L'Inquisitrice n'avait jamais raté de cible. Qu'importaient les conditions du combat, la flèche finissait toujours par perforer ce que ses yeux avaient verrouillé. Comme si elle commandait à sa flèche par la pensée. Son arc n'avait pourtant rien d'extraordinaire à première vue. C'était celui que son clan lui avait envoyé dès les débuts de cette grande aventure. Il était simple, sans ornement, juste du bois blanc. Du bois que je constatais abimé, vieilli, usé. Une seule et unique chose le différenciait des autres faits de la même matière première. En fait il y en avait deux si on regardait d'un peu plus près.

Tout d'abord il y avait cet étrange collier enroulé au niveau de la poignée. Un collier pour le moins rustique. En fait il s'agissait de fils tressés, au bout desquels se trouvait un pendentif noirci. Lorsque j'avais pu m'en approcher, il m'avait même était possible de constater qu'il en manquait un morceau. Ce bijou représentait à l'origine un symbole d'éternité, cette boucle que l'on pouvait représenter à l'infini sans jamais lever sa plume, comme ce serpent qui se mord indéfiniment la queue. A l'exception que des deux cercles qu'il pouvait former à l'origine, il n'en restait plus qu'un. Comme une promesse non tenue, ce pendentif se balançait à présent inlassablement au bout de cet arc. Jamais personne n'en avait demandé la signification à Lavellan. Une fois je la vis en train de le regarder intensivement, tristement. Elle le tenait dans sa fine main, le caressant doucement du bout du pouce. Peut-être pensait-elle à son histoire. En tout cas ses yeux cherchaient inlassablement le reste de la boucle. Se demandant, se questionnant sur sa disparition. Mais visiblement, jamais rien ne pourrait le remplacer. Il demeurerait à jamais briser, et avec lui un bout de notre amie resterait incomplet.

La question de son origine me taraudait. Durant chaque combat, lorsque mes yeux se posaient sur elle, c'était ce pendentif qui brillait à la lueur du soleil ou de la lune que je voyais.

Puis il y avait cette deuxième petite particularité. Si invisible que je ne la remarquai que le jour où j'eus enfin cet arc entre les mains. Là, juste sur la fenêtre de l'arc, il y avait cette petite gravure si délicate, si incroyablement soignée. Elle se distinguait à peine, tellement le temps l'avait usée. A tel point que je ne fus jamais certain de sa véritable signification. Pour moi elle n'avait pas de sens. Juste des lettres, des chiffres peut-être. Après de longues heures de contemplation j'en arrivais à la transcription suivante : ML 937D. Un code ? Je n'en savais rien. J'aurais voulu savoir. Pourtant jamais je ne parvins à demander à mon amie ce que tout cela signifiait. J'avais la nette impression que cette gravure n'avait pas été un bon souvenir pour Ellana. Par conséquent, si je venais à rouvrir le dossier, elle en souffrirait encore. Et ça personne ne le voulait. Personne ne souhaitait faire de mal à notre douce elfe, que le sort n'avait pas épargné.

Mais ce n'est pas de tous ces petits éléments dont je voulais parler à l'origine. Je voulais te décrire nos combats, et ces flèches qui filaient toujours dans leurs cibles. Cette extraordinaire adresse et précision, que même ma Bianca ne parvenait à égaler. Il y avait de la certitude dans ses gestes. De la beauté aussi.

La plupart du temps elle parvenait à trouver un espace en hauteur où elle pouvait dominer toute la foule. Et lorsqu'un tel endroit n'existait pas, elle parvenait tout de même à trouver la place parfaite pour avoir une vue dégagée sur l'ensemble de nos ennemis.

Et parfois.

Parfois, lorsque nous étions en difficulté à proximité des ennemis, elle apparaissait à nos côtés. Je la revoie encore portée secours à la Chercheuse lorsque cette dernière, étourdie par un coup bas de son opposant, ne semblait plus discerner le ciel de la terre. Lavellan était descendue de son arbre d'un geste vif, laissant transparaitre l'absence de doute sur ce qu'elle avait à faire. Que lui importait si elle devait se mettre en danger. Je revoie encore cette brute lever son glaive pour l'abattre sur Cassandra, l'Inquisitrice s'était interposée entre eux, l'arc tendu. Elle parvint à le positionner juste face à ce Venatori. Et sans hésitation elle avait relâché la pression, et la flèche était partie. Droit dans son visage. Le sang avait énormément giclé, couvrant l'héroïne d'hémoglobine jusque sur chaque mèche de cheveux.

