Bonjour !
Je suis affreusement novice en la matière mais je préfère les critiques aux compliments (même s
'ils sont les bienvenus), c'est tout de suite plus constructif !
J
'attends avec impatience vos reviews, conseils et critiques en tout genre.
En vous souhaitant une agréable lecture.

Jane tendit un bras hors des draps, tâtonnant à la recherche de son réveil posé sur la table de chevet. Réalisant qu'elle avait beau taper sur l'appareil, la sonnerie ne cessant point, le jeune lieutenant s'extirpa davantage de ses draps et empoigna son téléphone.

Elle décrocha, la voix pâteuse. S'ensuivit alors un court échange avec son coéquipier, la mettant au courant des dernières évolutions de l'enquête sur laquelle ils planchaient depuis plusieurs semaines déjà. Ces éléments récents allaient leur permettre de sortir un peu la tête de l'eau. Cavanaugh, le chef du département, leur mettait une pression supplémentaire à chaque semaine vierge de toute avancée.

La jeune femme se massa les tempes, elle avait encore abusé du vin bu la veille. Elle prit une aspirine en conséquence et fila sous la douche en pestant. Alors qu'elle tentait de mettre la main sur une tenue propre, la sonnerie de la porte d'entrée retentit. « Il ne manquait plus que ça. » maugréa-t-elle, se dirigeant vers l'entrée et ajustant du même coup sa serviette de bain.

-Tu as une sale mine. A quand remontent tes dernières analyses sanguines ? Tu es peut être sujette à des carences. Si tu veux je peux m'en charger demain avec le matériel du labo. Pense juste à ne rien avaler le matin, café compris.

-Bonjour Maura, tu es splendide toi aussi, ronchonna Jane tout en s'effaçant afin de laisser la jeune femme passer.

-Toi aussi tu trouves ? Renchérit Maura, faisant volte-face, un sourire radieux aux lèvres.

-Maura ! Ce que tu peux être agaçante ! S'exclama Jane en claquant la porte derrière elles.

Maura leva un sourcil puis haussa les épaules, habituées aux sautes d'humeur matinales de sa collègue. La première fois qu'elle avait fait sa connaissance, Jane était d'aussi mauvaise humeur que ce matin-là. A cette époque elle travaillait aux mœurs, ce qui nécessairement supposait une couverture.

La jeune femme se remémora avec amusement qu'en la voyant, elle n'avait pu s'empêcher de lister mentalement les différents synonymes se référant aux filles de joie. Jane tentait désespérément d'obtenir un café gratuit mais Stanley n'en démordait pas. Maura vint alors à son secours mais ne reçut pas l'accueil qu'elle eut espéré. Rien ne supposait alors qu'elles deviendraient si proches.

Tirant Maura de ses pensée, la grande brune réapparue vêtue d'une chemine blanche, d'une jupe crayon noire rehaussée d'escarpins de la même couleur.

-Oh Jane, tu es vraiment très belle, mais tu ne pas décemment pas sortir avec des vêtements froissés.

-Maura, j'ai vraiment pas le temps et je n'ai plus rien à me mettre. Tu es vraiment désespérante le matin…

-Mais j'ai dit que tu étais très belle ! S'offusqua Maura sans comprendre. Tu devrais ne plus rien avoir à te mettre plus souvent, ajouta-t-elle un léger sourire aux lèvres. Bref, lieutenant Rizzoli, je suis passée vous prendre un café et je suis garée en double-file, pouvons-nous y aller maintenant ?

Maura n'attendit pas d'obtenir une réponse, elle tourna les talons et de sa démarche de mannequin, disparue de l'appartement. Jane resta d'abord interdite, peu habituée aux remarques spontanées de sa collègue et amie, encore moins lorsqu'il s'agissait de compliments sur sa tenue. En tendant l'oreille, Jane pouvait l'entendre proposer depuis le couloir, de lui prêter un chemisier, car cela allait de soi, il fallait toujours avoir des vêtements de rechange au bureau.

Sans le savoir, le Dr Isles réussit à esquisser un sourire sur les lèvres de sa coéquipière qui empoigna sa plaque, son Glock et son café avant de claquer la porte.

