Bon, c'est très vilain, mais je participe officieusement de mon côté toute seule à la communauté 30 baisers. Un jour, si j'ai le courage de me lancer, je m'inscrirai sur livejournal etc., mais là j'ai la flemme.
Un petit Shion x Nezumi, rien de très grave, c'est surtout de l'essai, pour l'instant, pour me détendre un peu.
J'espère que ça vous plaira quand même ! ( c'est-à-dire, même s'ils ne font pas furieusement l'amour dans un champ)
Un review fait toujours plaisir, lâchez-vous 3
Thème 2 : Nouvelle ; lettre.
La calligraphie du rat
Lorsque Shion avait retrouvé sa mère, il était épuisé, à bout de forces. Il n'avait pas seulement frôlé la mort de près, il l'avait vécu. Il venait de perdre sa meilleure amie, il avait vu les abeilles voler. Nezumi était parti. Il le lui avait pourtant avoué. « Je ne veux pas courir le risque de te perdre. C'est avec toi que je veux vivre. » Il le lui avait dit, et cela n'avait servi à rien. Leurs lèvres s'étaient effleurées, et effectivement, Nezumi donnait de plus beaux baisers d'adieu que lui. Il en aurait ri.
Shion y avait cru jusqu'à la fin. Jusqu'à ce que la silhouette de l'amour de sa vie ne soit plus qu'un point, un point au-delà des frontières de Bloc Ouest.
Alors on y était.
Ils n'étaient ni amants, ni amis, ni ennemis. Ils ne s'étaient pas entretués, ils s'étaient secourus l'un l'autre, et voilà tout ce que Shion y gagnait ? Ah, il ne rêverait plus, si c'était comme ça.
Quelques temps plus tard, Karan et lui habitaient de nouveau à Lost Town. Comme avant ? Ce mot ne pouvait plus être employé. La ville était agitée, comme à son habitude, mais surtout par les manifestations et les agressions. Il régnait une atmosphère lourde à l'ancienne No 6. Pourtant, la petite boulangerie de sa mère avait tenu bon, à la grande surprise de Shion. Il comprit bientôt pourquoi : sa tignasse blanche et le serpent rouge autour de son cou, ainsi que sa réputation de n'appartenir à aucune caste en avait fait un citoyen craint, et respecté. Son air renfrogné tenait à l'écart les personnes qui voulaient nuire à la boulangerie ou voler le pain.
Souvent, lorsque le crépuscule arrivait, il s'asseyait devant la vitrine et attendait. N'importe quoi, un signe, une apparition. Il avait tout perdu, presque tout perdu... Il en avait trop demandé, avait été sûrement trop naïf. Comme Nezumi avait raison... Il était haïssable, ce naïf-là. Haïssable.
Parfois, Shion pleurait, la nuit venue. Dans son lit doux et chaud, il se souvenait de son corps qui s'adaptait automatiquement aux mouvements de Nezumi pendant la nuit. Celui-ci dormait en position fœtale, toujours aux aguets, jamais vraiment reposé. Il lui arrivait de sursauter et de donner des coups de pied à Shion, qui ne bronchait pas de peur que Nezumi le frappe consciemment. Il se souvenait de cette chaleur humaine qui émanait de son compagnon, même lorsque celui-ci le tourmentait jusqu'aux larmes. Ce n'étaient pas les mêmes larmes qui roulaient lourdement sur les joues de Shion.
Karan n'osait plus parler de Nezumi. Nezumi qui avait sauvé la vie de son fils, et essayé de sauver celle de Safu, qui avait sauvé son petit univers et sa seule raison de vivre. Raison de vivre qui paraissait plus déprimé de jour en jour. Karan désespérait. Elle attendait, elle aussi. Parfois, elle se retournait brusquement, comme si elle avait entendu un bruit.
Un petit bruit de pattes de souris sur le plancher, par exemple...
Quelques jours après, Shion s'était violemment battu avec un ancien habitant de Kronos qui n'aimait pas son actuelle situation. Il avait perdu une dent dans la bagarre et un hématome gonflait sa joue gauche. Il souffrait. La moindre de ses terminaisons nerveuses le faisait gémir de douleur, ses articulations grinçaient, ses muscles protestaient. Il s'était endormi comme on s'évanouit, la tête dans l'oreiller et le corps droit comme une planche.
L'odeur du pain chaud le réveilla. La sensation de plastique contre sa joue le fit sursauter, et le réveilla tout à fait. C'était...
C'était une capsule. Une de celles qu'il utilisait pour correspondre avec sa mère, et inversement. Une capsule qui sortait du corps d'une petite souris robotisée. Une souris... Nezumi...
« Nezumi... »
Il pressa si fort la capsule qu'elle faillit se casser sous ses doigts tremblants. Nezumi disait toujours « 10 mots maximum », mais la capsule était un peu plus grosse que d'habitude. Mais qu'espérait Shion, maintenant qu'il avait le signe, l'apparition dans le creux de la main ? Que Nezumi sorte de la capsule et l'emmène loin ? Ça ne pouvait qu'être une mauvaise nouvelle.
Mais non.
C'était un dessin. Le dessin d'une souris toute sale, sur une feuille fine et de mauvaise qualité, de la taille d'un post-it. Les yeux de Shion étaient exorbités, brillants, brûlants. D'énormes larmes tombaient sur ses mains, sur ses poignets, les manches de son pull. Du bout de l'index, il se mit à tracer le contour de la souris. Sa fourrure était dessinée en lettres c'était ce qu'on appelait un calligramme.
« Je-reviens-bientôt-fais-couler-un-bain-pour-moi-si-tu-es-encore-en-vie, murmura Shion avant de rougir. »
A moitié de gêne, à moitié d'irritation. Bien évidemment qu'il était en vie ! Il n'allait pas dépérir pour l'absence d'un certain monsieur ! Shion sentit l'air de ses poumons se vider. Il se rassit lentement sur son lit et approcha le calligramme de son visage, espérant y découvrir un mot d'amour un peu plus tendre.
« L...L'odeur de Nezumi ! s'écria le jeune homme. Comment a-t-elle pu résister au transport ? »
C'était exactement ça. Son odeur un peu animale, pleine de bestialité. Et cette pointe de raffinement. Cette pointe de raffinement, c'était... C'était quelque chose, ça... C'était la douceur de sa nuque et la dureté des muscles de ses épaules. C'était la fragrance qu'exhalait sa peau.
Le parfum de son baiser.
Shion s'humecta les lèvres, colla sa bouche au papier, mêlant salive et encre. Il y avait peu de chances que Nezumi ait embrassé son message, mais s'il y avait la moindre chance qu'une de ses cellules se trouvent encore sur la missive, Shion voulait les gober, les fondre en lui.
Son troisième baiser à Nezumi ne resta pas inaperçu. Outre l'encre qui avait tâché ses lèvres des mots ''bain'' et ''vie'', quelqu'un avait surpris la scène.
Une petite souris tapie dans l'ombre, qui attendait la réponse à la lèvre.
Fin
Alors ? Aloooooors ? Des avis ? Il y en aura beaucoup d'autres, des baisers, donc dites-moi ce que vous en pensez, histoire de ! Merci 3