Cette image avait été déroutante. Les yeux perçants de l'Inquisitrice, encadrés par le sang, lui donnaient l'ère menaçante. Incroyablement terrifiante. Mais lorsqu'elle se retournait vers Cassandra, elle arborait un visage doux, rassuré. Elle nous accorda à tous un magnifique sourire dont elle seule avait le secret, instaurant la paix dans nos cœurs, chassant les dernières vagues d'adrénaline qui nous secouaient.

Mais l'image était gravée dans ma mémoire. Ces yeux féroces et sans pitié, cette indifférence face à la mort violente de notre adversaire, ces mouvements faits pour tuer. Ellana Lavellan n'était plus la chasseuse dalatienne qu'elle était à ses débuts. Elle n'était plus la jeune femme qui se répudiait à tuer plus que nécessaire. Parfois encore, j'imaginais qu'elle aurait pu tirer dans une des jambes du Venatori pour l'empêcher d'abattre son épée sur la Chercheuse. Qu'elle aurait pu trouver un moyen moins sanglant, moins brutal.

Pourtant n'étais-ce pas elle qui avait raison ? La Chercheuse était en danger, il fallait agir vite. L'ennemi ne devait pas pouvoir contrer. Et puis … elle était l'Inquisitrice. Figure qui se devait autoritaire lorsque l'on était au commandement d'une telle organisation. Peut-être est-ce moi qui me fais vieux pour de telles aventures …

Mais à nouveau je m'égare. Ce n'était pas de cette histoire-là dont je souhaitais parler. Notre affaire était tout autre. D'une autre ampleur, d'une autre gravité.

Jamais l'Inquisitrice n'avait manqué sa cible. Qu'elle ait été en mouvement, qu'il y ait eu des intempéries. Les conditions n'étaient jamais entrées comme variable sur la réussite du tir. De même que pas une seule fois Ellana n'avait touché un de nos camarades ou un de nos soldats. Ses compétences relevées du domaine de l'incroyable. Au sens premier du terme. Il était impossible de mettre des mots sur l'extraordinaire qu'elle apportait sur le terrain de bataille. Toujours à nous couvrir sans jamais nous blesser. Combien en avait-elle sauvé par une flèche bien placée ?

Certains pensent surement que le combat le plus mémorable se fait en première ligne, armé d'une épée et d'un bouclier. Je leur répondrais juste que cet argument n'est plus valide lorsque l'on observait les mouvements de notre Inquisitrice.

Je pourrais passer mes journées à te compter ses exploits. Mais le sort a voulu que je te parle de son seul échec. Alors, excuse-moi de digresser à ce point, mais le sujet m'est difficile. Voire insoutenable.

Je ne la veux pas coupable. Au fond de moi je brûle d'envie de te dire que les conditions du combat étaient particulièrement difficiles, que l'orage obscurcissait tout, et que le vent nous griffait les yeux. Parce que c'était le cas. La situation était terrible. Nous étions en sous-effectif. Les soldats tombaient un à un. Lavellan pouvait tout observer depuis la ruine qu'elle était parvenue à escalader. Et crois-moi la rage se consumait dans ses yeux. Je pouvais en voir la flamme, étant à ses côtés pour l'aide à couvrir nos guerriers.

Mais de cette position si avantageuse, il y autre chose que je pouvais voir. Jamais je n'aurais cru cela possible. La main si assurée de notre guide tremblait. Malgré cette hargne qui l'animait, la peur prenait doucement le dessus comme un ennemi espiègle et trop rusé. Et je ne connaissais que trop bien l'origine de cette peur perfide. Au sol se trouvait beaucoup de ses amis, des personnes en qui elle avait une totale confiance, des personnes qu'elle côtoyait, qu'elle appréciait. Mais l'un d'entre eux se distinguait beaucoup plus. Non pas qu'elle voulait voir les autres morts ou blessés. Juste que celui-là était spécial, tellement plus précieux à son cœur. Et comment le lui reproché. Je ne le puis pas. Il y a, moi aussi, une tête que je cherchais plus ardemment que les autres, bien qu'elle ne s'en rendait pas compte.

Cette bataille aurait du bien se passer. Tout avait été planifié. Peut-être pas le temps mais nous étions passé par tellement pire. Nous avions presque tout repoussé. Nous nous sentions peut-être trop immortel, trop fort pour être vaincu dans une bataille sans enjeu majeur. Notre fierté serait-elle venue obscurcir notre jugement ?

