Prologue

Les gouttes chutaient, encore et encore, dans leur silence, pourtant si bruyantes, si légères, mais si violentes, si fraîches, mais si brûlantes. Jamais aussi brûlantes, cependant, que les nombreuses larmes dont l'endroit avait pu être le témoin, et dont la terre était maintenant imprégnée, cependant.

Si le lieu respirait la tristesse, ce n'était pas par le décor, qui était des plus sereins, plus calmes, et plus agréables, mais c'était bien par l'intense végétation, qui, de toute part, tenait les lieux, et dont chaque feuille et chaque pousse en étaient la preuve vivante. Car aucun arbre, aucun massif, aucune herbe n'avait été à l'abri de ce sentiment et de ces symptômes, et tous avaient donc au moins une fois puisés de l'énergie ou des éléments nécessaires à sa croissance dans l'une des centaines de milliers de larmes qui avaient pu s'écraser sur les parcelles de terre si souvent retournées.

Car dans ce lieu où le vivant se souvenait du mort, où le souvenir se défendait de l'oubli, et où l'oubli s'accompagnait de l'abandon, les inconnus se côtoyaient, partageant tous cette même douleur et cette même absence, d'un père, d'une mère, d'un frère, d'une sœur, ou même d'un voisin. Chacun parcourait les allées dont la pierre semblait être maître, frôlait les haies en fleurs, et rejoignait cet emplacement qui était parfois la seule représentation physique de cette même parcelle que l'on a tous dans le cœur pour cette personne qui nous a quitté.

En cette journée si semblable à tant d'autres, la pluie tombait, imperturbable, insensible, sur ce cimetière, qui rassemblait ces gens, si différents, mais si semblables en ce lieu. Aucun n'y échappait. Pas même eux.


Nouvelle histoire qui, je l'espère, vous plaira... Tout avis est une nouvelle fois bienvenue.

Désolée par avance pour le rythme irrégulier des publications. Merci aussi pour tous ceux qui ont pu commenté mes autres fictions (à qui je n'aurai pu répondre) et aux mises en alerte.

Je vous proposerai une chanson par chapitre, comme thermomètre d'ambiance, si je puis dire. Et pour lancer cette fiction, je vous propose donc "Anthem", de Kamelot.

Bonne lecture