Hermione ne pleurait pas. Elle réfléchissait. Cela faisait plusieurs heures qu'ils étaient tous parqués dans ces cachots qui sentaient l'urine et le vomi. Mr Ollivander semblait très mal en point et haletait ans un coin, ses yeux pâles luisant dans le noir. Révulsés.

- Depuis combien de temps sommes-nous ici ? demanda Ron.

- Ca doit faire depuis deux ou trois heures, au moins... Hermione, ton sortilège, c'était quoi, au juste ?

- Un sortilège cuisant. Désolée, j'ai agi sans réfléchi, mais il ne fallait surtout pas que ces Mangemorts voient ta cicatrice.

Un bruit de déverouillage retentit dans la pièce, lugubre, et une main argentée apparut. Pettigrow lança un Lumos et Hermione plissa les yeux, aveuglée par la lumière, même tamisée.

- Sang-de-bourbe. Tu montes.

Queudver les pointait tour à tour de sa baguette, le regard fuyant mais la main ferme. Hermione se leva lentement, le fusillant du regard, et redressa fièrement la tête lorsqu'elle passa devant le petit homme grassouillet. Cependant, elle avait peur. Sa frayeur s'accrut davantage lorsqu'elle croisa le regard fou de Bellatrix, qui avait un couteau de la main, dont elle caressait la lame du bout de l'index.

- Tiens tiens tiens. Sang-de-bourbe Granger. Ca faisait longtemps.

Hermione ne répondit pas, se contentant de la toiser avec le regard le plus méprisant qu'elle pouvait produire. *Mauvaise idée*, se dit-elle en voyant le sourire carnassier de la Mangemorte.

- Alors, on fait joujou avec son petit pote Potter ? Où est-il en ce moment ? C'est l'affreux qui est en bas avec toi et le roux ?

Hermione déglutit difficilement. Elle avait fait de son mieux, mais pourtant elle n'avait pas réussi à modifier assez Harry pour que quelqu'un qui le connaissait bien le reconnaisse.

- Je ne vois pas de quoi vous parlez, dit Hermione d'une voix peu assurée.

- Tu ne peux pas mentir. J'ai sous la main quelqu'un qui te fera cracher le morceau. Snape !

Hermione ferma les yeux. Non, pas lui. Pas le traître. Elle se concentra de toutes ses forces sur ses barrières mentales, essayant de voir toutes les choses auxquelles elle ne devrait pas penser, avant de se rendre compte que c'était pile la chose qu'il ne fallait faire sous aucun prétexte. Elle se concentra alors sus le lourd lustre en métaux précieux au-dessus d'elle.

*Non ! Non ! Pourquoi est-ce que je n'ai pas plus demandé à Harry des explications sur la méthode de l'occlumencie avant de partir ?* pensa-t-elle, furieuse contre elle-même.

- Je vois, dit Snape, la regardant attentivement, et en se caressant lentement le menton du bout des doigts. Je vais voir ce que je peux faire.

Il s'avança vers Hermione, qui tremblait comme une feuille sans toutefois baisser les yeux. Les larmes perlaient sur ses cils, brouillant sa vue, mais étant ligotée elle ne pouvait pas s'essuyer les yeux.

Snape sortit sa baguette, la regardant d'une drôle de façon.

- Legilimens !

Hermione sentit sa présence dans sa tête, mais Snape ne faisait que l'effleurer, n'entrant pas dans ses souvenirs comme il était supposé faire.

Elle entendit alors sa voix retentir dans son esprit :

- Ne dites surtout pas ce que je fais. Faites semblant d'avoir de puissantes barrières mentales, ça pourrait vous sauver le vie. Et attention à ce que vous dites ou faites, cela pourrait être fatal.

Le temps que Hermione comprenne ce qu'il avait dit, il s'était retiré de son esprit. La jeune femme resta un instant bouche-bée, mais devant la gravité de l'instant elle reprit vite ses esprits et se souvint de ce qu'avait dit Snape. Elle regarda alors Bellatrix, qui conversait toujours avec Snape. Ses yeux reflétaient quelque chose entre la peur et le mépris.

- Ne me regarde pas comme ça, Sang-de-bourbe ! Endoloris !

Hermione, qui avait déja reçu plusieurs sortilèges de douleur auparavant, ne s'y habituait pas. La sensation était horrible : c'éait comme si son sang devenait bouilant dans ses veines, que ses os se brisaient tous en même temps et que des couteaux lui rentraient dans la chair. Tout en même temps.

Le Doloris était un sortilège conçu pour faire du mal. Toutes les douleurs physiques imaginables étaient infligées à la victime. Cela allait du mal de tête aux ongles qui entrent dans la peau. C'était vraiment l'un des pires sorts du monde magique.

- Bellatrix. Laisse-moi l'emmener à Poudlard. Je te laisse les deux autres et tout le prestige que leur capture t'attirera. Je vais m'interroger et je la donnerai au Seigneur des Ténèbres lorsqu'elle sera brisée moralement. Ses défenses seront faciles à briser pour un tel légilimens.

- Je ne sais pas, répondit tranquillement Bellatrix. Je ne t'ai jamais fait confiance, Snape. Pourquoi est-ce que cela changerait maintenant ? Tu as trop retourné ta veste pour que je sache vraiment dans quel camp tu es. Et la Sang de Bourbe a l'air d'être une bonne victime, j'avoue que j'ai un peu de mal à te laisser une proie aussi facilement.