Peut-être. Après tout je me tenais à côté de celle qui avait survécu au Conclave, qui avait arpenté l'immatériel en chair et en os, celle qui avait déjà terrassé tellement de dragons.

Celle qui n'avait jamais échoué dans aucun de ses tirs.

Nous nous étions vu gagnant beaucoup trop tôt. Après tout l'objectif de la mission était juste de reprendre un fort qui occupait une position stratégique dans cette région. Le Commandant était venu combler notre manque d'effectif. Il voulait nous aider, nous rendre service, s'assurer que tous les soldats suivraient comme un seul et unique corps.

Il était impressionnant. Je l'avais déjà vu combattre à Kirkwall. Mais pas avec cette rage au ventre, pas avec cette fureur de vivre. A présent il avait un objectif à remplir, quelque chose à protéger.

Quelqu'un à retrouver après la bataille.

Tu me demandes ce qui a déraillé dans cette foutue mission ? Je ne sais pas. Je ne parviens pas à extraire de cette scène, l'élément qui a pu venir à bout de l'assurance de l'Inquisitrice. Je ne souhaite pas jeter le blâme sur sa seule personne. J'étais juste à côté d'elle, j'aurais pu tirer à sa place. J'aurais pu le protéger. Mais je regardais ailleurs. Je regardé ma Chercheuse, essayant d'assurer au mieux son avancée. Je voulais la protéger, moi aussi.

Tout est de ma faute. Que le Créateur me pardonne mais je n'ai rien fait. Je m'occupais égoïstement de quelqu'un d'autre.

On ne s'était pas attendu à ce que Samson soit là. On ne pensait pas que Corypheus aurait souhaité protégé aussi ardemment un tel bastion. Beaucoup d'hommes étaient déjà tombé. L'orage grondait. Samson a hurlé. Un mot. Un nom. Sa cible depuis le début. Il a commencé à rire, à parler avec le Commandant, vantant les mérite d'un ordre nouveau. Sur le champ de bataille seul sa voix dominée, motivant ses troupes, démoralisant les nôtres.

Le pouvoir des mots tu sais. Comme tout le monde sait.

Cullen Rutherford aussi le savait. Il a littéralement rugi. Je m'en souviens parfaitement, parce que pendant un instant plus personne n'osait bouger. Puis il a émis un autre cri de guerre, regonflant le moral des soldats, leur redonnant un espoir à choyer. Samson ne souriait plus. Il s'était renfermé, devenant la figure d'un ennemi à terrasser. La situation retournait à notre avantage.

Mais ma pauvre Inquisitrice n'était en rien plus motivée. Voir Le Commandant s'approcher de Samson lui avait glacé le sang. Elle tremblait beaucoup trop. Son arc, qu'elle brandissait en direction de l'homme de Corypheus, ne cessé d'être perturbé par cette peur trop vivace. Elle ne parvenait plus à viser. Pourtant je sais à quel point elle a essayé. Malgré la pluie qui s'abattait sur nous, je voyais ses larmes de douleur.

Oui. La tristesse était tellement forte qu'il n'en restait plus que de la douleur. L'homme qu'elle aimait s'avancer bien trop près du danger.

Le voilà qui pénétrait dans l'arène tel le lion qu'il était.

Les deux se tournèrent un moment autour, se jaugeant l'un l'autre. Le temps s'écoulait à la fois trop vite et pas assez. La sensation était étrange. Nous semblions savoir que quelque chose n'allait pas tourner en notre faveur. Mais une telle chose … même le plus pessimiste d'entre nous n'aurait pu le prévoir, n'aurait pu ne serait-ce que l'imaginer.

Les épées commencèrent à s'entrechoquer. Les deux commandants s'élançaient l'un contre l'autre, jouant de leur bouclier pour faire chuter l'autre le premier. J'essayais de rester concentrer sur ce combat de titans. Leurs cris semblaient raisonner, comme dans une arène. Seule la mort viendrait les faire taire.

Le fer, le sang, la sueur, la rage, les larmes. Quel désastre. Quel gaspillage. Bianca et moi les observions, essayant de combler le vide laissé par l'Inquisitrice qui n'émettais plus de signe. Même son arc semblait résigné. Je savais que je devais rester focalisé sur le moment idéal pour intervenir. Dans notre situation, tout est une question de timing.

