineux qui s'estompa vite sous le joug des ténèbres. Le visage ingrat de Menoly apparu dans l'entrebâillement de la porte. Ichigo ne put réprimer une grimace de dégoût : la venue de la jeune fille n'était certainement pas une bonne nouvelle pour lui.
- Alors Kurosaki, t'as même pas essayé de t'enfuir ? Tu me déçois, je te croyais plus déterminé que ça. Oh, mais non ! Suis-je bête ? Les murs de ta cellule sont en pierre de Seki ! Tu peux pas t'enfuir ! Dommage poil de carotte !
Ichigo réprima un geste d'humeur mais ne répliqua pas. La jeune fille n'avait cependant pas tout à fait raison : Il avait beau ne pouvoir s'enfuir à cause des pierres de Seki, le jeune homme n'avait même pas fait mine d'essayer... Mais qu'est-ce qui, diable, le retenait ici ? Pour s'enfuir, il lui suffisait d'assommer Menoly et de partir en courant. Alors, pourquoi restait-il ici ?
Avant que l'Arrancar n'ai eu le temps de reprendre ses moqueries, l'atmosphère se fit pesante, la porte s'ouvrit en grand.
- Ulquiorra... pesta Ichigo.
- Ul... Ulquiorra-sama ! Il ne fallait pas vous déranger ! J'étais en train de l'amener à vous, bégaya Menoly.
- Aizen-sama ne veux pas attendre. Laisse-nous.
- B... Bien, Ulquiorra-sama !
Le Cuarta Espada fixa Ichigo de ses yeux inexpressifs, sans se soucier de la jeune Arrancar qui s'éloignait en tremblant. Les mains dans les poches, il se tourna dos au Shinigami et lança :
- Suis-moi, Kurosaki Ichigo.
Ce dernier, le regard noir, empoigna Zangetsu et le fixa derrière lui.
- Laisse ton Zanpakutô ici.
- Je ne te suivrais pas sans Zangetsu... lâcha Ichigo, quelque peu énervé.
Sans même lui accorder un regard, Ulquiorra s'éloigna de la cellule. Le Shinigami compris alors que le port de son arme lui était finalement autorisé. Il sortit de la cellule et suivit religieusement le Cuarta Espada jusqu'à la salle maîtresse de Las Noches, la salle du « trône » ainsi qu'il l'avait surnommée.
Toute l'Espada était là, réunie autour d'Aizen et ses deux alliés : Ichimaru et Tosen.
Les murs blancs de Las Noches, contrastaient fortement avec l'atmosphère extérieure du Hueco Mundo, si bien qu'Ichigo en était venu à se demander pourquoi Aizen avait-il donc choisis un endroit si vide et désolé... Sur chacun des reliefs de la pièce, trônait un Espada.
Chacun d'eux, le regard accroché au jeune roux, étaient eux-même entourés de leurs Fraccions. Ichigo en connaissait sept d'entre eux. Stark, Hallibel, Ulquiorra Schiffer, Szaryel Aporro Granz, Noitora, Yami et... Grimmjow Jaggerjack. Les yeux du Shinigami se figèrent sur le Sexta Espada aux cheveux bleus. Depuis leur toute première rencontre, la panthère n'avait de cesse de lui lancer des regards haineux et des sourires sadiques ; il ne cherchait qu'à se battre avec lui et à n'importe quel prix... Ichigo ne pouvait plus le supporter.
Alors que le jeune homme était plongé dans ses réflexions, Aizen prit la parole, imposant un religieux silence dans la salle.
- Ulquiorra.
- Oui, Aizen-sama.
Le Cuarta Espada porta la main à son oeil gauche et le retira de son orbite.
- Montre-nous.
Sans plus de protestations, Ulquiorra détruit son oeil devant l'assemblé. Les fragments cristallisés volèrent dans la pièce, diffusant les souvenirs visuels de l'Espada.
Aizen reprit alors la parole et s'adressa à Ichigo.