Si la jeune blonde conservait des vêtements de rechange au sous-sol, dans son bureau attenant à la morgue, il y avait une raison bien précise et connue des deux jeunes femmes.

Quelques années plus tôt, les deux jeunes femmes avaient échangé leurs vêtements, permettant ainsi à Jane de ne pas se rendre dans une de ses éternelles tenues de travail à son rencard. La légiste fut contrainte de porter le chemisier blanc, le pantalon et la veste noire assortie de sa collègue, le tout dix fois trop grand pour elle.

En y repensant, se souvint Jane, Maura s'était attirée les faveurs de plusieurs femmes ce jour-là. Heureusement que cela n'arrivait qu'à elle ces choses-là.

Le lieutenant Frost, le capitaine Korsak et les deux jeunes femmes se retrouvèrent dans le bureau de Cavanaugh dès leur arrivée au poste. Leur chef ne semblait pas avoir fermé l'œil de la nuit, apparaissant plus contrarié et irritable qu'à l'accoutumé. Les trois agents et le médecin légiste, comme unis par un accord tacite, firent profil bas et encaissèrent les brimades que leur adressait leur supérieur, aux prises avec divers responsables politiques, qui le sommaient de résoudre l'affaire au plus vite.

- Si seulement les médias n'en faisaient pas leurs choux gras ! Se lamenta Jane en lançant le dossier sur son bureau, une fois la mise au point terminée.

-Tu sais Jane, on juge le développement d'un pays sur la base de plusieurs critères, comme le pourcentage de femmes éduquées, le niveau global d'alphabétisation etc. La liberté de la presse en fait également partie, à une échelle plus spécifique certes, étant donné que l'on parle de l'indicateur synthétique des libertés politiques. Cela comprend l'intégrité physique, la primauté du droit, la liberté d'expression donc, la participation politique et l'égalité des chances. Regarde la Corée du Nord, l'Iran ou dans une moindre mesure la Russie et estime toi heureuse que cela constitue notre premier amendement.

Maura affichait son air sérieux et engagé, Frost et Korsak échangèrent un regard amusé tandis que Jane, les bras ballants, observait sa meilleure amie poursuivre sur sa lancée et énumérer les différentes lois françaises sur la liberté d'expression, chacune d'entre elles supprimant ou rétablissant cette dernière, au gré des régimes qui se succédaient.

Le Dr Isles était de ces êtres insolites. Ses parents adoptifs s'étaient assurés de lui donner accès à la meilleure éducation possible, ainsi Maura savait quasiment tout sur tout et lorsqu'elle se trouvait face à l'inconnu, elle s'empressait d'effectuer toutes sortes de recherches afin de pallier à ses lacunes.

Elle avait toujours pensé que la jeune femme devait chercher à combler un manque. La légiste était la personne la plus intelligente que Jane n'ait jamais rencontrée, en revanche, socialement, cette femme était un vrai boulet.

-Maurapédia, c'est bon tu as fini ? Demanda Jane tout sourire en attrapant doucement sa collègue par le bras.

Surprise par le contact exercé par le lieutenant Rizzoli sur son bras, Maura ne su quoi répondre et balbutia tandis qu'elle se laissait entrainer vers l'ascenseur.

Le parcours de la jeune femme, pouvait en effet être qualifié de chaotique. Les absences répétées de ses parents adoptifs et ses capacités intellectuelles, avaient contribué à son isolement. Par-dessus tout, ce qui la coupait des autres, c'était sa franchise déconcertante. Maura était incapable de mentir, sans quoi de violentes crises d'urticaire se manifestaient.

Par ailleurs, elle était convaincue que tout vérité ou presque était bonne à dire, ce qui ne l'avait certainement pas élevée au rang de meilleure copine potentielle.

Mais Maura s'était faite à l'idée qu'elle avancerait seule, contribuant elle-même à son isolement.

Néanmoins, Jane trouvait qu'à ce propos, sa collègue avait fait des efforts considérables depuis qu'elles se connaissaient, et ce malgré ses retrouvailles avec ses parents biologiques. Les épreuves qu'elle avaient traversées auraient pu la mettre plus bas que terre.