Mais je l'ai entendu crier. Je … La Chercheuse. Je l'ai entendu hurler une plainte, tellement sombre, tellement triste. Mon corps a agi seul. J'ai arrêté de regarder le pauvre Commandant pour me préoccuper de Cassandra. Quelque chose n'allait pas. Je devais l'aider. Elle …

- Tu n'es pas obligé de continuer Varric …

J'ai vu une épée la traverser. Et son sang. Il y en avait tellement. J'ai sauté des hauteurs où nous nous trouvions. Ma Chercheuse avait abattue le dernier des soldats de Samson. Elle avait réussi. Elle avait été incroyable pendant tout le combat. Mais dans son dernier assaut, la fatigue ou je ne sais pas, … elle a été déconcentré. L'épée, elle ne l'a pas vu. Mais j'étais à ses côtés à présent. Tout allait bien se passer. Nous allions rentrer. J'essayais de lui parler. Laissant Bianca quelque part à terre, je pus la prendre dans mes bras. Elle respirait encore. Nous pouvions vaincre, nous pouvions y parvenir. Ensemble. Elle m'avait même souri. Elle était vivante, tu comprends Hawke, rien d'autre ne comptait vraiment.

- Je peux l'imaginer Varric.

A ce moment-là il n'y avait qu'elle. J'avais envie d'être égoïste pour elle. J'ai hurlé en direction de Vivienne et Dorian. Ils l'ont pris en charge. Et alors que nous l'emmenions à l'écart, je l'ai entendu.

L'Inquisitrice.

Ce son m'a déchiré le cœur. C'était une plainte, mais pas que. Il y avait tellement de chose dans ce cri, qui était tellement plus que ça. J'ai vu les soldats qui restaient se précipiter vers le lieu du combat. Beaucoup hurlé, certains n'osaient rien faire, j'en ai même vu un arrêté de respirer pendant un instant.

J'ai tout de suite levé la tête en direction de Lavellan. Je l'ai vu chuter. A terre, elle ne parvint pas à amortir correctement sa chute. Elle chancelait si misérablement. Depuis Kirkwall je n'avais jamais eu aussi peur. Je ne savais pas si j'avais réellement envie de m'approcher pour voir la scène. Mais je le devais. Je me devais d'être à ses côtés pour l'aider, pour surmonter. La pauvre petite.

La scène était indescriptible. Le Commandant était à terre, sa tête reposant contre Ellana. Elle pleurait si fort. Mais le plus terrible c'était que Samson se tenait toujours droit, dominant tout son spectacle.

Si tu l'avais vu commettre l'irréparable. Et puis il s'est mis à rire. Ce rire de fou qui glaçait les sangs de tout le monde.

L'Inquisitrice s'est lentement relevée, son arc ancrée dans sa main. J'avais beau observer, le symbole d'éternité n'y était plus. Il avait dû tomber lui aussi. Elle l'a armé, l'a tendu comme jamais. La pointe de la flèche se trouvait placé exactement entre les yeux de Samson qui continuait à rire. Elle avait les mains tremblantes, les yeux pleins de larmes, ses jambes ne la portaient presque plus du tout. Nous attendions tous le dénouement final.

Alors que des soldats évacuaient le corps du Commandant, le temps se suspendait.

- Elle l'a tué ?

Personne n'aurait pu savoir la tempête qui régnait dans son esprit, dans son cœur. Elle ne savait certainement pas quoi faire elle-même. A ce moment-là tuer Samson n'avait plus aucune signification pour elle. De la poudre aux yeux comparés à l'état de son amant. Pourtant elle ne bougeait pas. Etrangement Samson non plus, il n'avait pas cherché à récupérer son arme qui se trouvait à quelque mètre de lui.

Il lui souriait comme s'il avait été ami. Puis j'ai vu les lèvres de cet arrogant bouger, je n'ai rien entendu de là où je me trouvais. Mais l'Inquisitrice a tiré, juste à côté. Une seconde avant de relâcher la flèche elle avait détourné son arc, pour que le projectile aille se loger dans un mur derrière notre ennemi. Et aussitôt que la flèche fut tirée, la pauvre femme s'effondra par terre dans une explosion de larmes.

Elle ne l'avait pas tué. Elle avait raté son tire. Vraisemblablement de manière volontaire, mais le symbole y était. Samson partait vainqueur, plein d'allégresse quant aux larmes de l'Inquisitrice. Nous avions le fort. Mais nous avions perdu.

- Mais … Varric, je suis certaine d'avoir vu Cullen ce matin. Je suis persuadée qu'il allait voir l'Inquisitrice pour parler d'un certain évènement très attendu.

Evidemment. Bien sûr que le Commandant Cullen est vivant, Hawke. Ce n'est pas de sa mort dont je voulais te parler. Ce n'est pas cela que je voulais que tu comprennes.