- Kurosaki Ichigo, premièrement, je me dois de vous remercier de l'aide incontestable que vous m'avez apporté la dernière fois, sans laquelle, il m'aurais été difficile de faire diversion très longtemps. Deuxièmement, aux vues de vos capacités non négligeables, je me vois contrains de vous annoncer que vous n'êtes qu'un obstacle sur notre chemin. Aussi, suis-je obligé de vous imposer la mort... Ne voyez pas cela comme une atteinte à votre personne, mais plutôt comme un message à la Soul Society, sourit-il.
Ses mots claquèrent aux oreilles d'Ichigo comme un fouet aux oreilles d'un animal. Contraint à la mort ? Aizen avait vraiment crû qu'il se laisserait faire ?
- Je crois que c'est ça que tu n'a pas compris, Aizen ! Je suis pas un messager pour la Soul Society ! Et encore moins un membre du Gotei 13 ! Alors ton message, tu le files à quelqu'un d'autre !
- Je vois... Il me semble que tu ne sois pas prêt à accepter la mort... Je te laisse deux jours. Passé ce délais, tu ne sera plus de ce monde, Shinigami Remplaçant...
Le jeune homme n'en croyais pas ses oreilles. Mourir ? Mais pourquoi ? Il savait très bien qu'Aizen mettrait sa menace à exécution et il savait également, qu'il ne pourrait pas s'enfuir... Même s'il essayait.
Soudain, une voix féminine mais rauque se fit entendre. La Tercera Espada, Hallibel, se leva. Elle observa Ichigo un instant, puis se tourna à l'attention d'Aizen.
- Aizen-sama, je ne penses pas nécessaire la mort de ce garçon.
- Ah ? Et sur quoi fondes-tu ton raisonnement, Hallibel ? s'enquit Gin.
- Moi non plus j'crois pas qu'failles le tuer. T'façon, l'est pas assez fort pour nous battre... grogna Grimmjow.
Ichigo n'en revenait pas : Hallibel et Grimmjow étaient en train de le défendre ? Mais... Pourquoi ?
- Expliques-toi, Hallibel. Pourquoi veux-tu sauver la vie de ce jeune homme ? demanda Aizen.
- Il me semble, qu'entraîner le mort du Shinigami et en faire part à la Soul Society, nous plongerait dans une confusion sans précédent.
- La Soul Society ne prendrait pas le risque de nous attaquer pour venger la mort d'un simple Shinigami, s'enquit Tosen.
- Dans ce cas, sa mort ne me dérange pas.
Ichigo sentit une goutte froide couler le long de sa colonne vertébrale, il avait la sensation de mourir doucement.
- Et toi Grimmjow, qu'est-ce qui te motives ? repris Aizen.
- Bah, s'il est plus là, j'pourrais pas m'battre et j'm'ennuie quand j'peux pas m'battre...
Un long silence s'en suivit de sa déclaration et Aizen repris une nouvelle fois la parole.
- Quelqu'un a-t-il autre chose à dire ?
- Bien, comme je le pensais, tes raisons ne sont absolument pas recevables, Grimmjow. De plus, tu ne peut pas l'affronter lorsqu'il est dans sa cellule, ce qui est toujours le cas...
- Mais... Aizen-sama...
- Kurosaki Ichigo, sera exécuté dans deux jours, je n'y reviens plus désormais.
- ...Bien.
Alors ce serait comme ça. Finalement, Hallibel et Grimmjow n'étaient pas très influents sur les autres Espada. Deux jours... C'est tout ce qu'il lui restait donc à vivre. Bizarrement, Ichigo se surprit à s'en satisfaire : ses amis étaient tous en sécurités avec les Shinigamis. De plus, Chad, Ishida et Inoue s'étaient considérablement améliorer. Il n'avait pas à s'inquiéter pour eux...
oOo
Cela faisait déjà plus de cinq heures que l'annonce de sa mort lui avait été faite. Ichigo avait été reconduit à sa cellule et s'était vu confisquer Zangetsu. Cela lui restait d'ailleurs, encore en travers de la gorge.