Cependant, cela n'empêchait pas Jane de trouver le comportement de Maura étrange ces derniers jours, presque systématique gênée en sa présence. Il lui semblait qu'elle ressentait de plus en plus le besoin de se retrancher derrière ses connaissances et sa meilleure amie se trouvait fort démunie face à cette situation.

Pourtant, comme pour contredire les pensées de la jeune femme, Maura serra le bras qui entourait le sien. A l'inverse de cette dernière, Jane avait grandi au sein d'un milieu social moins privilégié, mais duquel transparaissait une vision de la famille à laquelle Maura n'avait pas été habituée.

Chaque jour, Jane ne pouvait prétendre échapper aux étreintes de sa mère Angela, ni se passer des accolades avec ses frères Frankie et Tommy ; quand, la plupart du temps Maura se raidissait au moindre contact physique.

Dans un sens, aux yeux de Jane, cela concourrait inévitablement au charmes de sa collègue, cette dernière cultivait une certaine inaccessibilité à laquelle le lieutenant s'avérait particulièrement sensible. Son décalage permanent semblait souvent exaspérer la jeune femme, alors qu'au fond, cela lui plaisait.

-ça ne va pas Jane ? S'inquiéta Maura, exerçant davantage de pression sur le bras de son amie. Un frisson parcouru le corps de la jeune femme, du bas des reins à la racine de ses cheveux. Ce fut comme si une agréable chaleur se répandait, diffuse, depuis son bas ventre. Elle secoua la tête et cligna des yeux à plusieurs reprises afin de retrouver ses esprits.

La policière posa la main sur celle de son amie en esquissant un sourire rassurant.

-Tu as vraiment besoin que j'effectue ces analyses, je te trouverai des compléments alimentaires adéquats. En même temps quand on voit le contenu de ton réfrigérateur… souligna-t-elle en disparaissant dans son bureau, dont elle ressortit parée de sa blouse blanche de médecin légiste. L'estomac de Jane lui sembla se retourner à la vue de son amie, extrayant ses cheveux dorés du col de sa blouse.

« Ok, pensa-telle. Que vous arrive-t-il aujourd'hui lieutenant Rizzoli ? Merde j'ai l'impression d'être à fleur de peau. Serait-ce à cause de Casey ? Non, avec du recul je n'ai pas pensé à lui depuis plusieurs jours. Peut-être que Maura a raison, je dois faire une chute de tension ou quelque chose comme ça. »

La jolie brune se mit une claque en pensée et reprit définitivement ses esprits.

- J'ai pas le temps de faire des analyses ! Tu as entendu Cavanaugh ? On a plutôt intérêt à mettre les bouchées doubles si on veut résoudre cette enquête. Et ne pas avoir à craindre de se retrouver aux scellées.

- J'aimerai vraiment trouver un moyen de vous venir en aide mais j'ai examiné les preuves à maintes reprises et pourtant…

Les yeux du Dr Isles s'écarquillèrent et elle se précipita aussi vite que ses Jimmy Choo le lui permettait vers la paillasse sur laquelle étaient disposés bon nombre d'instruments. Jane avait appris leur nom au fil des ses années de visites au sous-sol, feignant de se désintéresser de la science qu'étalait Maura inlassablement, alors qu'en vérité, elle tachait de tout emmagasiner dans un coin de sa tête.

- Pourquoi n'y ais-je pas pensé plus tôt, se réprimandait Maura, penchée sur son microscope.

- Quoi, quoi quoi ?! Qu'est-ce que tu as ?

Jane l'observait sans rien y comprendre, elle se sentit même un peu exclue quand Maura dû faire appel à l'analyste Chang. Cette dernière passa devant Jane, la saluant d'un bref signe de tête avant de se mettre à la disposition du Dr Isles. Les quelques bribes que captait le lieutenant s'apparentaient davantage à du charabia qu'à un ensemble de phrases cohérentes.

Frustrée d'être maintenue à l'écart de la sorte, Jane finit par tourner les talons en lançant un : « Quand les rats de laboratoire daigneront nous faire part de leurs découvertes… »

Seule Susie leva les yeux de ce qu'elle était en train de faire, Jane guettait pourtant une réaction de son amie, mais il n'en fut rien.