Ma mère me disait qu'il fallait souvent s'armer de patience pour arriver à ses fins. Ce qui est étrange c'est que je ne me souviens même pas que ma mère m'aie un jour adressé la parole. On m'a appris à être fier, à être fort. Je sais être dédaigneux, moquer sarcastique et même parfois machiavélique. Mais on ne m'a jamais appris à être amoureux. Si ce n'est l'ego, l'ignorance est la plus grande faiblesse de l'homme. Je suis entravé par mes sentiments inavouables, cloîtré derrière une vitre qui me permet d'observer au loin, comment les autres arrivent à aimer. Parfois je pose ma main contre le verre glacé, comme si j'espérais qu'elle puisse grimper jusque là, pour y poser la sienne. Prisonnier de ma solitude j'en deviendrais presque fou.
J'ai l'impression que tout bon sens m'a quitté, lorsque je marche dans les couloirs je cherche le son de ses pas. Elle a cette façon de marcher, joyeuse et innocente. Avant elle glissait sa main dans la mienne et me souriait comme si j'étais la seule chose qui ait une quelconque valeur à ses yeux, ne vous ai-je pas déjà parlé de ses yeux ? Ils sont verts, c'est le plus beau vert qui existe. Ils ont cette énergie, cette façon de briller qui vous fait battre le cœur. Je ne me suis jamais senti aussi vivant que ce jour ou elle m'a souri pour la première fois, elle ne me connaissait pas et elle s'était contentée de rigoler lorsqu'elle m'avait vu.
Son rire, ah son rire. Un véritable ode à la joie, ode à l'amour. Il vous inspire les rêve les plus doux qu'il vous soit autorisé d'avoir. Il vous fait vivre. J'aurais aimé que tout reste comme avant, qu'elle glisse à nouveau sa main dans la mienne, écarte les quelques mèches qui tombaient sur mon front et embrasse ma joue avant de partir en riant. Mais je n'ai pas su la garder, comme je n'ai pas su l'aimer.
Combien de fois ma plume s'est brisée sur une lettre, combien de fois mon cœur est mort devant ses yeux, combien de fois est-ce que je me suis perdu. Juste pour elle. Oh ciel, dis moi que cette folie cesseras un jour. Laisse moi être libre de nouveau. Pouvoir la regarder sans se sentir broyé devant ses yeux empreints de chagrins. Pouvoir penser à elle sans perdre mon cœur dans une symphonie de battements effrénés. Cet amour me tuera.
Elle m'obsède, elle me possède. Je cours après un amour impossible, après une auto-destruction. Je me glisse dans les buisson pour la regarder écrire un nouveau poème d'amour qui s'adressera comme tout les autres à ce rouge et or, voleur de âme-soeur.
Alors, pour ne pas me laisser détruire, je marche, longtemps, seul. Je m'enfermes peu à peu dans une solitude bercée de rêves et de fantasmes. Je ne vois plus que ses cheveux ardents, son sourire brûlant, ses yeux qui se reflètent dans le vert de ma cravate. Et puis, encore une fois, comme victime d'une habitude sordide j'ouvre le placard de ma chambre, rempli de fioles. Chaque philtre d'amour lui était destiné, chaque goutte porte son nom. Chaque nuit privée de sommeil, je me suis levé et j'en ai fait un nouveau, comme une promesse silencieuse. Je me promettais de la laisser m'aimer, mais j'en étais incapable. Alors, à nouveau je retournais me coucher, rêvant de sa chevelure flamboyante.
Je m'appelle Severus Snape, et je suis amoureux d'une sang-de-bourbe.