Assit sur le canapé, il se remémorait ses souvenirs les plus chers, allant de la mort de sa mère, à sa rencontre avec Rukia en passant par la Soul Society et l'obtention de ses propres pouvoirs de Shinigami. Mais dans ces souvenirs heureux, il ne put s'empêcher de glisser le souvenir de sa première rencontre avec Grimmjow et Ulquiorra. Il ne pouvait pas le nier : il aimait se battre. Et en particulier contre ces deux là. Dès la première fois, il avait voué une haine incomparable au Cuarta Espada, qui n'avait de cesse de le prendre de haut. Mais pour Grimmjow, l'histoire était toute autre : il aimait simplement se battre contre lui. Le plaisir que les deux adversaires éprouvaient pendant leur combats, était quelque chose qu'Ichigo appréciait énormément. Seulement, c'était ce dont il se persuadait... Il y avait quelque chose, qu'il ne parvenait pas à cerner. Quelque chose à l'intérieur de lui, qui le contredisait sans cesse...
La nuit éternelle du Hueco Mundo lui avait fait perdre le cours du temps. Depuis combien de temps était-il ici ? Depuis combien de temps était-il enfermé ici, après s'être fait battre par Ulquiorra ? Le temps était long. Très long. Mais quelque chose d'encore plus profond pesait sur les épaules d'Ichigo. Quelque chose lui manquait terriblement. Mais quoi ? Il ne parvenait pas à saisir ce sentiment de vide qu'il ne parvenait pas à combler.
oOo
La porte s'ouvrit à la volée. Le visage de Menoly apparu dans la lumière aveuglante du couloir.
- Qu'est-ce qu'il y a ? C'est déjà l'heure ? demanda Ichigo, surprit.
Mais Menoly ne répondit pas à sa question et s'effondra au sol. Le jeune homme, inquiet, se leva brusquement et fixa la porte avec insistance.
Soudain, une grande et large silhouette s'infiltra dans la cellule. Ichigo mit quelque secondes à en distinguer les détails. Les cheveux en batailles et l'allure rebelle trahirent l'identité de l'inconnu.
- G... Grimmjow ?
Le Sexta Espada arbora un sourire sadique qui écarta son masque de Hollow. Les mains dans les poches, l'homme fixait Ichigo du regard.
- Qu'est-ce que tu fais là ? C'est Ulquiorra qui se charge de moi, non ?
- Fais pas ta chieuse Ichigo, c'est pas l'moment pour poser des questions. Tiens, choppes !
Le bleuté jeta Zangetsu dans les bras d'Ichigo.
- Quoi ? Mais... Je peux savoir ce que tu fais ? Qu'est-il arrivé à Menoly ?
- J't'ai dis de pas poser d'questions. Suis-moi et boucles-la...
Ichigo ne comprit pas tout de suite les intentions du Sexta, mais quelque chose lui disait qu'il devait absolument le suivre. Sans se poser de question, le jeune homme acquiesça et lui emboîta le pas.
- Hey, Grimmjow. Qu'est-ce que t'as fais à Menoly, bon sang ? Elle est dans le coma, là !
- D'puis quand tu t'inquiète pour c'tte chieuse ?
- Réponds-moi ! Qu'est-ce que tu me veux, bordel ? Ma mort te suffit pas ? Tu veux un dernier combat, c'est ça ?
- Oî ! Ichi ! Ta gueule...
- Ichi ? C'est quoi c'te surnom ?
- Mais boucles-la, merde ! Tu veux qu'on s'fasse chopper par Ulquiorra ou quoi ?
- Hein ? Comment ça ? C'est pas un ordre d'Aizen ?
- Nan...
- Alors Menoly...
- Elle voulais pas m'laisser passer. Fallait bien que j'trouve un moyen.
- Je comprends absolument rien.
- Personne t'as d'mendé d'comprendre ! Ferme-la et avance !
Bientôt, Ichigo et Grimmjow se retrouvèrent à l'extérieur, sur une terrasse de Las Noches. La quasi-totalité de l'Espada était là, réunie devant eux : Hallibel, Stark, Szaryel, Noitora, Yami et Luppi. Manquaient à l'appel : Ulquiorra, Zommary -mort au combat-, Barragan ainsi que l'Espada n°9 dont Ichigo ignorait le nom.
- Merde... jura Ichigo.
- Détends-toi Ichi. Ils sont v'nu m'aider.
