Enfin, le soleil se couchait et apportait avec lui le calme sur Alola. Ho'ohale se retrouva ainsi peu à peu dans la pénombre. Rien ne semblait alors troubler la paix de cette ville touristique, à ceci près ; il y régnait un silence mortel, alors que les rues étaient d'ordinaire emplies de touristes. Même le chant des Piclairon dans la jungle, ou celui des Goélise le long de la côte, s'étaient tus. C'était un calme, un silence généré par la terreur, car le Maître en personne avait réclamé un couvre-feu préventif, pour les protéger. De quoi ? Seules trois personnes étaient au courant...

Brusquement, un rugissement métallique perça la nuit, faisant décoller des nuées de pokemons, effrayés par ce cri hostile. Chacun se terrait chez soi, mais Moona était sur le pied de guerre. Elle savait qui arrivait, car elle avait senti quelque chose : l'odeur de son monde. Son Motsima-dex l'avertit aussitôt : on la contactait. La voix perçante de l'inspecteur se fit alors entendre.

"-Ça y est ! Elle s'approche de Ho'ohale, tu dois l'intercepter !

-Hurlez pas comme ça, Béladonis ! Vous allez alerter la moitié du quartier."

Elle raccrocha rageusement. Maudit Béladonis ! songeait-elle. Il était brillant, c'est sûr, mais il était émotif, et très impulsif. En plus, la façon dont il appelait ces êtres si étranges la gênait fortement. L'UC-parasite...

Certes, elle était cruelle et manipulatrice, mais était-ce la peine de la considérer, la traiter, comme un cobaye, un objet ? Lunala lui avait brièvement expliqué son expérience des Ultra-Chimères, lors de sa vie dans la brèche. Une fois à Alola, elles veulent à tout prix rentrer chez elles, en ravageant tout ce qui se retrouverait en travers de leur chemin. Et en ce moment, l'obstacle, c'était Moona.

Zéroïd errait, ça et là, dans les hautes herbes de la route 6. Elle ne semblait pas vraiment savoir où aller, car elle poussait périodiquement des crissements métalliques ressemblant fortement à des plaintes. Moona la suivait à distance, sachant parfaitement ce qui se passerait quand l'Ultra-Chimère l'aurait remarquée. Et cela arriva.

L'étrange regard de Zéroïd croisa celui de Moona et, sentant l'énergie de l'Ultra-brèche émaner d'elle, poussa un hurlement terrifiant, qui sembla résonner dans tout Akala. À une vitesse inconcevable, Zéroïd fonça sur elle, et eut à peine le temps d'appeler au combat son fidèle Archéduc. Celui-ci percuta de plein fouet la créature, ce qui lui arracha un gémissement de douleur. Mais il fit signe à Moona que tout allait bien, et se mit en posture de combat.

Archéduc décolla souplement, forçant Zéroïd à le suivre. Moona put ainsi attraper une des Ultra-balls que Saubohne et Vicky lui avaient confiés. Elle avait la main qui tremblait, de peur d'échouer : elle avait vu de quoi Zéroïd était capable, la mère de Lilie en était un parfait exemple. Archéduc esquivait avec rapidité les giclées de poison que crachait la créature, tout en enchaînant les Lames-feuilles et ses flèches spectrales. Il harcelait ainsi Zéroïd, pour l'affaiblir et bien la positionner dans la ligne de mire de Moona. Mais, au moment de lancer la ball, elle hésita. Elle savait intimement que Béladonis lui réclamerait la "chimère". Mais pour en faire quoi ? Elle devait mettre en balance sa morale et ses devoirs : elle se devait de protéger Alola, mais au fond d'elle même, elle s'interdisait de faire souffrir inutilement les pokemons, même celui-ci. Zéroïd méritait-elle de vivre, malgré ses actes ?