- Qu'est-ce que tu veux en échange ? demanda Snape, résigné.

- Qu'est-ce que tu proposes ?

- Hé bien... Je pourrais te faire amener d'autres personnes importantes, pour que tu les fasses parler ?

- Non. J'en ai déjà plein. Propose autre chose, parce que je ne vais pas te laisser mon nouveau jouet si facilement.

Lestrange ressemblait vraiment à une enfant, avec sa voix haut perchée et son air ennuyé, comme si son oncle préféré ne voulait pas lui offrir un jouet luxueux pour ses dix ans, cinq mois et deux jours.

- Je te propose... Un mois avec sous tes ordres les Mangemorts que j'ai aux miens.

- Les nouvelles recrues ? Je marche ! s'écria Bellatrix. Bien entendu, si le Maître est en colère, c'est de ta faute. On se reverra, la Sang-de-Bourbe. Foi de Sang-Pur. Tu regretteras le jour où tu es venue au monde.

Snape lança à Hermione un sortilège faisant sortir des cordes de sa baguette et les prit dans sa main gauche, l'autre extrémité aux poignets de la jeune femme. Telle une esclave, elle fut menée dans le dédale de couloirs luxueux du Manoir Malfoy. Quand ils furent dehors, Snape la prit par le poignet transplana directement dans son bureau.

- Putain, Snape, qu'est-ce que vous foutez ?

Snape la regarda un instant, sans aucune émotion qui filtrait de ses yeux, et son ton glacial trancha dans la pièce comme une guillotine.

- Je n'ai pas de comptes à rendre à une insupportable gamine qui ne sait pas faire autre chose que de se foutre dans les ennuis jusqu'au cou à chaque fois que je la croise !

Snape croisa ses bras sur sa poitrine, la toisant d'un air furieux. Hermione lui rendait son regard, même si elle se sentait légèrement mal à l'aise - Snape avait bien une tête et demi de plus qu'elle.

- Dois-je en conlure que vous ne m'expliquerez pas pourquoi vous m'avez sauvée ?

- Granger, je ne vous ai pas sauvée. Je vous ai évité le pire parce que je passais par là, n'y voyez aucun traitement de faveur.

- Vous n'êtes pas censé me 'briser mentalement' ?

Elle n'avait plus peur. Snape pouvait faire ce qui lui plaisait, elle s'en contrefichait. Elle avait juste une furieuse envie de le tuer pour le meurtre de Dumbledore.

- Si. Mais vous savez bien que si j'avais voulu le faire, je l'aurais fait dans le Manoir. Vos défenses sont comme celles d'un nourisson, vous n'auriez pas tenu une seconde si j'avais essayé.

- Vous êtes un putain de salopard, Snape.

- Écoutez. Vous allez rester ici. Je vous entraînerai à l'occlumencie, et en échange vous la fermerez. Compris ?

- Pourquoi est-ce que j'accepterais ? Je veux rester avec Ron et Harry.

- Retourner avec cet incapable de Potter et son ami le roux implique aussi une torture que vous ne pouvez même pas imaginer. Et ça ruinerait ma crédibilité !

- Fallait peut-être y penser avant de m'emmener ici, dans le bureau de l'homme que vous avez tué, qui plus est !

- Je ne l'ai pas assassiné ! Il me l'avait demandé, espèce d'insupportable je sais tout !

La gifle partit sans qu'il ne s'en rende compte, frappant sur sa joue avec une force surprenante. Malgré le Doloris, Hermione était encore capable de mettre une claque digne de ce nom. Elle vit avec satisfaction la joue de Snape prendre une teinte rouge vif en quelques secondes.

Snape se retourna, furieux. La sale gamine le regardait avec un sourire satisfait et narquois, qui disparut vite lorsqu'il avança vers elle, menaçant.

Hermione tenta de reculer, transie de peur devant le regard qu'il lui lançait. Elle fut vite coincée entre le mur et lui, et chercha rapidement une issue. Sans succès : la porte se situait derrière Snape. Il lui saisit violemment les poignets, une lueur folle dans les yeux.

- Vous allez le regretter.

Hermione tremblait, à présent. Elle ne pensait plus à rien, elle était terrorisée.

- Je...

- LA FERME ! Hurla Snape, hors de lui.

Il serrait étroitement ses poignets, lui faisant mal, mais la dernière chose à faire serait de lui faire remarquer. Hermione resta alors là, les larmes coulant le long de ses joues.

Snape coinça ses deux poignets dans une seule de ses mains, et sortit sa baguette sans la quitter des yeux.

- Legilimens.

Hermione sentit ses pensées tourbilloner dans tous les sens. Elle voyait des flashs de souvenirs. Snape se concentra sur les évènements les plus récents, sur ce qu'elle avait fait. Hermione tenta vainement de le repousser de son esprit quand elle vit les visages de ses parents, à qui elle était en train de lancer un sort d'amnésie pour qu'ils aillent en Australie.

Après des secondes interminables, Snape se retira, et dit d'une voix doucereuse qui ne présageait rien de bon :

- Vous voyez, Granger. Il me suffit de quelques mots pour que vos parents se fassent tuer dans l'heure. Ne vous avisez plus de lever la main sur moi.

Hermione éclata en sanglots, et il lâcha ses poignets, avant de faire volte-face et de sortir du bureau.