- T'aider ?... T'aider à faire quoi ? Et pourquoi je suis là ?
- Tu poses trop d'questions. C'est chiant...
- Tu ferais pareil à ma place !
- P'tète... Mais j'suis pas à ta place.
- Heureusement pour toi, chuchota Ichigo, pour lui même.
Grimmjow se tourna alors vers l'Espada et dit :
- Bon. Allons-y. On a pas beaucoup de temps. Hallibel ouvre-nous un Garganta. J'moccupe de briffer notre invité.
- Ok...
- Ouvrir un Garganta ? Pourquoi faire ?
- Mais tu vas jamais t'arrêter d'poser des questions ? J'viens d'dire qu'j'allais t'expliquer !
- Bah explique-moi, alors !
- P'tain, t'réfléchis pas beaucoup, hein ?
- Quoi ?
- On t'défends à ton procès, t'es quand même condamné à mort, j'te libère d'ta cellule et on ouvre un Garganta. T'piges toujours pas ?
- ...Vous avez l'intention de me renvoyer chez moi ?
- Bingo, Ichi !
- Mais, vous allez vous faire tuer !
- On l'sais ça. Mais c'est pas important. C'qu'est important c'est qu'tu rentre chez toi et qu'tu t'planque. Point barre.
Ichigo n'en croyait pas ses oreilles. L'Espada, son ennemi de toujours depuis qu'il était Shinigami, était en train de lui offrir le moyen de sauver sa vie ? La Terre avait-elle cessé de tourner pendant sa pénitence ? Mais soudain, une voix s'éleva parmi l'Espada.
- Moi je pense que tout ça est une mauvaise idée ! Lorsque Aizen constatera la disparition du Shinigami, il saura que c'est toi qui l'a sortit de là, Grimmjow !
- Luppi, j't'ai pas d'mendé d'avoir d'la compassion pour moi. Alors fermes ta gueule.
- Comment ça, il saura que c'est Grimmjow ? Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il fera ?
- T'inquiète Ichi, c'est que dalle. Magnes-toi d'renter chez toi.
- Non, attends ! Il est hors de question de je rentre si ça te met en danger !
- ICHI ! TU RENTRES, T'AS PAS L'CHOIX !
- G... Grimmjow ?
- Merde Ichi ! C'est d'jà assez chiant d'te faire évader, mais si en plus tu protestes !
- Mais...
- Ichigo !
La voix qui venait de prendre la parole, n'était plus celle de Grimmjow.
- Tu ferrais mieux de retourner dans ta cellule si tu ne veux pas que Grimmjow en subisse les conséquences... Ce serait égoïste de ta pars de partir maintenant, alors que tu connait les risques qu'il prend !
- Luppi, t'a gueule ! hurla Grimmjow.
- ... C'est vrai Grimmjow, il a raison. Tu as beau être un Espada, je ne veux pas que tu souffre par ma faute.
- AH ! LUPPI !
Grimmjow était entré dans une colère noire. Sans se soucier d'Ichigo, il se rua sur l'Arrancar. Dans un élan sur-humain, il le frappa de son point et traversa son coeur avec sa main. Luppi, surprit, chuta à terre, encore conscient.
- Grim... Grimmjow, enfoiré...
- T'es le plus enfoiré de nous deux, connard ! Ichigo rentrera chez lui ! C'est pas à toi d'décider du contraire !
- ...Si il rentre. Tu vas crever... Je... t'attendrais en enfer... espèce de salop...
- L'enfer, on y est déjà, abrutit...
Dans un dernier étouffement d'effroi, la vie quitta Luppi, le laissant mort, juché au sol.
Grimmjow se retourna alors brusquement et se dirigea vers Ichigo. Il saisit son bras et le poussa vers le Garganta, à présent ouvert.
- Vas-y, maintenant !
- Attends, Grimmjow ! protesta Ichigo.
- Nan, j'attends pas ! Ulquiorra va débarquer, merde ! Tu rentres ! T'as pas l'choix !
Sans dire un mot de plus, le Sexta poussa Ichigo dans le Garganta.
- Grimmjow !
- Et surtout planques-toi ! hurla-t-il.