Ne remarques-tu pas à quel point toi et l'Inquisitrice êtes semblables. Vous êtes si fortes, des exemples pour tous. A tel point, que dans certains moments critiques nous vous pensons invincible, au-dessus de tout. Pourtant vous êtes des êtres sensibles. Et je ne dis pas ça parce que vous êtes des femmes, alors cesse de me regarder ainsi !

Je veux te dire que, parfois tu as le droit d'être humaine Hawke. Je te remercie d'être revenue à Fort Céleste après avoir été informer les Gardes des Ombres de Weisshaupt. Et je crois que je ne pourrais jamais te remercier assez d'être l'amie que tu es pour moi.

Mais il faut penser à toi.

- Que veux-tu dire ?

Il est temps que tu ailles le retrouver. Il ne cesse de m'envoyer des lettres pour savoir où tu te trouves. Il veut te voir, il veut être avec toi.

- Les sentiments rendent faibles. Tu le dis toi-même dans ton histoire ! Si l'Inquisitrice n'avait pas été aussi perturbée, elle aurait tué ce chien galeux !

Je n'ai jamais dit ça ! Et puis L'inquisitrice a fini par le retrouver, pour le tuer cette fois.

Les sentiments sont importants Marian. Surtout lorsqu'ils sont sincères.

Alors tu vas me faire le plaisir d'aller le retrouver, vous excuser, et redevenir ceux que vous étiez. Fenris en a assez de fuir, il te veut toi. Pourquoi ne vas-tu pas le retrouver ? Ne me dis pas que tu n'éprouves pas des sentiments identiques à son égard. Je sais trop bien comment vous vous regardiez. Je sais qu'il n'a jamais voulu te laisser partir pour Fort Céleste. Il m'a raconté que tu t'es volatilisé du jour au lendemain. Maintenant Hawke il faut que tu fasses preuve de courage, comme lorsque tu fais face à tes ennemis.

- Et si je deviens comme l'Inquisitrice ? Que je flanche en plein combat ?

Le lui reproches-tu ? Ce jour-là fut terrible, mais jamais personne n'en a tenu l'Inquisitrice pour responsable. Nous l'étions tous. Nous sommes vivants, nous ressentons. Parfois il arrive que nous ayons peur, que nous pleurions, que nous devenions faibles. Mais ce n'est pas cela le plus importants. Ce qui compte vraiment, c'est de pouvoir faire face, de pouvoir se relever et de continuer. C'est ce qu'on fait l'Inquisitrice et Cullen, c'est ce que j'ai fait.

Hawke, nous sommes ce que nous sommes. Des êtres soumis à la violence et à la force de leurs sentiments. C'est ce qui nous différencie des héros des livres, qui ne sont qu'encre et papier. Je suis persuadé que même l'Héroïne de Férelden fut confrontée à des choix. Certains mêmes qui lui brisèrent le cœur. Mais elle a persévérer. Elle règne à présent sur un Royaume.

Quand j'y pense, notre monde vous doit beaucoup.

- Tu enjolives toujours tout !

Pas cette fois. Thédas a vu trois femmes prendre les armes, luttant contre vents et marrées pour ce qu'elles croyaient juste, pour établir un semblant d'ordre. Trois femmes qui ont vu leur cœur déchiré à maintes reprises. Mais rien n'y fit. Vous avez lutté, vous avez réussi, et pourtant, vous n'attendez aucune récompense. Vous vous tenez droite face à l'adversité à la dureté de notre monde. Vous sacrifiez beaucoup, à tel point que vos larmes ne sont pas assez rares à mon goûts. Trop fréquentes, alors même qu'elles ne démontrent aucune faiblesse. Au contraire, je pense que vous pleurez lorsque vous avez été forte pendant trop longtemps, que la lutte a été trop longue. Mais vous tenez.

Je me demande ce qui vous rend si exceptionnelle, si incroyable. Qu'est-ce qui vous donne cette force de lutter autant ?

Hawke sourit comme jamais. Elle comprend enfin le discours de Varric. Elle connaissait la réponse, bien évidemment, mais ne l'avait pas regardé en face.

Elle ne connait pas l'Héroïne de Férelden, à peine l'Inquisitrice, et pourtant elle sait ce qui les fait tenir. Tout comme elle. Depuis le début tout se résume à une seule chose.

- Les sentiments semble-t-il, mon Ami.


On a eu peur pour Cullen ? Avouez !

Plus sérieusement, j'espère que vous avez aimé ce petit texte et que vous avez passé un bon moment à le lire.

Happy