Le Garganta se referma sur le jeune roux. Grimmjow ignorait si il avait entendu son dernier conseil, mais il savait qu'Ichigo essayerait de revenir.
- Il Forte, appela Grimmjow.
- Oui ?
- Vas dans le monde réel et vas voir ce type au chapeau bizarre... Dis-lui... Dis lui de ne jamais ouvrir de Garganta à Ichigo. J'espère... que ça suffira.
- Tout de suite.
Grimmjow avait effacé ce sourire sadique de son visage. Il s'était brusquement renfermé sur lui-même. Les mains dans les poches, il quitta les autres Espada.
- Je ne parviendrais jamais à le comprendre, souffla Stark. Il savait très bien que ça ce passerait comme ça... Grimmjow a vraiment du mal côté émotionnel...
- Ne le blâmes pas Stark. Il sait très bien ce qu'il a fait et il s'y était préparé. C'est ce qu'il voulait. Désormais, il ne le verra plus jamais...
- Tu as sans doutes raison Hallibel. Mais il n'empêche qu'il s'inflige une douleur tout seul.
- Cette douleur l'aidera à surmonter celles qu'Aizen va lui infliger. Une douleur fait toujours plus mal là où elle est plus forte.
oOo
Le Garganta s'était ouvert dans son dos. Sans qu'il n'ai eu le temps de protester, Grimmjow l'y avait poussé sans même lui accorder un regard, une parole... Le trou noir s'était alors refermé sur lui, le coupant de Las Noches et du Hueco Mundo tout entier. Il n'avait désormais plus le choix. Il se retourna et commença sa longue marche jusqu'au monde réel...
oOo
La chambre de Grimmjow était spacieuse. Le grand lit blanc qui trônait en son milieu laissa le Sexta perplexe. Il avait beau ressentir une immense fatigue, il n'avait pas envie de se coucher. Le bleuté se sentait étriqué, reclus. Dans un mouvement d'humeur, il ouvrit la porte et sortit sur le balcon. Il s'accouda à la rambarde et observa le désert qui s'étendait à perte de vue sous la nuit interminable du Hueco Mundo.
Depuis l'intérieur du palais, Stark, Hallibel et Szaryel, observaient le Sexta à travers une fenêtre.
- Je me demande... ce que l'on ressent dans ce genre de situation, hésita Hallibel.
- Quelle situation ? s'enquit Szaryel.
- D'avoir perdu ce après quoi on cours...
- Qu'est ce qui lui arrive ?
- Grimmjow vient de perdre Kurosaki Ichigo, son meilleur adversaire. Lorsqu'on perd quelque chose d'important, il faut s'attendre à ce genre de réaction...
- Je crois, que tu n'y est pas du tout, Hallibel, intervint Stark.
- Comment ça ?
- La réaction de Grimmjow est certes lié à Ichigo, mais je doute qu'il s'agisse juste de la perte d'un adversaire... Même quelqu'un comme Grimmjow -qui aime se battre- ne réagirait pas si violemment à la perte d'un simple adversaire, aussi fort qu'il puisse être.
- Tu penses qu'il le considérait comme un ami ? demanda Szaryel.
- ... « ami » n'est pas le premier mot qui me serait venu à l'esprit.
Le Sexta, toujours accoudé à la rambarde, donnait de légers coups de pieds frénétiques sur les barreaux. Puis d'un seul coup, une rage immense vint le secouer et un dernier coup de pied envoya valser la barrière dans le sable, 100 mètres plus bas.
- Et merde ! Fait chier !
Il se retourna vers le bâtiment, les mains dans les poches, et se rendit dans l'ancienne cellule qui avait retenue Ichigo. Menoly n'était plus là et la porte était grande ouverte.
- Rahh ! Tu m'fais chier Ichi ! Pourquoi l'a fallu qu'tu t'fasse chopper par s'blaireau d'Ulquiorra ? Merde ! Putain d'merde de bordel de merde ! Qu'est-ce que j'fais moi, maintenant ?
Après avoir amoché la porte à coup de poings, le Sexta s'en retourna dans sa chambre et s'allongea sur le grand lit. L'espace de quelques secondes, il observa la lumière au plafond : elle lui faisait étrangement penser à Ichigo. Chaque chose, chaque objet, lui rappelait un trait de caractère du jeune homme. Son empreinte était partout. Grimmjow avait le sentiment de devenir fou.
- Merde ! J'deviens barge ! J'vois des Ichi partout...
Soudain, le bleuté se surprit lui-même à employer ce surnom. Depuis quand ? Pourquoi ? D'où lui était venu une telle habitude ? Progressivement, il s'endormit, des questions plein le crâne.
oOo
La nuit avait terminé de l'achever. Le bleuté se réveilla plus fatigué qu'il ne l'eût été en se couchant. Son sommeil avait été parsemé de cauchemars, tous plus atroces les uns que les autres. Sans prendre la peine de manger, Grimmjow se rendit dans la grande salle de réunion, où la plupart des Espada étaient déjà rassemblés. Le Sexta pris place en face d'Ulquiorra et le tua du regard, comme à chaque début de réunion.
Aizen, Ichimaru et Tosen, se présentèrent dans la salle. Aizen, toujours souriant, invita les derniers arrivés à s'asseoir et pris la parole.
- Bonjour à toi, ma chère Espada.
- Bienvenue à vous, Aizen-sama, répondirent-ils.
Soudain, Grimmjow, qui observait les autres Espada, entrevit une corbeille posée sur la longue table. Il croisa alors les yeux de Stark, qui semblaient compatissant. Le Sexta saisit alors la corbeille et la tira vers lui.
Son coeur rata un battement. Il observa son contenu avec effrois. Puis, il pris la parole.
- Pourquoi... y'a des fraises... sur la table ? [en Japonais, Ichigo veut dire "celui qui protège ceux qui lui sont cher", mais aussi "fraise"]
Aizen arbora alors un grand sourire et répondit calmement.
- Oh ! J'ai pensé que ça vous ferait plaisir.
Grimmjow se crispa et serra la corbeille de toutes ses forces. Mais avant qu'il ai pu réagir, Aizen reprit :
- Comme vous n'êtes pas sans l'ignorer, le jeune Kurosaki Ichigo s'est mystérieusement évadé la nuit dernière.
Aizen fixa alors Grimmjow du regard et continua sur sa lancé.
- Je n'irai pas par quatre chemins. Ichimaru a vu toute la scène et vous a délibérément laissé faire. D'après ce qu'il m'a rapporté, le coupable sais déjà ce qui l'attends... Grimmjow. Normalement, je devrais te rétrograder de l'Espada, mais je te laisse une chance de te racheter. La vérité est que nous n'avons jamais voulu la mort de ce garçon. Nous avions de tout autres projets.
- Comment ?
- Nous voyons en lui, un membre à part entière de l'Espada... Le numéro 0... Nous voulions simplement le faire plier plus vite avec cette menace de mort.
Les Espada s'étaient figés sur leurs sièges. Ichigo ? Un Espada ? Le numéro 0 ? Toutes ces informations semblaient se contredirent elles-mêmes.
- Grimmjow... J'attends de toi que tu nous ramène Ichigo et que tu en fasses un Espada... souffla Aizen.
Le Sexta n'en croyait pas ses oreilles. Ramener Ichigo ? Au prix de son rang d'Espada ?
Soudain, il se leva brusquement et frappa du point sur la table.
- Je quitte l'Espada.
Ses mots avaient claqué les autres Espada de plein fouet.
- Grimmjow, attends !
Hallibel s'était levée à son tour.
- Pourquoi quitter l'Espada ? Aizen-sama vient de te donner une chance de te racheter !
- ... Il est absolument hors de question, que je ramène Ichi à Las Noches.
- Mais pourquoi, Grimmjow ?
Soudain, Stark se leva et répondit à la jeune femme.
- Comme je l'ai toujours pensé, chaque Espada ici présent est et reste fidèle à ses idées... N'est-ce pas Grimmjow ?
- Tss... J'me casse.
Seulement, Aizen était bien décidé à récupérer Ichigo. Mais avant qu'il prenne la parole, Tosen s'indigna.
- Grimmjow... La seule issue pour quitter l'Espada, est la mort !
- Hein ?
Le Shinigami dégaina son Zanpakutô et s'approcha du Sexta. Sans plus de dialogue, et après l'approbation d'Aizen, il engagea le combat face à Grimmjow. Mais celui-ci s'était déjà faufilé dans un Garganta. Cependant, avant de disparaître, il s'adressa à Strak.
- Dis à Il Forte de l'empêcher à tout prix d'revenir ! Et parle-lui aussi de ce dont j'tai parlé !
- Quoi ? Tu es sûr de toi ?
- Vas-y !
Le Garganta se referma sur le visage fier de l'ex-Sexta.
oOo
Ichigo n'arrivait pas à s'endormir. Ce qui s'était passé au Hueco Mundo, l'avait profondément bouleversé. Grimmjow était aller jusqu'à tuer Luppi, qui tentait de l'empêcher de partir. Pleins de questions le malmenaient. Lorsqu'il était rentré chez lui, tout ses amis avaient accourus. Mais Ichigo ne s'était pas sentit à faire la fête. Il leur avait simplement demander de rentrer chez eux ; il se sentait mal...
Toutes ses pensées étaient tournées vers l'Espada, et Grimmjow en particulier. Pourquoi l'avait-il sauvé ? Pourquoi accepter de souffrir pour l'ennemi ? Dans ce genre de moment, il aurait aimé pouvoir parler avec Zangetsu, seulement, il n'entendait que la voix d'Hichigo et ce dernier n'était pas de très bon conseil sur le plan social.
Souffrant de trop de questions et peu de réponses, le jeune roux ferma progressivement les yeux, espérant trouver le sommeil.
oOo
Après avoir disparu dans le Garganta, Grimmjow avait eu le réflexe inexplicable de se diriger vers le monde réel. Quelque chose d'indescriptible l'attirait vers cet endroit. Au bout du long tunnel, le bleuté aperçu la ville de Karakura. Soudain, de nombreuses images d'Ichigo envahirent son esprit : la ville de Karakura, la ville dans laquelle vivait le jeune roux.
- Et merde...
Dans une colère noire, l'ex-Sexta se dirigea vers une grande maison, au centre de la ville. Il observa longuement la bâtisse et décida enfin de s'en approcher. Par la fenêtre ouverte du premier étage, il regarda le visage endormit d'Ichigo. Il s'assit sur le cadre et chuchota.
- P'tain Ichi. C'est comme ça qu'tu t'planques ?
Il descendit de la fenêtre et pénétra dans la chambre. Son visage, auparavant crispé, sembla se détendre puis il s'accroupit à côté du lit et saisit la main du Shinigami.
- J'ai quitté l'Espada pour t'protéger, Ichi. Alors s'te plait, vis heureux...
- Mmmm...
Grimmjow constata avec un léger sourire, que ses chuchotements avaient atteins le jeune homme.
Dans un élan de folie, il se pencha vers lui. Leurs lèvres se frôlèrent, sans vraiment se toucher.
Soudain, son coeur rata un battement : Ichigo avait gigoté dans son sommeil, explicitant au Sexta l'inconfort de sa situation.
Il se redressa vivement et s'éloigna vers la fenêtre.
La nuit sur Terre était bien plus belle qu'au Hueco Mundo. Il songea que s'il n'avait plus d'endroit où aller, il resterait peut-être dans ce monde où la lumière refaisait surface jour après jour... En regardant le soleil, il penserait certainement à lui. Dans un dernier élan d'hésitation, le Sexta se tourna vers Ichigo : il gesticulait, il semblait se débattre.
- Tss... Essaie pas de t'réveiler Ichi... J'chuis d'jà partit.
Sur ces derniers mots, Grimmjow franchis la fenêtre de la chambre. Cette chambre qu'il ne reverrait jamais, cette chambre qu'il abandonnait, cette chambre à laquelle il ne laissait pas le pouvoir de choisir... Il ne laissait pas le choix à Ichigo, il l'abandonnait.
Sous les légers rayons de la Lune, l'Arrancar s'éloignait dans un Sonido plus rapide qu'à l'accoutumée. Il fuyait son cœur pour laisser place à la raison...
